Egosexualité

Egosexualité

Définition de la sexualité

Tous les mots de la famille sexualité, sexe, sexuel … font référence à un phénomène biologique fondamental, la reproduction sexuée.

Schématiquement, on peut distinguer deux aspects dans la reproduction sexuée :

  • Un état sexué, initial, qui est caractérisé en général par l'existence d'un organisme mâle et d'un organisme femelle, qui ont chacun des caractéristiques propres.
  • Les conséquences de cet état sexué, qui se traduisent par des phénomènes spécifiques au niveau anatomique, physiologique, comportemental et psychique.

Le sexualité bactérienne désigne le phénomène de conjugaison bactérienne, qui est un échange de matériel génétique entre 2 bactéries, sans lien avec une reproduction.

Sommaire


Étymologie

Étymologiquement, les mots sexualité, sexué et sexe sont dérivés des mots latins sexualis et sexus. L'origine du mot sexus, qui signifie «sexe», est discutée : elle proviendrait soit du latin secare «couper, diviser», soit du latin sequi «accompagner» (Cf. O. Szemerenyi, Scripta Minora II, p. 874). Le romain Sextus Pompeius Festus, dans son De verborum significatione, rapproche sexus du grec hexis «manière d'être, état».

Néanmoins, quelle que soit l'origine du mot sexus, l'important est que cette racine latine indique la séparation des sexes, qui est la caractéristique première et principale de la reproduction sexuée.

Chronologie et évolution du sens

Les mots dérivés de la racine latine sexus sont récents. La chronologie simplifiée de leur apparition et de leurs premières significations, dans la société occidentale, est la suivante :

  • XIIe siècle : apparition du mot sexe.
  • XVIe siècle : généralisation du mot sexe, qui désigne les femmes (on dit à l'époque : « le beau sexe », « les personnes du sexe »).
  • XVIIIe siècle : apparition du mot sexuel.
  • XIXe siècle : apparition des mots sexualité (qui signifie « le caractère de ce qui est sexué, et l’ensemble des caractères propres à chaque sexe ») et sexualisme (qui signifie « la manière d'être de ce qui est sexuel »).
  • XXe siècle : le mot sexualité prend son sens moderne : « ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle ».

Dans les sociétés non occidentales, suivant les cultures et suivant les époques, on observe également des variations du sens et des significations données à ce qui est appelé « sexualité ». Par exemple, caresser un sein ou embrasser avec la langue n'est pas considéré comme « sexuel » dans de nombreuses sociétés (Ford 1970).

Les différentes significations contemporaines

Au XXe siècle, si le mot sexualité est conservé, par contre sa signification continue d'évoluer. Initialement, il désignait plutôt l'état sexué, puis il a désigné le comportement sexuel, avant de désigner le plaisir sexuel et tout ce qui est directement lié à ce plaisir (Foucault M). Avec le développement de la psychanalyse, qui affirmait que tout plaisir est sexuel, le terme de sexualité a fini par désigner presque tout l'ensemble des comportements et des états affectifs de l'être humain.

Aujourd'hui, dans les dictionnaires , la définition du mot sexualité est encore un peu différente. Pour le Robert : 1) Caractère de ce qui est sexué, ensemble des caractères propres à chaque sexe ; et 2) Ensemble des comportements relatifs à l'instinct sexuel et à sa satisfaction. Pour le Larousse : 1) Ensemble des phénomènes sexuels ou liés au sexe, observables chez les êtres vivants ; et 2) Ensemble des diverses modalités de la satisfaction instinctuelle liée à la reproduction de l'espèce.

Pour la majorité des personnes, la définition habituelle de la sexualité est plus vague, et recouvre d'une manière assez lâche tout ce qui a plus ou moins directement ou indirectement rapport avec les organes génitaux, les zones érogènes et le plaisir particulier provenant de ces régions corporelles.

En conclusion, on observe que la définition du concept de sexualité change en fonction de l'époque, des théories et des cultures.

Pourtant, le phénomène biologique de la reproduction sexuée est toujours le même. Alors comment élaborer une définition plus précise, et qui, pour l'essentiel, ne changera pas avec le temps ?

