Ernest Sourioux

Ernest Sourioux
Ernest Sourioux

Parlementaire français
Date de naissance 1er janvier 1895
Date de décès 20 mai 1944
Mandat Député 1939-1940
Circonscription Creuse
Groupe parlementaire IURN
IIIe République

Ernest Sourioux, né le 1er janvier 1895 à Saint-Alpinien (Creuse) et décédé le 20 mai 1944 au Camp de concentration de Dora (Allemagne), est un homme politique français.

Député de la Creuse (1939-1942) affilié au groupe des Indépendants d'union républicaine et nationale (Droite nationaliste)

Sommaire

Biographie

Ernest Sourioux, né dans une famille d'agriculteurs à Saint-Alpinien, poursuit des études secondaires à Aubusson avant d'obtenir son bac et d'entrer comme surnuméraire dans l'administration des finances. Il est mobilisé en 1914. Parti comme homme du rang, il reçoit plusieurs citations et la croix de guerre. Il sera démobilisé en 1919 à Saint-Maixent l’École comme lieutenant de réserve.

Fonctionnaire et paysan.

À son retour, il demande à être affecté dans les Douanes et choisit un poste au Sénégal où il arrive en 1920. Il quitte peu après l'administration pour tenter sa chance dans le secteur privé en tant que conseiller en sociétés anonymes. Il est élu conseiller général, vice-président de la Chambre de Commerce et devient vice-président du Conseil général du Sénégal.

Tirant ses revenus d'un patrimoine immobilier acquis au Sénégal, il décide en 1932 de revenir en métropole. Il s'installe comme agriculteur à Seauve, dans la commune de Mérinchal. Il est membre de la Chambre d'agriculture.

L'engagement populiste paysan.

Il s'engage dans la vie politique creusoise à l'occasion des législatives de 1932. Il se présente sous l'étiquette Républicain-socialiste défense paysanne. Arrivé en deuxième position au premier tour, il est battu au second tour par le socialiste Camille Benassy député sortant.

Résultats de l'élection législative de 1932 (Circonscription d'Aubusson)

Suffrages  % des inscrits
Inscrits 18.222
Votants 14.538 79,78
Abstentions 3.684 20,22
Blancs et nuls 110
Exprimés 14.428
Candidats Partis politiques
ou coalitions
Votes (premier tour) Votes (second tour)
Suffrages % Suffrages %
Camille Benassy(Elu) SFIO (Parti socialiste) 6 332 43,49 7 439 51,42
Ernest Sourioux Républicain-socialiste Défense paysanne 3 114 21,58 5 762 39,83
Chaize Conservateur 1 374 9,52 1 103 7,62
Joulot Radical Indépendant 1 350 9,36
Léon Hindermeyer Parti républicain, radical et radical-socialiste 1 219 8,45
Ilbert SFIC (Parti communiste) 615 4,26 162 1,12
Tixier Radical Indépendant 424 2,94

Vie militante

Il milite ensuite activement pour créer des comités du Front Paysan dans les cantons conservateurs de l'est du département de la Creuse, tout en ne se réclament pas explicitement d'Henri Dorgères "ni fasciste, ni communiste". Il fait notamment preuve d'une activité importante durant les années 1937 et 1938[1].

Il loge à Seauves de jeunes Espagnols ayant fui le franquisme[réf. nécessaire].

Député nationaliste

Après avoir fait l'impasse sur les élections de 1936, à l'occasion desquelles il soutient Auguste Chambonnet (candidat radical hostile au Front Populaire), il profite de l'entrée de celui-ci au Sénat pour revenir sur le devant de la scène politique dans la circonscription d'Aubusson.

Il se présente donc à élection partielle les 19 et 26 mars 1939 comme candidat d'Union républicaine de défense paysanne. La campagne est très animée face à trois adversaires.

