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Raymond-Marie Rouleau
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Raymond-Marie Rouleau
de l'Église catholique romaineCardinal-prêtre
de S. Pietro in MontorioNaissance 6 avril 1866
à l'Isle-Verte (Canada)Ordination
sacerdotale31 juillet 1892 Consécration
épiscopale22 mai 1923 par
Mgr Pietro di MariaÉvêque Évêque de Valleyfield (Canada)
Archevêque de Québec (Canada)Créé
cardinal19 décembre 1927 par le
pape Pie XIDécès 31 mai 1931 Cardinal
Titre cardinalice
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Raymond-Marie Rouleau, né le 6 avril 1866 et mort le 31 mai 1931, était un homme d'Église canadien qui fut archevêque de Québec de 1927 à 1931 et cardinal.
Biographie
Issu d'une modeste famille de cultivateurs, il est né à l'Isle-Verte le 6 avril 1866. Il reçut au baptême le prénom de Félix, qui était celui de son père, et ce n'est que plus tard, à sa profession religieuse, qu'il y ajouta ceux de Raymond et de Marie. Son enfance s'écoula, calme et paisible, dans l'île jolie, face au fleuve qui est là large comme une mer, au foyer de la plus simple et de la plus chrétienne des familles, entre l'église et l'école. Il avait un oncle prêtre, l'abbé Rouleau, qui a été chanoine et curé de la cathédrale de Rimouski, qui venait de temps en temps à la maison.
Dans cette ambiance, son âme se forma à la piété envers Dieu et au culte de ses autels. À 13 ans, en septembre 1879, il entrait au séminaire de Rimouski, où il fit tout son cours classique, et, à 19 ans, en septembre 1885, il y prenait la soutane. Le long de ses études, il s'était montré élève pieux et de vive intelligence, appliqué et curieux de s'instruire. Les plus beaux succès avaient récompensé ses efforts et ses labeurs.
Mais sa faiblesse de constitution et peut-être aussi son travail soutenu avaient amené un dépérissement de sa santé qui faillit compromettre l'avenir qu'on rêvait pour lui. On le disait atteint de phtisie et la faculté elle-même s'était prononcée en ce sens. Le pâle ecclésiastique, depuis longtemps dévot et confiant à la Vierge Marie, redoubla de ferveur auprès de la bonne mère du ciel. "Sans vouloir prétendre ici divulguer en détail des archives trop intimes, a-t-on écrit dans la Revue dominicaine, disons qu'il fut arraché à la mort par celle qui le destinait à faire partie d'un ordre voué à son service et dont les membres portèrent longtemps le surnom de ûh de la Vierge . . ."
Cet ordre, c'était celui des Dominicains, établis à Saint-Hyacinthe au Canada, depuis 1874, et qui venait d'ouvrir là un noviciat le 2 juillet 1885. L'abbé Rouleau s'y présenta et y reçut le saint habit blanc, des mains du Père Maricourt, le 8 décembre 1886. Son noviciat terminé, il prononça ses vœux simples perpétuels le 3 août 1888. En France, on vivait alors sous le coup de la loi des expulsions, et, au Canada, les études régulières pour les jeunes Dominicains n'étaient pas encore organisées.
Le Frère Rouleau partit en conséquence pour la Corse, et c'est au célèbre couvent de Corbara qu'il compléta sa formation intellectuelle. C'est là, également, que, le 4 août 1891, il fit sa profession solennelle dans les mains du Père Monpeur. Le Frère Raymond-Marie Rouleau fut ordonné prêtre, en Corse, par Mgr Délia Foata, évêque d'Ajaccio, le 31 juillet 1892. Il continua deux ans encore, au même couvent de Corbara, ses études théologiques, qu'il couronna par l'obtention du grade de lecteur, qui équivaut, chez les Dominicains, au titre de docteur dans les autres universités. En août 1894, il revenait au Canada, étant assigné au couvent de Saint-Hyacinthe.
On lui confia d'abord, à Saint-Hyacinthe, les fonctions de maître des novices, puis celles de régent des études, de 1894 à 1900. En 1900, il passait en cette qualité de régent, à Ottawa, au couvent régulier de l'ordre, qui s'établissait, et dont il devint le prieur le 10 août de cette même année 1900. Le 12 juin 1909, après de brillants examens, il recevait le grade suprême de maître en saint Thomas. Enfin, le 2 juillet 1919, le Père Rouleau était élu provincial des Dominicains pour la province du Canada. Il gouverna donc, en même temps qu'il enseignait encore, et cela avec une sagesse et une science auxquelles ses confrères ont maintes fois rendu les plus complets des hommages.
Son action de prêcheur et d'apôtre rayonnait pareillement au dehors. Il donnait des retraites dans les paroisses, dans les communautés, au clergé, partout où il était appelé, en autant que ses autres occupations le lui permettaient. Il fut plusieurs années, à la curie archiépiscopale d'Ottawa, le défenseur du lien matrimonial, et il accompagna Mgr Duhamel, en qualité de théologien, au concile plénier de Québec en 1909. Il était devenu le conseiller estimé de nos délégués apostoliques, et l'on savait, parmi les initiés, que Rome le chargeait souvent dans les communautés de hautes missions de confiance. Les Canadiens français de l'Ontario, en butte à tant de tracasseries, eurent plus d'une fois recours à ses lumières, et son patriotisme discret autant qu'éclairé leur a été d'un large soutien.
