Conditions gagnantes

Conditions gagnantes

Lucien Bouchard

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Lucien Bouchard
Image de l'ancien premier ministre Lucien Bouchard avec sa femme Audrey Best
27e premier ministre du Québec
Naissance 22 décembre 1938 (70 ans)
Saint-Cœur-de-Marie (Québec Québec)
Mariage(s) Audrey Best
Profession Avocat
Mandat 29 janvier 1996 au
8 mars 2001 (&&&&&&&&&&&018655 ans, 1 mois et 9 jours)
Prédécesseur Jacques Parizeau
Successeur Bernard Landry
Allégeance politique Parti québécois
Bloc québécois
Conservateur
Liste des premiers ministres québécois

L'honorable Lucien Bouchard, C.P., GOQ, B.Sc., LL.B., LL.D (hon.) (Saint-Cœur-de-Marie, Québec, Canada 22 décembre 1938 - ) est un avocat et homme politique québécois. Ministre fédéral de l'Environnement au sein du gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney, il fut l'un des fondateurs et le premier chef du Bloc québécois. Il fut également Chef de l'Opposition à la Chambre des communes à Ottawa (de 1993 - 1996) et Premier ministre du Québec du 29 janvier 1996 au 8 mars 2001. Il est le frère de l'historien Gérard Bouchard et détenteur du titre de Commandeur de la Légion d'honneur française.

Sommaire

Biographie

Origines

Lucien Bouchard finit ses études au Collège classique de Jonquière en 1959 et obtient un baccalauréat en sciences sociales et un diplôme en droit de l'Université Laval en 1964. Il est admis au Barreau du Québec plus tard cette même année et devient avocat.

Il pratique le droit à Chicoutimi jusqu'en 1985, tout en recevant plusieurs mandats du gouvernement du Québec au cours des années : président du comité d'arbitrage pour le secteur de l'éducation (1970 à 1976), procureur en chef pour la commission du travail et de l'industrie (commission Cliche1974 à 1975), co-président de la commission d'étude sur les secteurs public et parapublic (commission Martin-Bouchard — 1975). Il travaille ensuite comme coordonnateur ou membre de plusieurs équipes spéciales pour le gouvernement dans les négociations avec les syndicats du secteur public.

Début de carrière politique et diplomatique

La relation de Lucien Bouchard avec la politique est complexe : il s'est affilié au cours des années avec différents partis politiques prônant des idéologies fort différentes, allant jusqu’à en fonder un, le Bloc québécois.

Lucien Bouchard a été un nationaliste québécois durant toute sa carrière politique; ses convictions en tant que fédéraliste canadien ou souverainiste québécois ont varié. Il travaille pour le Parti libéral du Québec lors de la campagne de 1970[réf. nécessaire], mais est profondément ébranlé par les événements de la Crise d'octobre, surtout par l'imposition par le Premier ministre canadien Pierre Trudeau de la Loi des mesures de guerre demandée par le Premier ministre du Québec de l'époque, Robert Bourassa[1]. En même temps, il est un grand admirateur du Premier ministre québécois René Lévesque, et prend plus tard l'habitude de citer Lévesque dans ses discours.

Lucien Bouchard travaille pour l'option du "Oui" lors du référendum de 1980 au Québec. En 1985, il est nommé ambassadeur du Canada en France par le Premier ministre du Canada Brian Mulroney, un ami proche qu'il avait rencontré à l'Université Laval. Il se joint au gouvernement progressiste-conservateur de Mulroney en 1988 à titre de Secrétaire d'État et plus tard ministre de l'Environnement, et sert jusqu'en 1990. Tout en demeurant un fort nationaliste québécois, il croit que l'accord du lac Meech proposé par Mulroney serait suffisant pour que le Québec demeure dans la confédération canadienne.

Toutefois, après qu'une commission dirigée par Jean Charest a recommandé d'apporter des modifications à l'accord, Lucien Bouchard quitte les progressistes-conservateurs. Mulroney se sent trahi par Bouchard et rejette son raisonnement, ayant entendu d'un ami qu'il avait planifié de quitter avant le rapport de la commission.[réf. nécessaire]

Démission et nouveau parti

Comme plusieurs autres députés conservateurs du Québec, Lucien Bouchard est insatisfait des compromis destinés à adoucir les positions des provinces récalcitrantes du Manitoba et de Terre-Neuve du rapport Charest — qui sera rendu public le 17 mai. Considérant que de tels compromis sont inacceptables, Bouchard décide de rompre avec son vieil ami Brian Mulroney et de rendre publique sa dissidence.

Selon le biographe de Jacques Parizeau, le journaliste Pierre Duchesne, Lucien Bouchard demande à David Cliche, candidat péquiste défait dans la circonscription de Vimont et fils de Robert Cliche [2], de transmettre à Jacques Parizeau une offre de rapprochement.

