- Cooperative de consommation
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Coopérative de consommation
Une coopérative de consommation est un regroupement de consommateurs en vue d'acheter en gros des biens de consommation. Basée sur le mutualisme, chaque sociétaire est solidaire et y exerce des droits et des devoirs. Le développement ultérieur de ces coopératives a amené ces sociétés, détenues et dirigées démocratiquement par ses sociétaires, à développer des réseaux de magasins et parfois même d'intégrer en amont une production industrielle.
Les coopératives de consommation font partie de l'économie sociale.
Sommaire
Exemples de coopératives de consommation
Elles ont été très nombreuses.
- La CAMIF
- Les magasins Coop
- Le Seikatsu Club
- Les coopératives agricoles
- Les coopératives de pêcheurs, etc.
Histoire
Les coopératives sont le fruit d'une théorie "Utopiste" de Charles Fourier dite du coopératisme ayant pour objet le développement et la généralisation de la coopération. Les premières expériences coopératives en France furent des coopératives ouvrières de production entre 1820 et 1840. Une tradition populaire du travail « en coopération » a existé bien avant la révolution. L’exemple le plus souvent cité est celui des « fruitières » du Jura (dés le XIIIe siècle).
La première coopérative de consommation est fondée en Écosse au tout début du XIXe siècle par le Gallois Robert Owen, socialiste utopique, dans la filature de coton de New Lanark qu'il dirigeait. Bien qu'ayant un grand retentissement à ses débuts le principe tomba peu à peu en désuétude avant de connaître un regain avec Le Commerce véridique et social de Michel-Marie Derrion à Lyon, puis en 1843 les pionniers de Rochdale (vers Manchester). La France et l'Angleterre y jouent un rôle important.
Le Commerce véridique et social
Au XIXe siècle, le quartier de la Croix-Rousse à Lyon est l'une fortes concentrations ouvrières de l’époque. Les Canuts (ouvriers de la soie) ont un très haut niveau de qualification et de conscience sociale. Pour contourner l'interdiction de syndicats, ils organisent les premières sociétés mutuellistes. C'est dans ce contexte que Michel-Marie Derrion publie les principes de ce qu'il appelle « Le Commerce véridique et social » et ouvre une épicerie coopérative le 24 juin 1835, au 6 de la montée de la Grande Côte (le n° 95 actuel). Mais après trois ans de fonctionnement, l’expérience de Derrion tourne court.[1]
Les Equitables Pionniers de Rochdale
A Rochdale, un groupe d’ouvriers tisserands décident, pour sortir de leur misère de tous les jours, de créer une coopérative de denrées alimentaires. Les 'Equitables Pionniers' lancent une souscription, et ouvrent en décembre 1844 une première boutique. La coopérative de consommation se développa rapidement (500 magasins en 1863 dans le Royaume-Uni), ouvrant une minoterie (en 1860), et ses propres filatures (en 1854).
La Fédération Nationale des Coopératives de Consommation
Vers 1900 deux tendances bien distinctes sont visibles dans toute l'Europe : une aile ouvrière (assez politisée) et une aile « neutre » selon le modèle britannique de Rochdale. En France le Congrès de Tours apporte en 1912 l'unification des deux ailes (bourgeoise et socialiste) du mouvement et la fondation de la « Fédération Nationale des Coopératives de Consommation » (FNCC).
Les coopératives de consommation jouent un rôle considérable dans l'organisation alimentaire de la France durant la Première Guerre mondiale (il en est de même pour la plupart des autres pays belligérants) et elles dominent le monde de la coopération française en chiffres d'adhérents et en importance économique durant les années 1920 et 1930. Pourtant, elles ne réussissent pas à « conquérir » les grandes villes (comme c'est par contre le cas en Scandinavie et en Europe centrale). À la fin de la Seconde Guerre mondiale le mouvement coopératif de France se déchire suite à un conflit au sujet de la période de collaboration qui est, paraît-il aussi un conflit régional. Ce conflit mène à la démission forcée du président de la FNCC, Gaston Prache, et à l'ascension du charismatique Marcel Brot de Lorraine à la tête de la FNCC.
Durant les « 30 glorieuses » de croissance économique, les coopératives de consommation contribuent énormément au bien-être des consommateurs. Elles introduisent souvent le libre-service et agissent comme pionniers des droits des consommateurs (en France par exemple avec leur "laboratoire coopératif"). De l'autre coté elles perdent progressivement des points vis-à-vis de leurs concurrents, surtout à partir des années 1960 avec l'arrivée des grandes surfaces. Henri Desroche ébauche dans un grand discours d'"utopie noire" en 1976 ce qui se déroulera en 1984-85, c'est-à-dire la grande crise des coopératives de consommation en France (il esquisse aussi une "utopie rose" mais plutôt par politesse). Ce document, "Horizonts 1989", publié dans la Revue des Etudes Coopératives n° 184, p. 21 et suiv. est un des grands documents de la science sociale française en dépit de son message sombre.
En ce qui concerne les causes de la crise de 1984-85 et ses conséquences, une discussion ouverte entre chercheurs et personnes intéressées serait désirable. Cet évènement a d'ailleurs ses parallèles dans beaucoup d'autres pays, entre autres la Belgique, l'Allemagne, l'Autriche, l'Argentine et la Finlande. En effet, une partie jadis essentielle du secteur de l'économie sociale (et dominant l'Alliance Coopérative Internationale - ACI) paraît maintenant dispersée (ou banalisée) dans beaucoup de pays.
Sources
- Jean Gaumont, "Histoire générale de la coopération en France" 2 vol, (Paris 1923),
- Charles Gide, "Les coopératives de consommation" (Paris 1904).
- Johann Brazda / Robert Schediwy (Eds) Consumer Cooperatives in a Changing World" 2 vol. (Genève 1989)
(Dans ce dernier ouvrage les développements récents en France sont décrits en détails sur la base d'entretiens avec les principaux acteurs au temps de la crise - voir p. 673 et suiv., plus spécifiquement p 748 et suiv.)
- Denis Bayon, "Le commerce véridique et social de Michel-Marie Derrion, Lyon, 1835-1838" (Lyon 2002)
Références
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Catégorie : Économie sociale
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