Eustache-Hyacinthe Langlois

Eustache-Hyacinthe Langlois
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Eustache-Hyacinthe Langlois
du Pont de lArche
Médaillon en bronze de Langlois par David d'Angers.
Médaillon en bronze de Langlois par David d'Angers.

Naissance 3 août 1777
Pont-de-l'Arche
Décès 29 septembre 1837 (à 60 ans)
Rouen
Nationalité Drapeau de France France
Activité(s) peintre, dessinateur, graveur et écrivain
Maître Lemonnier et David
Élèves Célestin Nanteuil
Récompenses Légion d'honneur

Eustache-Hyacinthe Langlois du Pont de lArche, le 3 août 1777 à Pont-de-l'Arche et mort le 29 septembre 1837 à Rouen, est un peintre, dessinateur, graveur et écrivain français, surnommé le « Callot normand ».

Sommaire

Biographie

Le père de Langlois, garde-marteau[1] dans ladministration des eaux et forêts, le destina à la carrière administrative, mais les événements de la Révolution vinrent tout à la fois sopposer aux intentions du père par la perte de sa fortune, et servir celles du fils qui, dès le jeune âge, avait manifesté un goût très vif pour la culture des arts. À peine la Révolution avait-elle éclaté quelle abolit les anciennes institutions ; lÉcole Militaire fut remplacée par lÉcole de Mars et jeune Langlois fut désigné dans sa commune pour en faire partie.

Le métier des armes eut peu dattraits pour Langlois qui, fidèle à ses premières inspirations, consacra à létude du dessin tous les instants quil put dérober aux exercices de lÉcole de Mars. Lorsque celle-ci fut dissoute, en octobre 1794, Langlois fut enfin libre de suivre son penchant pour les arts. Admis en 1798 comme élève chez le peintre dhistoire, Lemonnier, il passa de à lécole de David, auprès de qui il sadonna surtout au dessin et à la gravure à leau-forte. Un moment compromis, avec sa famille, à la suite des dissensions de lépoque, il fut incarcéré sur de fausses dénonciations et ne dut sa liberté quà la caution de lami de son père Dupont de lEure. Atteint ensuite par la conscription au moment il ne commençait à jouir de sa liberté que pour se livrer avec plus dardeur à ses travaux favoris, Langlois rejoignit les drapeaux, lorsque, appelé par une circonstance, à faire partie dun conseil de guerre qui le rapprochait de Paris, il sut en profiter pour solliciter son congé, quil obtint par la protection de limpératrice Joséphine.

Dégagé du service, Langlois revint dans la capitale il resta pendant plusieurs années, et se lia avec un grand nombre dartistes et de gens de lettres qui lui procurèrent des travaux. Mais le désir de revoir son pays, quil avait quitté fort jeune, lengagea à retourner à Pont-de-lArche quil habita, ainsi que ses environs, à partir de 1806. Le peu de travaux quobtenait Langlois suffisant à peine pour soutenir sa famille nombreuse, il vint, dix ans plus tard, louer un logement à Rouen, dans lancien couvent Sainte-Marie. Il vécut dans cette ville dans un état voisin de la misère, manquant souvent des choses les plus nécessaires à la vie. En 1827, la duchesse de Berry étant venue visiter Rouen et ses monuments, Langlois fut désigné par le préfet pour laccompagner dans sa visite et il sut lui inspirer tant dintérêt par la variété de ses connaissances que la princesse lui fit obtenir en 1828 la place de professeur de lÉcole de dessin et de peinture de Rouen, il exerça « une influence considérable sur les artistes de la région ».

Depuis son établissement à Rouen, quoique souvent pressé par la nécessité de pourvoir aux besoins de sa famille, Langlois navait cessé demployer ses loisirs à la composition de quelques ouvrages darchéologie ou de gravure. Nul plus que lui nétait instruit de lhistoire monumentale et des usages du Moyen Âge, que sa maison était devenue en quelque sorte le rendez-vous des artistes et des amateurs étrangers et nationaux ; cétait un centre dinstruction, un foyer chacun venait puiser comme à leur source, les notions sur ce que Rouen et la Normandie renfermaient de curieux. Ayant été le témoin, au cours de ses études à Paris, des actes de vandalisme dont la capitale et les départements avaient souffert pendant la Révolution, Langlois se voua désormais à létude des monuments du Moyen Âge qui avait tant de charmes pour lui. Il fit son début en archéologie avec son Recueil de quelques vues de sites et monuments de la France et de la Normandie, etc., in-4°, Rouen, 1817. Il fit rénover labbaye de Saint-Wandrille et la passion pour larchéologie dont il était animé était si vive que la destruction dun monument était pour lui un sujet daffliction et de douleur. Ainsi, lorsque la flèche de la cathédrale de la ville fut incendiée par la foudre, le 15 septembre 1822, les Rouennais le virent monter, à moitié habillé, sur le faite de sa maison, pour attacher ses regards sur les débris enflammés et, le crayon à la main, en tracer les effets sur le papier.