Le 14 mai[3], l'émissaire de Bouchard rencontre Jacques Parizeau pour lui annoncer que le ministre de l'Environnement du Canada, qui participe à une conférence en Europe, désire envoyer un message qui sera lu publiquement devant les dirigeants du Parti québécois réunis à Alma, presque dix ans jour pour jour après le référendum de 1980.

Le 19 mai 1990, Parizeau lit le « télégramme »[4] aux 200 militants péquistes réunis au Centre régional d'éducation physique et des sports d'Alma. Rappelant « la franchise, la fierté et la générosité du OUI que nous avons alors défendu, autour de René Lévesque et de son équipe », le texte de Bouchard insiste sur la vision de René Lévesque, qui « a fait découvrir aux Québécois le droit inaliénable de décider eux-mêmes de leur destin. »[5]. La lecture du télégramme de Bouchard par Jacques Parizeau soulèvera une onde de choc dans le monde politique canadien[5] et enrage Brian Mulroney, qui apprend la nouvelle à la radio[6]. Bouchard démissionne de son poste de ministre et du caucus conservateur pour siéger en tant que député indépendant, le 22 mai 1990[7].

Après l'échec de Meech, Lucien Bouchard est rejoint par plusieurs collègues conservateurs et libéraux du Québec qui fonderont le Bloc québécois, un parti souverainiste.

Le Parti québécois fait campagne pour le Bloc lors de l'élection fédérale de 1993 afin de préparer le Québec pour la souveraineté, selon la stratégie des « trois périodes » du chef péquiste Jacques Parizeau. Lors de cette élection, le Bloc québécois remporte 54 des 75 circonscriptions québécoises. Le Bloc ayant remporté le deuxième plus grand nombre de sièges dans cette élection, Lucien Bouchard devient le premier Chef de l'Opposition indépendantiste.

En décembre 1994, il doit être amputé d'une jambe en raison d'une fasciite nécrosante, devenant possiblement la victime la plus célèbre de cette rare maladie. Il a fait sa rééducation à l'Institut de réadaptation de Montréal.

Référendum sur la souveraineté

Article détaillé : Référendum de 1995 au Québec.

Le 13 juin 1995, Lucien Bouchard signe, en tant que leader du Bloc québécois, une entente tripartite avec le chef du Parti québécois, Jacques Parizeau, et le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont. Cette entente établit le chemin du référendum sur une « offre de souveraineté assortie d'un partenariat ». Fidèle aux convictions de René Lévesque, Bouchard convainc Parizeau d'inclure un plan d'association avec le Canada dans la question référendaire. Puis, il fait campagne avec les deux autres chefs pour l'option du Oui. Le Premier ministre Jacques Parizeau mène d'abord la campagne du Oui, mais quand les appuis au Oui plafonnent, Lucien Bouchard, alors très populaire, devient le chef officieux de la campagne.

Orateur charismatique, efficace et poétique, la popularité de Bouchard augmente avec son départ du gouvernement et son combat contre la maladie. Le soir du référendum, l'option souverainiste reçoit 49,42 % suffrages exprimés.

Premier ministre du Québec

Avec Lionel Jospin le 6 avril 2000
Article détaillé : Gouvernement Lucien Bouchard.

Après la défaite de l'option souverainiste lors du référendum de 1995, Jacques Parizeau démissionne de son poste de Premier ministre du Québec. Lucien Bouchard démissionne quant à lui de son siège aux communes en 1996 et devient chef du Parti québécois le 27 janvier 1996. Il est assermenté Premier ministre du Québec deux jours plus tard.

Sur la question de la souveraineté, Lucien Bouchard déclare qu'en raison de l'absence de « conditions gagnantes » — dont il ne précise pas la nature —, aucun référendum ne sera déclenché. Une des principales préoccupations du gouvernement Bouchard, considérée comme faisant partie des conditions gagnantes, était la récupération économique à travers le déficit zéro.

Son leadership est remarqué durant la crise du verglas de janvier 1998. En compagnie du président d'Hydro-Québec, André Caillé, il fait publiquement le point sur la situation dans une conférence de presse télévisée quotidienne.

Retraite

Lucien Bouchard à l'Université de Montréal en avril 2009.

Lucien Bouchard se retire de la vie politique le 8 mars 2001 et est remplacé au poste de Premier ministre par Bernard Landry. Il déclare que son échec à ranimer la flamme souverainiste est une cause de son départ, et il en prend la responsabilité dans un discours d'adieu poignant. D'autres ont spéculé que l'affaire Michaud, une controverse entourant des commentaires considérés antisémites de la personnalité indépendantiste Yves Michaud, était un autre facteur favorisant le départ de Bouchard. Lucien Bouchard, considéré comme plus modéré sur la question de la souveraineté que les Premiers ministres péquistes précédents, faisait également face aux critiques des radicaux de son parti pour ne pas avoir engagé la province dans un troisième référendum sur la souveraineté dans le cours de son mandat, six ans après le second.

