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Ernst Niekisch
Ernst Niekisch (23 mai 1889 - 27 mai 1967) fut l'idéologue allemand principal du National-bolchévisme.
Né à Trebnitz en Silésie, et élevé à Nördlingen, il devint enseignant. Il rejoint le Parti social-démocrate allemand en 1917 et participa à l'établissement de l'éphémère République des soviets bavaroise l'année suivante. Il quitta le SPD pour rejoindre le Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne, avant d'y revenir.
Durant les années 1920, il conclut à l'importance du nationalisme et essaya d'influencer le SPD dans cette direction. Il s'opposa violemment au plan Dawes et au traité de Locarno, ainsi qu'au pacifisme général du SPD, à tel point qu'il fut exclu du parti en 1926.
Niekisch rejoint ensuite le petit Parti Socialiste de Saxe. Il le convertit à sa propre forme de nationalisme socialiste, sortant son propre journal Widerstand (« Résistance »). Collaborant avec la plupart des personnalités de la scène Nationaliste-révolutionnaire (comme Ernst Jünger, qui écrit dans son journal à la date du 23 octobre 1988 « la biographie de Niekisch est typique d'un homme assis entre toutes les chaises, et finalement sur celle de sa cellule dans la prison de Brandebourg »[1], et Otto Paetel), il devient la figure de proue, et le principal théoricien, du national-bolchévisme et de l’anti-occidentalisme allemand.
Les nationaux-bolcheviks virent dans l'Union soviétique une continuité de la vieille alliance entre la Russie et la Prusse. Chez les nationaux-bolcheviks, à l’hostilité pour l’Ouest, à l’Occident incarnant le monde bourgeois, répond une fascination pour l’Est. L’intérêt pour le monde slave et en particulier pour la Russie se retrouve dans un certain esprit prussien de ce mouvement. La Russie soviétique apparaît comme un allié potentiel contre les ingérences des Alliés. Cette « orientation vers l’Est » se double d’une admiration pour l’organisation politico-idéologique de l’URSS.
Partisan d'un État « total », Niekisch rejeta cependant Adolf Hitler auquel il reprochait son manque de vraies racines socialistes. Après la prise du pouvoir des nazis, il passa dans la clandestinité et la résistance active. Il fut arrêté en 1937 et condamné deux ans plus tard à deux ans de prison pour haute trahison. Il se retrouvera emprisonné en camp de concentration. Il fut libéré, complètement aveugle, en 1945 par l'Armée Rouge.
Il se tourna vers le marxisme orthodoxe et adhére au Parti communiste allemand. Niekisch s’installa dans la zone d’occupation soviétique qui allait devenir la RDA et devint enseignant à l’Université de Berlin-Est. Il occupa ensuite une chaire de sociologie à l'Université Humboldt, en Allemagne de l'Est. En 1953, dégoûté par la brutale répression des soulèvements des travailleurs, il alla s'établir à Berlin-Ouest. Il mourut le 23 mai 1967.
Pour Louis Dupeux : « Widerstand [...] a très fortement contribué à jeter les bases d'un nouveau national-bolchevisme d'extrême-droite. »,[2] « C'est un homme de droite et même de la plus extrême-droite. Toutes ses catégories intellectuelles et politiques sont celles de la droite du temps. »[3]
Bibliographie
- Das Reich der Niederen Dämonen, Berlin 1957
- Geheimes Reich, 1937
- Hitler, une fatalité allemande (titre original : Hitler ein deutsches Verhängnis), 1932
- Écrits Nationaux-Bolcheviks, Editions Pardès
- Le National-bolchevisme, stratégie communiste et dynamique conservatrice, Louis Dupeux, Éditions H. Champion, Paris, 1979.
Références
- ↑ Ernst Jünger, Soixante-dix s'efface IV - 1986-1990, Gallimard, 2002, p. 334.
- ↑ Louis Dupeux, National-bolchevisme, Champion, Paris, 1979, p. 281
- ↑ Louis Dupeux, National-bolchevisme, Champion, Paris, 1979, p. 427
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