  • Hindermeyer : Radical-Socialiste modéré hostile au Front populaire, industriel aubussonais, Président de la Chambre de commerce.
  • Moluçon : Socialiste et Franc-maçon éditeur du Mémorial de la Creuse journal socialiste pro-Front populaire artisan de la victoire de Benassy en 1932.
  • Dumont : Communiste

Durant la campagne électorale, s'il ne se réclame pas officiellement de Dorgères, Sourioux soutient les thèmes de la Défense paysanne qu'il professe depuis son entrée sur la scène politique Creusoise : corporatisme paysan, conservatisme social et politique, hostilité au Front populaire soupçonné de menées collectivistes. Notons que dans sa profession de foi[2], deux paragraphes reprennent les thèmes antisémites chers aux mouvements de droite de l'époque. Ce positionnement préfigure son action sous l'occupation.

Lors du premier tour de scrutin, Sourioux arrive nettement en tête. Il devance ses adversaires dans les communes rurales de l'est de la circonscriptions qu'il a particulièrement travaillées les années précédentes. Ce sont également les communes les plus conservatrices et les plus attachées à la pratique religieuse. Il est par contre devancé dans les secteurs de tradition radicale (cantons de Felletin, Chénérailles, et même Aubusson), dans les communes de tradition socialiste (Sannat, Mainsat, Nord d'Aubusson), et dans les communes où la classe ouvrière représente une forte partie de l'électorat, ou celles marquées par la présence de militants communistes actifs (Lavaveix-les-mines, La Courtine, Crocq). Le candidat radical-socialiste arrive en deuxième position devançant le candidat socialiste. Les voix du Front populaire (socialistes + communistes) peuvent théoriquement permettre le succès de Moluçon au tour suivant, dans le cadre d'une triangulaire.

Sourioux est élu au second tour. Il attire manifestement l'électorat conservateur et une frange importante de l'électorat radical modéré qui s'était porté sur Hindermeyer au premier tour. Moluçon, soutenu par le candidat communiste, progresse fortement, mais pas suffisamment pour l'emporter. Hindermeyer recule très nettement perdant presque mille voix entre les deux tours de scrutin.

Résultats de la législative partielle de 1939 (Circonscription d'Aubusson)

Suffrages  % des inscrits
Inscrits 17.226
Votants 12.609 73,20
Abstentions 4.617 26,80
Blancs et nuls 129
Exprimés 12.480
Candidats Partis politiques
ou coalitions
Votes (premier tour) Votes (second tour)
Suffrages % Suffrages %
Ernest Sourioux(Elu) Union républicaine de défense paysanne 4 082 32,71 5 589 42,08
Léon Hindermeyer Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste 3 553 28,47 2 594 19,53
Moluçon SFIO (Parti socialiste) 3 114 25,42 5 099 38,39
Dumont SFIC (Parti communiste) 1 588 12,72

Vie parlementaire

Il siège à la Chambre des députés au groupe des indépendants d'union républicaine et nationale (Droite nationaliste) et fait partie de la commission de l'Algérie, des colonies et des pays de protectorat.

Durant les quelques mois où il exerce son mandat, il prend part à la discussion de plusieurs projets de loi, notamment ceux portant amnistie, tendant à accorder aux mobilisés un moratoire pour le paiement du montant de leur loyer ou tendant à instituer la représentation proportionnelle pour l'élection des députés. Il intervient également dans la fixation de la date d'une interpellation sur la tragédie de Finlande de mars 1940 et demande à interpeller le gouvernement sur les mesures que celui-ci compte prendre pour « enlever sans délai aux Allemands et aux Russes de plus en plus intimement associés dans le crime, les initiatives des opérations diplomatiques et militaires ».

Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier au cours de la campagne de France, et ne prend donc pas part au vote du 10 juillet 1940 (Pleins pouvoirs au Maréchal Pétain). Durant cette première captivité, il est nommé capitaine et fait membre de la Légion d'Honneur.

