- Famille Souche
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Famille souche
La famille souche[1] est un système familial dans lequel :
- les relations entre parents et enfants sont de type autoritaire : marquée par le respect du père et la perpétuation des valeurs morales par la cohabitation de plusieurs générations,
- la mère a une certaine autorité au sein de l'entité familiale,
- les relations successorales entre frères sont de type non égalitaire. Un seul enfant succède au père et fait fructifier le patrimoine (domaine agricole, entreprise, ...). Cependant, dans certaines régions, même une sœur peut recevoir l'essentiel de l'héritage. Les enfants héritiers restent au foyer familial. Pour ceux qui ne le sont pas, le système reste souple. Ils peuvent rester s'ils sont célibataires ou bien s'ils sont mariés sans avoir les moyens de créer leur propre foyer. Une bonne part des enfants non héritiers quittant le foyer se mettent au service d'autres personnes ou de la communauté : église, armée, administration, enseignement, ...
- la recherche d'un conjoint se situe principalement hors du groupe familial ou clanique, toutefois l'endogamie peut être tolérée (Japon).
- le nombre d'enfants reste limité, une fois obtenu l'assurance d'un héritier désigné, de nouvelles naissances deviennent inopportunes. Il est plus important pour ce type familial de réserver le maximum de ressources pour la réussite de l'héritier : nourriture, études, mariage, ...
Ce concept a été défini au XIXe siècle par Frédéric Le Play, qui avait identifié trois types familiaux en Europe. Il a été réactualisé dans les années 1980 par Emmanuel Todd, dans ses travaux portants sur les systèmes familiaux et leur influence sur les idéologies et les systèmes politiques dans le monde. Le type familial souche favorise l’instauration de régimes politiques de type social-démocratie et démocratie chrétienne, où la puissance du père est transférée respectivement à l’État et à l’Église. C'est une organisation structurée et disciplinée (principe d’autorité) qui accepte la société telle qu’elle est, sans contestation majeure (principe d’inégalité entre les frères), tout en œuvrant pour améliorer les conditions de vie sociale. Le type familial souche privilégie les valeurs collectives au détriment parfois des individus ainsi que l’organisation planifiée des marchés pour favoriser l’esprit d’entreprise, l’investissement et l’épargne. Ce type familial exalte sa différence, son ethnocentrisme et son attachement aux liens du sang. L'alphabétisation de masse s'est étendue en Europe par contagion à partir de régions dominées par la famille souche; ce type familial a en effet un potentiel culturel particulièrement élevé (cf. l'alphabétisation précoce du Japon). Les religions en opposition avec le catholicisme romain trouvent un terreau fertile dans le type familial souche et les zones d'alphabétisation de masse précoces. Dans la Réforme, l’homme ne peut assurer son salut sans l’aide de Dieu (principe d’autorité), on nie le libre-arbitre. Mais tous les hommes ne seront pas sauvés (principe d’inégalité). Le protestantisme, le catharisme, l'église vaudoise et le judaïsme notamment joueront un rôle capital dans le développement économique et culturel de certaines régions à familles souche.
Répartition
Selon Emmanuel Todd, la famille souche a un poids de moins de 10% dans le monde (en pourcentage de la population mondiale) et d'un quart en Europe, selon des chiffres de 1983[2].
On la rencontre essentiellement en Europe : en Allemagne, Autriche, Belgique, Suède, Norvège, mais aussi en Catalogne et dans le Nord de l'Espagne, en Occitanie française et à sa périphérie, en Bretagne, en Irlande, dans le pays de Galles et l'Écosse... Hors d'Europe, on la trouve au Japon (avec une endogamie plus forte), en Corée, chez les Juifs et les Gitans.
Voir aussi
Références
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Catégorie : Sociologie de la famille
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