- Défense Caro-Kann
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- Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.
La défense Caro-Kann est une ouverture aux échecs. Elle doit son nom aux joueurs anglais Horatio Caro et autrichien Marcus Kann qui en commencèrent l'analyse en 1886 dans la revue allemande Brüderschaft. La Caro-Kann fait partie des débuts semi-ouverts (où les Noirs répondent autre chose que 1...e5 à 1. e4) et se caractérise par les coups 1. e4 c6. Elle est conseillée au joueur des Noirs qui souhaite faire sienne la maxime du Champion du monde Tigran Petrossian : avec les Noirs, rechercher d'abord la sécurité. De fait, la défense Caro-Kann est réputée être l'une des défenses les plus solides contre 1. e4. Elle convient parfaitement aux joueurs des Noirs positionnels qui n'ont pas peur des parties nulles, à l'instar de l'ex-Champion du monde Anatoli Karpov.
Commentant cette défense, Aaron Nimzowitsch disait avec ironie : « 1... c6 ! Une audacieuse tentative pour réfuter la poussée prématurée 1. e4 ».
Sommaire
Une petite analyse de la Caro-Kann
Les Noirs préparent la poussée centrale ...d5. L'avantage de la Caro-Kann sur la défense française est que le fou dame noir n'est pas enfermé. Par contre, la case c6 n'est plus disponible pour le cavalier dame noir. De plus, la sortie précipitée du fou dame n'est pas toujours heureuse, car elle laisse sans défense le pion b7. Enfin, si plus tard les Noirs poussent leur pion c6 à c5, ils auront perdu un tempo.
1. e4 c6
2. d4 d5
Les Blancs occupent le centre sans retard. Bien soutenu, le pion noir attaque le pion-roi adverse.
Variante classique
3. Cc3
Logique. Même si les Blancs ne sont pas en mesure de réduire la mobilité des pièces noires (dans la plupart des ouvertures, une conséquence naturelle d'un bon contrôle du centre), ils conservent en tout cas leur emprise sur la zone la plus importante de l'échiquier.
3. ...dxe4 4.Cxe4
Sans posséder un centre complet de pions, les Blancs ont quand même une prépondérance au centre grâce à leur pion d'appui (d4) secondé d'une figure mobile (Ce4).
4... Cd7
4. ...Cd7
Un mouvement important. La variante Smyslov.
5. Cf3 Cgf6 6.Cg3
Par ce bond, au lieu de l'échange plutôt stérile ; 6. Cxf6+, Cxf6, etc., les Blancs espèrent conserver l'initiative du combat. Toutefois, les Noirs ont maintenant réussi à diminuer la prépondérance adverse au centre.
6. ..., e6 7.Fd3 c5
Une avance importante, que les Blancs n'ont pu empêcher, ni retarder. Au prix d'un tempo (...c7-c6 suivi de ...c6-c5), les Noirs ont bon espoir d'émanciper leur jeu.
8.c3 ; Fe7 9.0-0, 0-0.
Les Noirs feront attention à ne pas tomber dans le piège : 4. ..Cd7 5. De2 Cgf6 ?? 6. Cd6# 1-0.
4... Ff5
Si 4. ..., Ff5 les Blancs peuvent, outre 5. Cg3 (avec ensuite 5. ..., Fg6 ; 6. h4, h6 ; 7. Cf3, Cd7 ; 8. h5, Fh7 ; 9. Fd3, Fxd3 ; 10. Dxd3, etc.), incommoder l'adversaire par 5. Df3 et même par le sacrifice éventuel d'un pion : 5. Fd3, Dxd4 ; 6. Cf3 et les difficultés des Noirs croissent. Remarquons qu'un sacrifice "positionnel" d'un pion, compensé par des avantages de terrain ou de développement, n'est pas chose rare dans la phase du début.
4... e6
Si, d'autre part, au lieu du coup du texte, 4. ..., e6, les Noirs renoncent de plein gré à l'émancipation plus ou moins rapide de leurs forces; leur Fou Dame reste dorénavant enfermé des deux côtés par les Pions e6 et c6.
4... Cf6
Si 4. ..., Cf6 (variante Bronstein-Larsen), les Blancs peuvent — outre le bondissement 5. Cg3 et le sacrifice d'un Pion : 5. Fd3, Dxd4 ; 6. Cf3, etc — jouer tout simplement 5. Cxf6+, et les Noirs, qu'il répondent par 5. ..., exf ou par 5. ..., gxf, auront toujours un pion doublé, en d'autres termes, une faiblesse dans leur structure de pions.
