- Expulsion des Juifs
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L’expulsion des Juifs est l’un des éléments les plus caractéristiques de leur histoire, leurs exodes en masse ayant rarement été le fruit de leurs décisions propres.
Débutant aux premiers temps de leur histoire et participant à la création de la diaspora juive, les expulsions deviennent au Moyen Âge l’une des mesures anti-juives les plus fréquentes, dont les motivations sont tant théologiques qu’économiques. Selon Raul Hilberg, l’expulsion des Juifs est l’étape suivant logiquement les diverses politiques d’ostracisation des Juifs et précédant la mesure ultime, à savoir leur extermination.
Expulsions au temps de la Bible et du Talmud
Alors que les enfants d’Israël sont, selon le Deutéronome, stationnés sur le Jourdain, s’apprêtant à prendre possession du pays de Canaan promis par Dieu à leurs pères, Moïse insiste sur le dessein divin derrière cette conquête : plutôt que d’installer Israël sur leur terre selon leurs mérites, Dieu en chasse les sept nations qui y vivent du fait de leur impiété. Dût Israël suivre leurs voies (et malgré le caractère inconditionnel et perpétuel de l’Alliance), ils seraient exilés en terre étrangère et soumis à d’incessantes souffrances jusqu’à ce que Dieu se rappelle d’eux.
Cette doctrine théologique domine la vision qu’ont les Israélites de leur histoire et, quoique les déportations effectuées par Sennachérib et Nabuchodonozor s’inscrivent dans une politique à l’égard des nations vaincues, elles sont vécues comme des châtiments divins terribles mais temporaires ou tout au moins réversibles. C’est du fait de cette croyance que les Juifs maintiennent leur identité propre alors que celle des nations qui les entourent se fondent dans la civilisation du vainqueur. Le récit biblique a beau insister sur la médiocrité du temple reconstruit par les exilés en regard du temple érigé par Salomon, les Judéens n’auront de cesse d’œuvrer pour leur indépendance nationale, y parvenant même pour quelques décennies au temps des Hasmonéens.
L’alliance contractée par les Maccabées avec Rome ayant permis aux insurgés judéens de tenir en respect les armées syriennes devient l’instrument de leur perte, lorsque la Judée, d’alliée de Rome, devient un état-croupion puis, rapidement, une province romaine. Les velléités d’indépendance menant aux trois guerres judéo-romaines entraînent des mesures de rétorsion de plus en plus sévères. En 135, l’empereur Hadrien promulgue un décret visant à déjudaïser la Judée : les Juifs sont bannis de Jérusalem, celle-ci est reconstruite comme ville païenne et la Judée elle-même n’est plus désignée par son nom mais par celui de Provincia Syria-Palestina.
Dans un premier temps, nombre de Juifs migrent dans la Galilée voisine mais celle-ci se vide elle-même avec le temps, suite aux persécutions croissantes de l’empire romain devenu chrétien puis de l’empire byzantin. La conquête musulmane permet une brève renaissance du foyer juif sur sa terre originelle mais les croisades mettent fin à cet intermède.
Expulsion d'Angleterre
Expulsion de 1290
En 1290, édit du roi Édouard Ier d'Angleterre, tous les juifs (environ 16 000 personnes) sont expulsés.
Expulsions d'Allemagne
Expulsions de France
Expulsion par Philippe le Bel
Édit de 1306 rapporté en 1315.
Expulsion par Charles VI le Fou
Édit de 1394.
Interdiction par Louis XIV
Mesure limitée aux Îles françaises dans le Code noir.
Expulsions de la péninsule ibérique
Expulsion par les rois wisigoths
Expulsion d'Espagne de 1492
En 1492, Isabelle Ire de Castille et Ferdinand II d'Aragon, prennent le Décret de l'Alhambra qui expulse tous les Juifs d'Espagne. Sur 200 000 personnes, on estime qu'environ 50 000 acceptent de se convertir au catholicisme, et 150 000 doivent s'exiler. Le sultan Bayezid II les autorise à s'établir dans l'Empire ottoman. Beaucoup s'établissent en Afrique du Nord.
Cette expulsion entraina celle des juifs de Sicile et de Sardaigne en 1492, qui étaient sous souveraineté de l'Espagne[1], puis celle de l'Italie du Sud en 1505, suite à l'annexion du Royaume de Naples.
Expulsion du Portugal
Expulsion du Portugal par décret du 5 décembre 1496
Expulsions de Hongrie
Interdiction de 1349
Interdiction rapidement rapportée.
Interdiction de 1360
En 1360, après une tentative de conversion forcée, édit du roi Louis Ier de Hongrie. Les Juifs expulsés s'établissent en Autriche, Moravie et Pologne.
Expulsion d'Autriche
Interdiction de 1698
En 1698, l'empereur Léopold Ier du Saint-Empire bannit les Juifs de Vienne.
Expulsion de Russie
Expulsion avant la Shoah
En Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale, les mesures ségrégationnistes et antisémites forcèrent les Juifs au départ. Ceux-ci émigrèrent vers les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la Palestine.
Expulsion après la Seconde Guerre mondiale
En même temps que les personnes déplacées, de nombreux Juifs ne purent rejoindre leurs maisons après la guerre. En Pologne, une cinquantaine de milliers d'entre eux furent expulsés en 1950[réf. nécessaire].
Expulsion des pays arabes
Articles détaillés : Départ des Juifs des pays arabes, Histoire des Juifs en Irak, Histoire des Juifs en Égypte et Histoire des Juifs en Algérie.Histoire récente
Les Juifs installés dans des colonies en territoire occupé (Sinaï (1982), Bande de Gaza (2006)) sont expulsés par l'armée israélienne à la suite de la décision prise par le gouvernement d'Israël.
Notes et références
- Voir page 609 inMedieval Jewish civilization: an Encyclopedia sous la direction de Norman Roth, Routledge, 2003
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
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