- Culte imperial
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Culte impérial
Le culte impérial est une manière d'habituer les habitants de l'Empire, si dissemblables par la culture et les croyances à respecter le pouvoir de Rome à travers un empereur divinisé. Des cérémonies sont organisées en l'honneur de l'empereur. C'est l'occasion pour la communauté de se retrouver dans des processions devant des sacrifices, des banquets et toutes sortes de spectacles.
Sommaire
Auguste et l'instauration du culte impérial
La fonction de grand pontife procure aux empereurs un caractère sacré. De plus dans les croyances populaires, Scipion l'Africain, Marius et Sylla avaient un caractère divin. César a développé autour de lui une légende de divinité prétendant descendre de Vénus et d'Énée. Dès le début de l'Empire, Auguste (-27-+14) met en place le culte impérial. Il fait diviniser César et ainsi, en tant que son héritier, il s'élève ainsi au-dessus de l'humanité. Il se dit fils d'Apollon. Il utilise l'iconographie et les écrivains de son temps Virgile et Horace à des fins idéologiques. Les lettres et les arts ainsi sont mis au service de la propagande augustéenne[1]. Il associe aussi toute la communauté au culte des ses ancêtres devenant ainsi le père de tous, d'où son titre de père de la patrie. Auguste refuse d'être divinisé de son vivant. Il laisse cependant se construire des autels des temples qui lui sont consacrés surtout dans l'Orient habitué à considérer ses souverains comme des dieux vivants, à condition que son nom soit associé à celui de Rome divinisé. A Rome, en Italie et dans les camps militaires, on rend hommage à son Genius et à son nom, le numen. Le culte impérial se pratique ici dans des formes proprement romaines. Le mouvement se poursuit après sa mort. Tibère (14-37), son successeur, développe le culte d'Auguste qui a été divinisé officiellement en recevant l'apothéose. Il crée une nouvelle classe de prêtres, les sodales augustales pour rendre les honneurs divins à Auguste et à la famille des Jules. Ce corps était composé de vingt et un membres choisis dans les principales familles de Rome[2]. Le sénat joue un rôle important dans la divinisation des empereurs. C'est en effet lui qui décide si le défunt est bon et digne de l’apothéose.
A partir de Caligula (37-41), tous les empereurs se placent sous les auspices d'un dieu. Caligula, Néron (54-68), Domitien (81-96) sont des empereurs particuliérement mystiques. Très influencés par les courants messianiques venus d'Orient, ils tentent de leur vivant de se faire reconnaître comme des divinités. Ces initiatives restent cependant sans lendemain et après leur mort ces empereurs sont considérés comme des tyrans et voient parfois, comme pour Domitien, leur mémoire condamnée. En revanche Claude reçu l'apothéose. Comme Auguste, ils ont leur clergé spécialisé. Les sodales augustales deviennent les Augustales Claudiales. A la mort de Vespasien (69-79) sont créées les sodales Flaviales, qui deviennent Flaviales Titiales après la mort de Titus (79-81)[3].
Le culte est aussi une manifestation de l’amour pour le roi et de l’admiration pour sa stature. Lors d’une maladie de Caligula, des Romains vouent leur vie pour sa guérison. Les objets de la vie quotidienne sont volontiers ornés d’images qui honorent l’empereur ou sa famille. D'innombrables textes épigraphiques affirment l’attachement au prince[4].Les évolutions du culte impérial au second siècle
Les Antonins font progresser la religion impériale pour des raisons essentiellement politiques. Pline souligne que comme Jupiter, l'empereur Trajan (98-117) porte les noms d'optimus et maximus. Dion de Pruse, un célèbre orateur développe l'idée que Zeus ne s'occupe que du ciel et que son délégué sur la terre est l'empereur. Hadrien (117-138) est assimilé en pays grec à Zeus Olympios. La tendance à la divinisation des empereurs de leur vivant s'affirme donc. Leur caractère extraordinaire est accentué par l'habitude des Antonins de diviniser après leur mort les membres de leur famille. Trajan, fils adoptif de Nerva (96-98), fait diviniser son père naturel après sa mort. Hadrien et Antonin (138-161) font de même après la mort de leurs épouses Sabine et Faustine[5]. Le culte officiel s'organise. L'idéologie impériale revêt des aspects plus philosophiques. L'empereur doit sa réussite à son mérite (Virtus) et à la protection divine[6]. À Rome, une statue des empereurs divinisés par le Sénat est placée dans le temple des divi. Un corps de prêtres leur est dévolue, les sodales Hadrianales, après Hadrien et les sodales Antoniniani, après Antonin . C'est le dernier collège de ce genre créé; il est ensuite chargé du culte de tous les empereurs après Antonin. On ajoute donc un nouveau nom aux sodales Antoniniani à chaque nouveau Divus, d'où les noms de sodales Antoniniani Veriani, sodales Mariani Antoniniani, sodales Aureliani Antoniniani... qui se rencontrent dans les inscriptions[3]. Au niveau des provinces, le culte impérial est à la charge du concilium provincae, un conseil où chaque cité de la province envoie des représentants[7]. Il peut être aussi organisé dans certaines subdivisions de provinces. Dans les municipes, un flamine d'Auguste est choisi parmi les décurions. Des collèges d'hommes de condition plus humble, sujets de l'Empire ou affranchis (les seviri augustales) sont aussi associés au culte impérial. Il n'est pas rare de voir des particuliers rendre hommage à l'empereur dans leurs foyers.
