- Ferdinand de Meeus
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Ferdinand de Meeûs
Pour les articles homonymes, voir Meeus.Ferdinand de Meeûs (1798-1861) est surnommé le Rothschild de la finance belge. Il a la réputation d’un homme audacieux et persuasif, avide de pouvoir, autoritaire, hautain et méprisant. Tout, dans sa vie et sa carrière, tient de la démesure. Gouverneur et homme fort de la Société générale de Belgique à trente-deux ans, anobli à trente-huit ans, il a onze enfants de sa cousine Anne Meeûs. Il amasse une fortune colossale sans négliger pour autant ni les œuvres philanthropiques, ni une foi catholique bien ancrée.
Sommaire
Ses origines
Il appartient à une famille de vieille souche bourgeoise de Bruxelles et appartenant aux milieux dirigeants des corporations et des Nations depuis la fin du XVIe siècle. Sa mère, Marie-Thérèse van der Borcht (1768-1815), issue du lignage Sweerts appartenait à une importante et très riche famille bruxelloise descendant de Jean-Charles van der Borcht (1668-1735), Conseiller et Maître Général des Monnaies, frère du poète néolatin Petrus van der Borcht et fils de Jacques van der Borcht et de Dorothée de Witte qui veuve s'était remariée avec le célèbre sculpteur bruxellois Pierre van Dievoet (1661-1729).
Sa carrière
De famille bourgeoise active dans le monde du négoce et de la banque dès l'Ancien-Régime, et dont une partie de la fortune proviendrait également de l’acquisition de biens nationaux, produits du démantèlement soit des anciens biens de l'État Autrichien, comme la Forêt de Soignes où des abbayes sous l’occupation française, Ferdinand commence naturellement sa carrière dans la banque après des études de droit à l'Université d'État de Louvain qu'il termina par la publication d'une thèse latine publiée sous le titre de Dissertatio inauguralis juridica de fidei-commissariis heredibus et ad senatus-consultorum trebellianum.
Engagé en politique, il prend une part active à la Révolution belge. Membre du comité de sûreté et de la commission des finances du Gouvernement provisoire, il est ensuite élu au Congrès national. En 1832, il remplace à la Chambre le député libéral Charles de Brouckère. Député unioniste de Bruxelles, il n’est plus réélu en 1845.
Il est nommé gouverneur de la Société générale de Belgique, dont sa belle-famille est l’un des actionnaires de référence, le 14 septembre 1830, par le Gouvernement provisoire en remplacement du Hollandais Repelaer van Driel, et le restera jusqu’à sa mort. À la demande expresse du roi, il s’associe aux Rothschild pour émettre les premiers emprunts de la Belgique indépendante. Sous son impulsion, la Générale devient une des premières banques mixtes du continent en participant au financement à grande échelle de l’industrie. À force de participations dans tous les secteurs clés — charbonnages, métaux, verre, transports, etc. — elle se crée ainsi, via une quarantaine d’administrateurs recrutés dans l’aristocratie, une position dominante qui suscite des oppositions violentes au sein du monde politique. Un tiers de la production charbonnière du pays et un quart de la production industrielle en dépendaient.
Anoblissement
Dans l’impossibilité de le nommer ministre d’État en raison de sa personnalité controversée par ses nombreux adversaires, le roi Léopold Ier l’anoblit pour le remercier de l’avoir incité à s’introduire dans le capital de la Société générale, même si en fait il faisait uniquement confiance à la banque Rothschild et à James de Rothschild, ce financier offrant d'excellents intérêts, chez qui il avait placé la plus grande partie de ses avoirs financiers.
Armoiries
Il reprend les armoiries bourgeoises que ses ancêtres Meeûs portaient déjà à Bruxelles (avec les chaudrons rappelant peut-être le métier des brasseurs et les deux chèvres le métier des Marchands de vin) et qui figurent par exemple dans l'Armorial de la Gilde Drapière (BR. ms. G.123) et qui sont les mêmes que celles reconnues par Charles II d'Espagne en 1688 lors de l'anoblissement de Jean-Philippe Meeûs, officier à la compagnie du marquis de Westerloo ou que celles qui figurent sur un pilier de l'église de la Chapelle, quoique le lien généalogique entre ces personnages ne soit pas encore éclairci.
Dénouement
C’est la fin d’une longue méfiance du roi à l’égard de ce financier arrogant, en qui il voyait, inspiré sans doute par James de Rothschild, un opposant politique et qu’il rêvait, un moment, de destituer. Mieux encore, lors de la crise de 1848, il échappera, à la différence des autres directeurs, à la démission forcée grâce à la protection royale.
En philanthrope éclairé, ou plutôt en chrétien fidèle, Ferdinand fonde en 1855 le Crédit de la Charité, destiné à soutenir des écoles catholiques pour les enfants d’ouvriers et à établir des refuges pour vieillards et ouvriers infirmes.
Le rêve d'une "grand banque belge"
Les premiers organisateurs de la Belgique avaient espéré créer à travers lui une puissante banque belge, capable de rivaliser avec la Haute Banque, tant avec le clan Rothschild qu'avec la Haute Banque protestante, mais, devant la réalité des lois de l'économie, ce rêve s'effondra rapidement ; il faudra attendre André Langrand-Dumonceau pour qu'il soit repris, mais cette fois-ci d'une manière plus catastrophique encore...
Ce rêve de vouloir créer une banque autonome belge et catholique capable de supplanter ou du moins de pouvoir parler d'égal à égal avec la Haute Banque protestante, jadis oeuvrant à Amsterdam puis à Londres et enfin à New-York, n'a pas cessé de hanter l'imagination des nobles familles des héritiers de la "Société Générale".
voir aussi
Bibliographie
- Jean-Louis Van Belle, Meeûs à de Meeûs. Bruxelles-La Foi - Le feu, Braine-le-Château, éditions La Taille d'Aulme, 1997.
- Pierre Assouline, Le portrait, Paris, 2007, p. 161.
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