- Crisbecq
-
Batterie de Crisbecq
La batterie de Crisbecq (aussi appelé batterie de Marcouf) est l'une des batteries côtières allemandes du mur de l'Atlantique qui fut active pendant le débarquement de Normandie en juin 1944. Située au nord de la plage d'Utah Beach, sur la commune de Saint-Marcouf (département de la Manche), au nord-est de la presqu'île du Cotentin, elle opposa une forte résistance et ne fut prise par les Américains que plusieurs jours après le jour J.
Une autre batterie côtière, la batterie d'Azeville, de portée moindre, se trouvait à proximité sur la commune d'Azeville et avait son poste de tir sur le site de la batterie de Crisbeq (d'où le nom quelquefois donné au deux batteries de canons de Marcouf).
Sommaire
Seconde Guerre mondiale
Construction et armement
La batterie de Crisbecq était située au dessus du hameau de Crisbeq, à 2800 mètres de la mer, sur une crête. Ce point offrait une vue sur toute la côte de Saint-Vaast-la-Hougue au nord jusqu'à Grandcamp au sud-est. Sa construction débuta en 1942 et elle n'était pas encore achevée en juin 1944. Construite par l'organisation Todt, il s'agissait d'une batterie de marine (MKB, Marineküstenbatterie) placée initialement sous le commandement de la Kriegsmarine mais qui courant 1943 comme les autres batteries côtières situées loin des grands ports passa sous le commandement de l'armée[1]. Mais bien que rattachée au 121e régiment d'artillerie côtière, elle continua d'être opérée par du personnel naval[2].
C'était la plus puissante batterie côtière de la baie de Seine[1] en dehors de celles des ports de Cherbourg et du Havre. Elle était initialement équipée de 6 canons de 155 mm mais ceux-ci furent déplacés à Fontenay-sur-Mer[2] et remplacés par 4 plus modernes et plus puissants canons Skoda K39/40 de 210 mm d'une portée de plus de 30 km[2]. Au moment du débarquement, seuls deux de ces canons étaient protégés par d'imposantes casemates en béton armé de type 638 qui autorisait un angle de tir de 120°, le 3e canon était peu protégé et le 4e non encore installé. Les autres casemates étaient en construction mais les bombardements alliés réguliers depuis avril 1944 avaient sérieusement retardé leur construction[2]. La vitesse de tir de ces canons était assez lente car ils devaient être abaissés à un angle de 8° pour être rechargés ce qui obligeait ensuite à recalculer l'angle de tir[2]. L'embrasure de tir devait être protégée par une plaque de blindage mobile mais celle-ci n'était pas encore installée lors du débarquement[2]. La batterie de Crisbecq était protégée par six canons antiaériens français de 75 mm et trois de 20 mm, l'un étant situé sur le toit du bunker de tir. Environ soixante-dix mitrailleuses étaient disposées sur le site dans des tobrouks, des trous fortifiés reliés par des tranchées ou des galeries. La batterie était entourée par une clôture de barbelés et un champ de mines. Il existait des bunkers pour le personnel et les munitions. Le site abritait également le poste de tir de la batterie d'Azeville, située 2 km au sud-ouest mais qui n'avait de visibilité sur la côte.
La batterie était servie et protégée par une garnison d'environ 300 hommes[2] commandée par le lieutenant de marine Walter Omhsen. Une grande partie de ce personnel cantonnait dans les environs immédiats de la batterie.
Combats lors du débarquement
La batterie subit un très lourd bombardement aérien, 598 tonnes de bombes, dans la nuit du 5 au 6 juin. L'ensemble des canons antiaériens furent détruits et de nombreux soldats qui n'étaient pas de service furent tués dans leurs cantonnements alentours[2].
Alors que la garnison allemande se réorganisait, elle fut attaquée par des groupes isolés du 502e régiment parachutiste américain de la 101e division aéroportée américaine qui devaient initialement attaquer la batterie de Saint-Martin-de-Varreville située 6,5 km au nord-ouest mais qui avaient été parachutés trop au sud. L'attaque ne réussit pas et 20 soldats américains furent faits prisonniers[2].
Malgré le bombardement aérien, deux canons restaient opérationnels[2] et à l'aube du 6 juin, ils ouvrirent le feu sur les navires alliés sur le secteur d'Utah Beach. La batterie coulera le destroyer USS Corry et touchera plusieurs autres navires. Elle fut alors pris sous le feu des cuirassés américains USS Nevada, USS Arkansas et USS Texas[2]. Un des canons de la batterie fut mis hors service vers 8h00 par un tir sur le devant de la casemate, le second canon fut détruit par un tir direct dans l'embrasure du canon une heure plus tard[2]. Le premier canon sera remis en service le surlendemain mais de nouveau mis hors service dans les heures qui suivirent par les navires alliés[2].
Outre l'attaque isolée des parachutistes dans la nuit du 5 juin, la batterie subira des attaques terrestres les 7 et 8 juin par des éléments de 4e division d'infanterie américaine qui avaient débarqué à Utah Beach à 3 km de là. Mais ces attaques non coordonnées furent repoussées d'autant que la garnison navale de la batterie avait été renforcée par des unités du 919ee régiment de la Wehrmacht. L'Oberleutnant Ohmsen demanda même à la batterie voisine d'Azeville d'ouvrir le feu sur sa batterie pour repousser les soldats américains[2].
Crisbecq ne sera finalement prise que le 12, sans combats. En effet, après une forte résistance, il fut demandé au lieutenant Ohmsen et à ses troupes de se replier sur une nouvelle ligne de défense plus au nord. Il évacua la batterie avec 78 hommes encore valides dans la nuit du 11 juin, laissant 21 blessés aux soins d'un infirmier volontaire[2]. La batterie fut investie dans la matinée du 12 juin par l'avant-garde du 39e régiment envoyé pour la prendre, de la 9e division d'infanterie qui venait juste de débarquer à Utah Beach[2].
Le commandant de la batterie, l'Oberleutnant zur See Ohmsen, sera décoré le 13 juin de la croix de chevalier de la croix de fer pour la résistance qu'il a opposé aux troupes alliées[1].
Dans les jours qui suivirent, le génie américain y procèdera à des essais d'explosifs pour tester la résistance des bunkers allemands. Ce sont encore les principaux dégâts visibles sur les bunkers de nos jours.
Aujourd'hui
Le site fut laissé à l'abandon et recouvert par la végétation, les bunkers partiellement ou complètement inondés. En 2004, deux particuliers rachetèrent le terrain, débroussaillèrent et dégagèrent l'ensemble de la vingtaine de blockhaus, en rénovèrent certains qu'ils rééquipèrent de matériel d'époque. Le site est désormais devenu un musée privé sur l'histoire de la batterie et du débarquement.
Articles connexes
- Batteries d'artillerie côtières du mur de l'Atlantique
- Batterie de Merville
- Batterie de Longues-sur-Mer
- Utah Beach
Notes et références
Liens externes
- Portail de la Seconde Guerre mondiale
- Portail de l’histoire militaire
Catégories : Bataille de Normandie | Mur de l'Atlantique
Wikimedia Foundation. 2010.