Drikung kagyu

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Drikung Kagyu

Drikung Kagyu ou Drigung Kagyu (Wylie: bri-kung bka'-brgyud) est l’une des huit branches dites « mineures » de la tradition Kagyupa du bouddhisme tibétain remontant chacune à un disciple de Phagmodrupa, lui-même disciple de Gampopa de qui dérivent les quatre branches « majeures ». C’est l’une des quatre branches indépendantes subsistant au XXIe siècle, avec Karma Kagyu, Drukpa Kagyu et Taklung Kagyu.

Son fondateur est Jigten Gonpo Rinchen Pal (1143-1217) originaire du Kham, qui établit en 1179 le monastère de Drikung Thil[1] à 150km au nord-est de Lhassa dans la vallée du Shorong. Il fut détruit plusieurs fois lors de conflits. La région, nommée Drikung en tant qu’ancien fief de Dri Seru Gungton, ministre de Songsten Gampo[2], a donné son nom à l’école.

L’autorité spirituelle sur les Drikung fut longtemps détenue par un membre du clan Kurya prétendant descendre du roi Tri Ralpachen, auquel appartenait le fondateur ; elle se transmettait de façon héréditaire mais sans règles fixes. Après l’extinction du clan en 1659, un système de transmission par réincarnation fut instauré, avec alternance entre deux branches, celles de l’aîné (Chetsang) et du cadet (Chungtsang), réincarnations respectives de Gyalwang Konchog Rinchen (1590–1654) et Kunkhyen Rigzin Chödrak (1595–1659), les deux derniers frères Kurya à occuper la fonction. Les deux hiérarques portent le titre de Drikung Kyabgon ('bri gung skyabs mgon), « refuge de Drikung ». Le 37e et actuel Chetsang est Könchok Tenzin Kunzang Trinlay Lhundrup (1946 -), basé au Drikung Kagyu Institute à Dehradun, Inde. Le 36e et actuel Chungtsang, Könchok Tenzin Chökyi Nangwa (1942 -) est basé à Lhassa.

Drikung Kagyu a une présence importante dans sa région d’origine, dans la vallée de Tsari, à Nangchen et dans les régions voisines du Tibet oriental, au Tibet occidental - dont la région du mont Kailash et de Lapchi - ainsi qu’au Ladakh.

Sommaire

Bref historique

La fondation du monastère de Drikung Thil en 1179 par Kyobpa Jigten Sumgon (1143-1217) marque le début de l’école. Ce dernier, disciple de Phagmo Drupa, avait tout d’abord pris sa suite comme abbé du monastère de Densa Thil de 1177 à 1179. Un autre abbé de Drikung Thil, Chenga Drakpa Jungne (1175–1255), fut longtemps en charge de Densa Thil avant de rejoindre Drikung en 1235.

L’autorité spirituelle sur le monastère était détenue par le denrab (gdan rabs), tandis que l’administration était aux mains d'un gompa (sgom pa). Ces deux charges étaient presque toujours détenues par un membre du clan Kurya dont était issu Jigten Sumgon.

Les Kagyupa Drikung constituaient une école ayant un certain poids au Tibet central quand les Mongols, en l’occurrence le prince Godan, effectuèrent en 1239 un raid important près de Lhassa. Le gompa de Drikung fut capturé et tué par les envahisseurs, mais le denrab parvint à les faire fuir, aidé, selon la tradition, par une miraculeuse pluie de pierres. Après ce raid destiné à impressionner les Tibétains et à leur faire accepter la tutelle mongole, Godan puis Kubilai s’allièrent à l’école Sakya, et Hulagu, rival de Kubilai, obtint en apanage la terre de Drikung et devint ainsi le protecteur de l’école ; cette protection se concrétisait par la présence à proximité d’une petite garnison qui aida Drikung lors de ses conflits avec Sakya.

En effet, la vice-royauté du Tibet accordée par Kubilai aux Sakya était souvent contestée, en particulier par les Drikung. L’hostilité grandit encore avec les disputes internes du clan Lang en charge de Densa Thil, les deux camps ayant cherché de l’aide auprès de Sakya pour les uns et de Drikung pour les autres. Ce fut le début de la « guerre entre Sakya et Drikung » (seconde moitié du XIIIe siècle) culminant avec la destruction du monastère de Drikung en 1290. Il fut reconstruit au XIVe siècle avec le concours des Sakya et de l’empereur de Chine, mais ne retrouva pas son importance d’antan. Les Drikung durent ensuite lutter contre les ambitions territoriales des souverains Lang de la dynastie Phagmodrupa.

