- Dañs tro
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La dañs tro, dañs a-dro ou gavotte est une famille de danses traditionnelles de Basse-Bretagne.
Leur style en tient au maintien, les danseurs étant fermement liés en se donnant les bras sur la hanche ou plus haut (Fisel), en se tournant légèrement vers la gauche. Il en résulte une suspension verticale des danseurs, une petite trépidation verticale des mains, une légère oscillation naturelle de la ligne de danse. La suspension verticale est moins importante qu'en Fisel et varie selon la progression horizontale. Par exemple, les gavottes qui se sont ouvertes en chaîne comme la gavotte de Brasparts progressent plus et la suspension verticale en est d'autant moins importante. On observe une très légère oscillation naturelle de la ronde. Certains la provoquent consciemment.
Le style de l'accompagnement musical (kan ha diskan ou couple de sonneurs) colle à la danse.
Sommaire
Appellation et étymologie
Le nom « gavotte » est en fait impropre ; il n' y a aucun rapport entre la gavotte de tradition française et la danse pratiquée en Bretagne sous ce même nom. En effet, contrairement à l'an-dro, aux laridés et ridées, aux ronds de Landéda et de Loudéac, les gavottes ne dérivent pas des branles de la Renaissance française, mais probablement des trihoris anciens d'influence bretonne, tout comme le kost ar c'hoad. Ce terme abusif de gavotte a été employé par des observateurs étrangers à la région qui y ont vu des ressemblances avec ce qu'ils appelaient gavotte. Mais le mot est rapidement passé en breton (gavotenn), et dès la fin du XVIIIe siècle, il est attesté dans la région de Quimper. Toutefois, les terroirs de la montagne n'emploieront longtemps que le terme de dañs tro (ronde).
Décomposition
Les gavottes sont généralement dansées dans une suite composée de trois parties, chacune ayant son propre motif musical et son propre tempo :
- ton simpl (également appelé ton kentañ, « premier "temps, ou ton berr, « temps court »), d'exécution rapide
- tamm kreiz (« morceau » du milieu, appelé aussi tamm diskuizh, temps de repos, ou bal), promenade lente composée d'une marche entrecoupée de figures plus vives
- ton doubl (également appelé ton diwezhañ, « dernier temps» ou ton hir, « temps long »), rapide (mais d'exécution souvent plus vive et plus dynamique sur la première partie) avec un phrasé musical souvent redoublé
Le ton doubl peut être remplacé ou suivi par un ton tripl mais cela est assez rare.
Il existe cependant des suites de gavottes qui ne suivent pas cette décomposition mais associent une gavotte à un bal 8, à un jabadao, à une suite de bals (à 2, à 4 et à 8).
Structure du pas
Les gavottes proprement dites (ton simpl et ton doubl) comportent 8 temps et divergent par :
- la présence d'une subdivision ou non, la subdivision variant selon les temps auxquels elle se produit (en 3-et-4, en 4-et-5, en 5-et-6) et son style : irrégulier, petits pas, pause, pause avec un appui fictif (pas dit de repos, ie l'ancien pas des femmes en Poher), en sursaut/frapper/changement d'appui (gavotte de Calanhel)
- le style du pas : en progression linéaire, avec des broderies (gavotte de l'Aven, gavotte Pourlet), sautillant (Châteauneuf-du-Faou), aéré (Fisel)
- le temps ou le pied de départ : normalement le pied gauche, mais plusieurs gavottes (par exemple la gavotte de Braspart) démarrent du pied droit
- la figure du bal : simple ou avec changement d'appui
- l'accompagnement musical : un couple de sonneurs (biniou/bombarde) ou un couple de chanteurs de kan ha diskan
Les gavottes se dansaient généralement en rond (certaines se sont par la suite ouvertes en chaîne comme la gavotte de Brasparts) mais quelques unes se dansent à quatre : gavotte de l'Aven, de Châteauneuf-du-Faou. Il existe même une gavotte en couple, celle de la suite glazik.
