- Cyrille (Jérusalem)
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Cyrille de Jérusalem
Pour les articles homonymes, voir Cyrille.Saint Cyrille de Jérusalem Docteur de l'Église Naissance 315 ? Décès 386
JérusalemFête le 18 mars Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint Cyrille de Jérusalem (v. 315 ? - 386) est un Père de l'Eglise. Fêté le 18 mars.
Il est révéré comme saint tant par les orthodoxes que par les catholiques. En 1883, il est proclamé Docteur de l’Église par le pape Léon XIII.
Sommaire
Contexte historique : des persécutions aux querelles schismatiques
Parler de Cyrille de Jérusalem, comme de tout Père de l’Eglise, requiert de remonter à l’époque des premiers chrétiens et surtout des persécutions. Ces dernières se font plus violentes dès 250 avec les persécutions de l'empereur Dèce, où le pouvoir prend dès lors lui-même l'initiative de poursuites généralisées et de recherches systématiques. Malgré tout, en ce IIIe siècle, l’Eglise regroupe dans toutes les provinces de l’Empire romain un grand nombre d’individus, et les communautés sont devenues de véritables puissances.
Très conservateur dans le domaine culturel et religieux, Dioclétien, quant à lui, s’en prend à toutes les religions ou doctrines qui pourraient porter atteinte aux antiques croyances de Rome, et donc particulièrement aux chrétiens : par quatre édits successifs (303-304), il interdit les assemblées chrétiennes, prévoit la destruction des églises et des livres saints, prive les chrétiens de leurs droits civiques et impose à tous l’obligation de sacrifier aux dieux païens. Jusqu’en 311, l’application de ces édits se fait de façon particulièrement violente, surtout en Orient.
Dès l’abdication de Dioclétien, en 305, alternent persécutions et tolérance, car le christianisme devient l’enjeu des luttes pour le pouvoir que se livrent les maîtres d’un Empire divisé. Pour se ménager les chrétiens de plus en plus nombreux, les deux augustes Constantin (Orient) et Licinius (Occident) accordent la liberté religieuse dans l'Empire : c'est ce qu’on appelle l’édit de Milan (13 juin 313). Le christianisme tend donc à devenir religion d’état.
Dans ce contexte de calme apparent, le christianisme est déchiré par de multiples querelles schismatiques, que des conciles successifs tentent en vain de supprimer. Arius, en 321, divise le monde chrétien en niant la nature divine du Christ, donnant naissance à l’arianisme. Cette nouvelle hérésie s’étend peu à peu à tout l’Orient et trouve des appuis auprès des chrétiens et mêmes des évêques. Constantin, soucieux de l’unité de son Empire, convoque tous les évêques en concile œcuménique à Nicée en 325. Il y est déclaré que le Fils est « de même substance » que le Père ; Arius sera donc condamné par 300 évêques sur 318.
Ces décisions conciliaires ne rallient pas tous les chrétiens et la suite des événements montre que le problème de l'arianisme est cependant loin d'être résolu. La vie de Cyrille de Jérusalem en est un parfait exemple.
Biographie
Cyrille avait douze ans quand, sur ordre impérial, les évêques se rendirent à Nicée. Nous ne savons rien de ses parents et nous connaissons mal sa jeunesse. Il est ordonné prêtre par l’évêque de Jérusalem vers 343. Ce dernier lui demande, en 348, de prêcher l’instruction aux futurs baptisés. Il est, vers 350 selon Saint Jérôme , ordonné évêque de Jérusalem, rôle important car depuis le concile de Nicée, l’épiscopat de Jérusalem est prééminent sur les autres sièges épiscopaux de Palestine.
Mais cette nomination suscite la jalousie d’Acace, évêque de Césarée, de confession arienne et soutenu par l’empereur Constance. Celui-ci accuse injustement Cyrille, devant une assemblée d’évêques réunie à son initiative, de dilapider les biens de l’Eglise et surtout de confondre les trois personnes de la Trinité en une seule. Cyrille est déposé en 357 et s’exile à Antioche puis à Tarse où il se rapproche des homéens qui affirment que le Fils est simplement « semblable » au Père. Grâce à ce groupe, il est réhabilité au concile de Séleucie en 359.
