Ouverture (jeu d'échecs)

Ouverture (jeu d'échecs)

Ouverture (jeu d'échecs)

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L’ouverture consiste en les premiers coups d'une partie d'échecs. Quand l'ouverture est caractérisée par un coup des Noirs, on parle aussi de défense. Il existe une très grande quantité d'ouvertures répertoriées, et des centaines de variantes ont un nom spécifique. L'Oxford Companion to Chess ne cite pas moins de 1327 ouvertures nommées[1]. Le type de jeu va fortement dépendre de l'ouverture : un jeu positionnel calme pour le début Réti et quelques lignes du gambit dame refusé, un jeu vif et tactique avec le gambit letton, la défense des deux cavaliers, et en particulier la contre-attaque Traxler.

Des suites de coups d'ouverture qui sont considérées comme standard (et souvent répertoriée dans des livres de référence comme l'Encyclopédie des ouvertures d'échecs (ECO)) sont appelées coups théoriques. Ils sont souvent présentés en notation algébrique ou sous forme d'arbre ou de table de théorie. Une nouvelle séquence de coups d'ouverture est appelée nouveauté théorique, elle peut s'avérer redoutable.

Quand la partie commence à dévier d'une ouverture connue, on dit que les joueurs sont sortis de la théorie. Dans certaines ouvertures, les coups considérés comme les meilleurs pour chacun des camps ont été étudiés sur 20 à 25 coups, et parfois plus. Les joueurs professionnels passent des années à étudier les ouvertures et poursuivent cette étude durant toute leur carrière, car la théorie continue à évoluer.

Les séquences qu'un joueur choisit d'étudier forment son répertoire d'ouverture : une ouverture est décrite selon une arborescence comportant une ligne principale (la suite la plus importante, car la plus jouée ou la plus étudiée), puis des ramifications appelées variantes principales ou secondaires en fonction de leur intérêt.

Des séquences différentes peuvent aboutir à la même position par inversion de coups. Le fait de passer d'une ouverture à une autre s'appelle la transposition.

Les ouvertures sont classées selon le code ECO qui est composé d'une lettre et de deux chiffres. Dans cet article, elles le sont selon le type de jeu qu'elles favorisent.

Sommaire

Buts de l'ouverture

Bien qu'une grande variété de coups puissent être joués dans l'ouverture, les buts qui les motivent sont les mêmes de façon générale. Le premier est évidemment d'éviter d'être maté ou de perdre du matériel, comme dans les autres phases du jeu. En supposant qu'aucun des deux camps ne fasse d'erreur manifeste, les buts principaux sont les suivants :

Le développement 
l'un des buts principaux dans l'ouverture est de mobiliser les pièces sur des cases utiles où elles auront une influence sur le jeu. Les cavaliers sont souvent développés en f3, c3, f6 et c6 (parfois aussi e2, d2, e7 ou d7), et les pions e et d sont avancés de façon à pouvoir développer les fous (une autre possibilité est de les placer en fianchetto sur la grand diagonale, avec une manœuvre g3 et Fg2 par exemple). La rapidité de la mobilisation est capitale. La dame et les tours, que l'on appelle les pièces lourdes ne sont pas centralisées dans un premier temps, elle le seront quand suffisamment de pièces légères et des pions auront quitté l'échiquier.
Le contrôle du centre 
au début de la partie, on ne peut pas savoir de quel côté les pièces seront le plus utile plus tard. Le contrôle des cases centrales permet cependant une meilleure mobilité des pièces d'une aile à l'autre, et aussi de réduire l'espace disponible de l'adversaire. La théorie classique veut que l'on obtienne le contrôle le plus efficace en occupant le centre avec des pions, idéalement avec des pions e4 et d4 pour les Blancs. Cependant, l'école hypermoderne a montré qu'il n'était pas toujours indispensable ou même intéressant d'occuper le centre de cette façon, et qu'un centre trop large pouvait faire l'objet d'attaques et même être démoli, compromettant la position. Un front de pions centraux n'a pas beaucoup de valeur à moins de pouvoir être maintenu durablement. Les joueurs hypermodernes ont préconisé le contrôle du centre à distance avec les pièces, la démolition du centre adverse et l'occupation ultérieure du centre. Ceci conduit à des ouvertures telles que la défense Alekhine avec une ligne telle que 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. c4 Cb6 5. f4 (l'attaque des quatre pions), les Blancs ont un centre de pions impressionnant pour le moment, mais les Noirs comptent bien s'y attaquer, laissant la position blanche vulnérable.
La sécurité du roi 
le roi est vulnérable au milieu de l'échiquier. Des mesures doivent être prises pour réduire son exposition. Il est donc courant que l'on roque dans l'ouverture (ce qui développe aussi la tour), ou, si ce n'est pas possible, d'amener le roi vers le coin de l'échiquier par une série de manœuvres (roque artificiel)
La prévention des faiblesses dans la structure de pions 
la plupart des ouvertures évitent soigneusement la création de faiblesses telles qu'un pion isolé, des pions doublés, un pion arriéré, des îlots de pions, etc. Certaines ouvertures compromettent le succès en finale pour obtenir une attaque rapide sur le camp adverse. Quelques ouvertures déséquilibrées pour les Noirs font usage de ce principe, comme la défense hollandaise ou la défense sicilienne, tandis que d'autres, telles la défense Alekhine et la défense Benoni incitent l'adversaire à avancer et à créer des faiblesses de pions. Certaines ouvertures acceptent les faiblesses de pions en échange de compensation sous forme de jeu dynamique.
La coordination des pièces 
en mobilisant ses pièces, le joueur tente de s'assurer qu'elles contribuent harmonieusement au contrôle des cases-clés.

