- Maus
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Pour l’article homonyme, voir Panzerkampfwagen VIII Maus.
Maus est une bande dessinée d'Art Spiegelman traitant des persécutions des juifs dans les années 1930 et 1940, et notamment de la Shoah. Après la prépublication de trois planches dans Funny Aminals en 1972[1], elle a été publiée dans la revue RAW de 1981 à 1991[2],[1]. Cette œuvre a reçu un prix Pulitzer spécial en 1992[3] et a été traduite en dix-huit langues. Cette œuvre sans précédent, de plus de 250 pages, mêle étroitement deux trames narratives : le père de Spiegelman racontant sa déportation, et le récit des relations entre Spiegelman et son père, récit de la transmission de la Shoah[4]. Tant en Europe qu’en Amérique, l’œuvre a été saluée par la critique : des dessins originaux sont exposés dans divers musées du monde[5].
Sommaire
Synopsis
Maus raconte, à travers le dialogue de l'auteur et de son père, l'histoire du père juif polonais, survivant des ghettos de Pologne et d'Auschwitz. On y découvre les persécutions nazies, depuis le début de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Pologne jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre. Témoignage sur la Shoah, cette œuvre aborde la question de la survie à tout prix quand la loi est celle du plus fort, de l'antisémitisme juste après la Seconde Guerre mondiale. Le récit du père est entrecoupé de scènes montrant des relations difficiles entre un père et son fils, la difficulté pour l'auteur lui-même, juif de la génération « d’après », d’exorciser ce terrible passé, de se construire à l'ombre d'un survivant. Sans chercher à enjoliver, Spiegelman décrit son père comme un avare grincheux, l'incarnation même des stéréotypes racistes sur les Juifs. Il montre aussi son exaspération face aux obsessions et aux préjugés du vieil homme, préjugés aussi bien sexistes que racistes. Le tome 1, intitulé Mon père saigne l'Histoire, se termine par le départ des parents de Spiegelman, Vladek et Anja, pour Auschwitz et par une scène houleuse entre le fils et le père.
Critique et analyse
Le style d'Art Spiegelman
Dans son œuvre, Art Spiegelman représente les différents groupes nationaux par différentes espèces d'animaux : les Juifs sont représentés par des souris (« Maus » signifie « souris » en allemand), les Allemands par des chats, les Français par des grenouilles, les Américains par des chiens, les Suédois par des élans, les Polonais par des porcs, les Britanniques par des poissons, les Roms par des bombyx disparates (lépidoptères dont le nom anglais est gypsy moths) et l'enfant né d'une liaison entre des personnes juives et allemandes par une souris au pelage marqué de rayures félines. L'utilisation du zoomorphisme, un style familier aux dessins animés et aux bandes dessinées, est une référence aux images de propagande nazie qui dépeignaient les Juifs comme des souris et les Polonais comme des porcs.
Le chapitre 5 du tome 1, intitulé Trou de souris reprend un ancien travail de Spiegelman : Prisonnier sur la planète Enfer[6] publié dans le premier numéro de Short Order Comix, une revue confidentielle de bande dessinée, en 1973. Ces quelques pages sont en rupture de style totale avec l'œuvre. Art Spiegelman raconte les sentiments qui l'ont traversé lors du suicide de sa mère. Il se représente habillé en déporté. Le trait est hyperstylisé et sue l'angoisse et la noirceur.
Les thématiques de l'œuvre
Dès les premières pages, Spiegelman aborde un thème majeur de la littérature de la Shoah : la déshumanisation entrainant un total manque de solidarité entre les déportés. Le père dit à son jeune fils qui pleure parce que ses amis sont partis sans lui : « Des amis ? Tes amis ? Enfermez-vous tous une semaine dans une seule pièce sans rien manger... Alors tu verras ce que c'est, les amis... »[7].
Lorsque l'étau nazi se referme sur les Juifs, Vladek, le père, montre l'effritement des solidarités traditionnelles. Même l'argent ne peut plus sauver ceux qui ont été sélectionnés pour Auschwitz.
Comme beaucoup d'enfants de survivants, Spiegelman ne peut s'empêcher d'exprimer sa culpabilité d'avoir une meilleure vie que ses parents[8]. Par ailleurs, on remarque qu'il considère son frère, mort durant la guerre, comme un "rival".
Éditions
- Maus - Un survivant raconte:
- Maus, tome 1 - Mon père saigne l'histoire - (ISBN 2080660292)
- Maus, tome 2 - Et c'est là que mes ennuis ont commencé - (ISBN 2080666185)
- Maus, l'intégrale - (ISBN 2080675346)
Notes et références
- Delannoy 2002, p. 25.
- Art Spiegelman, Maus, T 1, Flammarion, 1987, p 4
- le site officiel du prix Pulitzer. cf. Liste des remises de prix sur
- Dominique Petitfaux, Article Maus, encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
- Dominique Petitfaux, Article Art Spiegelman, encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
- Art Spiegelman, ps 102-105
- Art Spiegelman, p 6
- Spiegelman, p 176
Bibliographie
- Pierre-Alban Delannoy, Maus d'Art Spiegelman. Bande dessinée et Shoah, L'Harmattan, 2002, 186 p. (ISBN 2747531589).
Voir aussi
- La bête est morte !, bande dessinée de 1944.
- Littérature de la Shoah
- Bandes dessinées sur la Seconde Guerre mondiale
Catégories :- Série de comics
- Œuvre ayant pour thème le nazisme
- Littérature de la Shoah
- Bande dessinée autobiographique
- Bande dessinée historique
- Bande dessinée anthropomorphique
- Maus - Un survivant raconte:
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