- Domaine archeologique de Mane-Vechen
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Domaine archéologique de Mané-Véchen
Le site archéologique du Mané-Véchen se situe à Plouhinec dans le Morbihan. Il domine sur un éperon rocheux, l'estuaire maritime de la rivière d'Étel. Ce site stratégique (militairement et commercialement est déjà occupé dès la période néolithique, comme en témoignent les nombreux mégalithes.
Durant la période gauloise, un important oppidum de l'âge du Fer du nom de "Veneto"(capitale de la cité des Vénètes) est établi sur un promontoire voisin au lieu-dit actuel de Vieux-passage, aujourd'hui repère des peintres de Hennebont. Mais ce n'est qu'à partir du IIe siècle que ce site est convoité par les romains (IIIe légion de Vincodunum, notamment). Ils s'y installent durant deux siècles, jusqu'à ce que leurs installations soient ruinées et incendiées par les invasions barbares et bretonnes des IVe siècle et Ve siècles. Cette zone est très perturbée à l'époque en raison de la densité d'occupation des peuples celtes (proximité des alignements mégalithiques de Carnac). Seule les réformes julio-claudiennes finiront par désenchanter les occupants. Aujourd'hui, on peut visiter les vestiges d'un important établissement romain. En cours de fouilles archéologiques et ouvert au public, cet ensemble constitue un des rares monuments antiques visitables en Bretagne. Les ruines constituent un parc archéologique vivant, ou chacun peut (durant l'été) aller à la rencontre des fouilleurs, qui font aussi office de guides. Le mobilier (vases, monnaies, armes, fibules, sculptures) est présenté tous les ans lors des journées du patrimoine (en septembre).
Sommaire
Le contexte antique
La région de Plouhinec est peu peuplée à l'époque romaine. On se situe alors aux marges de l'empire, là où l'effort de civilisation des peuples barbares est réduit. Seule la proximité avec les îles britanniques et leurs gisements de plomb incitent les Romains à s'y établir. Le manque de points culminants prive les légions de sécurité. La puissance vénète (peuple gaulois de la région de Vannes) vient d'être écrasée par la flotte de Jules César au cours d'une bataille navale en 56-55 avant J.-C. On ignore où se situe l'emplacement exact de cette bataille, mais les historiens pensent qu'elle a eu lieu dans le golfe du Morbihan, en raison des îles décrites dans la Guerre des Gaules (liv. III). Des pêcheurs ont trouvé des indices intéressants entre Er Runio et Le Grand Veizit. Après cette victoire, la flotte cherche une base stratégique dans les environs afin d'y passer l'hiver et de réparer les navires.
Des villes sont fondées : Nostang (thermes, maisons), Carnac (thermes de Légenèse, villas au Bosséno), Locmariaquer (temple, forum, théâtre) et Vannes (Darioritum : capitale avec forum, cirque, thermes, port...). Cette dernière est choisie pour y recevoir les vétérans de Claude, vainqueurs de la Mauritanie. Après de deux siècle d'occupation, la région de Vannes est bien romanisée. Les occupants en profitent pour installer leur flotte un peu plus loin (rade de Lorient, rivière d'Étel...) C'est ainsi que des établissements comme Mané Véchen sont fondés.
Une villa
Pendant longtemps, depuis les fouilles de 1970 et jusqu'en 2006, les archéologues nous présentaient une villa, telle qu'on en rencontre dans les campagnes romaines. Ils n'avaient pas encore réfléchis au rôle de la villa qui est de produire des céréales pour Rome. Vous verrez par vous-même en visitant le site, que la configuration actuelle des lieux ne laisse pas place aux activités agricoles. Ils expliquaient ses particularités de par son caractère maritime. Depuis 2006, les archéologues et la presse locale ont fait part de leur étonnement croissant. Au fur et à mesure que la fouille avance, on découvre de nouveaux éléments. Le nom du propriétaire est aujourd'hui connu par une inscription conservée au musée de Bretagne. Il s'agit d'un riche romain qui contrôlait les activités maritimes de la Bretagne : En quelque sorte : un QG : un ensemble de bâtiment où les chefs discutaient stratégies commerciales et militaires.
pinces de forgerons;des activités de boucherie à grande échelle : os de bœufs, moutons, porcs, potences, couteaux;des activités militaires : armes et fibules de guerriers;des loisirs : pions de jeu, osselets...La grande cour présente la particularité de ne comporter aucun éléments d'agrément : pas de bassin. Ce que les archéologues espéraient être une fontaine ne s'est pas confirmé en raison de l'absence de canalisations pour y amener de l'eau. Les nombreuses traces de trous et de tranchés évoquent plutôt des activités de campement, plutôt qu'un agréable jardin ombragé et agrémentés de fontaines et de fleurs, tel que l'on peut en voir à Pompéi, Herculanum.
Une autre hypothèse
une magnifique statue a été découverte. Elle figure un dieu et une déesse (probablement Mars et Junon) deux divinités classiques en Gaule, toute deux associée à la guerre. Dans l'une des salles 'le bâtiment principal, une cachette creusée dans le rocher a été découverte. Elle abritait probablement les revenus des locataires. Plusieurs vases ont été découverts, replis de de monnaies. On est ici en présence d'une accumulation régulière d'argent et de biens (il pourrait s'agir d'un butin de guerre, pillé dans les campagnes gauloises, et accumulé dans cet espace bien gardé. Associées à la découverte d'armes, de fondations de tours, de casernements, ces observations laissent penser que Mané-Véchen était un fortin militaire dans l'antiquité. L'entrée s'effectuait au nord par un système proche des forteresses médiévales. Au centre, les importantes fondations pourraient être celles d'un petit phare, permettant de guider les navires et les aider à franchir la barre d'Étel. Les difficultés de navigation sont telles, qu'un sémaphore spécial a du être construit au XXe siècle pour guider les bateaux à travers les bancs de sable et les courants. Une des tours (ouest) a été aménagée en grenier durant la pax romana (période de paix). Elle permettaient de stocker un nombre important de denrées pour nourrir la garnison. (Une telle capacité de stockage s'expliquait difficilement dans le cadre d'une villa, car dépassant alors largement les besoins requis). Des thermes ont été construits à l'écart (organisation similaire à la forteresse de Jublains). Les plongées sous-marines permettent régulièrement la découverte d'amphores au large du site. Elles signalent le possible mouillage d'une flotte de guerre. D'ailleurs, le site n'est pas fortifié à l'est, car on suppose qu'il y avait en cet endroit un port. De plus, les falaises (beaucoup plus hautes à l'époque mais érodées) servaient de rempart naturel. Divers trous de piquets dans la cour laissent supposer une implantation saisonnière de tentes d'appoint, probablement durant les périodes de guerre.
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