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François Fejtő
François Fejtő (né Fischel Ferenc à Nagykanizsa le 31 août 1909 et décédé à Paris le 2 juin 2008 [1]) est un journaliste et politologue français d'origine hongroise, spécialiste de l'Europe de l'Est.
Sommaire
Enfance et formation
Il était fils d’un libraire et imprimeur de province et appartenait à une famille juive libérale, magyarisée et bien intégrée à la société austro-hongroise. Il avait des parents proches à Zagreb, à Trieste, voire à Prague, mais se considérait hongrois à cent pour cent. Mais le judaïsme de ses ancêtres faisait partie de son identité de même que le christianisme qu’il adopta dans sa jeunesse. Et, au-delà de la Hongrie, il se réclamait de l’héritage culturel d’une Europe centrale multinationale et multiconfessionnelle.
Il suit des études littéraires à l'université de Pécs et à celle de Budapest où il côtoie des Slaves, des Allemands, des Italiens. Condamné en 1932 à un an de prison pour avoir organisé un cercle d'études marxistes d'inspiration communiste à l'Université, il n'adhère pas au Parti social-démocrate, mais devient un collaborateur actif du quotidien Népszava et à la revue théorique Szocializmus de ce parti à partir de 1934.
Carrière
En 1935, il fonde avec le poète Attila József et le publiciste Pál Ignotus, la revue littéraire antifasciste et antistalinienne Szép Szó. Il publie Sartre, Mounier, Maritain. Condamné à six mois de prison pour un article dénonçant la politique pro-allemande du gouvernement, il quitte la Hongrie et s'établit en France en 1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale il participe à la Résistance.
En 1945, François Fejtő dirige le bureau de presse de l'ambassade de Hongrie à Paris, il en démissionne à la suite de la condamnation de László Rajk, un ami de jeunesse. Il rompt alors tout lien avec la Hongrie. Il attendra 1989 et les obsèques nationales d'Imre Nagy, un des héros malheureux de l'insurrection de 1956, pour retourner dans son pays natal.
François Fejtő fréquente après la guerre le Congrès des intellectuels pour la liberté, aux côtés de Raymond Aron, François Bondy, David Rousset. La publication en 1952 de L'Histoire des démocraties populaires, un succès traduit dans dix-sept langues et plusieurs fois réédité, lui vaut la méfiance de certains intellectuels proches du PCF.
Il fait de 1944 à 1979, une carrière de journaliste à l'Agence France-Presse, comme commentateur des événements des pays de l'Est. I. Il est un proche d'Albert Camus et d'André Malraux. Il réalise une partie de son oeuvre avec la collaboration de Kati Csosz-Jutteau, historienne française d'origine hongroise née en 1966, spécialiste de l'histoire de l'Europe Centrale.
Naturalisé français en 1955, il enseigne entre 1972 et 1984 à l'Institut d'études politiques de Paris. En 1973, un jury présidé par Raymond Aron lui accorde le titre de docteur ès lettres pour son œuvre.
Son œuvre
François Fejtő a consacré l'essentiel de sa carrière journalistique à l'étude des régimes est-européens, dont il aura eu la chance d'observer la naissance, les progrès, le déclin et la chute.
Il a aussi collaboré à de nombreux journaux et revues français et étrangers, dont Esprit, Arguments, Contre-Point, Commentaire, Le Monde, Le Figaro, La Croix, Il Giornale, La Vanguardia, Magyar Hírlap.
François Fejtő reste un grand intellectuel européen du XXe siècle. Proche de Nizan, de Mounier et de Camus, interlocuteur critique de Malraux et de Sartre, il a côtoyé les grandes figures du Komintern et du mouvement communiste, dialogué avec les maîtres du Kremlin, avec Tito, Castro et Willy Brandt, admiré et critiqué le général de Gaulle et François Mitterrand. Il est l'ami d'Edgar Morin.
Il a tenté dès les années 1950 d'arracher les intellectuels français à leur « sommeil dogmatique » en dénonçant les crimes du stalinisme au moment des grands procès de Moscou : « À vrai dire, je n'ai jamais compris pourquoi tant d'écrivains français s'obstinent à prendre des positions politiques, sans chercher à s'informer préalablement des faits ».
Bibliographie
- Histoire des démocraties populaires, 1952, Le Seuil, (réédité en 1992)
- La Tragédie hongroise, 1958, Pierre Horay, 1998
- Dieu et son Juif. Essai hérétique, 1961, Pierre Horay, 1997
- Chine/URSS, Plon, 1964 et 1966; nouvelle édition chez Édition du Seuil, 1977
- Le Coup de Prague, 1948, Le Seuil, 1976
- Mémoires, Calman-Levy, 1986
- Requiem pour un empire défunt, Lieu Commun, 1988 (réédité par Le Seuil en 1993). Un tableau géopolitique et nostalgique de l'Autriche-Hongrie de sa jeunesse.
- 1956, Budapest, Complexe, 1990-2006
- Où va le temps qui passe ?, Balland, 1991
- La fin des démocraties populaires, Le Seuil, 1992-1997
- Joseph II. Biographie, Quai Voltaire, 1994
- Le passager du siècle, Hachette Littérature, 1999
- Le printemps tchécoslovaque 1968, Complexe, 1999
- Hongrois et Juifs, Balland, 2000
- Voyage sentimental, Des Syrtes, 2001
Notes et références
- ↑ Décès du journaliste et historien Fejtö, Le Figaro, AFP
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