Épuisé par de longs travaux et plus encore par les veilles quil consacrait principalement à ses ouvrages dérudition, Langlois sentait sa vue et ses forces saffaiblir de jour en jour. Ces premiers symptômes se renouvelèrent dune manière très grave le jour il eut lhonneur daccompagner le duc et la duchesse dOrléans, lorsquils visitèrent la cathédrale et les autres monuments de Rouen. En sortant du dîner donné à cette occasion à la préfecture, il se sentit indisposé, se plaignit de ne plus voir dun œil, ou de voir trouble, et dit au rédacteur de la Revue de Rouen, qui lui demandait des nouvelles de sa santé. « Mon cher Richard, cest fini ; vous pouvez tailler votre plume. » Sa vue saffaiblissant de plus en plus, il lui fallut renoncer à tout travail. Dès ce moment il se crut perdu ; cétait les indices dune extinction totale de la vue, ce quil redoutait par dessus tout. Bientôt une hémorragie sétant déclarée, lidée dune mort prochaine sempara tellement de son esprit quil lappelait et la désirait comme le terme de ses souffrances. Malgré les soins qui lui furent prodigués, il succomba, laissant plusieurs enfants parmi lesquels sa fille aînée, Espérance Bourlet de la Vallée, compagne de ses travaux et héritière de ses talents, et son fils Polyclès Langlois du Pont de l'Arche, qui ont continué son métier.

Maniant tout à la fois la plume, le crayon et le burin, Langlois était à la fois artiste, archéologue, dessinateur et graveur. Les ouvrages quil a publiés sur les monuments de la Normandie et sur divers sujets darts attestent la richesse et la variété de ses connaissances. Il prit également une part très active à toutes les publications rouennaises. Le nombre des dessins et des planches quil a produits, soit pour la librairie, soit pour des amateurs, est considérable. Tous ces travaux prouvent la fécondité de sa verve, son heureuse et rare facilité dexécution. Ses planches se font principalement remarquer par lextrême finesse, la souplesse et la pureté du trait, ainsi que par la touche spirituelle des petites figures qui les animent. Il réalisa des dessins pour Dawson Turner et Thomas Frognall Dibdin.

Langlois faisait partie dun grand nombre dacadémies nationales et étrangères. En 1820, il devint membre de la Société libre démulation de la Seine-Inférieure, puis, en 1824, de lAcadémie de Rouen. Il était de la Société royale des Antiquaires de France. Il avait été nommé membre de la Légion d'honneur en 1835.

À peine Langlois avait-il rendu le dernier soupir quune souscription fut spontanément ouverte et remplie pour lérection dun monument sépulcral au cimetière monumental de Rouen il repose. Ses nombreux amis sassocièrent pour la plupart à cet hommage, et un tombeau à sa mémoire, surmonté dune pierre druidique trouvée dans la forêt de Rouvray, auquel avait été incrusté son médaillon en bronze donné par David, par ce célèbre artiste ; au-dessous duquel était placée lépitaphe, fut érigé. Le collège Hyacinthe-Langlois, situé à Pont-de-lArche, a été nommé daprès lui.

Notes et références

  1. Cétait un officier de la maîtrise des eaux et forêts qui était dépositaire du marteau avec lequel on marquait le bois qui devait être coupé dans les forêts du roi.

Œuvres

Monument érigé à Langlois dans sa ville natale.
  • Essai historique et descriptif sur labbaye de Fontenelle ou de Saint-Wandrille, Saint-Wandrille, 1991 (ISBN 2-85019-005-5)
  • Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre ancienne et moderne et sur les vitraux les plus remarquables de quelques monumens français et étrangers suivi de La Biographie des plus célèbres peintres-verriers, Rouen, 1832 ; Bertout, Luneray, 1987 (ISBN 286-743-055-0)
  • Stalles de la cathédrale de Rouen, Nicétas Périaux et E. Legrand, Rouen, 1838
  • Essai sur la calligraphie des manuscrits du Moyen Âge et sur les ornements des premiers Livres dheures imprimés, Rouen, 1841 ; Saint-Wandrille, 1991 (ISBN 2850190128)
  • Essai historique, philosophique et pittoresque sur les Danses des Morts

Peinture

  • La Madone de Saint-Sixte, vers 1825, huile sur toile, orne le maître-autel de léglise Notre-Dame de Belbeuf en Seine-Maritime.

Références

  • Léon Coutil, Eustache-Hyacinthe Langlois du Pont-de-lArche, graveur et archéologue, Lecerf, Rouen, 1924.
  • Pierre Chirol, « Eustache-Hyacinthe Langlois, archéologue », dans Bulletin de la société libre démulation de la Seine-Inférieure, 1937.
  • Michèle Degrave, E.-H. Langlois 1777-1837, Bibliothèque municipale, Rouen, 1977.

Sources

  • Mémoires de la Société royale des antiquaires de France, t. 14, Paris, au Secrétariat de la Société, p. XCVII-CVIII.

Liens externes


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