On s'est étonné parfois qu'il ait pu suffire pendant plus de vingt ans à tant de besognes diverses. À Rome, on voit les hommes et les choses de haut et de loin, mais on les voit d'un coup d'œil pénétrant et sûr. Le 9 mars 1923, le Père Raymond-Marie Rouleau, provincial des Dominicains, était élu évêque de Valleyfield, où il succédait à Mgr Emard promu à l'archevêché d'Ottawa. Il fut sacré, dans sa cathédrale de Valleyfield, par le délégué papal du temps, Mgr di Maria, le 22 mai suivant. Ce n'était qu'une étape. Trois ans plus tard, le 9 juillet 1926, Mgr Rouleau était appelé à aller occuper, à Québec, le vénérable siège de Mgr de Laval, que les morts rapprochées du cardinal Bégin et de son successeur immédiat Mgr l'archevêque Paul-Eugène Roy avaient laissé vacant.
Intronisé à Québec le 8 novembre 1926, le nouvel archevêque fut décoré du pallium le 24 février 1927. Ce n'était encore qu'un acheminement. En effet, au consistoire du 19 décembre 1927, Mgr Rouleau était créé cardinal de la sainte Église, du titre de Saint-Pierre in Montorio. Son ascension avait été rapide, qui l'avait mené, en moins de cinq ans, de sa cellule de moine, au sommet de la hiérarchie canadienne et à la pourpre romaine. Le 31 mai 1931, après moins de quatre ans, le cardinal mourait à Québec, dans son palais archiépiscopal, foudroyé par une crise d'angine. Il avait 65 ans d'âge, 45 de vie religieuse, 43 de sacerdoce, 8 d'épiscopat et pas tout à fait 4 de cardinalat.
Devenu évêque à Valleyfield, puis archevêque et cardinal à Québec, il garda son habit blanc de moine, mais les insignes violets ou pourpres qu'il dut y ajouter ne purent que lui donner plus d'éclat. Cet homme sorti du peuple et ce moine très modeste parut à tous parfaitement à sa place au milieu des grandeurs et des éminences.
Du point de vue intellectuel ou moral, on savait que Mgr Rouleau, après trente-sept ans de vie dominicaine, consacrée surtout à l'enseignement, était resté un homme d'étude et que c'était un érudit et un savant en toutes sortes de connaissances. Il semble que cela se voyait, jusqu'à un certain point, dans sa manière d'être et dans ses allures.
Il portait quand même allègrement le fardeau des grandeurs. Mais il se plaisait encore davantage à s'élever vers les hautes considérations de la pensée. Il n'était jamais plus lui-même, a-t-on dit justement, que lorsqu'il prononçait quelqu'important discours en présence de son clergé ou devant le personnel universitaire, ou écrivait l'une de ces lettres pastorales, si fortes de substance et si lumineuses d'expression, comme il en produisit tant. C'est que, s'il s'entendait parfaitement dans les choses de l'administration et des affaires, ce qui était nécessaire à l'accomplissement des devoirs de sa charge d'évêque et de premier pasteur, le cardinal restait avant tout un homme de doctrine et un "prêcheur" dans le plus beau sens du terme.
Ses discours et ses écrits témoignèrent constamment de sa haute science, de sa vaste érudition, de sa connaissance supérieure des hommes et des choses. C'était d'abord un docteur — il était maître en saint Thomas — dont la valeur intellectuelle, tout autant que les belles qualités morales, assurait l'autorité et fortifiait l'ascendant qu'il prenait si vite sur tous ceux qui venaient en relation avec lui. Et c'est ce pourquoi, semble-t-il, plus que pour toute autre raison, le cardinal Rouleau a été, comme tout naturellement, un si grand chef dans l'Église de Dieu.
Dans les diverses charges qu'il a occupées chez les Dominicains, puis à la tête des diocèses qu'il a dirigés, il a su, certes, gouverner sans faiblesse, avec autant de fermeté que de sagesse et de prudence. Quand il revint de Rome, revêtu de la pourpre, en mars 1928, l'un de ses anciens condisciples dominicains lui en rendait le témoignage. "Il sait attendre, écrivait-il, et il sait prévoir. Il sait donner des directions qui assurent le succès, comme il sait réprimer les excès qui compromettent une direction."
Nemo tam pater ! Toujours sa bonté de cœur sut tempérer ce que le maniement de l'autorité a nécessairement d'un peu rude et sévère. À cause de cela, non seulement ou lui obéissait, mais encore on aimait à lui obéir, ce qui vaut mieux en plus d'un sens. En somme, le cardinal Raymond-Marie Rouleau, de l'ordre des Frères Prêcheurs, deuxième évêque de Valleyfield, puis dix-neuvième évêque et septième archevêque de Québec, aura été un grand citoyen de son pays et un magnifique pasteur des âmes. C'est l'un des hommes d'Église, au Canada, qui a fait le plus honneur à son pays.
Précédé par Raymond-Marie Rouleau Suivi par Paul-Eugène Roy Archevêque de Québec Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve Sources
- AUCLAIR, Elie. Figures canadiennes, Montréal, 1933.
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