- Contes dels Balssas
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Il s'agit du deuxième livre publié par l'écrivain occitan Jean Boudou, après les "Contes del meu ostal" (Contes de ma maison). Il est paru en 1953 à Villefranche-de-Rouergue imprimé par Salingardes avec une adaptation française de l'auteur et des illustrations de Marius Valière.
Il a été inspiré à Jean Boudou, fils d'Albanie Balssa, par sa famille maternelle car, comme pour Balzac, sa généalogie a exercé sur lui une influence importante. Pour la genèse de ce livre, Jean Boudou a été à l'écoute des récits véhiculés dans la vallée du Viaur par les conteurs traditionnels, en particulier ceux concernant l'affaire Balssa, dont il a utilisé des éléments pour le conte concernant l'assassinat de Cécile Soulié. Il a écrit à ce sujet: "J'ai suivi une tradition orale dont j'avais eu connaissance à Naucelle à l'auberge du Sanaïre, par M. Boyer, félibre à Cabanès".
Les dix-huit contes du livre ont tous, à l'exception de celui sur l'origine du nom du Pont-de-Cirou, pour acteurs des Balssa, réels ou imaginaires. Il est possible de regrouper ces contes autour de quatre thèmes principaux[1].
Le premier thème est celui de l'origine des Balssa et de leur installation dans la région du Viaur, thème auquel se rattachent "Balssanon", " lo maridatge de Balssanon" et "La caça del tamarre". Jean Boudou avait deviné ce que permettent de confirmer les recherches généalogiques : l'origine commune des nombreuses familles Balssa de la vallée du Viaur, descendant toutes d'un ancêtre unique qu'il suppose dans son conte originaire d'Auvergne et contraint par la guerre à fuir pour s'établir aux limites du Rouergue et de l'Albigeois.
Le deuxième thème évoque plusieurs épisodes des guerres de religion en Rouergue, à travers les Balssa du Pont de Cirou; il ne faut pas oublier en effet que la vallée du Viaur a été à la fois une terre de schismes et une région de forte pratique religieuse, des cathares aux protestants sans oublier le pape du Viaur et ses derniers fidèles brûlés à Rodez en 1467. Ce thème regroupe cinq contes, d'"Ardoïn, lo primièr Balzac" à "La pèsta sus Rodés".
Les contes du troisième thème gravitent autour des ancêtres directs d'Honoré de Balzac et de leurs liens avec les Balssa de la Pradelle et de la Nougayrié[2] (commune de Montirat, Tarn). Il s'agit des six contes suivants : "la catedrala", "l'enfant del carivari" qui évoque le remariage de Bernard Balssa, le grand-père de l'écrivain avec Jeanne Granier, "la fugida" inspiré par le départ de Bernard-François vers Paris, "lo prince" et "lo signe del sang" qui mettent en scène Louis Balssa et enfin "las mongetas" qui rappelle le voyage des Balssa de Montirat à Paris en 1829 à l'occasion de la mort de Bernard-François Balzac, porteurs de haricots, le plat traditionnel de deuil en Albigeois.
Le dernier thème est celui du départ des Balssa de la terre qui fut la leur durant des siècles avec "la pastra de Font Faïna" et il est vrai qu'il ne reste plus guère de familles Balssa dans la vallée du Viaur, durement frappée par l'exode rural, alors que cette même vallée en avait comptées jusqu'à plus d'une centaine au cours du XVIIIème siècle. L'épilogue des contes, intitulé "lo temps novèl", met en scène à la fois la tante maternelle de Jean Boudou, Doria Balssa et son fiancé François, Julou le devineur, de la Cabane de Cazouls (commune de Mirandol-Bourgnounac), et Jean Jaurès. Jean Boudou écrit au sujet de ce conte: "De tout temps en Albigeois, il y a eu des sorciers, devins, guérisseurs, jeteurs de sorts, diseurs de secrets. C'est peut-être de ses origines albigeoises que vient le goût d'Honoré de Balzac pour le merveilleux et les sciences occultes."
Dans des notes placées à la fin de son ouvrage, Jean Boudou a en effet indiqué les éléments réels et les différentes sources qui ont constitué le point de départ de chacun de ces contes. Il a trop modestement conclu son livre: "Ami lecteur, j'ai voulu te faire connaître le pays où vivaient les ancêtres d'Honoré de Balzac, avec ses légendes, ses coutumes, ses superstitions qui, peut-être, en valaient d'autres. Pardonne-moi mon érudition fragile, mes erreurs et mes inventions."
Les "Contes dels Balssas" ont été réédités en occitan dans la collection "A tots" de l'Institut d'Études Occitans en 1978 et à nouveau en édition bilingue occitan et français avec l'ensemble des contes de Jean Boudou en 1989. A la suite de la publication de la première édition, le président de la "Balzac Society of America", l’éminent balzacien William Hobart Royce, envoya à leur auteur le "Balzac Bulletin" de l'année 1954 et sollicita Jean Boudou afin qu'il adhère à cette association qui œuvre pour le rayonnement de Balzac et de son œuvre aux États-Unis.
Article connexe : généalogie d'Honoré de Balzac.Notes et références
- Jean-Louis Dega : La vie prodigieuse de Bernard-François Balssa, père d'Honoré de Balzac. Aux sources historiques de la Comédie humaine, Rodez, Subervie, 1998, pp. 590-592
- Jean-Louis Déga : "De Balzac à Boudou: les Balssas dans la vallée du Viaur", dans Actes du colloque international Jean Boudou de Naucelle, septembre 1985, Béziers, C.I.D.O. 1987
Catégories :- Recueil de contes
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