Ferdinand De Bondt

Ferdinand De Bondt

Ferdinand De Bondt (Saint-Nicolas, 23 septembre 1923) est un homme politique flamand.

Membre du parti social-chrétien flamand CVP (quil quitta en 1998, pour protester contre la décision de sacrifier le marais et le village de Doel à lextension du port d'Anvers), coopté sénateur en 1968, il devint secrétaire dÉtat aux réformes institutionnelles, et joua, à ce titre, un grand rôle dans léchec des accords dEgmont en 1978. Ces dernières décennies, il a recentré son activité politique sur sa région natale, le Pays de Waes, et est devenu lune des figures les plus en vue dans la lutte pour la préservation des marais de lEscaut et en particulier du village de Doel.

Les fils dor de son action sont sa profonde foi chrétienne et son engagement en faveur de lémancipation de la Flandre.

Sommaire

Formation et carrière denseignant

Issu dune famille catholique, Ferdinand De Bondt fit ses études secondaires à lécole des frères (Broederschool) de Saint-Nicolas, suivies détudes supérieures à lécole normale de cette même ville. Avant dentamer sa carrière politique, il fut enseignant dabord à Looz (Borgloon) de 1943 à 1945, ensuite dans sa ville natale, dans cette même école de frères, puis remplit une fonction denseignant pédagogique à lécole normale. Il entreprit, un peu sur le tard, dautres études supérieures, et obtint une licence en mathématiques et en sciences actuarielles à luniversité de Gand, et enfin, en 1964, une licence en sciences économiques à luniversité de Louvain. Ce nest quà partir de 1968 quil devint actif en politique, dans le but, entre autres, de défendre les intérêts de sa région dorigine, le Pays de Waes.

Engagement dans le mouvement flamand

Depuis toujours, lémancipation du peuple flamand était, pour Ferdinand De Bondt, une préoccupation majeure. À cet effet, il usera de tous les moyens à sa disposition : activités au sein du mouvement scout, tout dabord ; puis engagement dans une série dassociations par lui mises sur pied, cofondées ou simplement encouragées: le Jong-Davidsfonds (association culturelle), le Vlaamse Volksbeweging (litt. 'Mouvement populaire flamand'), luniversité populaire (Volkshogeschool), le Economisch Comité Waasland ; lutte en faveur de la démocratisation de lenseignement supérieur en Flandre ; organisation des fameuses marches sur Bruxelles de 1961 et 1962, dont il fut un des initiateurs ; enfin, activité journalistique, plus spécialement sa longue collaboration à un hebdomadaire local, Het Vrije Waasland, qui tirait à plus de 30 mille exemplaires, et pour lequel il écrivait chaque semaine. De Bondt, au demeurant, ne perçoit aucune contradiction entre implication locale et émancipation flamande générale, voyant dans le développement régional essentiellement une manière spécifique, en phase avec un lieu et une époque donnés, de décliner les aspirations globales du mouvement flamandcela à linstar de cette bivalence qui a toujours été la caractéristique du mouvement flamand : réalisation progressive de lautonomie, mais en interaction avec ce qui se passe au-dehors, en Europe et dans le monde.

Carrière politique

Membre du parti social chrétien CVP (rebaptisé CD&V il y a quelques années), il appartenait à laile Boerenbond, mais dépourvu de mandat politique, il fut coopté comme sénateur provincial pour ce parti en 1968. En juin 1977, De Bondt devint secrétaire dÉtat chargé des réformes institutionnelles dans le gouvernement Tindemans IV, et le resta dans le gouvernement de transition Paul Vanden Boeynants II, jusquaux nouvelles élections de décembre 1978. En tant que secrétaire dÉtat, il avait reçu mission, conjointement avec son collègue francophone Jules Hoyaux, de transposer le pacte dEgmont en textes législatifs. Lors de ces travaux de transposition, il entendit cependant donner des dispositions dudit pacte une interprétation qui allait dans un sens fédéraliste (décentralisateur) assez marqué, ce qui ne manqua de susciter de nombreuses critiques, surtout de la part de membres francophones du gouvernement. En ne cessant de faire toucher du doigt un certain nombre de lacunes dans le pacte dEgmont et de signaler certains passages, selon lui anti-constitutionnels, du projet de loi, vices qui nécessitaient une reprise des négociations, chose jugée inacceptable côté francophone, il contribua dans une certaine mesure a exacerber les tension et les conflits qui devaient finalement conduire à la démission du gouvernement Tindemans en octobre 1978.

Sans doute est-ce en raison de cette attitude de fermeté que Ferdinand De Bondt ne devait plus jouer aucun rôle dimportance dans la période suivant la crise du pacte dEgmont. Après 1978, il fut sénateur jusque 1991 ; depuis, il est sénateur honoraire. Au sein du CVP, il passait pour un spécialiste des transports publics et appartenait au courant flamingant de ce parti. Il rompit avec ce parti en 1998 (v. ci-dessous).

Sauvegarde de Doel, « le Stalingrad des marais de lEscaut »

Dès lannonce, en 1963, des premiers projets dexpansion du port dAnvers, lesquels prévoyaient que serait sacrifiée la majeure partie des marais du Pays de Waes sur la rive gauche de lEscaut, De Bondt sengagea activement dans la lutte afin de limiter lexpansion portuaire et de préserver lhabitat et lagriculture dans cette zone menacée. Cest à son intervention que fut fixée, sur le plan de secteurs de 1978, ce quil est convenu depuis lors dappeler la ligne De Bondt (néerl. De Bondtlijn), laquelle, courant dest en ouest, limitait lextension du port dAnvers à la partie des marais située au sud de cette ligne, et, partant, eût préservé (si elle navait été battue en brèche 20 ans plus tard) le village de Doel de la disparition ; De Bondt fut aidé en cela, il est vrai, par la récession économique, qui avait conduit les autorités en 1978 à revoir à la baisse leur projet de plan daménagement. Ainsi, la partie située au nord de létendue déjà expropriée avait été requalifiée 'zone dextension portuaire' (havenuitbreidingsgebied), ce qui signifiait en fait que la destination agricole était maintenue comme destination principale ; Doel était marquée zone dhabitation sur la carte, environnée de zones agricoles.