En 360, lors du concile de Constantinople, Acace condamne les homéens et Cyrille s’exile de nouveau. Il rentre à Jérusalem en 362, profitant d’une décision de Julien l’Apostat qui cherche subtilement à diviser les chrétiens afin d’évincer ces derniers et de réhabiliter les cultes païens. Les empereurs se succèdent. Cyrille, après cinq années dans son diocèse, est exilé par Valens soutenant l’arianisme et condamnant les évêques fidèles aux décisions de Nicée. Il sera éloigné de l’Eglise de Jérusalem pendant onze ans : il ne retrouvera véritablement Jérusalem qu’en 379 grâce à l’empereur Gratien qui rappelle tous les évêques bannis.
En 381, Cyrille sera reconnu officiellement évêque légitime de Jérusalem par ses pairs au concile de Constantinople ; ceux-ci écriront même au pape Damase : « nous reconnaissons depuis longtemps comme évêque [de Jérusalem] le très vénérable et très pieux Cyrille, qui a été élu jadis selon les règles par les évêques de sa province et qui, en divers temps, a beaucoup lutté contre les ariens ».
Il meurt en 386 après trente-huit années d’épiscopat, ne laissant derrière lui qu’une œuvre, ou plutôt recueil de ses prédications : les Catéchèses.
Œuvre : Les Catéchèses
Clavis Patrum Græcorum 3585--3618
Généralités
Cyrille est connu principalement (pour ne pas dire uniquement) par ses vingt quatre Catéchèses baptismales : procatéchèse et dix-huit homélies destinées aux futurs baptisés pendant le temps du Carême et cinq homélies dites catéchèses mystagogiques, destinées aux nouveaux baptisés durant la semaine pascale.
cette œuvre a été plusieurs fois publiée, notamment par dom Antoine-Augustin Touttée et dom Maran, à Paris, 1720, in-folio, grec-latin ; par W-K Reischl et J. Rupp, à Munich, 1848 et 1860, 2 volumes in-8, et par l’abbé Jacques-Paul Migne dans le vol. 33 de sa Patrologie, 1857-1860. Les Catéchèses ont été traduites en français par Grandcolas, 1715.
Vraisemblablement, il prêcha ses catéchèses alors qu'il était encore prêtre ou au début de son épiscopat, dans l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem.
- Cette œuvre constitue un témoignage pour l’histoire de la liturgie, en particulier pour la connaissance des cérémonies du baptême au milieu du IVe siècle à Jérusalem et de son temps de préparation, à savoir le carême.
- Cette œuvre nous permet également de connaître le Credo de Jérusalem à cette époque.
- Cette œuvre nous permet de parcourir, au fil des prédications, les principaux lieux de la basilique de Constantin : le martyrium, l’anastasis et l’atrium.
Plan
- Pour introduire ses conférences catéchétiques, Cyrille montre aux nouveaux candidats l’importance du sacrement du baptême auquel ils se préparent (procatéchèse), sacrement qu’il présente de manière générale tout d’abord (1-5).
- Une telle préparation suppose une lecture assidue des Ecritures et une réflexion sur les différents articles de foi, commentaire simple et direct du credo (6-18).
- Après avoir vécu les sacrements de l’initiation (baptême, confirmation, eucharistie), Cyrille propose à ceux qui viennent d’être illuminés une initiation aux mystères (19-23).
Ainsi achevées, ces conférences catéchétiques permettent donc aux nouveaux chrétiens d’avancer en toute sécurité sur le chemin de la foi :
« Nous avons besoin de la grâce divine, d’une sage perspicacité et d’yeux bien ouverts, afin de n’être pas victimes de notre ignorance, en mangeant de l’ivraie pour du blé […] » (Cyrille, Catéchèses, 4)
Références
- Maurice VERICEL, Cyrille de Jérusalem, Paris, Les éditions ouvrières, 1993.
- CYRILLE DE JERUSALEM, Les Catéchèses baptismales et mystagogiques, coll. Les Pères dans la foi, Paris, Migne, 1993.
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