Président départemental de la Légion

Un fidèle du Maréchal

Insigne de la Légion française des combattants de la Creuse (Marche)

Libéré en 1941, il rentre en Creuse (zone libre) où il accepte de devenir Président départemental de la Légion française des combattants. Anti-nazi autant qu'anti-communiste, il voit un espoir en la Révolution nationale. Il fait l'objet d'une surveillance particulière de la part des autorités[3] comme toutes les personnalités du département. La note rédigée par le préfet le présente comme faisant preuve d'un loyalisme "indiscutable" envers le Maréchal Pétain, et comme "la personnalité la plus marquante du département".

S'il est fidèle au Maréchal Pétain, il est en revanche ouvertement opposé à Laval et à la collaboration avec les Allemands. Dans le journal "La Creuse", il nomme régulièrement Laval et ses amis "le clan de ya". Lorsque l'Allemagne entre en guerre contre l'URSS, il titre, dans ce même journal, "qu'ils se bouffent et qu'ils en crèvent"[réf. nécessaire].

À noter que la commune de Mérinchal cache de nombreux juifs qui ne seront jamais inquiétés[réf. nécessaire].

Une conversion tardive

Suite à un accrochage avec le maquis, les Allemands rendent les corps de maquisards afin qu'ils soient enterrés sans cérémonie. Contre leur avis, Sourioux déclare Aubusson ville morte, fait fermer tous les commerces et défile avec son écharpe derrière les cercueils[réf. nécessaire]. Son fils Jacques, résistant dans l'A.S[4]. , participera au combat de Roussines.

Sourioux se rapproche en 1943 du Général Giraud. Après guerre, son épouse reconnaîtra, sur une photo, un visiteur de Seauve comme étant Jean Moulin[réf. nécessaire].

Son courrier détourné apporte les preuves de sa détermination contre l'envahisseur. Sur dénonciations, il est arrêté le 9 janvier 1944 à Aubusson. De Compiègne, il est déporté par le convoi I.172 du 22 janvier 1944 au camp de concentration de Buchenwald sous le matricule 43234. L'ironie voudra qu'il soit déporté dans le même convoi que Jules Fourrier, ancien député communiste et résistant membre de Libération, qui le soupçonnait de l'avoir dénoncé[5]. Il meurt, probablement fusillé suite à une altercation avec un garde, au camp de Dora le 20 mai 1944.

Le comité départemental de libération lui a cependant refusé le titre de "mort pour la France" estimant qu'il avait favorisé certaines arrestations dans l'exercice de ses fonctions de président départemental de la Légion[6]. En fait, s'il a effectivement fait arrêter par un commissaire de police de la ville un communiste aubussonais, c'était, à la demande d'un médecin, pour faits de violences sur son épouse. Mais un pamphlet communiste en a fait, après guerre, une arrestation politique[réf. nécessaire].

Mandats électifs

Parlementaires

  • 1939-1942 : Député de la Creuse

Mandats locaux

  • Conseiller général puis vice-président du Conseil général du Sénégal dans les années 20.

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Georges Dauger, Aux origines de Front populaire en Creuse, Études creusoises, 1986
  • J.-C. Pasty, L'évolution de l'opinion publique dans le département de la Creuse depuis 1919, thèse, 1958
  • Guy Avizou, Daniel Dayen, Dictionnaire des parlementaires du Limousin sous le troisième République. Tome 1, Creuse, PULIM, 2001

Notes et références

  1. référence, Archives départementales de la Creuse Dossier de surveillance des groupements de droite(1M217)
  2. référence, Archives départementales de la Creuse Dossier préfectoral du scrutin partiel de 1939 (3M323)
  3. référence, Archives départementales de la Creuse Dossier de surveillance des personnalités(105W40)
  4. référence, Cet élément est à vérifier car Jacques Sourrioux figure sur les listes du SOL et de la Milice. Il est également identifié comme suspect par le comité local de libération de Mérinchal Arch. Dép. Creuse et Arch. Dép Haute Vienne
  5. référence, Jules Fourrier Graine rouge (Ed La Brêche-1983) et Archives départementales de la Creuse Témoignage (147J92)
  6. référence, Archives départementales de la Creuse Compte rendu n° 37 de la séance du CDL du 14 mai 1945 (21W60)

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ernest Sourioux de Wikipédia en français (auteurs)

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