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Émile Jennissen
Émile Jennissen (Liège, le 11 novembre 1882 - 5 juin 1949) était un homme politique belge de tendance libérale et un militant wallon.
Sommaire
Idées républicaines
Docteur en droit (1902), il s'intéresse à la politique, assiste notamment à une conférence de René Viviani témoigne de ses préférences pour le Parti Radical en France et les idées républicaines et laïques. Il participe au Congrès wallon de Liège lors de l'Exposition universelle organisé par Julien Delaite. Avec Albert Mockel et Oscar Colson, entre autres, il s'oppose à une condamnation de la loi d'égalité de 1898. Ce congrès de 1906 comme celui de l'année précédente n'arrive pas à s'entendre sur l'idée que si la Wallonie doit être unilingue, la Flandre devrait être bilingue. La même année, avec Hector Chainaye, Albert du Bois et Alfred Colleye, il lance l'hebdomadaire Le Réveil wallon où il plaide pour l'instruction obligatoire en Wallonie, l'introduction de la Wallonie dans les leçons d'histoire, le rapprochement avec la France. Il fonde les Amitiés françaises (1909). Il fut l'une des chevilles ouvrières des actions menées à Liège en vue d'empêcher les express internationaux de passer par Visé, Louvain et Anvers, au lieu de Verviers et Liège.
Ses projets fédéralistes
Il élabore un projet de séparation administrative, estimant que l'union des Belges passe par une telle réforme. Il défend ce projet aux Amitiés françaises de Mons en 1911 et lors du Congrès wallon capital de Liège, en 1912. Son projet propose la création d'un Parlement flamand et d'un Parlement wallon. Il marque évidemment son accord avec la motion de Jules Destrée sur le projet de séparation administrative de la Wallonie et de la Flandre, en vue d’une extension de son indépendance vis-à-vis du pouvoir central et de la libre expansion de son activité propre, celle qui sert de conclusion au Congrès. Jennissen met en cause le fait que la Belgique est dominée depuis 1884 par des Gouvernements essentiellement cléricaux, flamands et réactionnaires où les Wallons sont rares.
La guerre, la rupture avec l'Assemblée wallonne
En 1914, il gagne Paris, y rejoint Raymond Colleye avec qui il fonde La Wallonie devenue ensuite L'Opinion wallonne (journal wallon modéré et d'ailleurs non interdit par l'armée belge et distribué aux soldats qui s'y abonnent) (1917-1918, 1920-1921). À Paris, il rencontre des parlementaires français et des leaders du mouvement flamand. Il est à l'Assemblée wallonne de 1912 à 1914 et de 1919 à 1923 mais s'en retire en juin 1923 avec les plus notoires des fédéralistes parce que l'Assemblée entend toujours défendre les « Wallons » de Flandre (les Flamands francophones). Il s'inquiéta aussi de la difficulté de la Flandre à maintenir l'alliance de la Belgique avec la France, estimant que si l'alliance était rejetée, la Wallonie devrait en tirer des conséquences séparatistes. Après son départ de l'Assemblée Wallonne il fonde la Ligue d'action wallonne de Liège (1923).
Député libéral de gauche
Jennissen devient député de l'arrondissement administratif de Liège en 1922 et le restera jusqu'en 1939. On peut le considérer comme un libéral de gauche (défense du suffrage universel, de la laïcité et de la conscription généralisée) : il défend la cause wallonne au Parlement, propose le recrutement régional à l’armée (1928). Il est pressenti pour succéder à François Bovesse au moment où celui-ci démissionne de son poste de Ministre de la Justice pour devenir gouverneur de la Province de Namur en avril 1937. Il est écarté au profit de Victor de Laveleye : ses opinions trop wallonnes ne semblaient pas convenir à un futur ministre de la Justice qui aurait dû faire exécuter la loi d'amnistie votée en juin 1937. De même, en mai 1938, lors de la formation du premier gouvernement de Paul-Henri Spaak, Léopold III refuse de le nommer ministre car il estime qu'il n'est pas assez représentatif des libéraux wallons [1]
Ministre de quelques jours
Lorsque Max-Léo Gérard, ministre des Finances, démissionne fin 1938 et est remplacé par le Bruxellois libéral Albert-Édouard Janssen, vu que Joseph Merlot ne conservait que le titre de Ministre de l'Intérieur, on attribue le poste de Ministre de la santé publique à Émile Jennissen. Mais le 21 janvier 1939, on apprend la nomination à l'Académie de médecine d'Adriaan Martens, responsable flamand important de la mise en œuvre de la Flamenpolitik, ce qui souleva un émoi considérable. La Chambre vote, le 2 février, la confiance au Gouvernement par 88 voix (la majorité de ces votes émanent de députés flamands) contre 86 et 7 abstentions. Le 8, les présidents de la Chambre et du Sénat exigent le départ d'Adriaan Martens de l'Académie. Le 9, les trois ministres libéraux démissionnent, entrainant ipso facto la chute du Gouvernement. Hubert Pierlot forme un gouvernement le 21 février dont Jennissen n'est pas. Ministre durant quelques jours, Jennissen s'est compromis aux yeux du mouvement wallon : il a souscrit à la déclaration ministérielle maintenant le docteur Martens à l'Académie flamande. Du coup, le parti libéral à Liège ne soutient plus sa candidature pour les élections d'avril 1939. Jennissen a voté également, toujours par solidarité ministérielle, contre la prise en considération de la proposition de révision de la Constitution déposée par Georges Truffaut, François Van Belle Joseph Martel, soit le projet de fédéralisme conçu par Fernand Dehousse.
Traqué durant l'Occupation comme franc-maçon
Traqué pendant l'Occupation comme Franc-maçon, il participe à la préparation du Congrès national wallon de 1943 à 1945 et à son organisation. Jennissen fut aussi Conseiller communal de Liège de 1926 à 1949 et échevin. Il est révoqué par les Allemands en juin 1941 avec Auguste Buisseret. Il redevient échevin (Instruction publique) en septembre 1944 et c'est lui qui fait adopter par le Conseil communal la forme actuelle du mot « Liège » (auparavant certains l'écrivaient avec un accent aigu). Jennissen fit également partie de Wallonie Libre et écrivit dans Le Gaulois. Au moment de la suspension de ce quotidien wallon, il prend part à un meeting de protestation organisé à Liège et est à la tête d'une manifestation qui défile dans les rues. Il continue à contrbuer à la presse du mouvement wallon.
Notes
- ↑ Jean Stengers, L’action du roi en Belgique, Duculot, Gembloux, 1996, p. 54
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