Droit à l'éducation

Droit à l'éducation

Le droit de toute personne (enfant via les droits de l'enfant, ou adulte) à l'éducation est l'un des droits de l'homme, parfois qualifié de « deuxième génération ».
Ce droit a été consacré dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 (article 26), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 (articles 2, 13 et 14[1]), la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (articles 1, 2 et 5[2]), la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (articles 1 et 10 [3]) et la Convention relative aux droits de l'enfant (articles 2, 9, 28 et 29 [4]).
Il est aussi présent dans la Charte sociale européenne du Conseil de l'Europe et la jurisprudence européenne qui définit « l'éducation des enfants » comme « (...) la somme des procédés par lesquels, dans toute société, les adultes tentent dinculquer aux plus jeunes leurs croyances, coutumes et autres valeurs » alors que lenseignement ou linstruction visent, « notamment, la transmission des connaissances et la formation intellectuelle ». »[5]. Et lÉtat-membre, « dans laccomplissement des fonctions qui relèvent de sa compétence en matière déducation et denseignement, doit veiller à ce que les informations et connaissances figurant au programme soient délivrées de manière objective, critique et pluraliste. Si tel nétait pas le cas, les pouvoirs publics auraient lobligation daccorder aux enfants une dispense totale des enseignements concernés, conformément aux convictions religieuses ou philosophiques des parents »[6]. Le droit daccès à lenseignement supérieur (même en prison) est un droit de caractère civil, au sens de larticle 6 de la Convention [7]. L'Etat-membre, si son droit interne le lui permet, face à des parents souhaitant assurer eux-mêmes léducation de leurs enfants au domicile peut imposer « la scolarisation obligatoire des enfants, que ce soit dans le cadre détablissements publics ou par le biais dinstitutions privées dont la qualité réponde à ses exigences de qualité » [8] ;

Sommaire

Cadre d'action de Dakar

Le Cadre d'action de Dakar, adopté lors du Forum mondial sur l'éducation de Dakar (avril 2000), « réaffirme l'objectif d'éducation pour tous formulé lors de la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous » tenue à Jomtien (Thaïlande) en 1990. Il insiste sur l'accession de tous à l'école primaire ainsi que sur le droit des femmes à disposer d'une éducation. Il contient en outre la promesse de pays et d'organismes donateurs qu'« aucun pays qui a pris un engagement sérieux en faveur de l'éducation de base ne verra ses efforts contrariés par le manque de ressources »[9].
D'après la Déclaration du Millénaire, adoptée par l'Assemblée générale, d'ici 2015, les enfants partout dans le monde, garçons et filles, seront en mesure d'achever un cycle complet d'études primaires, et les filles et les garçons auront, à égalité, accès à tous les niveaux d'éducation. Deux des Objectifs du Millénaire pour le développement sont particulièrement pertinents : lobjectif 2 : « Assurer léducation primaire pour tous », et lobjectif 3 : « Promouvoir légalité des sexes et lautonomisation des femmes »[10].

Interprétation du droit à l'éducation :
La Rapporteuse sur le droit à léducation a énuméré quatre caractéristiques de léducation[11] :

  • Dotations : obligation pour lÉtat de mettre en place un système éducatif qui ait un nombre suffisant décoles, de veiller à éradiquer tous les motifs de discrimination interdits par les instruments internationaux et possibilité pour les parents de choisir lenseignement dispensé à leurs enfants ;
  • Accessibilité : élimination de tous les obstacles à laccès à léducation pour tous les enfants dâge scolaire sans discriminations et à des coûts raisonnables ;
  • Acceptabilité : normes minimales de qualité, de sécurité et de salubrité du milieu dans le respect des droits de lhomme, de la liberté denseignement et du contenu et des méthodes dinstruction ;
  • Adaptabilité : concordance des droits en fonction de lâge, enseignement extrascolaire pour ceux qui nont pas accès aux établissements denseignement (enfants et jeunes privés de liberté, réfugiés, personnes déplacées, enfants qui travaillent et communautés nomades); adaptation de léducation pour quelle favorise lexercice de tous les droits fondamentaux[11].