L'idée de la variante Smyslov est donc de préparer avec un grand sang-froid le « développement par opposition » : 5. ..., Cg8-f6, sans courir alors le risque de se laisser doubler les pions sur la colonne f. De plus, le Cavalier Noir à d7 favorisera plus tard l'avance importante ...c6-c5.
Le jeu des Noirs reste encore serré, mais leur position est défendable.
Variante d'échange et attaque Panov
- La variante d'échange de la Caro-Kann libère la case c6, le cavalier dame noir retrouvant ainsi sa case naturelle de développement : 3. e4xd5, c6xd5. Il peut suivre de nombreux coups différents, dont 4. Ff1-d3, la plupart des variantes offrant de bonnes chances aux Blancs tout en laissant aux Noirs des ressources défensives suffisantes. La variante d'échange n'a pas le même caractère de nullité que celle de la défense française (1. e4, e6 ; 2. d4, d5 ; 3. exd5, ...), car dans la Caro-Kann, la symétrie est rompue, ce qui donne immédiatement une indication sur la stratégie à suivre : les chances des Blancs se situent à l'aile Roi, celles des Noirs à l'aile Dame, car la colonne e semi-ouverte procure aux Blancs plus de liberté de mouvement à l'aile Roi, l'inverse se produisant sur l'autre aile où les Noirs sont plus libres grâce à la colonne c semi-ouverte. C'est pourquoi les Blancs attaquent ordinairement à l'aile Roi, et les Noirs à l'aile Dame dans la variante d'échange. Souvent l'attaque est préparée par l'avance d'un ou de plusieurs pions pour ouvrir complètement la colonne semi-ouverte.
- La « variante d'échange » est très souvent suivie de 4. c2-c4 menant à l'attaque Panov (aussi dénommée attaque Panov-Botvinnik) qui donne au jeu un aspect plus dégagé. Un exemple : 4. ..., Cf6 ; 5. Cc3, Cc6 ; 6. Fg5, dxc4 7. d5 avec d'obscures complications.
Variance d'avance
L'avance 3. e4-e5 permet au Fou Dame des Noirs de participer sans difficultés au combat : 3. ..., Fc8-f5. Cette variante, longtemps considérée comme inférieure, est progressivement réintroduite, notamment avec des coups agressifs comme l'attaque Baïonnette (4. Cc3, e6 ; 5. g4, ...) ou dans des variantes moins ambitieuses popularisées par le grand maître anglais Nigel Short et le grand maître américain Gata Kamsky (4. Cf3, e6 ; 5. Fe2 c5 ; 6. Fe3, ...).
Actuellement, la variante d'avance apparaît régulièrement dans les parties de haut niveau.
Variante de Tartakover
1.e4, c6 2.d4 d5 3.f3, se rapprochant du gambit Blackmar-Diemer.
Variante de Gurgenidze
1.e4 c6 2. d4 d5 3.Cc3 g6.
Variante des deux cavaliers
1. e4 c6 2.Cf3 d5 3.Cc3, parfois jouée par Bobby Fischer au début de sa carrière.
Transposition
La Caro-Kann peut aussi être obtenue par transposition des mouvements de la Partie anglaise après 1. c4, c6 ; 2. e4, d5.
Exemples de parties
Garry Kasparov-Anatoli Karpov, Tournoi de Linares (Espagne), 1992
1. e4 c6 2. d4 d5 3. Cd2 dxe4 4. Cxe4 Cd7 5. Cg5 Cgf6 6. Fc4 e6 7. De2 Cb6 8. Fb3 h6 9. C5f3 c5 10. Ff4 Fd6 11. Fg3 De7 12. dxc5 Fxc5 13. Ce5 Fd7 14. Cgf3 Ch5 15. o-o-o Cxg3 16. hxg3 o-o-o 17. Th5 Fe8 18. Txd8+ Rxd8 19. Dd2+ Fd6 20. Cd3 Dc7 21. g4 Rc8 22. g5 Ff8 23. Th4 Rb8 24. a4 Fe7 25. a5 Cd5 26. Rb1 Fd8 27. a6 Da5 28. De2 Cb6 29. axb7 Fxg5 30. Cxg5 Dxg5 31. Th5 Df6 32. Ta5 Fc6 33. Cc5 Fxb7 34. Cxb7 Rxb7 35. Da6+ Rc6 36. Fa4+ Rd6 37. Dd3+ Cd5 38. Dg3+ De5 39. Da3+ Rc7 40. Dc5+ Rd8 41. Txa7 1-0.
