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Dyirbal
Le dyirbal (ou djirubal) est une langue aborigène d'Australie, qui n'est plus parlée que par quelques locuteurs (cinq environ ?) dans le nord du Queensland. C'est un membre de la petite branche dyirbalienne de la famille Pama-Nyungan.
Le dyirbal, qui comptait encore vraisemblablement au moins 5 000 locuteurs au début du XIXe siècle, possède de nombreuses caractéristiques exceptionnelles qui l'ont rendu célèbre parmi les linguistes. Il a été notamment étudié par le linguiste australien R. M. W. Dixon.
Sommaire
Phonologie
Le dyirbal n'a que quatre lieux d'articulation pour les consonnes glottales et nasales, c'est-à-dire moins que la plupart des autres langues aborigènes australiennes, qui en ont six ; ceci du fait que le dyirbal ne fait pas la différence entre les dentales et alvéolaires, qui est typique de ces langues. Comme la plupart des langues australiennes, il ne fait pas de distinction entre consonnes voisées (comme b, d, g...) et non voisée (leurs correspondances respectives p, t, k...) L'orthographe standard note les consonnes voisées, ce qui semble avoir la préférence des locuteurs de la plupart des langues australiennes, car les sons en question (souvent semi-voisés) sont plus proches des sons b, d, g de l'anglais que des aspirées p, t, k.
Le système vocalique du dyirbal, typiquement australien, possède les voyelles : /i/, /a/ et /u/, bien que /u/ possède une réalisation /o/ dans certains contextes et que /a/ se réalise parfois comme [e]. Ainsi le recensement des sons effectifs est plus grand que l'inventaire des phonèmes ne le suggèrerait. L'accent tonique tombe toujours sur la première syllabe d'un mot, et habituellement sur les syllabes d'ordre impair qui suivent, à l'exception de la dernière, toujours non accentuée. Le résultat est qu'il n'existe pas de syllabes consécutives accentuées.
Consonnes (en API) Bilabiale Alvéolaire Alvéo-palatale Rétroflexe Vélaire Glottales p t c k Nasales m n ɲ ŋ Latérales l Roulées r Battues ɽ Spirantes j w Grammaire
Le dyirbal est surtout connu pour son système de classes nominales, au nombre de quatre au total. Elles ont tendance à se répartir en fonction des traits sémantiques suivants :
- I - objets animés, hommes
- II - femmes, eau, feu, violence
- III - fruits et légumes comestibles
- IV - divers (inclut les concepts ne pouvant être regroupés dans les trois premières classes)
La classe habituellement dénommée « féminine » (II), par exemple, inclut les mots désignant le feu ou ayant rapport avec le feu, ainsi que toutes les créatures et phénomènes dangereux. Ceci a inspiré le titre du livre de George Lakoff, Women, Fire and Dangerous Things (« Femmes, Feu et Choses dangereuses »). Certains linguistes effectuent une distinction entre de tels systèmes de classification et la division en genres masculin, féminin et parfois neutre qu'on trouve par exemple dans les langues indo-européennes.
Le dyirbal présente un système de « fracture d'actance » (anglais split-ergativity). Les phrases avec un pronom à la 1re ou à la 2e personne voient leur argument verbal marqué casuellement selon un schéma qui imite les langues dites accusatives. Le pronom à la 1re / 2e personne apparaît au cas le moins marqué lorsqu'il est sujet (sans égard à la transitivité du verbe), et au cas le plus marqué lorsqu'il est objet direct. Ainsi le dyirbal est morphologiquement une langue accusative aux deux premières personnes, et ergative dans les autres cas ; pourtant, syntaxiquement, il constitue bien une langue ergative.
Tabous
Il existait dans la culture dyirbal un système de tabous d'une grande complexité. Il était interdit à quiconque de parler avec sa belle-mère, son beau-fils ou sa belle-fille, les enfants de la soeur de son frère ou du frère de sa mère, ainsi que d'approcher ou de regarder directement ces personnes. De surcroît, lorsque quelqu'un se trouvait à portée de voix d'un parent « tabou », il devait utiliser une forme spéciale et complexe de la langue, basée pour l'essentiel sur la même phonétique et la même grammaire, mais avec un lexique ne partageant aucun mot avec la langue non-taboue. Ce phénomène, généralement regroupé sous le terme de « langues de belle-mères » (anglais mother-in-law languages) était courant parmi les langues indigènes d'Australie. Il a existé jusque vers 1930, où le système des tabous est sorti de l'usage.
Bibliographie
- (en) Dixon, R.M.W., The Dyirbal language of North Queensland, (Cambridge Studies in Linguistics, 9), Cambridge University Press, 1972
- (en) Schmidt A., Young People’s Dyirbal: An Example of Language Death from Australia, Cambridge University Press, 1985.
- (en) Lakoff, George, Women, Fire and Dangerous Things (What Categories Reveal about the Mind), University of Chicago Press, 1987 (ISBN 0-226-46804-6).
Liens externes
- (en) Notes sur le dyirbal, illustrant la notion de « langue de belle-mère »
- (en) Introduction au dyirbal
- (en) Le dyirbal sur ethnologue.com
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dyirbal language ».
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