Protagonistes :
« Le droit à léducation implique lintervention de trois protagonistes clefs: le Gouvernement en tant que prestataire et/ou source de financement de lenseignement public, lenfant en tant que principal titulaire du droit à léducation et du devoir de se conformer aux prescriptions concernant lenseignement obligatoire, et les parents de lenfant qui sont les «premiers éducateurs». La liberté garantie et son corollaire, la responsabilité quont les parents de choisir lenseignement dispensé à leurs enfants, constituent lun des piliers du droit à léducation; les obligations de lÉtat dans le domaine des droits de lhomme en sont un autre. Toutefois, si les parents choisissent de dénier à leurs enfants le droit à léducation, ce choix nest pas légitime; en cas de conflit entre le choix parental et lintérêt supérieur de lenfant, ce dernier prévaut. La raison dêtre de la liberté du choix parental est en fait dempêcher lÉtat dexercer un monopole sur léducation et de protéger le pluralisme »[12].


Un droit reconnu au niveau international

Selon la Convention des droits de l'enfant, l'éducation est un droit garanti par les États, et doit avoir les objectifs suivants [13]:

  • Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ;
  • Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies ;
  • Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ;
  • Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone ;
  • Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.

L'éducation des adultes

Lors de la Quatrième Conférence internationale sur l'éducation des adultes à Paris, le droit dapprendre est défini comme étant :

  • le droit de lire et décrire,
  • le droit de questionner et de réfléchir,
  • le droit à limagination et à la création,
  • le droit de lire son milieu et décrire lhistoire,
  • le droit daccéder aux ressources éducatives,
  • le droit de développer ses compétences individuelles et collectives[14].

Un droit dans lequel les États s'impliquent

Certains considèrent que l'État doit surveiller étroitement l'éducation délivrée sur leur territoire et la formation des maîtres, pour plusieurs motifs :

  • assurer ses responsabilités, à l'égard des enfants (Cf. le droit à l'éducation mentionné plus haut) et de la culture ou l'identité nationale.
  • éviter l'implication d'autres acteurs, aux motivations plus douteuses (en tout cas supposées ou présentées comme telles: institutions religieuses (dogmatisme, sectarisme, etc.), entreprises (recherche de profit, etc.).
  • donner les moyens, notamment financiers, puisque l'état est généralement l'acteur le plus riche dans ses frontières.
  • contrôler la qualité et assurer l'égalité de traitement des diplômés de même niveau, selon leurs résultats à des examens identiques.
  • assurer que le spectre des enseignements dispensés est conforme à l'intérêt du pays et des élèves eux-mêmes, sans excès d'étudiants dans des domaines déjà bien pourvu (numerus clausus) ni manques dans des filières en recherche de personnel.
  • ...

Cependant, quantité de penseurs de premier plan sont d'un avis opposé. Par exemple Condorcet, grand philosophe du Siècle des Lumières, dans son Premier mémoire sur l'instruction publique (1791), intitulé "l'éducation publique doit se borner à l'instruction", troisième raison : "Parce qu'une éducation publique deviendrait contraire à l'indépendance des opinions", affirme :

"la vérité seule peut être la base d'une prospérité durable, et que les lumières croissant sans cesse ne permettent plus à l'erreur de se flatter d'un empire éternel, le but de l'éducation ne peut plus être de consacrer les opinions établies, mais, au contraire, de les soumettre à l'examen libre de générations successives, toujours de plus en plus éclairées".

John Stuart Mill, dans ses Principes d'économie politique, (1848, livre V, ch XI), déclare à son tour :

"Il n'est pas tolérable qu'un gouvernement ait, de jure ou de facto, un contrôle complet sur l'éducation des gens. Posséder ce contrôle et surtout l'exercer est le propre d'un comportement despotique.
Un gouvernement qui puisse mouler les opinions et les sentiments des gens depuis l'enfance jusqu'à la jeunesse peut faire avec eux ce qu'il veut."

