- Congrès de Milan
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Le Congrès de Milan, deuxième congrès international pour l'amélioration du sort des sourds-muets, se tient à Milan du 6 au 11 septembre 1880.
Le congrès
Le premier s'est déroulé à Paris, lors de l'Exposition universelle de 1878. Le congrès de Milan est composé de spécialistes de l’enseignement pour les sourds, essentiellement Italiens (le congrès se passe en Italie) et Français (le premier congrès avait eu lieu en France), les autres représentants internationaux étant minoritaires (des Allemands, des Suisses, des Anglais, des Scandinaves et des Américains).
Sur plus de 250 participants, seuls quatre sourds sont présents, dont deux sourds français. Aucun interprète n'a été prévu pour eux, même si les débats sont traduits en italien, en allemand, en anglais et en français.
Le congrès est organisé à l'initiative de défenseurs de la méthode orale français et italiens (qui ne sont pas tous d'accord sur la place à accorder à la langue des signes dans cette méthode, certains voulant la conserver pour les premières années d'apprentissage, d'autres uniquement pour converser entre professeurs et élèves et d'autres enfin souhaitent la proscrire car ils pensent que son apprentissage empêcherait les sourds d'accéder à l'oral). Les organisateurs ont comme projet de faire adopter une méthode unique dans leur pays, les Italiens souhaitant en outre sensibiliser leur gouvernement sur la nécessite d'instruction des sourds (la loi sur l'obligation scolaire a été votée en 1877 mais elle ne concerne pas les sourds).
Les débats sont précédés de démonstrations sur la méthode orale dans les deux institutions milanaises. Même si quelques voix se font entendre pour défendre le maintien de la langue des signes, la grande majorité des congressistes conclut à la nécessité de promouvoir la méthode orale proscrivant la langue des signes. En France cette méthode est appliquée dès la rentrée d'octobre 1880 car le ministère de l'Intérieur (qui gère les écoles pour sourds) a déjà en projet de généraliser la méthode orale à tout le territoire dès 1879. En définitive, les conclusions du congrès coïncident donc avec une volonté politique ; il faut préciser que le congrès de Milan n'a aucune valeur exécutive ni en France ni dans les autres pays.
Conséquences
Les conséquences pour les sourds sont importantes : les professeurs sourds ne sont plus requis, puisqu'ils sont considérés comme n'étant pas aptes à enseigner la parole, ils sont donc mis à la retraite ou licenciés. Pour les élèves sourds, l'absence de cours de langue des signes et de cours en langue des signes les prive de l'accès à une langue d'apprentissage construite et limite leur pratique voire, pour ceux qui ne la rencontrent jamais, l'empêche. Cependant, dès 1900 certains professeurs entendants constatent qu'ils ne peuvent proscrire totalement la langue des signes et tolèrent que les élèves l'utilisent entre eux, ce qui explique sa survivance dans les grands instituts, mais son usage reste toute de même limité. La langue des signes trouve finalement à s'épanouir sur d'autres terrains, comme les terrains de sport.
La loi du 11 février 2005 met fin officiellement à l'obligation de la méthode orale pour l'éducation des sourds en France (l'amendement de 1991 avait déjà autorisé les parents à choisir entre une éducation bilingue ou orale uniquement). Désormais, la langue des signes est considérée au même titre que la langue française et les sourds ont le droit de bénéficier d'une éducation en langue des signes dans n'importe quelle école en France.
Catégories :- Langue des signes
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