En outre, d'autres plans stratégiques utilisés dans le milieu de jeu peuvent aussi être efficaces dans l'ouverture. Citons la préparation de percée de pions pour créer du contre-jeu, la création de faiblesses dans la structure de pions adverse, la prise de contrôle de cases-clés, les échanges favorables de pièces légères (garder la paire de fous par exemple), l'obtention d'un avantage d'espace au centre sur les ailes.

De façon plus générale, de nombreux auteurs (par exemple Reuben Fine dans Les idées cachées dans les ouvertures d'échecs) sont d'avis que la mission des Blancs dans l'ouverture est d'exploiter l'avantage du trait initial dans l'ouverture en le transformant en avantage, tandis que les Noirs cherchent à égaliser. Il existe cependant beaucoup d'ouvertures où les Noirs obtiennent une chance de jouer agressivement pour un avantage dès le début.

Pour le MI Jeremy Silman, le but de l'ouverture est de créer des déséquilibres dynamiques entre les deux camps qui vont déterminer le type de milieu de jeu et les plans stratégiques choisis par chacun des joueurs[2]. Dans la variante Winawer de la défense française, les Blancs tentent d'exploiter la paire de fous et l'avantage d'espace pour lancer une attaque sur l'aile roi noire, tandis que les Noirs cherchent des échanges en vue de simplifier (en échangeant les fous blancs pour affaiblir l'attaque) et de contre-attaquer les pions faibles sur l'aile dame.

La transition entre l'ouverture et le milieu de partie n'est pas clairement établie, mais on considère généralement que la fin du développement ou le roque sont des indicateurs raisonnables. Depuis l'avènement des échecs modernes et le développement exponentiel de la théorie, l'ouverture est une phase extrêmement étudiée par les joueurs et les analystes. Les joueurs de compétition connaissent tous des séquences de parfois plusieurs dizaines de coups.

Les jeux ouverts (1.e4 e5)

Article détaillé : Jeu ouvert.

Les débuts dits « ouverts » permettent un développement rapide (en ouvrant notamment la voie au fou roi et à la dame) et tentent une conquête territoriale (avancée de deux cases). Ils débouchent donc généralement sur un jeu tactique où la confrontation intervient rapidement. Bien qu'il ne leur soit pas réservé, c'est le type d'ouverture favorisé par les débutants car les plans sous-jacents sont généralement assez limpides.

Il y a peu de transpositions car les Blancs sont, dans beaucoup d'ouvertures, en mesure de forcer la réponse noire. Tant que les Noirs sont en mesure de maintenir le pion central, ils ont peu à craindre. Les Blancs s'efforcent donc souvent de jouer de façon agressive pour faire disparaître le pion en e5. Les Noirs ont des possibilités de contre-attaque si leur adversaire reste timoré, un exemple étant l'ouverture portugaise (ouverture mineure). Un autre objectif fréquent des Blancs est de contrôler la seconde case-critique d5, le coup ...d7-d5 étant généralement un coup libérateur pour les Noirs dans les débuts ouverts.

  1. Les Blancs attaquent e5 par f4
    1. Gambit du roi
  2. Les Blancs attaquent e5 par d4
    1. Partie du centre
    2. Gambit danois
    3. Début Ponziani
    4. Partie écossaise
  3. Les Blancs attaquent e5 par Cf3 et les Noirs ne le défendent pas par 2...Cc6
    1. Défense Damiano
    2. Défense Philidor
    3. Gambit letton
    4. Gambit éléphant
    5. Défense russe
  4. Les Blancs exercent un contrôle (temporaire ou durable) sur d5
    1. Début du fou
    2. Partie viennoise
    3. Partie des quatre cavaliers
    4. Partie des trois cavaliers
    5. Défense des deux cavaliers
    6. Partie italienne
    7. Partie espagnole

Les jeux semi-ouverts (1.e4, lorsque les Noirs ne répondent pas ... e5)

Dans ces ouvertures, les Noirs rompent la symétrie dès leur premier coup. Ils acceptent d'adopter (temporairement) une structure de pion moins favorable dans le but d'obtenir, à plus ou moins long terme, une rupture et donc une liquidation du centre par des échanges de pions centraux.

