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Flashback
Pour les articles homonymes, voir Flashback (homonymie).Dans une narration cinématographique, un flashback (ou flash-back, terme anglais qui peut se traduire par « retour en arrière ») est un procédé d'inversion, qui, dans la continuité narrative, fait intervenir une scène s'étant déroulée préalablement à l'action en cours ou principale.
Ce procédé est la plupart du temps utilisé pour apporter au spectateur des éléments nécessaires à sa compréhension de l'action en cours d'évolution. Mais il peut également être utilisé à des fins poétiques, humoristiques, etc.
La principale difficulté pour le réalisateur est de bien faire comprendre au spectateur que la scène se situe dans le passé, mais il dispose de nombreux artifices pour y parvenir : costumes (Le Parrain, 2e partie de Francis Ford Coppola), lieux, présences de personnages, voix du narrateur (voix intérieure dans Le jour se lève, 1939)… Il peut également appuyer l'effet par une transition technique comme l'introduction de flou entre deux plans (Les Ensorcelés de Vincente Minnelli) ou un traitement différent de l'image (Le Grand Meaulnes de Jean-Gabriel Albicocco).
En général, le flashback s'articule donc autour d'un élément pivot, raccord d'un instant du temps principal du récit à un instant antérieur, puis grâce à un deuxième élément pivot, qui est le plus souvent une variation du premier, érigé en référence, il est opéré un retour au temps principal du film.
Un film entier peut ainsi être construit en un flash-back : séquence d'introduction par un narrateur, par exemple, puis à la fin du film, retour au temps du narrateur qui vient clore le récit.
Le réalisateur peut aussi choisir de ne fournir aucun renseignement et de laisser croire à une continuité afin de manipuler le spectateur (Le Voyou de Claude Lelouch).
Sommaire
Un procédé contesté
Le flashback est souvent considéré de nos jours comme un procédé daté, au même titre que le champ-contrechamp. Dans les années 1950, Herman en déconseillait déjà l'emploi. Selon lui, ce procédé freine le suspense, en désamorçant la curiosité de ce qui va arriver et pourtant, avouait Herman, il demeure populaire.
Plus récemment, Field déconseille également le flashback comme procédé « daté ». Et Claude Chabrol, dans un numéro de Cinématographe le condamne en tant que réalisateur : « Le plus souvent, dit-il, on fait un flash-back quand on a une idée forte de première scène. On attaque le spectateur avec violence, et après on explique comment on y est arrivé ».
Depuis les années 1990, des réalisateurs préfèrent déstructurer la continuité chronologique du récit plutôt que de faire appel au traditionnel flashback. On peut citer le travail de Robert Altman (en particulier Short Cuts ou Kansas City) et Quentin Tarantino (Reservoir Dogs, mais surtout Pulp Fiction), ainsi que de jeunes réalisateurs : dans Memento de Christopher Nolan le procédé suit un but narratif alors que dans Amores Perros ou 21 grams de Alejandro González Iñárritu l'objectif semble plus du domaine esthétique.
Types de flashbacks
On peut classer les retours en arrière au cinéma selon différents types d'utilisation, types de récit, types de significations, etc.
- Il y a des flashbacks-puzzles, dans lesquels on cherche à résoudre le mystère entourant un personnage qui, généralement, vient de mourir, et sur lequel se confrontent les témoignages. Les différents témoins qui l'évoquent amènent, par leurs récits, des scènes du passé à revivre devant nos yeux - avec toujours l'ambiguïté, propre au cinéma, sur l'objectivité de ce qui est narré. À ce modèle répondent de nombreux films, comme Citizen Kane d'Orson Welles, La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, L'Homme de marbre d'Andrzej Wajda, L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut, Lenny, Que le spectacle commence et Star 80 de Bob Fosse, Chaleur et poussière de James Ivory et aussi Lola Montès de Max Ophuls.
- De très nombreux films sont principalement constitués d'un flashback : après une introduction, le film plonge dans le passé, souvent à l'occasion d'une narration, jusqu'à ce que la continuité narrative rejoigne l'époque de l'introduction, avant le dénouement final : Chaînes conjugales de Joseph L. Mankiewicz, La Femme à abattre de Raoul Walsh, Manèges d'Yves Allégret, Le Messager de Joseph Losey, Lawrence d'Arabie de David Lean, Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, Little Big Man d'Arthur Penn, Les Choristes de Christophe Barratier, Le Pacte des loups de Christophe Gans, Cinema Paradiso d' Giuseppe Tornatore, ces trois derniers films ont la particularité d'avoir comme homme qui se souvient, le comédien Jacques Perrin, Fight Club...
- Une autre variante est celle où les versions des différents témoins se contredisent, et se remettent en cause fortement ; notamment quand il s'agit de retrouver la vérité sur un événement dans une enquête... Un des exemples les plus célèbres est celui du Rashōmon d'Akira Kurosawa, où les trois récits d'un même fait divers (un viol suivi d'un meurtre) se succèdent selon trois points de vue différents, laissant planer le doute sur « la » vérité finale. Ce procédé est toujours utilisé, comme dans le film québécois Le Nègre (1997) où un enquêteur tente de démêler les témoignages discordants de trois témoins dans une histoire de meurtre. Ce procédé connaît de multiples variantes. Certains scénarios jouent astucieusement avec le temps de la narration : le temps que l'homme passe à raconter ou à se remémorer son histoire passée est pris en compte dans le déroulement de l'action au présent, il n'y a pas de temps suspendu.
- Il existe également des flash-backs traités de façon plus nostalgique, dans le style « À la recherche du temps perdu », dont le modèle ultime est le film Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman. Le héros, un vieux professeur égoïste, s'y promène en chair et en os dans le temps de sa jeunesse, qu'il observe en se cachant. Le Messager de Joseph Losey, et de nombreux films comme Casablanca de Michael Curtiz dans lequel un bref flashback en forme de montage-séquence vient rappeler une idylle ancienne, ou un drame ancien.
Ailleurs qu'au cinéma
Contrairement à une idée répandue, le flashback n'est pas une spécificité cinématographique. Certes, le cinéma en fait grand usage. Mais c'est évidemment en littérature que cette forme a d'abord vu le jour. Le procédé peut être utilisé au théâtre (cf. Amadeus, Les Mains sales, Mort d'un commis voyageur, Le Fantôme de l'Opéra) ou en bande dessinée (cf. Maus, la série Alix, la série El Niño).
Bibliographie
- Yannick Mouren, Le flash-back, analyse et histoire, Armand Colin, 2005.
Voir aussi
- Par analogie et opposition, on appelle flashforward le procédé de présenter une scène se plaçant ultérieurement à la continuité en cours.
- Analepse, figure de style littéraire dont est issu ce procédé cinématographique.
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