Boris Spassky-Anatoli Karpov, Tournoi des candidats au titre mondial, Leningrad, 19741. e4 c6 2. d4 d5 3. Cc3 dxe4 4. Cxe4 Ff5 5. Cg3 Fg6 6. Cf3 Cd7 7. Fd3 e6 8. o-o Cgf6 9. c4 Fd6 10. b3 o-o 11. Fb2 Dc7 12. Fxg6 hxg6 13. De2 Tfe8 14. Ce4 Cxe4 15. Dxe4 Fe7 16. Tad1 Tad8 17. Tfe1 Da5 18. a3 Df5 19. De2 g5 20. h3 g4 21. hxg4 Dxg4 22. d5 cxd5 23. cxd5 e5 24. d6 Ff6 25. Cd2 Dxe2 26. Txe2 Tc8 27. Ce4 Fd8 28. g4 f6 29. Rg2 Rf7 30. Tc1 Fb6 31. Tec2 Txc2 32. Txc2 Re6 33. a4 a5 34. Fa3 Tb8 35. Tc4 Fd4 36. f4 g6 37. Cg3 exf4 38. Txd4 fxg3 39. Rxg3 Tc8 40. Td3 g5 41. Fb2 b6 42. Fd4 Tc6 43. Fc3 Tc5 44. Rg2 Tc8 45. Rg3 Ce5 46. Fxe5 fxe5 47. b4 e4 48. Td4 Re5 49. Td1 axb4 50. Tb1 Tc3+ 51. Rf2 Td3 52. d7 Txd7 53. Txb4 Td6 54. Re3 Td3+ 55. Re2 Ta3 0-1.
Bobby Fischer-Tigran Petrossian, « Match du siècle », Belgrade, 19701. e4 c6 2. d4 d5 3. exd5 cxd5 4. Fd3 Cc6 5. c3 Cf6 6. Ff4 Fg4 7. Db3 Ca5 8. Da4+ Fd7 9. Dc2 e6 10. Cf3 Db6 11. a4 Tc8 12. Cbd2 Cc6 13. Db1 Ch5 14. Fe3 h6 15. Ce5 Cf6 16. h3 Fd6 17. o-o Rf8 18. f4 Fe8 19. Ff2 Dc7 20. Fh4 Cg8 21. f5 Cxe5 22. dxe5 Fxe5 23. fxe6 Ff6 24. exf7 Fxf7 25. Cf3 Fxh4 26. Cxh4 Cf6 27. Cg6+ Fxg6 28. Fxg6 Re7 29. Df5 Rd8 30. Tae1 Dc5+ 31. Rh1 Tf8 32. De5 Tc7 33. b4 Dc6 34. c4 dxc4 35. Ff5 Tff7 36. Td1+ Tfd7 37. Fxd7 Txd7 38. Db8+ Re7 39. Tde1+ 1-0.
Vasily Panov-Alexander Kotov, Championnat d'URSS 1939, Leningrad
1. e4 c6 2. d4 d5 3; exd5 cxd5 4. c4 Cf6 5. Cc3 e6 6. Cf3 Fe7 7. Fg5 o-o 8. Fd3 dxc4 9. Fxc4 a6 10. o-o Cc6 11. a4 Db6 12. Db3 Dxb3 13. Fxb3 Td8 14. Tfd1 Cb4 15. Ce5 Fd7 16. Ce4 Cfd5 17. Fxe7 Cxe7 18. Cd6 Fe8 19. Cxb7 Tdb8 20. Cc5 Td8 21. h3 Cec6 22. Cxc6 Fxc6 23. Tac1 Rf8 24. Fc4 Tb8 25. b3 Tad8 26. a5 Fd5 27. Fxd5 Txd5 28. Tc4 Tb8 29. Ta1 Td6 30. Ce4 Td7 31. Ta4 Cd3 32. Tc6 Txb3 33. Txa6 Tb4 34. Txb4 Cxb4 35. Ta8+ Re7 36. a6 Cc6 37. Tc8 Cxd4 38. Cc5 Ta7 39. Tb8 Rd6 40. Tb7 Txb7 41. Cxb7+ Rc7 42. Cd6 Rb6 43. Cxf7 Rxa6 44. f3 1/2-1/2.
John van der Wiel-Vlastimil Hort, Bochum (Allemagne), 19811. e4 c6 2. d4 d5 3. e5 Ff5 4. Cc3 e6 5. g4 Fg6 6. Cge2 Fb4 7. Cf4 Ce7 8. a3 Fxc3+ 9. bxc3 Da5 10. Fd2 Cd7 11. h4 Da4 12. Ta2 h6 13. Cxg6 Cxg6 14. Fd3 Ce7 15. Tb2 b5 16. f4 g6 17. h5 o-o-o 18. Rf2 Cb6 19. Fc1 Cc4 20. Tb4 Da5 21. a4 a6 22. Df3 Td7 23. f5 gxf5 24. gxf5 c5 25. dxc5 Cxe5 26. Dg3 C7c6 27. Fxb5 axb5 28. axb5 Te8 29. bxc6 Cxc6 30. Tb3 Dxc5+ 31. Fe3 d4 32. Fxh6 Dxf5+ 33. Rg1 d3 34. Tb6 Ce5 35. Th4 d2 36. Tc4+ Tc7 37. Txc7+ Rxc7 38. Tb1 Dxh5 39. Fxd2 Th8 40. Ff4 f6 1-0.
