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Extra Ecclesiam nulla salus
Extra Ecclesiam nulla salus (« en dehors de l'Église il n'y a pas de salut ») est une phrase latine de saint Cyprien de Carthage. La phrase exacte est Salus extra ecclesiam non est et se trouve dans ses lettres Epistula 4, 4 et Epistula 73, 21,2.
Pour comprendre le sens exact de cette phrase, il faut savoir que l'Église est avant tout une communion eucharistique. Il est ainsi possible de dire « Hors de l'Eucharistie, point de salut ». Les sacrements permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et c'est Dieu qui procure le salut.
Dans son contexte, cette phrase discute du cas de celui qui, volontairement, se sépare de l'Église et de son enseignement, et traduit la gravité d'une atteinte à l'unité nécessaire de l'Église: il n'est pas possible pour un catholique d'assurer son salut en étant excommunié, apostat ou schismatique. Elle a souvent été comprise de manière absolue, pour signifier que les fidèles des « autres religions » sont nécessairement condamnés; mais cette interprétation radicale (déjà rejetée par Thomas d'Aquin) a été explicitement condamnée par le concile Vatican II.
Sommaire
Aperçu historique
Les origines et Cyprien de Carthage
On peut trouver des origines dans certains passages des évangiles comme, par exemple, dans le chapitre 3 de l'évangile selon Jean[1], lorsque Jésus s'adresse au pharisien Nicodème : « 17 Car Dieu n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18 Mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »
La démarche de Cyprien de Carthage est de lier l'Église et le Christ. Pour lui, celui qui ne croit pas en l'Église ne peut croire au Christ, et ne peut donc être sauvé.
Cyprien « fait la distinction entre l'Église visible, hiérarchique, et l'Église invisible, mystique, mais il affirme avec force que l'Église est une seule, fondée sur Pierre. Il ne se lasse pas de répéter que celui qui abandonne la chaire de Pierre, sur laquelle l'Église est fondée, se donne l'illusion de rester dans l'Église » (L'unité de l'Église catholique, 4). Cyprien sait bien, et il l'a exprimé à travers des paroles puissantes, que, « en dehors de l'Église il n'y a pas de salut » (Lettre 4, 4 et 73, 21), et que « celui qui n'a pas l'Église comme mère ne peut pas avoir Dieu comme Père » (L'unité de l'Église catholique, 4). Une caractéristique incontournable de l'Église est l'unité, symbolisée par la tunique sans couture du Christ (ibid., 7): une unité dont il dit qu'elle trouve son fondement en Pierre (ibid., 4) et sa parfaite réalisation dans l'Eucharistie (Lettre 63, 13). « Il n'y a qu'un seul Dieu, un seul Christ », admoneste Cyprien, « une seule est son Église, une seule foi, un seul peuple chrétien, liés en une solide unité par le ciment de la concorde: et on ne peut pas diviser ce qui est un par nature » (L'unité de l'Eglise catholique, 23). » [2]
Affirmations par les papes et conciles
Cette expression va avoir un grand succès au cours des âges, et sera reprise tout au long des siècles par les papes et les conciles pour indiquer que c'est seulement au sein de l'Église catholique que l'on peut trouver l'ensemble des « moyens du salut ».
- Pape Saint Grégoire le Grand (590-604), Moralia.
- Pape Innocent III (1198-1216).
- Pape Boniface VIII, Bulle Unam Sanctam[3] (1302).
« extra quam nec salus est, nec remissio peccatorum » (Hors de laquelle, il n'existe ni salut, ni rémission des péchés.)
- Pape Eugène IV et concile de Florence, Cantate Domino (1441).
« Elle croit qu'aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l'Église catholique (...) ne peuvent devenir participants à la vie éternelle (...) à moins qu'avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés »
- Pape Léon XII (1823-1829), Encyclique Ubi Primum.
- Pape Grégoire XVI (1831-1846), Encyclique Summo Jugiter
Après avoir rappelé que « ceux qui souffrent d'une ignorance invincible (...), mènent une vie honnête et droite (...), peuvent acquérir la vie éternelle avec l'aide de Dieu », Pie IX maintient que « En dehors de l'Église catholique, personne ne peut être sauvé » : Le salut des honnêtes ignorants passent par l'Église.
- Pape Saint Pie X (1903-1914), Encyclique Jucunda Sane
- Concile Vatican II, Constitution Dogmatique Lumen gentium.