En 1373, Tsongkhapa, fondateur des Gelug, vint étudier auprès du denrab Chökyi Gyalpo les six yogas de Naropa et les enseignements de Jigten Sumgon.

Au XVe siècle, les denrab Drikung reçurent des empereurs Ming le titre honorifique de « Prince éducateur » (chanjiaowang 闡教王).

Au XVIe siècle, le 17e denrab Rinchen Phuntsog reçut des enseignements de différents courants et, s’intéressant particulièrement à la tradition Nyingma, en introduisit divers éléments dans les monastères Drikung. Ses écrits sont inclus dans les tantras Nyingma. Il fut terton et découvrit ainsi le Gongpa Yangzab sur le Dzogchen de la tradition nordique (tib. byang gter) dans la grotte de Kiri Yangdzong dans la vallée de Terdrom.

Ses deux plus jeunes fils, Gyalwang Konchog Rinchen (1590–1654) et Kunkhyen Rigzin Chödrak (1595–1659), furent les derniers denrab du clan Kurya. Le second fonda à Drikung une école d’astrologie et de divination et créa une des quatre traditions de la médecine tibétaine. Depuis leur mort, leurs réincarnations dirigent l’école, qui possède donc deux hiérarques (Drikung Kyabgon), l’« aîné » (Chetsang) et le « cadet » (Chungtsang). Le 2eChetsang, Konchog Thrinle Sangpo (1656–1718), fut à l’origine de la tradition picturale Driri.

Deux lamas importants du XVIIIe siècle furent Chungstang Thrinle Döndrup Chögyal (1704–1754) (Drikung Bhande Dharmarāja), auteur d’une synthèse de l’enseignement bouddhiste et le 4e Chetsang, Tenzin Peme Gyaltsen (1770–1826), auteur du recueil de biographies des hiérarques de Drikung Kagyu.

Drikung connut ensuite une période difficile car Konchog Thukje Nyima (1828–1885), le 5e Chetsang, fut en conflit constant avec le gouvernement.

En 1893, Tenzin Shiwe Lodrö (1886–1943) et Tenzin Chökyi Lodrö (1868–1906), respectivement 6e Chetsang et Chungtsang, reçurent à Lhassa le titre de hotogthu (lignée de réincarnations officiellement reconnue par la cour Qing) dont les Drikung Kyabgon portent depuis la coiffe dorée lors des occasions officielles.

Enseignements

Les pratiques principales de Drikung Kagyu sont Les Cinq Voies du Mahamudra et les six yogas de Naropa, en particulier le Phowa, qui permet de rester conscient durant le trépas en expulsant la conscience à travers la fontanelle, et de mettre à profit la période du bardo (intermédiaire entre la mort et la renaissance) pour renaître dans un état favorable au progrès spirituel.

Le fondateur Jigten Gonpo est l’auteur de L'Intention unique (tib. dgongs gcig) et L'Essence de l'enseignement mahayana (tib. theg chen bstan pa'i snying po).

Achi Chokyi Drolma, arrière-grand-mère de Jigten Gonpo, est une déité protectrice et un yidam de Drikung Kagyu, adoptée également par la branche Karma Kagyu. Elle est souvent représentée avec une coupe cranienne (kapala) dans la main gauche et un miroir dans la main droite.

Le Lama Konchog Tharchin Rimpoché, est le seul lama représentant la lignée Drikung Kagyu en France. Originaire du Ladakh, il réside au Centre Drikung Kagyu Rinchen Pal (http://drikung.kagyu.online.fr) en Ile-de-France depuis 1993.

Lhapa Kagyu

Lhapa Kagyu ou Lhanangpa, sous-branche de Drikung Kagyu fondée par Gyalwa Lhanangpa (1164 - ?), joua un role important au Bouthan à partir de 1194, mais en fut expulsée en 1640 /1641 en même temps que l’école Nenyingpa[3] pour s’être alliée avec les Tsangpa contre les Drukpa lors de leur invasion du Bouthan.

Références et notes

  1. Présentation du monastère – site officiel de Drikung Kagyu
  2. Dampa Sonam Gyaltsen (1312-1375) Mirror of the Royal Genealogies (rgyal rabs gsal ba'i me long)
  3. Dorji Sangay (Dasho), Kinga Sonam (trad.) The Biography of Zhabdrung Nga wang Namgyal: Pal Drukpa Rinpoche KMT Publications, 2008, Thimphu, Bhutan, pages 146-7 (ISBN 9993622400)

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