- Expédition de Constantine (1836)
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Expédition de Constantine de 1836
En novembre 1836, en Algérie, une grande expédition de l'armée française avait été résolue contre Ahmed Bey, il s’agissait de la conquête de Constantine ; le maréchal Clauzel devait commander l’armée, et le duc de Nemours prendre part aux fatigues, aux dangers et à la gloire de l’expédition.
L’armée, forte d’environ 7 000 hommes, partit de Bone le 13 novembre ; le 18, elle franchit le col de Raz-el-Akba et n’était plus qu’à deux marches de Constantine. Après un campement à Raz-Oued-Zenati, l'armée française subit des conditions climatiques difficile. L'armée était parvenue dans des régions très élevées ; pendant la nuit, la pluie, la neige et la grêle tombèrent avec tant d’abondance et de continuité, que les soldats, au bivouac, furent exposés à toutes les rigueurs d’un hiver de la Russie ; les terres, entièrement défoncées, rappelaient les boues de la Pologne. L'armée se mit toutefois en marche le 20, et parvint, à l’exception des bagages et d’une arrière-garde, au monument de Constantin, où elle fut obligé de s’arrêter. Le froid était excessif. Plusieurs hommes eurent les pieds gelés ; d’autres périrent pendant la nuit, car depuis Raz-el-Akba on ne trouvait plus de bois.
Enfin, les bagages sur lesquels on doublait et triplait les attelages, ayant rejoint l’armée, l'armée française franchit, le 21, le Bou-Merzoug, un des affluents de l’Oued Rhummel et prit position sous les murs de Constantine. Cette ville est défendue par la nature même : un ravin de 60 mètres de largeur, d’une immense profondeur, et au fond duquel coule l’Oued-Rammel, présente pour escarpe et contrescarpe un roc taillé à pic, inattaquable par la mine comme par le boulet. Le plateau de Mansourah communique avec la ville par un pont très étroit et aboutissant à une double porte très forte et bien défendue par les feux de mousqueterie des maisons et des jardins qui l’environnent.
Le maréchal Clausel occupa le plateau de Mansourah avec le duc de Nemours et les troupes du général Trézel ; le général de Rigny eut ordre de s’emparer des mamelons de Koudiat-Aty, d’occuper les marabouts et les cimetières en face la porte Ez-Rabahah et de bloquer cette porte. Il était cependant impossible pour l'armée française de conduire sur ce point, le seul attaquable, l’artillerie de campagne. Le bey Achmet avait craint de s’enfermer dans Constantine, il en avait confié la défense à son lieutenant Ben-Haïssa, et avait introduit dans la ville 1.500 Turcs et Kabyles bien déterminés à la défendre.
La brigade d’avant-garde française se porta sur les hauteurs qui furent successivement enlevées. Le maréchal fit diriger le feu de l’artillerie contre la porte El-Cantara. Le 22, cette brigade soutint un combat contre les musulmans sortis par celle des portes que l’armée ne pouvait bloquer, puisqu’elle ne comptait plus que 3.000 hommes sous les armes. Le temps continuait à être affreux : la neige tombait à gros flocons, le vent était glacial et enfin munitions et vivres étaient épuisés.
Le 23, nouvelle attaque contre les français qui furent repoussés. Deux attaques simultanées contre les Français, dans la nuit du 23 au 24, n’eurent pas de succès. Beaucoup d’hommes furent mis hors de combat. Le 24, le maréchal ordonna la retraite. Cette première journée fut très difficile ; la garnison entière et une multitude de cavaliers attaquèrent l'arrière-garde avec acharnement dont le commandant Changarnier, du 2e léger. Entouré d'ennemis, il forme son bataillon en carré et, au moment d’une terrible attaque, fait ouvrir un feu de deux rangs à bout portant, qui couvre d’hommes et de chevaux trois faces du carré.
Le 26, l’armée française campa à Sidi-Tam-Tam. Le 27, elle avait passé le défilé difficile qui conduit au col de Raz-el-Akba, et les musulmans abandonnèrent leur poursuite. Le 28, elle atteignit Guelma où elle laissa ses malades. Le 1er décembre, l'armée française était de retour à Bone : elle avait eu dans cette expédition 453 morts ou égarés et 304 blessés.
Source
Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition](Wikisource)
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