Décaméron

Décaméron
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Le Décaméron (du grec δέκα, déca, dix, et ἡμέρα, hêméra, jour[1]) est un recueil de cent nouvelles écrites en italien par Boccace entre 1349 et 1353.

Cette œuvre allégorique médiévale est célèbre pour ses récits de débauche amoureuse, dont la gamme va de l'érotique au tragique. Le Décaméron, auquel Boccace a donné le sous-titre de le Prince Gallehault, en hommage au poète Dante Alighieri, est rédigé en italien et non en latin comme il était courant de le faire à l'époque, donnant ainsi naissance à la prose italienne qui marqua le genre de la nouvelle dès la Renaissance.

Sommaire

Récit cadre

Afin de fuir l'épidémie de peste noire qui ravage la ville de Florence en 1348, dix jeunes gens se réunissent : sept femmes, la plus âgée se prénommant Pampinée, la deuxième Flammette, ensuite Philomène, Émilie, Laurette, Neiphile, et enfin, Elissa, et trois hommes : Pamphile, Philostrate et Dionée (ces noms seraient inventés par l'auteur afin de protéger les personnages d'éventuelles critiques à la suite de leur fuite : que des jeunes femmes et hommes vivent ensemble sans parents ni chaperons n'était pas accepté. Mais la peste, qui subvertit toute la réalité et toute la vie, permet ce qui autrefois était intolérable). De même, l'auteur ne traite pas ses personnages dans leur psychologie profonde mais se contente de mettre en scène des protagonistes types : le curé, l'amoureuse désespérée, le mari trompé, etc.

Alors qu'elle s'échappe de Florence, la brigade se réfugie dans une campagne où tout semble être idyllique tel un Éden terrestre. Boccace nous dépeint un lieu qui semble complètement hors du temps et de la réalité et qu'il décrit comme un « paradis terrestre » avec de nombreux détails, comme en témoignent les lignes suivantes : « Ce lieu était situé sur une montagnette, de tous côtés à l'écart de nos routes […] en haut de la colline s'élevait un palais […] il y avait de petits prés alentour, des jardins merveilleux, des puits aux eaux très fraîches » (Introduction à la Première journée). On constate que la Nature est omniprésente dans le récit et occupe une place fondamentale pour les personnages ; il est fait mention d'« oiseaux chanteurs, épars sur les vertes ramures », d'« herbes mouillées de rosée », d'une « vaste plaine sur la rosée des herbes », ainsi que d'une « guirlande de laurier » dans « le délectable jardin » (introductions à la Deuxième journée et à la Cinquième journée).

Chaque jour nouveau débute par un lever de soleil poétique et coloré : « L'aurore déjà de vermeille qu'elle était, à l'apparition du soleil, devenait orangée » ou encore « tout l'orient blanchissait » (introductions à la Troisième journée et à la Cinquième journée). On voit en cette nature un univers protecteur où chacun peut trouver le repos de l'âme. Cet univers paisible forme un contraste prononcé avec l'atmosphère infectieuse de la ville contaminée par les épidémies.

La précision des descriptions qui en sont faites dans certains passages rapproche le Décaméron du traité médical : « la propriété de la maladie en question fut de se transformer en taches noires ou livides qui apparaissaient sur les bras, sur les cuisses » ; « presque tous [...] dans les trois jours suivant l'apparition des signes mentionnés [...] trépassaient » (Introduction à la Première journée).

La confrontation de ces deux aspects opposés que sont l'insouciance de quelques jeunes gens dans un jardin en fleurs et une population décimée par la peste noire, est un exemple de la figure de style dénommée antithèse. C'est, par ailleurs, l'une des tournures majeures du Décaméron.

Règles du jeu

Pour se divertir, les personnages instaurent une règle selon laquelle chacun devra raconter quotidiennement une histoire rejoignant un thème choisi par celui qui aura été nommé roi (ou reine) du jour. Le premier et le neuvième jour, pour donner plus de variété, ont un thème libre. Ainsi, dix jeunes gens, narrant chacun une nouvelle pendant dix jours, produisent un total de cent nouvelles. Le titre de l'œuvre indique d'ailleurs cette prééminence du chiffre 10 puisque déca signifie 10. Ils se réunissent tous les jours sauf le vendredi et le samedi pour raconter tour à tour une histoire sur le thème choisi la veille.