Cependant, il est fort peu probable que les habitants de l'Empire aient vraiment cru que l'empereur était véritablement un Dieu. Il s'agit plus d'adulation que de croyance. Il n’existe d'ailleurs pas un seul ex-voto à la divinité des empereurs pour les remercier d'une guérison ou autre. Dans les lettres privées, l’en-tête est généralement placé sous l’invocation de quelque divinité, qui n’est jamais l’empereur. Les sacrifices de son culte ne sont d'ailleurs pas offerts au prince en personne mais à un dieu pour le salut du prince ou de l'Empire. Qualifier de dieu un homme est donc une hyperbole, mais non une absurdité[4].
le culte impérial aux IIIe et IVe siècles
Au IIIe siècle, l'idéologie impériale évolue. Les empereurs jouent, pour les habitants de l'Empire, le rôle d’intermédiaire entre entre les hommes et les dieux. Dans l'idéologie officielle, il est le seul qui peut assurer la prospérité et la tranquillité de l’empire. Les marques de dévotion des sujets sont très fortes: dédicaces épigraphiques et monumentales, prosternation devant sa personne ou sa statue, jeux périodiques en son honneur[8]... En Afrique proconsulaire, la dynastie des Sévères, originaire de cette province est particulièrement adorée. Mais vers le milieu de IIIe siècle, les marques de dévotion vis-à-vis de la religion impériale semblent baisser. L'empire est dans cette période touché par des périodes de guerre atroce et de récession économique. Plus inquiets de leur situation et n’ayant plus confiance à la divinisation de la personne impériale, les Africains se mettent à pratiquer ouvertement d'autres religions comme le Christianisme. Or les chrétiens et les juifs par exemple sont réfractères aux cérémonies officielles en l'honneur de Rome ou du Genius de l'Empereur qui exigeaient de sacrifier. Le pouvoir y voit une marque de rébellion et ceux qui refusent d'y participer sont assimilés à des traitres.
Dans le troisième quart du IIIe siècle, Aurélien (270-275) rénove l'idéologie impériale pour la mettre au service d'un pouvoir absolu de droit divin. Il pense que son pouvoir ne vient pas de ses victoires ou de ses soldats mais de Dieu. C'est le premier empereur à professer une croyance monothéiste, quoique non-chrétien. Il organise à Rome le culte du soleil, Sol Invictus[9]. Sur ses monnaies, on peut trouver l'inscription deus et dominus natus.On peut donc voir que le culte impérial a évolué progressivement pour transformer l'empereur en dieu vivant. Ceci a aussi pour but de donner à l'empereur une autre légitimité que celle des victoires militaires[10].
Constantin (306-337) se présente comme chrétien après 324, s'étant sans doute converti en 312. Mais il reste grand pontife et continue à favoriser le culte impérial tout en soutenant la religion chrétienne. Le cérémonial romain du IVe siècle continue à exiger de s’agenouiller aux pieds de son souverain. Le culte impérial semble toujours indispensable pour exprimer la loyauté des habitants de l’Empire et leur unité autour de l’empereur.
voir aussi
Références
- ↑ Paul Petit, Yann Le Bohec, Le Haut Empire, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
- ↑ DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES ROMAINES ET GRECQUES, Anthony Rich (3e ed. 1883)
- ↑ a et b Histoire romaine, Article Sodales Augustales - Daremberg et Saglio (1877)
- ↑ a et b Paul Veyne, « Qu'était-ce qu'un empereur romain », Diogène, n°199, 2002/3. [lire en ligne]
- ↑ Paul Petit, Histoire générale de l'Empire romain, T. 1: Le Haut-Empire, Seuil, 1974, p 181
- ↑ Paul Petit, p 181
- ↑ PROVINCIAE BRITANNIAE
- ↑ Migration nom de domaine
- ↑ M Christol et D nony, des origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974, p 199
- ↑ Christol et Nony, Des Origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974, p. 212.
Liens internes
Bibliographie
- Georges Gensane, 99 questions sur la Rome antique, CRDP, 1992
- Paul Petit, Histoire générale de l'Empire romain, Tome 1-le Haut-Empire, Le Seuil, 1974
- M Christol et D Nony, des origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974.
liens externes
- Le temple du culte impérial de Vienne
- Résumé d'une thèse sur Le culte impérial en Afrique Proconsulaire au troisième siècle
- Le culte impérial en Gaule romaine
- L'apothéose à Rome
- la mise en place du culte impérial
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