- Cosmodrome de Baïkonour
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Cosmodrome de Baïkonour
Le Cosmodrome de Baïkonour (en russe, Космодром Байконур, Байқоңыр Космодромы et signifiant en kazakh « la riche ou la belle steppe », « l'endroit où pousse l'absinthe », « la richesse brune », etc[1]) est un centre spatial international auquel participent conjointement la Russie, l'Ukraine et le Kazakhstan et, de plus en plus divers programmes européens et asiatiques. Il est situé au centre du Kazakhstan, mais à 370 km de la ville du même nom — une réminiscence du contre-espionnage du temps de la Guerre froide. Il est situé à une latitude de 45,6° N. et une longitude de 63,3° E. ( ), à 200 km à l'est de la mer d'Aral et sur la rive droite (nord-est) du Syr-Daria, et près de la ville de Tioura-Tam qui est une des gares de la ligne de chemin de fer Moscou - Tachkent.
Historique
Le cosmodrome a été construit par l'Union soviétique et inauguré le 2 février 1955. À l'origine, il a été conçu comme une base de tests pour missiles balistiques intercontinentaux (ICBM). Le premier lancement date du 15 mai 1957 avec le tir du premier missile intercontinental, la R7, identique au lanceur du premier satellite, cinq mois plus tard. C'est de là qu'ont été lancées les fusées emmenant Spoutnik 1 et Spoutnik 2, puis Youri Gagarine dans l'espace.
En 1960, un prototype de fusée (R-16) explosa sur l'aire de lancement provoquant la mort de nombreux ingénieurs et techniciens soviétiques. Connu sous le nom de catastrophe de Nedelin, cet accident porta un coup au programme d'ICBM soviétique. Un mémorial a été érigé à Baïkonour et les techniciens de l'Agence spatiale fédérale russe s'y recuillent avant chaque lancement.
Bien que Baïkonour partageait l’essentiel des lancements spatiaux soviétiques avec le Cosmodrome de Plesetsk, ces deux bases étaient plus complémentaires que concurrentes : alors que Plesetsk est idéal pour des lancements sur orbites très inclinées du fait de sa haute latitude (latitude 62°8 nord, proche du cercle polaire arctique), Baïkonour étant plus proche de l'équateur peut facilement atteindre l'orbite géostationnaire, ou d'autres orbites peu inclinées comme notamment celle utilisée pour atteindre la Station spatiale internationale. De plus, les pas de tir de Baïkonour lui permettent d'envoyer une charge utile plus importante.
Dans les faits, la base de Baïkonour est principalement utilisée pour les lancements civils russes ou internationaux, sa position en plein territoire kazakh ne favorisant guère son emploi à des fins militaires.
Une ville nouvelle a été construite à proximité du cosmodrome. Elle n'a été rebaptisée Baïkonour que dans les années 1990. En fait, la vraie ville de Baïkonour est une ville minière située à plusieurs centaines de kilomètres du cosmodrome. Celui-ci n'avait été baptisé de Baïkonour pendant la Guerre froide que dans un effort assez vain - car rapidement mis à nu - pour cacher sa localisation exacte aux puissances étrangères. Aujourd'hui, près de 80 000 personnes vivent aux alentours de Baïkonour, toute l'économie de la région étant fortement liée aux activités spatiales.
Suite à l'effondrement de l'Union soviétique, la Fédération de Russie, qui ne possède pas de base de lancement sur son territoire apte à envoyer d'importantes charges sur orbite géostationnaire, loue le cosmodrome de Baïkonour aux autorités kazakhs. En effet en 1994, les deux pays s'entendent pour la location d'un espace de plus de 6 700 km² autour de la base. Ainsi, tous les lancements de missions habitées et de satellites géostationnaires russes se font depuis le Cosmodrome de Baïkonour.
Il faut noter cependant qu'en 1997, le président Boris Eltsine inaugure le cosmodrome de Svobodny en pleine Sibérie russe, sur la base d'anciennes installations militaires, et dont la latitude (51°42) autorise des lancements vers l'orbite géostationnaire. Cependant par manque de financements, la Russie ne parviendra pas à construire des pas de tir permettant l'envoi de charges importantes, elle reste donc tributaire du Kazakhstan.
En 1999, deux fusées russes Proton s’écrasent en territoire kazakh. Ces graves accidents amènent le Kazakhstan à réexaminer son « contrat de location » de Baïkonour, et demande alors une taxe supplémentaire sur les lancements commerciaux. Du côté russe, cette nouvelle exigence a pour conséquence d’accroître la volonté de devenir indépendant du Kazakhstan. La Russie annonce alors son intention de délocaliser la quasi-totalité des activités de lancement de Baïkonour vers Plesetsk. En début 2002 Alexandre Kosovan, alors ministre de la Défense, confirmait cet engagement pour l’horizon 2005. Mais dans les faits, seules quelques activités spatiales militaires restantes ont réellement été transférées à Plesetsk.
En outre, les instances gouvernementales russes n’ont plus le monopole des décisions face aux industriels russes comme étrangers. Qu'il s'agisse de la Française Starsem qui commercialise Soyouz, ou la firme russo-américaine International Launch Services qui possède le lanceur Proton 3, la manne financière fournie par le secteur privé contribue largement à maintenir le cosmodrome de Baïkonour opérationnel. La coentreprise Sea Launch envisage quant à elle d’ouvrir un service de lancement terrestre baptisé « Land-Launch » à partir de Baïkonour.
Preuve que la Russie s'est finalement bien faite à l'idée d'utiliser durablement Baïkonour, elle a signé le 9 janvier 2004 un nouvel accord avec le Kazakhstan fixant le statut de Baïkonour, prolongeant la location du site jusqu’en 2050 et accroissant considérablement le rôle du Kazakhstan dans la gestion du site : les Kazakhs ont notamment insisté sur la nécessité de développer des lanceurs plus respectueux de l'environnement. Astana collaborera avec Moscou pour le développement du futur lanceur « Baïterek » qui sera une fusée Angara modifiée, réutilisable (prévenant ainsi la retombée des boosters sur le pays) et utilisant un combustible moins polluant. Par ailleurs, le Kazakhstan affiche désormais des ambitions spatiales, prévoyant de se doter de ses propres satellites de télécommunications.
Notes et références
- ↑ Selon Jacques Villain, « Dans les coulisses de la conquête spatiale », Cepaduès Editions, Toulouse, 2003 (ISBN 2-85428-596-4)
Voir aussi
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