- Adultère
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L'adultère est « le fait pour un époux d'avoir des relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint »[1].
- L'homme avec qui une personne, qui n'est pas son conjoint, a des relations sexuelles est appelé amant.
- La femme avec qui une personne, qui n'est pas son conjoint, a des relations sexuelles est appelée maîtresse ou amante.
Dans certains textes, le mot adultère désigne n'importe quelle relation sexuelle hors mariage (donc par exemple entre célibataires), cependant, en français, le terme consacré pour ceci est fornication. La confusion est d'autant plus fréquente que dans les pays islamiques qui ont hérité de culture anglo-saxonne (Koweït, Arabie saoudite…), les textes locaux en anglais utilisent le mot adultery pour désigner à la fois adultère et fornication, et le terme français adultère est repris, par proximité, dans les textes français[2].
Sommaire
Histoire
Jusqu'en 1810, très peu de sociétés civiles semblent avoir criminalisé l’adultère masculin, la femme étant traditionnellement considérée comme une ressource et le mariage, un échange de propriété contracté entre hommes (cf. Claude Lévi-Strauss). Sur le plan religieux en revanche, l'adultère est condamné dans le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Le Code d'Hammurabi condamne la femme adultérine à la noyade.
L'adultère masculin et féminin est condamné dans le judaïsme, « Mais si le fait est vrai, si la jeune femme ne s’est point trouvée vierge, on fera sortir la jeune femme à l’entrée de la maison de son père ; elle sera lapidée par les gens de la ville, et elle mourra [...] Si l’on trouve un homme couché avec une femme mariée, ils mourront tous deux, l’homme qui a couché avec la femme, et la femme aussi [...] Si une jeune fille vierge est fiancée, et qu’un homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, vous les amènerez tous deux à la porte de la ville, vous les lapiderez, et ils mourront, la jeune fille pour n’avoir pas crié dans la ville, et l’homme pour avoir déshonoré la femme de son prochain. » Dt 22. 20-24. Dans le christianisme, l'adultère est tout aussi condamné formellement dans le Nouveau Testament, tout en affirmant le pardon de Dieu en cas de repentance dans l'épisode de la femme adultère (Jn 8,2-11).
Depuis la fin du Moyen Âge, l'État royal récupère à son profit toutes les causes matrimoniales et impose une législation inégalitaire pour la femme adultérine (jusqu'à la loi Naquet sur le divorce pour faute en 1884 et la dépénalisation totale en 1975 en France) : la peine de « l’authentique »[3] consiste à l'enfermer dans un couvent après lui avoir fait subir certains châtiments (crâne rasé, fouet jusqu'au XVIIe siècle). La Révolution française constitue à cet égard une parenthèse puisqu'elle en dépénalise l'adultère[4].
Statistiques actuelles
Il est difficile d'avoir des statistiques précises sur le pourcentage d'hommes et de femmes adultères. En effet, lors des sondages, les hommes ont tendance à exagérer et les femmes à minimiser le nombre de leurs relations adultérines.
Gérard Mermet indique[5] que, en France, en moyenne, les hommes revendiquent 11,3 partenaires dans leur vie, et pour les femmes 3,4. Un sondage réalisé en 2005 établissait que 39 % des hommes et 25 % des femmes avaient trompé leur partenaire.
Le célèbre rapport Hite[6] indique qu'aux États-Unis, 70 % des femmes ayant plus de cinq ans de mariage déclarent avoir été infidèles au moins une fois, et 72 % des hommes.
Selon des études sur les groupes sanguins, confirmées par des tests de paternité résultant de l'étude de l'ADN, on estime qu'environ 4 % des enfants ne sont pas ceux du père de famille[7]. Évelyne Sullerot[8] donne une estimation qui se monte au double.
Adultère, infidélité et aventures
Gérard Leleu, médecin psychothérapeute explique[9] que l'adultère est l'expression d'un manque dans le couple. Ses origines proviennent de besoins légitimes insatisfaits. Les raisons invoquées sont :
- quand l'un rend la vie impossible à l'autre (41%)
- quand l'un ressent un manque d'attention et de tendresse (36%)
- quand l'un ressent la perte de désir dans le couple (23%).
Le recours à la prostitution par un des époux n'est pas toujours vécu comme une violation du devoir de fidélité. Cela est expliqué dans de nombreux travaux de recherches et ouvrages, notamment :
- Janine Mossuz-Lavau (directrice de recherche CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po) donne dans son fameux livre[10] plusieurs témoignages de femmes qui expliquent comment elles concilient adultère et fidélité. C'est le cas par exemple de Françoise Simpère, auteur de plusieurs livres dans lesquels elle expose sa façon de concilier engagement et liberté, amour durable et désir. Comme beaucoup de femmes, elle ne parle pas d'infidélité, mais de "Polyamour", elle se sent fidèle à tous ses hommes.
- Patricia Delahaie, sociologue, philosophe, écrivain, journaliste a interrogé[11] de nombreuses femmes qui aiment leur mari, n’imaginent pas pouvoir le tromper, mais qui s’offrent « une petite aventure ». "
- Dans Le Matrimoine, Hervé Bazin fait expliquer par son personnage principal que celui-ci ne s'estime pas infidèle à sa femme, mais qu'au contraire c'est celle-ci qui a été infidèle à elle-même en abandonnant peu à peu ses qualités au fil du temps. On retrouve l'idée de l'attachement aux qualités et non à la personne, développée chez Platon.
Répression
L'adultère, en tant que violation du devoir de fidélité entre époux, a été et reste considéré, dans de nombreuses civilisations, comme répréhensible.