Ce nétait toutefois quune trève : au cours de la deuxième moitié de la décennie 1990, des plans furent rendus publics, daprès lesquels Doel serait purement et simplement rayé de la carte en vue de la construction de deux nouveaux bassins, le Deurganckdok (mis en service en 2005) et le Saeftinghedok (toujours à létat de projet). En 1997, De Bondt, en compagnie de luniversitaire Karel Van Isacker et du metteur en scène de cinéma Frank Van Passel, assuma alors le parrainage de Doel 2020, comité daction qui oeuvrait, et œuvre encore, pour la sauvegarde de Doel et des marais nord de lEscaut. Jusquà aujourdhui, F. De Bondt est resté actif dans ce comité daction, réclamant pour sa région natale un droit de codécision dans toute modification du plan daménagement, exigeant que les villages de marais soient préservés, et demandant que lexpansion portuaire soit limitée à des dimensions raisonnables et pouvant être justifiées. À plus de 80 ans, F. De Bondt continue de suivre au jour le jour les nouveaux développements de cet écheveau de lois, décrets, plans de secteurs etc., dont il connaît tous les tenants et aboutissants ; ses adversaires le décrivent comme un guérillero avec lexpérience dun maréchal.

En 1998 enfin, décision formelle fut prise par le gouvernement flamand Van den Brande II (issu dune coalition entre CVP et parti socialiste) que Doel devait disparaître à termedécision qui se voulait irrévocable, mais que les habitants de Doel et les fermiers menacés dexpropriation attaquèrent devant le Conseil dÉtat, lequel statua en leur faveur. Cependant, se servant de ce que De Bondt qualifiera de législation dexception, en lespèce le validatiedecreet (‘décret de validation’) et le nooddecreet (‘décret durgence’), lautorité flamande, avec le soutien du parlement flamand, entendait contourner larrêt du Conseil dÉtat, ce que De Bondt dénoncera comme une grave atteinte à lÉtat de droit. Le Deurganckdok fut donc réalisé, un peu au sud de Doel. Mais plus récemment (septembre 2007), le Comité Doel 2025, ayant saisi le tribunal de Termonde (Dendermonde), obtint de celui-ci que les travaux de démolition à Doel fussent suspendus.

La décision fatidique de 1998 amena Ferdinand De Bondt à quitter le CVP pour se consacrer entièrement, désormais en dehors de tout parti politique, à la lutte pour la sauvegarde de Doel. Il fut parmi les premiers à faire usage en 1998 du droit de pétition, fraîchement institué en Flandre, et à introduire, en faveur de Doel, une requête auprès du parlement flamand.

Lien externe


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ferdinand De Bondt de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • De Bondt — Bonte Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le patronyme néerlandais Bont(e), comme le nom De Bondt, De Bont ou Bond, provient du patronyme frison bas saxon Bont. Il fut parfois latinisé en… …   Wikipédia en Français

  • Bonte — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le patronyme néerlandais Bont(e), comme le nom De Bondt, De Bont ou Bond, provient du patronyme frison bas saxon Bont. Il fut parfois latinisé en Bontius …   Wikipédia en Français

  • Bonté (patronyme) — Bonte Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le patronyme néerlandais Bont(e), comme le nom De Bondt, De Bont ou Bond, provient du patronyme frison bas saxon Bont. Il fut parfois latinisé en… …   Wikipédia en Français

  • De Bont — Bonte Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le patronyme néerlandais Bont(e), comme le nom De Bondt, De Bont ou Bond, provient du patronyme frison bas saxon Bont. Il fut parfois latinisé en… …   Wikipédia en Français

  • Deurganckdok — (en rouge) : localisation sur la rive gauche de l Escaut. Zone grise : l agglomération anversoise. Le Deurganckdok est un bassin du port d Anvers (le mot néerl. dok désignant un bassin), aménagé sur la rive gauche (occidentale) de… …   Wikipédia en Français

  • Doel — Doel …   Wikipédia en Français

  • Gouvernement Tindemans IV — Le gouvernement Tindemans IV était une coalition de sociaux chrétiens, socialistes, FDF et Volksunie. Elle comptait 23 ministres et 7 secrétaires d État. Composition Ministère Nom Parti Premier ministre Léo Tindemans CVP vice Premier ministre et… …   Wikipédia en Français

  • Gouvernement Vanden Boeynants II — Le gouvernement Vanden Boeynants II était une coalition transitoire jusqu aux élections législatives du 17 décembre 1978 de sociaux chrétiens, socialistes, FDF et Volksunie, reprenant la même composition que Tindemans IV, à l exception de ce… …   Wikipédia en Français

  • Bouchout Castle — Medieval Castle Bouchout Castle, as seen from the west. The square Donjon tower (c. 1300) is at the right …   Wikipedia

  • 2004 in music — See also: * 2004 in music (UK) * * Events* January 1 **Vienna New Year s Concert by the Vienna Philharmonic Orchestra in Vienna, conducted by Riccardo Muti. **Kurt Nilsen wins World Idol . * January 3 Britney Spears marries Jason Allen Alexander …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/622701 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”