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Famille Bigot
La famille Bigot ou Bigod est issue d'un modeste chevalier du duché de Normandie, qui grâce à la conquête normande de l'Angleterre s'éleva très haut dans le baronnage anglo-normand, et devint l'une des plus riches familles du Royaume d'Angleterre. Plusieurs de ses membres ont porté le titre de comte de Norfolk de 1141 à 1306.
Sommaire
Origines
Les racines normandes des Bigot se trouvent dans le bocage virois, le pays boisé du sud-Bessin[1]. Le premier Bigot mentionné dans les chroniques contemporaines est Robert Bigot, un petit chevalier qui dénonce le complot de Guillaume Werlenc, le comte de Mortain, au duc Guillaume le Bâtard vers 1055[2]. À la suite de ce service, Robert figure parmi les gardes du duc. Guillaume de Jumièges mentionne que ce Bigot était un cousin de Richard Goz, le vicomte d'Avranches. Il pourrait être le père de Roger Bigot.
Dans l'enquête sur le diocèse de Bayeux en 1133, il est mentionné qu'Hugues Bigot détient deux fiefs dans le Calvados : Savenay, dans la commune de Courvaudon et Les Loges à 17 km à l'ouest de Courvaudon[3]. Dans un vers de son Roman de Rou, Wace rapporte que les Bigot tiennent aussi les fiefs de Maltot et Canon, toujours dans le Calvados[3]. Bien que beaucoup d'historiens actuels doutent de la fiabilité de son travail, cet auteur dit probablement la vérité. En effet, en tant que chanoine de la cathédrale de Bayeux, il était bien placé pour connaître les Bigot et leur situation[3]. Par contre, Wace ignore le prénom du père d'Hugues Bigot, ce qui suggère que la famille est de faible importance en Normandie[3].
Bigot est un surnom qui vient d'un mot désignant un instrument à deux pièces, comme une pioche par exemple[4].
Histoire et membres remarquables
Roger Bigot († 1107), lord de Framlingham et Belvoir, fut shérif du Norfolk dès 1069. Il est le primogéniteur de la famille en Angleterre. Vers 1064, il tient des terres dans le Calvados d'Odon de Conteville, l'évêque de Bayeux, demi-frère du duc Guillaume le Conquérant[4]. Suite à la conquête, il prend beaucoup d'importance et entre au service royal. En 1086, à la rédaction du Domesday Book, sa famille est devenue la quinzième plus riche d'Angleterre[5], et il est l'un des principaux barons d'Est-Anglie. On peut suspecter que s'il prend autant d'importance en Angleterre, c'est grâce au patronage d'Odon de Bayeux, son suzerain en Normandie[3]. Un siècle plus tard, la famille sera devenue la cinquième plus riche du royaume[5].
Il participe à la rébellion de 1088 contre le roi d'Angleterre Guillaume le Roux, mais est pardonné suite à l'échec de la révolte. Il devient son sénéchal et l'un de ses familiers. Il est aussi shérif du Suffolk à deux périodes différentes. Sous le règne d'Henri Ier, il est aussi sénéchal ainsi que proche conseiller. Son fils aîné et héritier Guillaume Bigot († 1120), meurt dans le naufrage de la Blanche-Nef.
Son fils cadet Hugues Bigot († 1177), 1er comte de Norfolk, succède à son frère. Hugues est un personnage controversé de l'histoire de l'Angleterre. Il est parfois qualifié de « mouton noir », d' « homme à qui il ne faut pas faire confiance »[5]. Hugues commence véritablement sa carrière en 1135, à la mort du roi Henri Ier, quand il jure sous serment que sur son lit de mort, celui-ci a choisi pour héritier Étienne de Blois et non sa propre fille Mathilde l'Emperesse comme il l'avait préparé les huit années précédentes. Il est récompensé en 1141 par le titre de comte de Norfolk. Durant la guerre civile il participe à la bataille de Lincoln, mais est mis en fuite, et rejoint la cause de l'Emperesse. En 1173, il se joint à la révolte d'Henri le Jeune et de ses frères contre leur père Henri II. En 1174 il se soumet immédiatement quand il apprend qu'Henri II vient le combattre.
Son fils Roger († 1221), 2e comte de Norfolk, ne lui succède pas au titre de comte de Norfolk avant 1189 car sa belle-mère lui disputait l'héritage de son père pour ses demi-frères. Cette même année, Richard Cœur de Lion l'envoie en France en tant qu'ambassadeur. Il hérite aussi de son père la charge de sénéchal royal. Il participe aux négociations pour la libération de Richard, et après le retour du roi en Angleterre, il devient justiciar. Sous le règne de Jean, il est l'un des meneurs du parti des barons qui obtiennent l'obtention de la Magna Carta.