Les amérindiens Illinois punissaient sévèrement l'adultère féminin : la victime avait le nez coupé, les cheveux arrachés ou subissait un viol collectif[12]. Les Athéniens de l'époque classique (Ve siècle av. J.‑C.) quant à eux, punissaient non seulement le couple adultère mais également tous ceux qui, au courant, n'avaient rien fait pour les dénoncer.
L'adultère est réprimé pénalement dans certains États. C'est notamment une infraction passible de la peine de mort par lapidation, à la fois pour les hommes et pour les femmes, dans les pays appliquant la loi islamique.[réf. nécessaire]
En France, l’adultère n’est plus une faute pénale depuis 1975, mais demeure une faute civile. Il reste cependant la première cause de divorce au titre de l'article 212 du Code civil français qui dispose que « les époux se doivent mutuellement fidélité ». Le divorce sera prononcé lorsque l'infidélité de l'un des conjoints devient une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage, et rendant intolérable le maintien de la vie commune.
Il faut noter également que jusqu'en 1975, le droit français faisait une discrimination vis-à-vis des enfants nés d'une relation adultérine : ces enfants (considérés jusquʼici comme « enfants naturels » au même titre que ceux conçus hors mariage) nʼavaient pas les mêmes droits que les enfants nés dʼune liaison légitime (dits « enfants légitimes »). Ainsi les droits de lʼenfant étant considérés comme n'ayant pas à tenir compte de la situation légale de ses parents géniteurs, le législateur français a donné les mêmes droits à tous les enfants, et supprimé depuis toute notion d’« enfant adultérin » dans le Code Civil, après lʼordonnance du 4 juillet 2005. Les droits de l'autre parent légitime se trouvent ainsi diminués à la succession du parent adultère.
L'adultère comme facteur évolutif
Le professeur Geoffrey Miller salué par Richard Dawkins et des revues comme Nature et New Scientist, affirma[13] que l'adultère avait constitué un levier puissant d'évolution de l'espèce humaine. Sa démonstration est à peu près la suivante :
- Si l'on considère dans une société officiellement monogame par exemple trois groupes de fitness (disons par exemple les beaux et forts, les moyens, et les laids et faibles), chaque groupe, pour des raisons de choix mutuel pratiquera l'endogamie interne, et ces groupes se perpétueront plus ou moins à travers le temps.
- Si en revanche une tendance à l'adultère se manifeste vers les groupes jugés à tort ou à raison comme plus enviables, alors leurs gènes se répartiront mieux dans la société en question.
Le livre de Miller ne saurait se résumer à ce seul aspect anecdotique, mais c'était le seul concernant l'adultère, et comme on s'en doute celui qui a causé le plus de scandale à l'époque.
La fidélité vue par les écrivains
- « La fidélité, c'est quand l'amour est plus fort que l'instinct. » Paul Carvel
- « La tendresse est respect et émerveillement de libre connaissance à travers la fibre de la fidélité. » Rina Lasnier
- « La fidélité : il vaut mieux aller plus loin avec quelqu'un que nulle part avec tout le monde. » Pierre Bourgault
- « La fidélité d'une femme à un seul homme s'appelle : Vertu. La fidélité d'un homme à une seule femme s'appelle : Amour. » Alexandre Weil
- « La fidélité est avant tout une question d'amour. » Suzanne Ratelle-Desnoyers
- « Je pense qu'avec un peu d'imagination, on a du mal à rester fidèle, mais qu’avec énormément d’imagination, ce doit être possible. Je pense que je n’ai pas beaucoup d’imagination. » Hervé Le Tellier
- « On n'est pas infidèle lorsqu'on est heureux. » Yvon Dallaire
- « J'ai fini par m'apercevoir que je n'étais plus seul à partager la fidélité de mon épouse. » Eugène Labiche
Notes et références
- définition du Petit Larousse 2006
- lire en ligne] Certains aspects de la vie privée sont considérés comme des délits de mœurs (adultère, homosexualité…). Ceux-ci sont lourdement punis. in Ministère des affaires étrangères, Conseils aux voyageurs, Arabie saoudite [
- Code Justinien. L’Authentique Sed Hodie est un texte romain repris dans le
- Agnès Walch, Histoire de l’adultère : XVIe - XIXe siècle, Éd. Perrin, 2009, 420 p.
- Francoscopie : pour comprendre les Français (page 136 de l'édition 1999)
- Rapport Hite sur les femmes et l’amour (Stock 1987)
- Un père sur 25 élèverait l'enfant d'un autre sans le savoir de B. Ricard-Châtelain
- Quels pères, quels fils ? (mai 1992)
- La fidélité et le couple (septembre 1999)
- La Vie sexuelle en France (Editions de la Martinière, mars 2002)
- Fidèle, pas fidèle ? Enquête sans tabou sur l’infidélité féminine (Leduc. S Editions, février 2004)
- Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de l'Amérique française (Flammarion 2003, page 326).
- The mating mind (ISBN 978-0-09-928824-4)
Voir aussi
Bibliographie
- Sabine Melchior-Bonnet, Aude de Tocqueville, Histoire de l'adultère, La Martinière, 1999, 215 p. (ISBN 978-2-7324-2550-4)
- Agnès Walch, Histoire de l'adultère : XVIe-XIXe siècle, Perrin, 2009 (ISBN 978-2-262-02430-7)
- Une bibliographie de fictions et études autour de l'adultère.
Liens internes
- Histoire de l'Adultère, livre collectif donnant une rétrospective iconographique
- Répudiation
- Fidélité
- Libertinage
- Polyamour
- Monogamie
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