- Délit d'opinion
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Le délit d'opinion est le fait d'exprimer des idées pouvant attirer des représailles judiciaires ou par d'autres moyens de la part du gouvernement ou de toute institution exerçant le pouvoir.
L'expression est surtout ironique. Par construction, elle insinue que le seul fait d'avoir une opinion est constitutive d'un délit. Désigner quelqu'un comme coupable de délit d'opinion, c'est en fait accuser celui qui exerce la sanction de ne pas respecter la liberté d'expression.
On peut parler de délit d'opinion, dans une dictature, pour quiconque est incarcéré simplement pour avoir contesté la suprématie du pouvoir politique ou religieux en place. A titre d'exemple, les instituts de sondages qui sont censés mesurer l'état de l'opinion font partie des premières victimes des régimes totalitaires. Dans un pays plus démocratique, des critiques peuvent appeler « délit d'opinion » un délit dont ils estiment que la sanction est une trop grande restriction de la liberté d'expression — délit de diffamation, de négationnisme[1]. Dans tous ces cas d'utilisation, l'expression est très polémique : employer l'expression au sujet du négationnisme revient à affirmer que la répression de ces propos est injuste, même si la loi l'exprime clairement.
L'expression peut aussi être employée à propos de sanctions non judiciaires, prises par une autre institution. Typiquement, quand une entreprise décide du licenciement d'un employé parce qu'elle estime ses opinions incompatibles avec sa mission[2]. En particulier, pour les journalistes, l'Acrimed montre qu'il existe bien ce qu'on peut appeler un délit d'opinion, car ils ne disposent que d'une « liberté d’opinion, l’expression publique de cette opinion ne devant en aucun cas porter atteinte aux intérêts de l’entreprise de presse dans laquelle ils travaillent »[3]. Ce qui signifie qu'un journal peut licencier un journaliste s'il estime que l'expression de son opinion ne correspond pas au positionnement que le journal souhaite donner.
Références
Wikimedia Foundation. 2010.