La deuxième partie de la suite est une ballade entrecoupée d'un bal sur le refrain. Il existe plusieurs bals :
- le bal dit ancien, où cavalier et cavalière se tournent l'un vers l'autre et effectuent une série de posés croisés alternativement vers l'intérieur et vers l'extérieur
- le bal dit de Poullaouen, collecté par Loeiz Roparz, utilisé en pays Dardoup et dans le Poher, où cavalier et cavalière se tournent l'un vers l'autre puis effectuent un pas de quatre vers la cavalière puis vers le cavalier sur la ligne de danse
- le bal du pays Calanhel
- le bal moderne, c'est une évolution introduite par le cercle de Berlien dans les années 1950 qui voit les danseurs poser légèrement le pied en avant en accompagnant le geste d'un léger mouvement de bras, avec ou sans changements d'appuis
- le bal de la gavotte du pied droit, figure en pas de quatre vers le centre du rond
D'autres gavottes ont des bals plus complexes (bal Fisel, bal à 8 de la gavotte Dardoup) ou comprennent une succession de bals (bals de Aven, bals de la suite de Châteauneuf-du-Faou, bals de la suite Glazik).
Évolution
Originellement en ronde, la gavotte a évolué en chaine ouverte d'abord, puis en chaine de plus en plus courte (plusieurs chaines dans la même salle). Quand les collectages l'ont surprise on trouvait la gavotte sous ces différentes formes suivant les lieux. En centre Bretagne la ronde originelle (Calanhel, Fisel, Poher, kost er hoet). En ronde fermée et chaine ouverte en pays Dardoup, avec des chaines jusqu'à deux couples. Dans le pays de l'Aven, la forme est la quadrette, courte chaine de deux hommes encadrant deux femmes. Dans le Cap, en pays Glazik et en pays Bigouden on dansait la gavotte en couple.
Il peut être intéressant de mettre en relation cette évolution avec l'accompagnement musical. Là où les chanteurs avaient une grande importance la forme a peu évolué ; le public concentré sur l'histoire se préoccupait peu de se démarquer, de 'faire le beau'. Il est intéressant aussi de voir la géographie. Plus on se rapproche de Quimper, "la grande ville" et plus la danse a évolué, jusqu'à introduire des figures de contredanses dans le bal et le ton double ("jabadao"). Voir aussi comment d'autres formes en ronde ont évolué différemment (An dro ou en dro en Kas a-barh).
Accompagnement musical
L'accompagnement musical varie selon les terroirs.
L'accompagnement le plus remarquable est le kan ha diskan (chant alterné), originellement pratiqué dans la ronde. Un "ton" simple ou double durait le temps de la chanson et il n'y avait pas de changement d"air" en cours de route, l'intérêt résidant dans les paroles et bien sûr dans le tempo.
En pays fisel et fañch, la clarinette (treujenn gaol ou tronc de choux) est utilisée en couple sur le modèle du kan ha diskan, les instrumentistes se répondant l'un l'autre . La clarinette permet de s'approcher assez finement des subtilités du chant.
Le couple biniou-bombarde accompagne également les danseurs de gavottes. Dans la montagne, ou le kan ha diskan règne en maitre, les sonneurs n'étaient invités que rarement, principalement en raison de leur coût. On pouvait néanmoins les faire venir pour les grandes occasions comme les mariages. Au contraire, biniou et bombarde sont l'accompagnement privilégié dans le sud de la Cornouaille. Dans toute cette région, les sonneurs ont développé une grande virtuosité. Les morceaux sont alors souvent des pots-pourris, enchainant quantité d'airs, comme dans le cas de la gavotte Pourlet, dans les gavottes de l'Aven ou la suite bigoudène.
Dès son introduction en Bretagne, l'accordéon a été adopté. C'est ainsi que dans les années 1930, Yves Menez de Scrignac invente le swing gavotte à l'accordéon chromatique !
Aujourd'hui, on trouve tous les instruments que le revival a apporté : accordéon diatonique, guitares, flûte traversière et autres, joués plutôt en formation.
Voir aussi
Références
Jean-Michel Guilcher, La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, MOUTON 1963, réédité 4 fois depuis.
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