Confréries de Chasseurs africains

Confréries de Chasseurs africains

Confréries de chasseurs en Afrique

Chasseur bambara en tenue traditionnelle

Les confréries africaines de chasseurs sont des sociétés, plus ou moins secrètes, réunissant des chasseurs émérites.

Ces sociétés internationales, répandues dans toute l'Afrique subsaharienne, n'ont aucun critère ethnique ou social d'affiliation, mais un code moral très strict.

La plupart des chefs d'État de l'Afrique médiévale (et encore, dans une certaine mesure de l'Afrique actuelle, comme l'a mis en lumière Ahmadou Kourouma dans son roman En attendant le vote des bêtes sauvages[1]) sont issus de leurs rangs.

Sommaire

Origines

L'origine des confréries de chasseurs en Afrique noire remonterait à la vallée du Nil. Durant l'Égypte antique, les castes socio-professionnelles étaient nombreuses, mais en particulier on pouvaient distinguer trois grandes classes : les nobles, les artisans, les serviles.

Les sociétés ouest-africaines ont hérité de ce schéma social, tout comme du matriarcat, du totémisme, entre autres, et également des confréries ésotériques de chasseurs, religieuses, danseurs, tout étant basé sur la profession.

La tradition orale mandingue fait remonter l'existence de ses confréries à deux frères mythiques : Kontron et Sanin. Le fondateur de l'Empire du Mali, Soundiata Keïta, était, avant de devenir Mansa, membre d'une confrérie de chasseurs dont il fut nommé maître, d'où son surnom Simbo. Son corps militaire était surtout composé de chasseurs.

Histoire

Chez les Mandingues, en particulier Bambaras et Malinkés, ainsi que chez les groupes apparentés Bobos ou Bwas, Sénoufos, et chez les Bantous d'Afrique centrale, ces confréries de chasseurs étaient très vivaces.

Souvent recrutés parmi les nobles, les dignitaires, surtout les classes guerrières, les membres de ces confréries jouaient un rôle très important dans la société. Cependant ils n'avaient que très peu d'influence en ce qui concernait les décisions politiques, qui étaient l'affaire des dirigeants, de la royauté.

L'initiation était la première étape pour intégrer une confrérie de chasseurs. De jeunes adolescents étaient souvent envoyés pour intégrer une telle confrérie, car elles étaient également considérées comme une école de vie. Leur structure, contrairement à d'autres, ne dépend pas de successions héréditaires.

L'apprentissage de la faune et de la flore, en particulier des plantes médicinales, de la cosmogonie, de la hiérarchie de la confrérie, de l'art lié au monde des chasseurs, des interdits qui les frappent, tout cela représentait une partie de la vie dans ces confréries purement ésotériques.

Les confréries de chasseurs, très solidaires entres elles, sont très liées aux forgerons, souvent castés dans les sociétés africaines.

Rôle actuel

Ces confréries existent encore aujourd'hui, comme en témoigne le livre de l'ethnologue malien Youssouf Tata Cissé, La confrérie des chasseurs Malinké et Bambara : mythes, rites et récits initiatiques[2].

Nombreux sont ceux qui veulent préserver cette culture de confrérie. On peut souvent assister, dans des pays comme le Sénégal, le Mali, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Burkina-Faso, à des scènes folkloriques de danses, chants, des parades, des réunions, où sont évoquées, racontées, les histoires liées à cette confrérie, aussi de nombreuses scènes de sacrifices.

Interventions contemporaines

En vertu de leur code d'honneur, elles n'ont jamais failli à intervenir dans les cas de crise grave d'oppression, jusqu'à nos jours.

Les chasseurs sont également utilisés parfois comme supplétifs aux forces de police. Par exemple en Côte d'Ivoire – où on les appelle Dozos[3] –, ils auraient été utilisés pour convoyer des cars de transport face à la recrudescence des « coupeurs de route ». Des observations semblables ont été faites au Cameroun où le retour en force des chasseurs traditionnels a profité du vide laissé par l'État dans le nord du pays[4].

Il faut noter que cette irruption dans le maintien de l'ordre n'est pas sans poser de problèmes. Des cas d'exactions auraient été notées au nord du Burkina Faso et au sud de la Côte d'Ivoire, selon le rapport d'Amnesty International 2003 sur le massacre des gendarmes de Bouaké[5]. Il y a également des problèmes de droit. Les membres de ces confréries détiennent des armes, parfois sans être titulaires des permis de port.

À la suite de ces actions de maintien de l'ordre, leur popularité s'est d'ailleurs singulièrement accrue ces dernières années, et nombreux sont les Africains qui vont recueillir leurs enseignements très simples, mais aussi très profonds, basés sur une transmission continue de la morale du chasseur, la défense de la veuve et de l'orphelin, ce à quoi s'engagent tous les enfants de « Sanene ani Kontron », les chasseurs d'Afrique.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Youssouf Tata Cissé, , « Notes sur les sociétés de chasseurs Malinké », in Journal de la Société des Africanistes, tome XXXIV, fascicule II, 1964, p. 175-226
  • Youssouf Tata Cissé, La confrérie des chasseurs Malinké et Bambara : mythes, rites et récits initiatiques, Nouvelles du Sud, Ivry ; Agence de coopération culturelle et technique, Paris, 1994, 390 p. (ISBN 2-87931-038-5) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Kélétigui Abdourahmane Mariko, Le monde mystérieux des chasseurs traditionnels, Nouvelles Éditions Africaines, Dakar, 1981
  • Alexandre Mensah (dir.), « L'impact des chasseurs », Africultures, n° 33, L'Harmattan, Paris, 2001, 128 p. (ISBN 2747593807)
  • Bernard Nantet, « Chasse », in Dictionnaire de l'Afrique. Histoire, civilisation, actualité, Larousse, Paris, 2006, p. 68 (ISBN 2-03-582658-6)

Filmographie

  • Les maîtres du nyama : la confrérie des chasseurs sénoufo, film documentaire réalisé par Patrick Kersalé, Éditions musicales Lugdivine, Lyon, 2006 (DVD)
  • Le doso n'goni : la musique de la confrérie des chasseurs en pays manding, film documentaire réalisé par Idrissa Diabate, Dia-Comm Productions, Paris, date ?, 40' (DVD)

Liens externes

Notes et références

  1. Éditions du Seuil, 1998 (ISBN 202033142X)
  2. Voir bibliographie
  3. « Les Dozos, guérisseurs et "chasseurs" » [1]
  4. « Comité de vigilance » in Christian Seignobos et Henry Tourneux, Le Nord-Cameroun à travers ses mots : dictionnaire de termes anciens et modernes : province de l'extrême-nord, Karthala, 2002, p. 71 (ISBN 9782845862456)
  5. « Côte d'Ivoire : une suite de crimes impunis. Du massacre des gendarmes à Bouaké aux charniers de Daloa, de Monoko-Zohi et de Man », rapport d'Amnesty International, 27 février 2003, p. 9 [2]
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