- Fethi benslama
-
Fethi Benslama
Fethi Benslama est un psychanalyste tunisien de langue française, vivant à Paris, professeur à l'Université de Paris VII où il dirige l'UFR de Sciences humaines cliniques.
Sommaire
Parcours
D’origine tunisienne où il a grandit et fait ses études secondaires. Il vient en France en 1972 pour la psychanalyse, à la suite de la lecture qui l’a bouleversé de « La science des rêves » de Freud, traduit en arabe par Moustapha Safouan. Il étudie la psychopathologie à l’université Paris 7, au sein de l’UFR Sciences Humaines Cliniques (dont il est aujourd’hui le directeur), département connu dans le monde comme le lieu de la psychanalyse à l’Université. En même temps, il poursuit des études en anthropologie à l’EHSS, auprès du fondateur de l’ethnopsychiatre Georges Devereux.
À partir de 1985 et pendant 15 ans, il exerce comme psychologue clinicien dans une consultation de l’Aide sociale à l’Enfance dans la banlieue nord de Paris, où il rencontrera l’exclusion et la souffrance psychique des migrants et de leurs enfants. De cette expérience, il tirera ses premiers travaux sur ce qu’il appellera « Clinique de l’exil » dont la théorie s’oppose à l’approche culturaliste et ethniciste. Il développera également des recherches sur la santé des migrants et leur rapport à la médecine moderne.
À partir de 1987, il commence à exercer la psychanalyse sans appartenir à aucun courant ou association connus, bien que ses travaux semblent le rapprocher de la pensée de Jacques Lacan. Il rencontre également Jacques Derrida à l’occasion de sa conférence « Le monolinguisime de l’autre », d’où naît des liens d’amitié et de travail. C’est l’époque de la création du Collège International de Philosophie où, en collaboration avec l’écrivain marocain Abdelkébir Khatibi, ils mènent ensemble un programme de recherche intitulé « Raison et déraison en islam ». Ces travaux marquent un tournant dans son parcours. Sous l’effet de l’actualité de l’islam, il va commencer à en approcher le fait religieux et ses manifestations radicales du point de vue psychanalytique. En 1988 est publié son premier essai « La nuit brisée » (Ramsay), livre consacré à une approche de la question du langage du point de vue psychanalytique chez le fondateur de l’islam. Quelques mois après, éclate l’affaire Rushdie, dont il prendra la défense. Il consacrera par la suite à son roman « Les Versets sataniques » un court essai qui aura beaucoup d’audience (Une Fiction troublante, éditions de l’Aube, 1994). A la même époque, il participe à la création du Parlement International des Écrivains à Strasbourg.
Entre temps, en 1990, il fonde les Cahiers Intersignes, revue semestrielle transculturelle et transdisciplinaire qui s’arrêtera en 2003, après avoir publié des numéros thématiques dont certains furent très remarqués.
En 1999, il soutient une thèse intitulée « Fictions des origines en islam » et entre comme maître de conférence à l’Université Paris 7, où il soutiendra une habilitation à diriger des recherches en 2003, intitulée « Géopsychanalyse du sujet ». En 2004, il est élu professeur de psychopathologie. En 2000, il crée le Relais Social International à la Cité Universitaire Internationale de Paris (http://www.ciup.fr/relais_social.htm), à la demande de la direction du CUIP, lieu consacré à l’accueil et à l’aide psychologique des étudiants étrangers.
Son engagement politique pour la défense de la laïcité, de la démocratie et du droit des femmes dans le monde arabe et musulman, le conduit en 2004 à la création du Manifeste des libertés avec d’autres intellectuels (http://www.manifeste.org/). De cette aventure, naîtra un pamphlet : Déclaration d’insoumission à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas (Flammarion, 2005). Mais, c’est surtout son essai « La psychanalyse à l’épreuve à l’islam » (Flammarion, 2002), traduit dans plusieurs langues et réédité à plusieurs reprises (Champs-Flammarion, 2004), qui le fera connaître.
Actuellement, il dirige l’UFR Sciences Humaines Cliniques de l’Université Paris 7, où il enseigne (http://www.shc.univ-paris7.fr/). Il dirige également une équipe de recherche intitulé « Politique de la santé et minorités » au Centre de Recherche Psychanalyse et Médecine, domaine dans lequel il a publié plusieurs études. Il est également président de l’Association Jenny Aubry dont les établissements s’occupent d’enfants en souffrance psychique. (sources: HDR, interviews, Editions Flammarion)Pensée
Fethi Benslama est un chercheur et un écrivain original qui conjugue la psychanalyse avec plusieurs questions cruciales d'aujourd'hui: migration, médecine, religion. C'est sur ce dernier terrain que sa pensée est la plus connue.
Ses ouvrages principaux : La psychanalyse à l'épreuve de l'islam et Déclaration d'insoumission à l'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas en ont fait un analyste incomparable de l'islam dans ses spécificités en tant que discours fondateur d'une civilisation, ainsi que du malaise qui traverse l'islam actuel. Du fait de la politisation de l'islam, dans un sens archi-réactionnaire, fondamentaliste, et qui se veut révolutionnaire (une révolution pour retourner aux origines perdues), l'islam est bouleversé par ce courant extrémiste. Celui-ci ne peut dissimuler toutefois ses tendances destructrices et auto-destructrices, puisque le courant qu'on appelle islamiste se fait reconnaître par la persécution des musulmans, et des femmes en particulier, et le recours au terrorisme et aux attentats suicides à l'égard de tous ceux désignés comme ennemis.