  1. Les Noirs font pression par un pion sur d4
    1. Défense sicilienne
  2. Les Noirs font pression par un pion sur e4
    1. Défense française
    2. Défense Caro-Kann
    3. Défense scandinave
  3. Les Noirs attaquent le centre par leur Fou en g7
    1. Défense Pirc
    2. Défense moderne
  4. Les Noirs développent d'abord un Cavalier
    1. Défense Alekhine
    2. Défense Nimzovitch du pion-roi

Les jeux fermés (1.d4 d5)

Les débuts dits « fermés » sont traditionnellement considérés comme menant à des parties plus positionnelles durant lesquelles l'affrontement est indirect, chaque joueur cherchant à mettre en place une structure optimisée plutôt qu'à obtenir un gain matériel ou territorial à court terme.

On retrouve la symétrie des jeux ouverts (1. e5) et donc les mêmes idées générales de part et d'autre. Mais les pions dame avancés de deux pas restent protégés, alors que les pions roi ne l'étaient pas. C'est cette différence fondamentale qui fait que la quasi-totalité des parties se poursuit par le Gambit dame 2. c4, attaque de flanc par un autre pion visant à éliminer le pion central noir. La notion de gambit pour cette ligne est erronée car la pratique montre qu'après la prise du pion c4, les Noirs doivent rendre le pion sous peine de subir une position très défavorable.

  1. Gambit dame
    1. Gambit dame accepté
    2. Gambit dame refusé
      1. Défense slave
      2. Défense semi-slave
      3. Défense orthodoxe
      4. Variante Tartakover
      5. Variante d'échange
      6. Défense Cambridge-Springs
      7. Défense Tchigorine
  2. Gambit Blackmar-Diemer
  3. Contre-gambit Albin
  4. Système Colle
  5. Attaque Richter-Veresov

Les jeux semi-fermés (1.d4, lorsque les Noirs ne répondent pas ... d5)

Chess zhor 22.png
Chess zver 22.png
a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
Chess zver 22.png
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Défense indienne
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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
Chess zver 22.png
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Défense Benoni moderne

Là encore, les Noirs rompent la symétrie. Cet ensemble d'ouvertures a été prôné par l'école hypermoderne. Il évoque souvent la vieille pratique des échecs indiens (d'où le terme de défenses indiennes, qui ne s'applique pas notamment à la défense hollandaise), lesquels ignoraient l'avance initiale des pions de deux cases. L'objectif, pour les Noirs, est de contrôler le centre à distance sans l'occuper. Il ne peuvent toutefois permettre aux Blancs d'installer un centre puissant et c'est la raison pour laquelle la suite courante est Cf6, empêchant l'immédiat 2.e4.

Ces ouvertures sont relativement complexes à traiter, et les transpositions y sont fréquentes.

  1. Les Noirs font pression sur e4
    1. Défense hollandaise
    2. Défense nimzo-indienne
    3. Défense ouest-indienne (ou Indienne-Dame)
    4. Défense Bogo-indienne
  2. Les Noirs font pression sur d4
    1. Défense Grünfeld
    2. Défense est-indienne (ou Indienne-Roi)
    3. Défense vieille-indienne
    4. Gambit de Budapest
    5. Défense Benoni
    6. Gambit Benko
  3. Les Noirs font pression sur c4
    1. Défense polonaise
  4. Les Blancs jouent un système anti-indiennes
    1. Attaque Trompowsky : d4 + Fg5 sans Cf3
    2. Attaque Torre : d4 + Cf3 + Fg5
    3. Système de Londres : d4 + Cf3 + Ff4
    4. Attaque Barry : d4 + Ff4 + e3 contre Fg7
  5. Partie catalane : d4 + c4 + Fg2

Les débuts de flanc (coups initiaux autres que 1. e4 ou 1. d4)

Il s'agit d'ouvertures où les Blancs appliquent pour eux-mêmes les principes de contrôle du centre à distance de l'école hypermoderne. Les possibilités des transpositions sont encore plus importantes si les Noirs dans leur réponse adoptent les mêmes principes. Au contraire, les Noirs peuvent prendre possession du centre, ce qui conduit souvent à des ouvertures familières avec les couleurs inversées.

Les gambits

Un gambit consiste à sacrifier un pion dans l'ouverture (exceptionnellement plusieurs pions ou une pièce) dans le but d'obtenir une compensation supérieure à la perte de matériel. Il s'agit en principe d'un avantage positionnel. Le gambit peut être accepté ou refusé par l'adversaire.

On parle de gambit en second lorsque le sacrifice est proposé par les Noirs. On parle de contre-gambit lorsque l'adversaire refuse un gambit en proposant lui-même un gambit (par exemple le contre-gambit Falkbeer dans le gambit du roi).

Notes et références

  1. David Hooper, Kenneth Whyld, The Oxford Companion to Chess, Oxford University Press, 1992 (ISBN 0-19-280049-3) , pp. 461-480.
  2. Jeremy Silman, The Complete Book of Chess Strategy (Los Angeles: Siles Press, 1998), p. 3.

Voir aussi

Liens externes

  • Wikichess, répertoire d'ouvertures d'échecs
  • Portail des échecs Portail des échecs

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