Nécessité d'une base biologique pour la définition

Le fondement de la sexualité repose sur les stratégies de reproduction[1]. Pour tous les phénomènes qui ont un rapport important avec la biologie, il semblerait que la moins mauvaise définition que l'on puisse élaborer est celle qui est basée sur l'existence prouvée de structures matérielles et/ou fonctionnelles dans l'organisme étudié. En effet, en dernière analyse, c'est la structure biologique qui est à l'origine de ces phénomènes. De plus, les définitions peuvent alors être réexaminées en fonction de l'évolution des connaissances biologiques futures, et ainsi toujours correspondre au mieux à la réalité structurelle et fonctionnelle des organismes vivants. Chez nombre d'espèces, la sexualité reste pourtant bien séparée de la reproduction[2].

Pour ces raisons, il semble absolument nécessaire, dans l'étude de la sexualité, tant par rapport aux comportements, aux aspects psychiques ou aux phénomènes culturels, de tenir compte de l'organisation biologique structurelle et fonctionnelle des organismes.

Analyse phylogénétique

En tenant compte de la structure biologique spécifique des différentes espèces animales, le mot sexualité désigne les conséquences suivantes de l'état sexué :

  • La première conséquence, anatomique et physiologique, qui est commune à tous les animaux sexués, est en général l'existence dans chaque espèce d'un organisme mâle et d'un organisme femelle. Ces organismes sexués possèdent des cellules, des organes, des appareils et des processus physiologiques spécialisés et complémentaires (régulation par les hormones sexuelles, cellules germinales, appareil reproducteur, ovaire, pénis, utérus, …), qui sont spécifiquement destinés à permettre la reproduction.
  • La seconde conséquence, comportementale, est l'existence absolument nécessaire d'un comportement dit sexuel qui permet le rapprochement des organismes mâles et femelles afin de réaliser la fécondation.
A noter que chez la plupart des animaux, en raison de l'importance des hormones sexuelles et des phéromones, le comportement sexuel est un comportement de reproduction (le but est la copulation), tandis que chez les primates hominoïdes, en raison de l'importance du développement du cortex cérébral, le comportement sexuel devient un comportement érotique (le but est la stimulation du corps et des organes génitaux).
  • La troisième conséquence, émotionnelle, mais qui n'existe que chez les animaux les plus développés (oiseaux et mammifères) en raison de l'apparition du système limbique, est l'existence d'émotions spécifiques à la sexualité : en particulier l'attachement au partenaire, et, dans certaines espèces (chimpanzé, Homme, et peut être dauphin), le plaisir érotique.
  • Enfin, la quatrième conséquence, cognitive, qui n'existe que chez l'Homme en raison de l'extrême développement du néocortex, est la capacité cognitive à élaborer tout un ensemble de représentations, de symboles, de croyances et de valeurs spécifiques à la sexualité.

Ces quatre conséquences sont identifiées et distinguées les unes des autres parce qu'elles dépendent de l'organisation et de l'activité de systèmes biologiques et neurobiologiques distincts.

Synthèse

Le mot sexualité désigne les phénomènes suivants :

Annexes

Bibliographie

  • Clellan Ford, Frank Beach, Le comportement sexuel chez l'homme et l'animal, Robert Laffont, 1970.
  • Yves Ferroul, « Sexualité » in Philippe Brenot (dir), Dictionnaire de la sexualité humaine, L'Esprit du Temps, 2004
  • Michel Foucault, Histoire de la sexualité, Gallimard, 1976-1984
  • Thierry Lodé, Les stratégies de reproduction des animaux, Dunod Masson Sciences, 2001
  • Thierry Lodé, La guerre des sexes chez les animaux, une histoire naturelle de la sexualité, Odile Jacob, 2006.
  • Serge Wunsch , Philippe Brenot, Does a sexual instinct exist ? Sexologies, 13(48):30-36, 2004
  • Serge Wunsch , Philippe Brenot, Neurobiology of pleasure. Sexologies, 13(50):17-27, 2004
  • Serge Wunsch , Philippe Brenot, Sexualité : instinct ou apprentissage ? Médecine Sexuelle, 1:12-21, 2005
  • Serge Wunsch , Philippe Brenot, Analyse des rapports entre structure biologique et sexualité • NeuroPsy News, 4(4):133-136, 2005

Articles connexes

Notes et références

  1. Thierry Lodé "Les stratégies de reproduction des animaux" Eds Dunod Masson Sciences, Paris 2001
  2. Thierry Lodé "La guerre des sexes chez les animaux, une histoire naturelle de la sexualité" Eds Odile Jacob, Paris 2006
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