Structure d'ensemble

En réalité, l'œuvre comprend au total 101 nouvelles. En effet dans l'Introduction à la Quatrième journée, Boccace immisce une autre histoire à forte teneur moralisante dans son plaidoyer (il déjoue ici les attaques faites à son ouvrage). Il se refuse cependant à considérer cette petite nouvelle comme étant la 101e du Décaméron. De plus, contrairement à l'opinion courante, le séjour des jeunes gens à la campagne dure en réalité plus de dix jours puisqu'ils consacrent une partie de leur temps à d'autres plaisirs oisifs (banquets, danse, musique etc...). Boccace obéit à un cadre structurel précis. Chaque journée est introduite par un court paragraphe qui situe l'action et précise l'identité du roi ou de la reine. Généralement, le roi choisit un thème qui sera développé dans les récits des protagonistes. En outre, chaque journée est introduite par un court résumé qui donne le plan de son déroulement, juste avant la narration des nouvelles proprement dites.

  • Introduction: Le proemio initial est suivi d'une introduction dans laquelle l'auteur dresse un terrible tableau de la peste.
  • Premier jour : Reine — Pampinea : « Où l'on parle de ce qui sera le plus agréable à chacun. »
  • Deuxième jour : Reine — Filomena : « Où l'on parle de ceux qui, tourmentés par le sort, finissent au-delà de toute espérance par se tirer d'affaire. »
  • Troisième jour : Reine — Neifile : « Où l'on parle de ceux qui, par leur ingéniosité, ont obtenu ce qu'ils voulaient, ou ont retrouvé ce qu'ils avaient perdu. »
  • Quatrième jour : Roi — Filostrato : « Où l'on parle de ceux qui eurent des amours se terminant par une fin tragique. »
  • Cinquième jour : Reine — Fiammetta : « Où l'on parle des fins heureuses terminant des amours tragiques. »
  • Sixième jour : Reine — Elissa : « Où l'on parle de ceux qui évitent dommage, danger ou honte par l'usage d'une prompte réplique. »
  • Septième jour : Roi — Dioneo : « Où l'on parle des tours que les femmes, poussées par amour ou pour leur salut, ont joué à leurs maris, conscients ou non. »
  • Huitième jour : Reine — Lauretta : « Où l'on parle des tours que les femmes jouent aux hommes et vice versa, ou que les hommes se jouent entre eux. »
  • Neuvième jour : Reine — Emilia : « Où chacun parle de ce qui lui est le plus agréable. »
  • Dixième jour : Roi — Panfilo : « Où l'on parle de tous ceux qui agirent en amour ou autre circonstance avec libéralité ou magnificence. »

Thèmes de l'œuvre

Illustration d'une édition flamande de 1432

Chaque histoire met en scène des personnages tirés de la réalité contemporaine (marchands, notaires, banquiers, artisans, gens du peuple, paysans installés à la ville etc. mais on rencontre aussi des rois, des chevaliers, des personnages de l'histoire) au moyen de registres variés (comique, pathétique, tragique, héroïque, grotesque, picaresque...). Boccace se concentre donc sur l'être humain, son comportement et ses capacités qui lui permettent de s'adapter aux aléas de la vie et d'en abattre les obstacles. La plupart des personnages font peu de cas des valeurs morales de l'Église, leur préférant le bon sens et l'initiative personnelle pour se sortir des situations difficiles. Ce tableau est aussi le reflet de la nouvelle société bourgeoise de l'époque, dont les valeurs pratiques l'emportent sur l'ordre ancien, chevaleresque et aristocratique. Le comportement des dix conteurs, empreint d'élégance et de courtoisie fondée sur la dignité, le bon goût et le respect, est aussi l'occasion pour Boccace de tracer une esquisse d'un idéal de vie.

Les nouvelles traitent principalement du thème de l'amour aussi bien courtois que vulgaire. La plupart du temps, Boccace en profite pour prendre la défense des femmes. Il montre que leur meilleure arme est la parole, qu'elles savent exploiter correctement. Ici, la question de leur place est cruciale. En effet, la plupart des nouvelles mettent en scène le monde féminin. Cependant, Boccace peut faire preuve d'une vision dépréciative à leur égard ; certaines nouvelles sont de véritables critiques de leur attitude. Par exemple, la septième nouvelle de la huitième journée raconte la vengeance d'un écolier sur une veuve qui lui a joué un mauvais tour. L'écolier en profite pour faire une longue critique du comportement de certaines dames. On assiste aussi dans ces récits, considérés comme les premières nouvelles de la littérature européenne, à l'émergence d'une nouvelle classe sociale : une bourgeoisie commerçante et éclairée.

