- Affaire Boudarel
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Georges Boudarel
Georges Boudarel (21 décembre 1926, Saint-Étienne – 26 décembre 2003) était un universitaire et militant communiste français, accusé d'avoir torturé des soldats français lors de la Guerre d'Indochine.
Sommaire
Biographie
Né à Saint-Étienne en 1926, il étudie dans un séminaire des Pères maristes. Chrétien progressiste et marxiste, militant du Parti communiste français, il obtient du Bureau colonial du PCF un poste de professeur d'histoire au Lycée Marie-Curie à Saigon (Indochine) à la fin des années 1940. Il anime l'antenne indochinoise du PCF, le Groupe culturel marxiste, auquel Jean Chesneaux a appartenu.
Professeur de philosophie au lycée Yersin de Dalat pendant la Guerre d'Indochine (1946-1954), il abandonne son poste en 1949 pour rejoindre le Việt Minh dans le nord du Tonkin : il est nommé commissaire politique dans un camp de prisonniers, le camp 113[1], et est appelé Dai Dong[2]. D'après de nombreux témoignages de rescapés du camp, il s'y serait rendu coupable de tortures contre des soldats de l'Armée française. Durant l'année de son activité au camp 113, sur 320 prisonniers français, 278 ont péri[réf. nécessaire].
Georges Boudarel quitte le Viêt Nam où il a été condamné à mort pour insoumission et désertion en 1964[3] et se rend en URSS, puis travaille en Tchécoslovaquie pour la Fédération syndicale mondiale (FSM) sous domination de l'URSS.
Il rentre en France en 1966, profitant de la loi d'amnistie votée en juin 1966[4] : devenu l'assistant de Jean Chesneaux — professeur et fondateur, avec Emmanuel Leroy-Ladurie, de la section Histoire du Département de « Géographie - Histoire et Sciences de la Société » —, il est ensuite promu maître de conférences à l'Université de Paris VII et chercheur au CNRS, se spécialisant dans l'histoire du Vietnam et acquérant dans ce domaine une renommée internationale.
Le 13 février 1991, lors d'un colloque organisé au Sénat par le Centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes, il est reconnu par Jean-Jacques Beucler, secrétaire d'État aux Anciens combattants ayant lui-même participé à la guerre d'Indochine durant laquelle il avait été prisonnier pendant 4 ans dans le camp 113. D'autres témoignages sont déposés ensuite contre Georges Boudarel qui fait l'objet en 1991 d'une plainte pour crimes contre l'humanité déposée par d'anciens prisonniers français du camp 113. Cette plainte a donné lieu à un rejet de la Cour de Cassation motivé par la loi d'amnistie de 1966[5].
Compte tenu du débat suscité par cette décision, l'affaire Boudarel a été à l'origine de la modification[6] de l'article 213-5 du code pénal[7].
Voir aussi
Ouvrages
- Georges Boudarel, La Bureaucratie au Viêt Nam, L'Harmattan, 1983.
- Georges Boudarel, Cent fleurs éclosent dans la nuit du Viêt Nam, Jacques Bertoin, 1991
Articles liés
Bibliographie
- Yves Daoudal, préface de Jean-Baptiste Biaggi, Le dossier Boudarel, Editions Remi Perrin, 2001
- Jean-Jacques Beucler, Mémoires, France-Empire, 1991
- Thomas Capitaine, Captifs du Viet-Minh. Les victimes de Boudarel parlent, Union nationale inter-universitaire, Paris, 1991 Ouvrage en ligne
- Claude Cohen, « La problématique du crime contre l'humanité », Gazette du Palais, 26 février 2002, n° 57, p.46
- Gérard Gilles Epain, Indo-Chine: une histoire coloniale oubliée, L'Harmattan, 2008
Liens externes
- L'affaire Boudarel (site officiel de l'ANAPI)
- L'Affaire Boudarel
- Le dossier Boudarel
- Proposition de loi du 13 juillet 2005, visant à rendre inamnistiables les crimes contre l'humanité (Assemblée nationale)
Jurisprudence
- Crim. 1er avril 1993, pourvoi n°92-82273, Bulletin criminel 1993 N° 143 p. 351 (rapport du conseiller Guerder à la Gazette du Palais n°174, 175, 23-24 juin 1993)
- Crim. 7 septembre 1999, pourvoi n°98-85902
Notes
- ↑ « Situé à Lang-Kieu non loin de la frontière de Chine, au sud d’Ha-Giang, dans le bassin de la Rivière Claire (Song Lô), à une vingtaine de kilomètres de Vinh Thuy », in « L'Affaire Boudarel », site de l'Association nationale des anciens prisonniers et internés d'Indochine.
- ↑ « Paris Journal; Vietnam Echo Stuns France: Case of Treachery? », New York Times, 20 mars 1991.
- ↑ Chronique nécrologique
- ↑ Loi 66-409 du 18 juin 1966 portant amnistie, article 30: « Sont amnistiés de plein droit tous crimes ou délits commis en liaison avec les événements consécutifs à l'insurrection vietnamienne et antérieurement au 1er octobre 1957. »
- ↑ De même un recours du 25 février 2000 devant la Cour européenne des droits de l'homme à l'encontre de la France contestant l'arrêt de la Cour de Cassation et invoquant une violation du droit à la liberté d'expression a été déclaré irrecevable en mars 2003 (Sobanski c. France, 20 mars 2003, n°56165/00).
- ↑ Article 28 de la loi n° 2004-800 du 6 août 2004 [1]
- ↑ Proposition de loi visant à rendre inamnistiables les crimes contre l'humanité
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