Roger et son fils et héritier Hugues († 1225), 3e comte de Norfolk, font partie des trente-cinq barons chargés de vérifier l'application de la charte par le roi. Ils sont tous les deux excommuniés par le pape en 1215. Hugues épousa Maud, la fille de Guillaume le Maréchal, 1er comte de Pembroke.
Son fils aîné Roger († 1270), 4e comte de Norfolk, lui succède, mais n'hérite pas du titre de comte de Norfolk avant 1233. Après la mort sans héritier de ses oncles maternels, il obtient la charge de maréchal d'Angleterre en 1246. Avec son frère cadet Hugues, justiciar en chef (1258-1260), il joue un rôle important parmi le parti des barons qui cherche à prendre le contrôle du gouvernement aux mains du roi Henri III. Il assiste Simon de Montfort dans ce qui devient la seconde guerre des barons. Il meurt sans héritier, son titre passe à son neveu.
Roger († 1306), 5e comte de Norfolk, eut quelques accrochages et bras de fer avec le roi Édouard Ier, ce qui conduisit l'historien William Stubbs à écrire que lui et Humphrey de Bohun était « des fils dégénérés de pères puissants; meilleurs pour saisir les opportunités que dans leur patriotisme ». En 1302, alors sans enfant, il remet son titre au roi qui le lui rend en viager. Du coup, son frère John se trouve déshérité. À la mort de Roger en 1306, son titre s'éteint et son patrimoine retourne à la couronne.
Généalogie et alliances
Robert ? └─> Roger Bigot († 1107) × Alice de Tosny │ ├─> Guillaume († 1120) ├─> Cécile, héritière de l'honneur de Belvoir │ × Guillaume d'Aubigné dit Brito ├─> Mathilde │ × Guillaume d'Aubigny dit Pincerna │ └─> Guillaume (II) d'Aubigny, 1er comte d'Arundel │ × Adélaïde de Louvain, ancienne reine consort d'Angleterre │ └─> Hugues Bigot († 1177), 1er comte de Norfolk × Juliana de Vere († 1199) × Gundreda, peut-être fille de Roger de Beaumont, 2e comte de Warwick │ └─> Roger († 1221), 2e comte de Norfolk × Ida (de Tosny ?) │ ├─> Alice († ap. 1214) │ × Aubrey de Vere († 1214), 2e comte d'Oxford │ └─> Hugues Bigot († 1225), 3e comte de Norfolk × Maud le Maréchal │ ├─> Isabelle │ ×(1) Gilbert (II) de Lacy ; ×(2) John FitzGeoffrey │ ├─> Roger († 1270), 4e comte de Norfolk │ × Isabelle d'Écosse │ └─> Hugues († 1266), justiciar d'Angleterre (1258-1260) × Joan de Stuteville │ ├─> Roger († 1306), 5e comte de Norfolk │ ×(1) Aline Basset, ×(2) Alix de Hainaut │ └─> John († ap. 1306)
Voir aussi
Notes et références
- ↑ C. Warren Hollister, Henry I, Yale University Press, New Haven et Londres, 2001, p. 59, (ISBN 0300088582).
- ↑ Guillaume de Jumièges,Gesta Normannorum ducum, Éd. Guizot, 1826, p.194-195.
- ↑ a , b , c , d et e Lewis Christopher Loyd, Charles Travis Clay, David Charles Douglas, The Origins of Some Anglo-Norman Families, publié par Genealogical Publishing Com, 1975, p. 14-15.
- ↑ a et b Christopher Tyerman, « Roger Bigod », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, p. 45-46.
- ↑ a , b et c Andrew Wareham, « The Motives and Politics of the Bigod Family, c.1066-1177 », dans Anglo-Norman Studies XVII: Proceedings of the Battle Conference 1994, édité par Christopher Harper-Bill, publié par Boydell & Brewer Ltd, 1995, p. 223-242.
Sources
- Lewis Christopher Loyd, Charles Travis Clay, David Charles Douglas, The Origins of Some Anglo-Norman Families, publié par Genealogical Publishing Com, 1975, p. 14-15. (ISBN 0806306491).
- Andrew Wareham, « The Motives and Politics of the Bigod Family, c.1066-1177 », dans Anglo-Norman Studies XVII: Proceedings of the Battle Conference 1994, édité par Christopher Harper-Bill, publié par Boydell & Brewer Ltd, 1995, p. 223-242. (ISBN 0851156061).
Liens externes
- Roger Bigot par J. R. Planché.
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