Plus précisément chaque journée est dédiée à un thème en particulier annoncé dans l'introduction qui débute le récit :

  • Première journée : « La première journée du Décaméron commence : après que l'auteur a exposé en quelle occasion furent amenées à s'assembler entre elles les personnes [...], on y devise, [...] de ce qui agrée le plus à chacun. »
  • Deuxième journée : « La première journée du Décaméron s'achève. Et la deuxième commence, en laquelle, [...] on devise de tels ou telles qui, diversement persécutés, n'en sont pas moins parvenus, au-delà de leur espérance, à une heureuse fin. »
  • Troisième journée : « La deuxième journée du Décaméron s'achève. La troisième commence, où l'on devise, [...] de ceux qui ont acquis, par leur industrie, ce qu'ils désiraient fort, ou qui ont recouvré ce qu'ils avaient perdu. »
  • Quatrième journée : « La troisième journée du Décaméron s'achève et la quatrième commence. On y devise, [...] de celles et ceux dont les amours connurent une fin malheureuse. »
  • Cinquième journée : « La quatrième journée du Décaméron s'achève. La cinquième commence. On y devise, [...] du singulier bonheur, qui au terme d'accidents cruels ou malencontreux, échut à des amants. »
  • Sixième journée : « La cinquième journée du Décaméron s'achève : la sixième commence, en laquelle [...] on devise de qui, provoqué, prit le dessus par un mot spirituel, ou encore de qui, par vive répartie ou prompte ingéniosité, évita perte, ou péril, ou risée. »
  • Septième journée : « La sixième journée du Décaméron s'achève : la septième commence, en laquelle, [...] on devise des tours, que, soit amour, soit souci de leur propre salut, les femmes ont joué à leurs maris, au su ou à l'insu de ceux-ci. »
  • Huitième journée : « La septième journée du Décaméron s'achève : la huitième commence, en laquelle [...] on devise des tours que jouent sans cesse la femme à l'homme, l'homme à la femme, et de ceux que les hommes l'un à l'autre se jouent. »
  • Neuvième journée : « La huitième journée du Décaméron s'achève : la neuvième commence, en laquelle [...] chacun devise comme il lui plaît et de ce qui lui agrée le plus. »
  • Dixième journée : « La neuvième journée du Décaméron s'achève : la dixième et dernière commence, en laquelle [...] on devise de ceux qui ont accompli quelque geste plein de libéralité ou de magnificence en fait d'amoureuses prouesses ou en toute autre chose. »

En examinant les thèmes des dix jours, et surtout en lisant les nouvelles, on peut comprendre qu’y sont représentés d'autres thèmes, autant importants que l'amour, la courtoisie, l'intelligence, la fortune (et leur contraires).

Boccace, dans l'Introduction, dédie son livre aux femmes et aborde un sujet typiquement féminin : l'amour. Il traite différents types de situations amoureuses. Tout d'abord, l'amour purement charnel, voire vulgaire, s'inspirant des fabliaux du Moyen Âge. Dans la première nouvelle de la première journée, un abbé cède au péché de chair avec une jeune fille, juste après avoir condamné un moine qui venait de coucher avec cette même fille : "quelque vieux qu'il fût, soudainement et d'aussi cuisante manière que son jeune moine il ressentit à son tour les aiguillons de la chair". Dans ce genre d'amour grivois, ce ne sont pas seulement les hommes qui recherchent le désir charnel : "La jeune fille, qui n'était ni de fer ni de diamant, se plia fort aisément aux vouloirs de l'abbé." Ensuite, nous trouvons l'amour malheureux. Dans la conclusion de la troisième journée, le roi du jour est désigné, ainsi que le sujet sur lequel ils devront raconter des histoires : « Aussi me plaît-t-il que l'on ne devise pas demain d'une autre matière que de ce qui ressemble le plus à mon sort, à savoir DE CELLES ET DE CEUX DONT LES AMOURS CONNURENT UNE FIN MALHEUREUSE. » La première nouvelle de cette journée en est un exemple flagrant. Apprenant que son amant est mort, une jeune fille se suicide. avant de se donner la mort, elle dit : "Ô mon cœur bien aimé, je t'ai rendu tous les offices dont je devais m'acquitter envers toi; il ne me reste plus autre chose à faire que m'en aller tenir avec mon âme compagnie à la tienne." D'autre part, Boccace traite aussi d'histoires d'amour difficiles qui ont tout de même une fin heureuse. La deuxième nouvelle de la cinquième journée raconte l'histoire d'une femme qui croit son amant mort et qui finalement le retrouve vivant : " Quand la jeune fille le vit, il s'en fallut de peu qu'elle ne mourut de joie [...] au triste souvenir de ses infortunes passées autant que sous le poids de son bonheur présent, sans pouvoir dire la moindre chose elle se mit tendrement à pleurer." Puis, nous trouvons l'amour adultérin, notamment dans la cinquième nouvelle de la septième journée : "Déguisé en prêtre, un jaloux confesse sa propre femme ; celle-ci lui fait accroire qu'elle aime un prêtre qui vient la trouver toutes les nuits. Du coup, tandis que le jaloux monte la garde en cachette à sa porte, la dame fait venir son amant par le toit et se donne du bon temps avec lui." A l'opposé de l'amour trompé, Boccace évoque l'amour courtois. Dans la sixième nouvelle de la dixième journée, un vieux roi épris d'une jeune fille, décide finalement de la marier ainsi que sa sœur à des jeunes hommes. Le roi raisonnable se rend compte de son erreur : "le roi donc se résolut néanmoins à marier les deux jeunes filles [...] comme les siennes propres." Boccace ne fait donc pas dans son œuvre un éloge d'un amour particulier, mais décrit toutes les formes d'amour possibles.