Retour à la pratique du droit

Depuis son retrait de la vie politique, Lucien Bouchard siège aux conseils d'administration de plusieurs organismes (notamment l'Orchestre symphonique de Montréal) et sociétés. En avril 2004, il participait au lancement du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal.

Le 8 septembre 2005, le réseau CTV annonce par erreur le décès de Lucien Bouchard. Le rapport est rapidement retiré. CTV affirma avoir reçu l'information de Radio-Canada; Radio-Canada nia avoir émis cette information.

Le 19 octobre 2005, Bouchard et onze autres personnalités québécoises de divers milieux et allégeances politiques publient un manifeste intitulé Pour un Québec lucide. Le manifeste met en garde la population vieillissante du Québec contre les défis auxquels elle fera face à l'avenir, sur les plans démographique, économique et culturel. Il eut une certaine influence sur la course à la direction du Parti québécois de 2005, recevant un accueil mitigé. Il fut bien reçu dans d'autres milieux, dans la page éditoriale du journal The Globe and Mail par exemple.

Le 5 octobre 2006, Lucien Bouchard reçoit un doctorat honoris causa de la Faculté de Droit de l'Université de Montréal.

Bilan

Le gouvernement de Lucien Bouchard a instauré certaines politiques controversées, incluant des coupes dans le budget des domaines de la Santé et de l'Éducation du Québec afin d'équilibrer le budget provincial déficitaire, ainsi que la fusion de plusieurs municipalités québécoises. Certains l'ont également critiqué pour ne pas avoir déclenché un troisième processus référendaire durant son mandat. Certains indépendantistes purs et durs causaient un grand tort à son leadership, notamment en raison de la nature fortement décentralisée du Parti québécois. Des aspects généralement plus appréciés de son legs comprennent la création d'un réseau universel de services de garde à coût abordable, la création d'Emploi Québec, des taux de chômage en baisse, une économie québécoise remontante, et l'atteinte du budget équilibré. On se souvient de lui pour son charme, son éloquence et sa culture ; il était apprécié comme un gentleman par ses adversaires politiques et est perçu favorablement par plusieurs parmi les minorités ethniques québécoises, ainsi que les communautés anglophone et juive.

Le 6 mai 2006, le quotidien Le Devoir publie en première page les résultats d'un sondage révélant que la moitié des Québécois appuieraient le retour en politique de Lucien Bouchard, et qu'un parti mené par celui-ci aux côtés de Mario Dumont devancerait de loin le Parti québécois et le Parti libéral[8]. Bouchard a toutefois affirmé par la suite que la porte demeurait fermée à un retour en politique active[9].

Citations

  • « Plus que jamais, il faudra rappeler que la démarche souverainiste en est une de générosité, de tolérance, et d'ouverture. »[réf. nécessaire]
  • « Le peuple québécois possède tous les atouts pour se tailler une place enviable dans le concert des nations. À la seule condition de rapatrier toutes ses ressources publiques, plutôt que de les disperser sur deux fronts conflictuels. »[réf. nécessaire]
  • Au référendum de 1995, il avait dit : «Quand nous nous réveillerons le lendemain du référendum, nous serons un peuple !»{Discours de Lucien Bouchard du 25 octobre 1995}

Notes et références

  1. http://www.premier-ministre.gouv.qc.ca/salle-de-presse/communiques/1988/mars/com19880315_rb.pdf
  2. Bouchard a connu Robert Cliche lorsqu'il travaillait à titre de procureur en chef de la commission Cliche, qui enquêtait sur les pratiques syndicales dans l'industrie de la construction, en 1974-1975.
  3. Duchesne Pierre (2004). Jacques Parizeau, vol. 3 : Le Régent, 1985-1995, Québec Amérique, Montréal. p. 146.
  4. En fait il s'agit d'une télécopie envoyée à partir de l'ambassade du Canada à Paris, selon Pierre Duchesne, qui a consulté le texte déposé aux Archives nationales du Québec.
  5. a  et b Duchesne, Pierre (2004). op. cit.. pp. 150-151.
  6. Gratton, Michel (1990). Still the boss. Prentice-Hall Canada, Scarborough, Ontario. p. 217.
  7. Assemblée nationale du Québec. Lucien Bouchard. Juillet 2007. Page consultée le 6 août 2007.
  8. Lévesque, Kathleen. Sondage Léger Marketing - Les Québécois veulent Bouchard, dans Le Devoir, le 6 mai 2006.
  9. LCN. «La porte reste fermée» —Lucien Bouchard, le 12 mai 2006.

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