« Aussi ne pourraient-ils pas être sauvés, ceux qui, sans ignorer que Dieu, par Jésus-Christ, a établi l'Eglise catholique comme nécessaire, refuseraient cependant d'y entrer ou de demeurer en elle. » [4]
Interprétation (Église catholique)
Lumen Gentium
La formulation de la constitution dogmatique Lumen Gentium a semblé à certains être un changement dans l'énoncé de la doctrine catholique. En effet, il est dit : « L'unique Église du Christ subsiste dans (subsistit in) l'Église catholique ». Certains[5] ont compris que l'Église du Christ pouvait exister ailleurs... C'est pourquoi le Vatican, dès 1985, puis en 2000 avec la déclaration Dominus Jesus et enfin en 2007 avec des responsa qaestiona de la congrégation pour la doctrine de la foi ont donné le sens réel de cette formule : Il faut comprendre que « Dans l'Église catholique seule est l'unique Église du Christ ».
Article détaillé : Subsistit in.Catéchisme de l'Église catholique
Le principe est commenté dans les numéros 846 à 848 du catéchisme de l'Église catholique[6].
« Comment faut-il entendre cette affirmation souvent répétée par les Pères de l'Eglise ? Formulée de façon positive, elle signifie que tout salut vient du christ Tête par l'Eglise qui est son Corps :
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- Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, le Concile enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul en effet le Christ est médiateur et nécessaire au salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l'Église. et en nous enseignant expressément les nécessité de la foi et du Baptême, c'est la nécessité de l'Église elle-même dans laquelle les hommes entrent par la porte du Baptême, qu'Il nous a confirmée en même temps. C'est pourquoi ceux qui refuseraient soit d'entrer dans l'Église catholique, soit d'y persévérer, alors qu'ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés.
Cette affirmation ne vise pas ceux qui, sans qu'il y aille de leur faute, ignorent le Christ et son Église :
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- En effet, ceux qui, sans faute de leut part, ignorent l'évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d'un cœur sincère et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-la peuvent arriver au salut éternel[7] ».
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- "L'Eglise sait que la question morale rejoint en profondeur tout homme, implique tous les hommes, même ceux qui ne connaissent le Christ et son Evangile, ni même Dieu. Elle sait que précisément sur le chemin de la vie morale la voie du salut est ouverte à tous, comme l'a clairement rappelé le Concile Vatican II" (Jean-Paul II, Veritatis Splendor).
Activité missionnaire de l'Église
De ces deux énoncés du Catéchisme, on voit que l'Église Catholique voit cette expression comme le fondement de l'activité missionnaire, parce que ceux qui sont hors de l'Église sans qu'il y ait faute de leur part, mais cherchent d'un coeur sincère à faire la volonté de Dieu, sont précisément ceux à qui s'adresse l'activité missionnaire. C'est l'enseignement missionnaire qui leur apportera les éléments de la doctrine catholique qui leur sont nécessaires dans leur cheminement de foi, et sans lesquels ils sont perdus.
L'image du chemin donne une idée assez exacte de la portée de cette expression. Dieu appelle tout homme à lui,[8] et tout homme a vocation à se mettre en route pour suivre son chemin de sainteté. L'enseignement de l'Église fournit à ce voyageur les repères nécessaires sur sa voie, et ses sacrements l'alimentent en route.[9] Les voies proposées par d'autres religions ne sont pas suffisamment fiables, et finissent en impasses, parce qu'elles ne passent pas par le Christ.[10] Ceci ne signifie pas que la présence dans l'Église suffit à assurer le salut (encore faut-il cheminer dans la bonne direction), ni qu'il n'est absolument pas possible d'atteindre la sainteté autrement (en étant guidé « à travers champs » par la miséricorde divine[11]) ; mais il est du devoir de l'Église d'indiquer à tous ceux qui veulent répondre à l'appel de Dieu, mais se sont perdus en route, quel est le chemin balisé qui peut les conduire à leur but.
Annexes
Notes et références
- ↑ chapitre 3 de l'évangile selon saint Jean
- ↑ Audience générale du pape Benoit XVI le 7 juin 2007
- ↑ Unam sanctam sur Wikisource
- ↑ Lumen Gentium §14
- ↑ comme le P.. Leonardo Boff dans son livre Église et charisme
- ↑ chapitre profession de foi, paragraphe 3, l'Eglise est une sainte, catholique et apostolique
- ↑ Lumen Gentium §16
- ↑ « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai » (Gn 12:1)
- ↑ « L'Ange du Seigneur revint, le toucha et dit: Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi. Élie se leva, il mangea et but puis fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb. » (1R 19:7-8)
- ↑ « Je suis le chemin, la vérité, et la vie » (Jn 14:6).
- ↑ « Où est le roi des Juifs qui est né? nous avons vu son étoile à l'Orient, et nous sommes venus l'adorer. » (Mat 2:2)
Voir aussi
Lien externe
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