Article 26 de la Déclaration des droits de l'homme

«Toute personne a droit à léducation. Léducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne lenseignement élémentaire et fondamental. Lenseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé; laccès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

2. Léducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié …»[15]

Notes et références

  1. http://www.right-to-education.org/node/101
  2. http://www.right-to-education.org/node/125
  3. http://www.right-to-education.org/node/133
  4. http://www.right-to-education.org/node/92
  5. Arrêt Campbell et Cosans c. Royaume-Uni (25 février 1982, § 33, série A no 48)
  6. Jurisprudence européenne ; Folgerø et autres c. Norvège [GC], no 15472/02, CEDH 2007-III
  7. voir affaire Emine Araç c. Turquie, no 9907/02, 23 septembre 2008
  8. voir Konrad et autres c. Allemagne (déc.), no 35504/03, 11 septembre 2006
  9. http://www.unesco.org/education/efa/fr/ed_for_all/framework.shtml
  10. http://www.un.org/french/millenniumgoals/education.shtml
  11. a et b (Tomasevski, K. (2002). Rapport annuel sur le droit à léducation. Présenté en application de la résolution 2001/29, Doc. E/CN.4/2002/60, Commission des Droits de lHomme, cinquante-huitième session. p. 14)
  12. E/CN.4/2003/9 page 10
  13. Convention des droits de l'enfant; article 29
  14. [1] Rapport final : quatrième conférence internationale sur l'éducation des adultes, Paris, 19-29 mars. Paris : Unesco, 1985.]
  15. Déclaration universelle des droits de l'homme, Article 26

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Droit à l'éducation de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Education — Éducation Ces moyens mnémotechniques mis à disposition des enfants visitant le Field Museum de Chicago permettent d apprendre les pays formant l Asie et leurs contours géographiques …   Wikipédia en Français

  • Éducation spéciale — Éducation Ces moyens mnémotechniques mis à disposition des enfants visitant le Field Museum de Chicago permettent d apprendre les pays formant l Asie et leurs contours géographiques …   Wikipédia en Français

  • Droit Disciplinaire En France — En droit français, le droit disciplinaire est la branche du droit qui fixe les règles de sanction des comportements fautifs commis par des personnes au sein d un groupe de personnes ayant la même qualité. Sommaire 1 Considérations générales 1.1… …   Wikipédia en Français

  • Droit disciplinaire — en France En droit français, le droit disciplinaire est la branche du droit qui fixe les règles de sanction des comportements fautifs commis par des personnes au sein d un groupe de personnes ayant la même qualité. Sommaire 1 Considérations… …   Wikipédia en Français

  • Droit disciplinaire en france — En droit français, le droit disciplinaire est la branche du droit qui fixe les règles de sanction des comportements fautifs commis par des personnes au sein d un groupe de personnes ayant la même qualité. Sommaire 1 Considérations générales 1.1… …   Wikipédia en Français

  • ÉDUCATION - Économie de l’éducation — Les économistes n’ont jamais complètement ignoré le rôle de l’éducation. Au XVIIe siècle, William Petty calcule la «valeur» d’un homme: relevant le rôle des facteurs qui conditionnent la productivité de la main d’œuvre, il ouvre implicitement la… …   Encyclopédie Universelle

  • Éducation —  Pour l’article homonyme, voir Une éducation pour le film de Lone Scherfig.  Ces moyens mnémotechniques mis à disposition des enfants visitant le Fie …   Wikipédia en Français

  • Droit disciplinaire en France — En droit français, le droit disciplinaire est la branche du droit qui fixe les règles de sanction des comportements fautifs commis par des personnes au sein d un groupe de personnes ayant la même qualité. Sommaire 1 Considérations générales 1.1… …   Wikipédia en Français

  • Droit de l'homme — Droits de l homme La Déclaration des droits de l homme et du citoyen de 1789. Les droits de l homme[1] sont un concept selon lequel tout être humain possède des droits …   Wikipédia en Français

  • Éducation au Québec — Système d éducation québécois Le système d éducation québécois est un système éducatif appliqué dans la province de Québec, au Canada. Il se distingue à plusieurs niveaux de ceux des autres provinces canadiennes. Il est géré par le Ministère de l …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/541314 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”