À travers son œuvre, Boccace nous livre également une véritable satire des mœurs du clergé qu'il accuse des plus grands vices. Dès la deuxième nouvelle de la première journée, l'auteur, par le biais de Néiphile, affiche nettement son anticléricalisme lorsqu'il décrit les habitudes douteuses des membres de l'Église. Cette nouvelle raconte ainsi l'histoire d'un marchand juif qui, poussé à se convertir par un ami catholique, part à Rome pour y observer le mode de vie des religieux. Se déclenche alors une longue diatribe contre les membres du clergé qui "le plus déshonnêtement du monde, péchaient par luxure, selon les voies naturelles, ou même sodomitiques, sans aucun frein de remords ou de vergogne". Mais Boccace ne s'arrête pas là. Par le biais de Dionée, dans la quatrième nouvelle de la première journée, il dénonce les relations sexuelles entre certains membres du clergé et une jeune fille. Un vieil abbé surprend ainsi un jeune moine goûter aux plaisirs de la chair avec "une belle mignonnette" dans sa cellule. Décidé à le punir, il succombe lui aussi à la tentation. Le deux hommes deviennent alors complices "et tout laisse à penser que par la suite ils la firent plus d'une fois revenir." L'auteur dénonce plus tard dans la sixième nouvelle de cette même journée la perversion, l'avarice et la bêtise des inquisiteurs à travers l'histoire d'Émilie. Dès le début de la nouvelle est soulignée "La malfaisante hypocrisie des religieux" que par la suite l'auteur illustre en désignant la corruption comme étant "un remède très curatif contre les maladies comme l'avarice pestilentielle des clercs". Ainsi l'auteur ne manque-t-il pas de condamner et de tourner en dérision les membres du clergé. De tels propos, accompagnés d'un aspect licencieux dans certaines nouvelles, ont conduit plus d'un siècle plus tard à la censure de l'œuvre par les Papes Paul IV et Pie IV, mais celle-ci entre temps s'était déjà largement diffusée.

Réactions

L'œuvre de Boccace semble avoir rapidement déclenché des réactions violentes. En effet, alors qu'elle est encore inachevée, l'auteur essuie des critiques lui reprochant sa « philogynie », ce qui consiste à confondre les femmes avec les Muses. Dans l'introduction à la quatrième journée, Boccace répond ouvertement à cette polémique : "En m'adressant à ceux qui m'assaillent". Il va ainsi revendiquer ce phénomène de « philogynie » dont il fait preuve. Cette justification de l'auteur se retrouve jusque dans les dernières pages de l'œuvre, dans la « Conclusion de l'auteur » où il soutient sa position.

Postérité

En littérature

A Tale from Decameron par John William Waterhouse, 1916, Lady Lever Art Gallery, Liverpool.