La psychanalyse à l'épreuve de l'islam a pour propos d'explorer les origines de ce courant né au sein de l'islam, et qui le ronge de l'intérieur, l'islamisme. Le livre est ainsi présenté :
- Partant de la crise contemporaine de l'islam et de son symptôme le plus visible qu'est l'islamisme, ce livre entreprend d'explorer les origines de l'islam. Pour interpréter cette « césure du sujet de la tradition » qui prend la forme d'un désespoir de masse, et d'une perversion de masse, Fethi Benslama relit les textes fondateurs, gardés par un long règne d'interdit de penser à l'abri de toute étude. L'altérité féminine y apparaît comme la nervure centrale du refoulement propre à l'islam. Face à un dérèglement profond de la relation entre le réel et les formes symboliques que trahissent les extrémismes, l'analyse conduit alors à interroger des questions demeurées impensées, telle l'affirmation coranique selon laquelle Dieu n'est pas le père. La portée de cette affirmation, ainsi que le refoulement de la mère des origines, tracent des configurations psychologiques spécifiques sur les quelle réfléchit l'auteur.
Quant à la Déclaration d'insoumission celle-ci aborde de manière plus directe la question politique posée par l'islamisme, à une tradition, et aux traditions qui lui sont extérieures. le livre est ainsi présenté par l'auteur :
- « Au nom de l'islam... » : telle est aujourd'hui l'invocation macabre, la folle litanie qui s'adjuge le pouvoir absolu de détruire. Elle n'épargne ni la vie humaine, ni les institutions, ni les textes, ni l'art, ni la parole. Quand la force du nom irradie de tant de dévastations, nous ne pouvons tenir ce qui arrive pour un accident. Qu'au cours de l'Histoire d'autres noms prétendant apporter le salut (christianisme, communisme, empires coloniaux, etc.) aient autorisé des exactions et y aient donné lieu n'est d'aucune consolation. Que cette ardeur violente résulte en même temps d'un contexte historique et géopolitique, dans une situation générale dont les fractures projettent le pire des mondes à venir, c'est ce que nous devons intégrer dans des analyses patientes. Mais ce que nous devons interroger prioritairement, c'est la brèche qui a libéré dans l'aire d'Islam une telle volonté désespérée de détruire et de s'autodétruire. Ce que nous devons penser et obtenir, c'est une délivrance, sans concession avec les germes qui ont produit cette dévastation. Un devoir d'insoumission nous incombe, à l'intérieur de nous-mêmes et à l'encontre des formes de servitude qui ont conduit à cet accablement.
Et de même que l'Europe n'est pas la seule affaire des Européens, l'Islam n'est pas la chose exclusive des musulmans.
Références
Bibliographie
- Déclaration d'insoumission : À l'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas, éd. Flammarion, coll. « Divers sciences », 2005. ISBN 2-082-105-245
- Le malaise adolescent dans la culture, en collaboration avec Michel Cresta, Christiane Balasc, Fernando Geberovich, éd. Campagne Première, 2005. ISBN 2-915-789-185
- La Virilité en Islam, en codirection avec Nadia Tazi, éd. de l'Aube
- coll. « L'Aube poche essai », format Poche, 2004. ISBN 2-752-600-151
- coll. « Cahiers Intersignes », 1998. ISBN 2-876-784-041
- La psychanalyse à l'épreuve de l'Islam
- éd. Flammarion, coll. « Champs sciences humaines », format Poche, 2004. ISBN 2-080-800-922
- éd. Aubier Montaigne, coll. « La psychanalyse prise au mot », 2002. ISBN 2-700-724-267
- Rencontre de Rabat avec Jacques Derrida, éd. de l'Aube, coll. « Hébergement », 1999. ISBN 2-876-784-491
- Une fiction troublante éd. de l'Aube, coll. « Monde en cours », 1994. ISBN 2-876-781-549
- "Traductions des monothéismes" (Entretien avec Jean-Luc Nancy), Cliniques méditerranéennes, 2006. ISBN : 2-7492-0591-3
- "Le corps en islam", Dictionnaire du corps, PUF, Paris, 2007.ISBN : 978-2-13-055058-7
- "De la responsabilité de l’annonce", Études freudiennes, Paris, 2005.
- "Man’s Property/Propriety », The human race, Northwestern University Press,Evanston, Illinois, 2004. ISBN 0-8101-6064-1
- "La contestation identitaire", L’école face à l’obscurantisme religieux, Max Milo, Paris, 2006. ISBN : 2-914388-94-2
« L’agonie pour la justice », Topique, 2007. ISBN 9782847951011
Voir aussi
Liens externes
- Naissance médiatique de l'intellectuel musulman en France (1989-2005)
- Le naturel et l'étranger [pdf]
Catégorie : Psychanalyste français
Wikimedia Foundation. 2010.