Nigel Short-Vassily Ivanchuk, Dortmund (Allemagne), 19951. e4 c6 2. d4 d5 3. e5 Ff5 4. Cf3 e6 5. Fe2 c5 6. Fe3 Cd7 7. c4 Ce7 8. Cc3 dxc4 9. Fxc4 Cc6 10. d5 exd5 11. Fxd5 Cb6 12. Fe4 Fxe4 13. Cxe4 Cc4 14. Db3 Da5+ 15. Fd2 Cxd2 16. Cexd2 Db4 17. Dc2 Fe7 18. o-o o-o 19. a3 Cd4 20. Cxd4 Dxd4 21. Cf3 Dg4 22. h3 De6 23. a4 Tfd8 1/2-1/2.
Bobby Fischer-Tigran Petrossian, Tournoi des candidats, 1959[1].
1. e4 c6 2. Cc3 d5 3. Cf3 Fg4 4. h3 Fxf3 5. Dxf3 Cf6 6. d3 e6 7. g3 Fb4 8. Fd2 d4 9. Cb1 Fxd2+ 10. Cxd2 e5 11. Fg2 c5 12. O-O Cc6 13. De2 g5 14. Cf3 h6 15. h4 Tg8 16. a3 De7 17. hxg5 hxg5 18. Dd2 Cd7 19. c3 o-o-o 20. cxd4 exd4 21. b4 Rb8 22. Tfc1 Cce5 23. Cxe5 Dxe5 24. Tc4 Tc8 25. Tac1 g4 26. Db2 Tgd8 27. a4 De7 28. Tb1 Ce5 29. Txc5 Txc5 30. bxc5 Cxd3 31. Dd2 Cxc5 32. Df4+ Dc7 33. Dxg4 Cxa4 34. e5 Cc5 35. Df3 d3 36. De3 d2 37. Ff3 Ca4 38. De4 Cc5 39. De2 a6 40. Rg2 Ra7 41. De3 Td3 42. Df4 Dd7 43. Dc4 b6 44. Td1 a5 45. Df4 Td4 46. Dh6 b5 47. De3 Rb6 48. Dh6+ Ce6 49. De3 Ra6 50. Fe2 a4 51. Dc3 Rb6 52. De3 Cc5 53. Ff3 b4 54. Dh6+ Ce6 55. Dh8 Dd8 56. Dh7 Dd7 57. Dh8 b3 58. Db8+ Ra5 59. Da8+ Rb5 60. Db8+ Rc4 61. Dg8 Rc3 62. Fh5 Cd8 63. Ff3 a3 64. Df8 Rb2 65. Dh8 Ce6 66. Da8 a2 67. Da5 Da4 68. Txd2+ Ra3 0-1 (il peut suivre : 69. Dc3 Txd2 70. Dxd2 a1=D).
Bibliographie
- (fr) Xavier Tartakover, Bréviaire des Echecs, Le Livre de poche, copyright 1933
- (fr) Peter Wells, François-Xavier Priour, Maîtriser la Caro-Kann, Olibris, 2008
- (en) Joe Gallagher, Starting Out: The Caro-Kann, Everyman Chess, 2002
- (en) Eduard Gufeld, Oleg Stetsko, Caro-Kann Smyslov System 4...Nd7, Cadogan Chess, 1998
- (en) Anatoly Karpov, Karpov's Caro-Kann: Advance and Gambit Systems, Batsford Chess Books, 2006
- (en) Anatoly Karpov, Karpov's Caro-Kann: Panov's Attack, Batsford Chess Books, 2006
- (en) Gary Kasparov, Aleksander Shakarov, Caro-Kann: Classical 4...Bf5, Macmillan Publishing Company, 1984
- (en) Alexander Khalifman, Opening for White according to Anand 1. e4, Vol. 3, Chess Stars, 2004
- (en) Alexander Khalifman, Opening for Black according to Karpov, Chess Stars, 2001
- (en) Vassílios Kotroniás, Beating the Caro-Kann, Batsford, 1994
- (en) Neil McDonald, Main line Caro-Kann, Everyman Chess, 2000
Notes et références
- (en) Fischer-Petrossian 1959 sur ChessGames.com
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