- Forêt usagère
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La Forêt usagère est une forêt privée soumise à un régime particulier de servitude. Il a existé 3 forêts usagères en France, dans les Landes de Gascogne : à Arcachon, La Teste de Buch et Biscarrosse.
Seule la forêt usagère de La Teste a résisté à l'épreuve du temps.
Sommaire
Forêt usagère de La Teste de Buch
Elle s'étend sur 3800 hectares au cœur de la commune. Il s'agit d'une des rares forêts naturelles des Landes de Gascogne. Cultivée pour sa résine depuis plus de 2000 ans, cette forêt n'a pas été exploitée dans le cadre de la sylviculture, ce qui lui donne un visage très particulier, que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans la forêt landaise. Les habitants résidant depuis plus de dix ans sur les communes de Gujan-Mestras et de La Teste (le bourg, Cazaux, le Pyla et le Cap Ferret) avaient le droit de prélever le bois mort pour le chauffage et du bois vert pour la construction de maisons ou de bateaux. Aujourd'hui, pratiquement tombés en désuétude, ces droits d'usage font l'objet de reconstitutions historiques pittoresques. Célèbre parmi les juristes aquitains, elle a engendré de nombreux conflits dont certains sont toujours d'actualité.
Histoire
Ce statut fut officialisé au XVe siècle. Les paroissiens de La Teste, Cazaux et de Gujan (aujourd'hui Gujan Mestras) supplièrent le Captal de l'époque : Jean de Foix-Grailly, de leur donner l'usage de la forêt testerine notamment pour récolter la gemme dont ils tiraient la plus grande ressource. Ainsi la baillette de 1468 reconnait aux habitants le droit de pratiquer le gemmage (moyennant une redevance: le droit gemaire), de ramasser le bois mort pour le chauffage et de couper du bois vert pour construire, avec la permission du Captal. Les habitants sont répartis en deux catégories: les ayants-pins, propriétaires des parcelles et disposant du droit d'extraire la gemme, et les non-ayants-pins jouissant du droit sur le bois mort et le bois vert.
Un timide commerce de la résine extraite permet l'enrichissement de quelques marchands. Le statut de la forêt fut menacé à plusieurs reprises : en 1535, Gaston de Foix, Captal de Buch, n'accepte pas de reconduire les droits d'usage, à moins de se voir verser une forte somme d'argent. Il y eut des difficultés également en 1587 avec le duc d'Épernon, également Captal de Buch. En 1604, une transaction confirma les droits acquis, moyennant augmentation du droit gemaire et versement de 1200 livres au Captal. Les transactions de 1604 et 1645 formulent précisément les droits accordés aux habitants. Ils vont tous dans le sens de la préservation du massif, le droit d'usage doit se pratiquer en "bon père de famille", en évitant de dégrader la forêt et en choisissant soigneusement les pins à abattre avec des officiers du Captal. De plus, les usagers doivent combattre les incendies.
Le Captal Amanieu de Ruat, au XVIIIe siècle cède la propriété "utile" aux ayants-pins, charge à eux d'assumer la servitude due aux usagers. En faits, le droit d'usage devient difficile à pratiquer. Une transaction, en 1759, entre propriétaires et usagers rétablit l'équilibre au profit de ces derniers.
A la Révolution, une partie des testerins revendique le caractère communautaire de la forêt usagère. Le tribunal arbitral du 8 fructidor an II les déboute et confirme la propriété privée des parcelles. La servitude de l'usage reste en vigueur.
Originalités de la forêt testerine
Depuis la fin du gemmage la forêt n'est plus exploitée pour sa gemme, et elle est peu ou mal entretenue : les résiniers qui passant de pin en pin accomplissaient leur besogne, nettoyaient le sous-bois et y faisaient paître quelques bêtes. Ce massif forestier, très riche en flore et en faune abrite un écosystème précieux mais fragile. Sur de vieux pins restent visibles les cicatrices du travail de ces gemmeurs qui, de génération en génération, ont exploité cette forêt pendant plus de 2000 ans. Certains arbres ont tellement été "résinés" que les bourrelets de cicatrisations ont provoqué un élargissement important de la base du tronc. On appelle ces pins des "pins-bouteilles" en raison de leur forme singulière.
Ressources en ligne
Sur la forêt usagère de La Teste de Buch, on peut consulter :
- le site "r.aufanforetusagere"
- le site du syndicat des propriétaires de la forêt usagère
- le site de L'association de Defense des Droits d'usage et de la forêt usagère(ADDU FU)
Forêt usagère d'Arcachon
Aujourd'hui cantonnée, elle est entièrement privée, sans droit d'usage.
Sur la disparition de la forêt usagère d'Arcachon on peut consulter le site consacré à la "naissance" d'Arcachon.
Forêt usagère de Biscarrosse
Ce territoire de 1000 hectares sur la commune de Biscarrosse est hérité d'une histoire lointaine. En 1277, le futur Edouard II, prince d'Aquitaine et de Galles, accorda le droit au biscarrossais de "paduenter leur bestial gros et menu, de faire cabane et faire ardoise, de faire gomme et résine, de semer bled, de planter vigne, ..." En 1468, ces droits d'usage furent confirmés par le roi Charles VIII. Henri II, Louis XIII, Louis XIV firent de même, ce qui n'était pas du goût des seigneurs locaux. Une transaction de 1680 réglementa clairement les droits d'usages. Les usagers ont droit, entre autres, de couper du bois vert pour les bâtisses, prendre du bois sec et du bois mort pour le chauffage. Ici comme à La Teste, les habitants étaient divisés en deux catégories: les ayants-pins, propriétaires des parcelles, et les non-ayants-pins, simples usagers.
Aujourd'hui cantonnée, elle est entièrement privée, sans droit d'usage.
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