La nouvelle est un genre littéraire tout à fait inédit à l'époque de l'auteur. Issu du latin novellus lui-même dérivé de novus (nouveau), le terme même de nouvelle fait écho au caractère innovant du genre et renvoie aujourd'hui à une structure complexe dont les récits du Décaméron constituent un modèle. Ces récits puisent leur matière dans diverses sources comme les anecdotes latines et toscanes, les récits occitans et orientaux et les fabliaux. Nous pouvons noter l'influence importante de l'exemplum, genre rhétorique latin où l'orateur cherche à convaincre son auditoire en utilisant un exemple de type historique et véridique. La définition précise du genre de la nouvelle est encore balbutiante à l'époque de Boccace ; on peut cependant en dégager certaines caractéristiques à partir de son œuvre. Il s'agit d'un récit bref avec une relative unicité de point de vue ; l'action est simple et dépourvue de multiples péripéties ; le décor est lui aussi simple et ne fait pas l'objet de descriptions élaborées. Les personnages sont peu nombreux, typés et le plus souvent sans profondeur psychologique. L'utilisation des types participe de la brièveté du genre et permet le développement d'une vérité générale non moralisante à partir de l'intrigue racontée.

Il est à souligner que les premières nouvelles écrites ne sont ni merveilleuses, ni fantastiques, mais réalistes. Néanmoins, les caractéristiques du genre évoluent considérablement au cours des siècles puisque plusieurs auteurs, tant de langue italienne que française, se sont inspirés de cette œuvre de Boccacce. L'Heptaméron de Marguerite de Navarre en est la plus fidèle reproduction en littérature française. Christine de Pizan restructure souvent des contes du Décaméron dans sa Cité des dames, sans oublier Les Contes de Cantorbéry de Chaucer (1380).

Le Décaméron lance alors une mode européenne dans le domaine littéraire, qui connaîtra son apogée pendant la Renaissance ainsi qu'au XIXe siècle. Les Cent Contes drolatiques d'Honoré de Balzac (1832-1837) en sont une réminiscence que l'auteur revendique[2], et avec laquelle plusieurs universitaires ont fait le rapprochement[3].

En musique

Le Decameron a été mis en musique par de nombreux musiciens, surtout florentins. Parmi eux, se distinguent Ser Gherardello, mort en 1362 ou 1364, Lorenzo Massii, appelé aussi Massini, mort en 1397, organiste aveugle de San Lorenzo. Ils pratiquent essentiellement la Ballate monodique relevant de l'Ars Nova, issue de la canzone populaire. Vers la fin du XIVe siècle, cependant, la ballate devient polyphonique, mais le plus souvent à deux voix, avec la traditionnelle chanson amoureuse à la donna du poète, ou, de façon plus réaliste, un récit tel Io son un pellegrin, tout ela relevant de ce qu'on appelle poesia per musica.

Esther Lamandier a enregistré des ballates monodiques extraites du Decameron mis en musique, accompagnée par l'orgue portatif, la harpe, le luth et la vièle. L'enregistrement a été publié chez Astrée et porte le numéro E 57706 AD O45. Il est accompagné d'une introduction explicative signée par Nanie Bridgman.

Au cinéma

Il inspirera aussi le cinéma italien avec Pasolini.

Le film Medieval Pie : Territoires vierges s'inspire d'une des nouvelles du Décaméron

En peinture

Botticelli a illustré le Décaméron, par quatre tableaux qui interprétent l'histoire de Nastagio degli Onesti. Trois de ces œuvres sont exposées au Prado à Madrid.

Livres illustrés

De nombreuses éditions illustrées du Décaméron sont parues au XIXe siècle :

Notes et références

  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de « décaméron » du CNRTL.
  2. Avertissement en préface de la première édition de 1832 sur les Contes drolatiques
  3. Stéphane Vachon, Honoré de Balzac, Presses Universitaires Paris-Sorbonne, 1999, p.185 (ISBN 2840501597)

Bibliographie

  • Le Décameron, traduction de 1545 par Antoine Le Maçon pour Marguerite de Navarre, enluminures de Jean Gradassi, Le Chant des Spères, Nice, 1976 , 5 volumes reliés plein cuir.
  • Le Décameron, trad. par Jean Bourciez, Paris, Bordas, 1988 (ISBN 2-04-017413-3).
  • Le Décaméron de Boccace, trad. par Francisque Reynard [1879], présentation et notes de Vittore Branca, Paris, Le Club français du livre, 1962, 2 vol.
  • Le Décaméron, traduction nouvelle et postface de Giovanni Clerico ; préface de Pierre Laurens ; dossier de Claude et Pierre Laurens, Paris, Gallimard, impr. 2006. (ISBN 978-2-07-040192-5)

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