- Complexe funéraire de sekhemkhet
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Complexe funéraire de Sékhemkhet
Article de la série Pyramide
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Commanditaire Sékhemkhet
IIIe dynastieConstruction début vers -2600 Type Pyramide à degrés Hauteur 70 mètres Base 120 mètres Inclinaison 84°
(pente des gradins)Coordonnées modifier Le complexe funéraire de Sékhemkhet est un ensemble de monuments funéraires datant de l'Égypte antique. Il est situé au sud-ouest de ceux d’Ounas et de Djéser. Inachevé, on peut néanmoins reconnaître une grande enceinte rectangulaire qui devait initialement être prévu à l’instar de celle de Djéser mais qui fut inachevée, ainsi que les vestiges d’une pyramide dont l’architecture est caractéristique des pyramides égyptiennes à degrés. Il a été identifié en 1951 et peu à peu mis au jour par Zakaria Goneim. Après la disparition prématurée de l'égyptologue, les fouilles seront poursuivies et complétées par les travaux de Jean-Philippe Lauer en 1963.
Sommaire
Le complexe funéraire
L’enceinte orientée nord-sud[1] forme un grand rectangle de cinq cent cinquante mètres de longueur sur presque deux cents de largeur. Réduit à l’état de ruines le complexe semble avoir été remanié en cours d’édification sans qu’il soit très clair de comprendre dans quel ordre les différentes modifications se situent. En effet, les fouilles ont révélé deux murs d’enceinte, un premier encadrant de près la pyramide et un second plus oblong, similaire au mur d'enceinte de Djéser. Ce fait signale un changement dans le plan même du complexe. Il donne au plan un aspect plus conforme au modèle, la pyramide se retrouvant désaxée par rapport au centre de l’aire sacrée, tout comme Imhotep conçu celle de son souverain plus au nord. La partie nord de la première enceinte est conservée sur ses premières assises et reproduit de manière analogue des simulacres de portes à deux vantaux verrouillés indiquant que le véritable et unique accès au complexe devait se trouver ailleurs. Appareillés en assises régulières de calcaire fin et comportant des redans et des saillies, ce mur est en tout point semblable à l’enceinte de Djéser excepté sur son plan et ses proportions. L'appareillage est ici plus grand avec l'utilisation de blocs de cinquante centimètres de hauteur alors que les blocs de l'enceinte de Djéser en ont vingt-cinq centimètres.
Des inscriptions en hiéroglyphes cursifs à l'encre rouge ont été relevées sur des blocs de l'enceinte nord bordant la pyramide. Ces inscriptions ont révélé le nom du célèbre Imhotep. Bien que ce soit là la seule mention de l'architecte, il n'est pas impossible que ce dernier soit le concepteur de ce complexe funéraire[2]. La pyramide de Sékhemkhet est l'une des rares à avoir conservé les vestiges d'une rampe de construction[3]. Cette rampe est composée de pierrailles mêlée à de la terre argileuse. Sa hauteur dépasse de deux mètres les vestiges actuels de la pyramide, ce qui implique que la sépulture devait être plus haute lorsque le chantier s'est arrêté. L’accès à la galerie principale qui s’enfonce dans le plateau rocheux se trouve au fond d’une excavation creusée à quelques mètres du mur nord. Il mettait en communication avec les appartements funéraires de Sékhemkhet par une descenderie s’enfonçant sur quatre-vingts mètres de longueur et un dénivelé de trente mètres.
Au sud et toujours compris dans cette même enceinte a été aménagé un second dispositif souterrain que l’on qualifie de « Tombe Sud » par analogie avec le complexe de Djéser qui en possède une également[4]. Accessible par l’ouest une courte galerie traversant une première chambre menait tout droit à une pièce inachevée creusée sous le plateau rocheux. Celle-ci contenait un cercueil en bois dans lequel reposait le corps d'un enfant mort à l'âge de deux ans. Des vases en pierre ainsi que des bijoux, tous datant de la IIIe dynastie égyptienne ont été découverts à ses côtés. Il ne peut cependant pas s'agir de la dépouille du souverain puisqu'il régna six ans[5]. Ces « tombes » secondaires restent diversement interprétées, mais leur rôle semble intimement lié à celui de la pyramide. Chez Sékhemkhet la proximité des deux éléments et sa disposition semble préfigurer les petites pyramides satellites des complexes pyramidaux classiques qui seront bâtis par la suite.
L’état d’inachèvement du complexe en plus des pillages et outrages du temps passé rend difficile toute reconnaissance d’autres éléments du complexe et toute interprétation du projet final. En effet, l’interprétation admise classiquement d’une extension de l’enceinte encadrant un projet pyramidal encore incertain et de modeste proportion peut tout aussi bien être l’hypothèse inverse d’une réduction du projet initial calqué sur celui de Djéser en un nouveau projet dont le centre serait bien la pyramide devenue l’objet principal du complexe funéraire. La finition de l’enceinte intérieure semble en effet militer en cette faveur car dans le cas d’un agrandissement du projet, perdant son utilité première le mur n’aurait pas été poursuivi et ainsi taillé en façade de palais. L’enceinte extérieure en revanche est à peine fondée sur tout son tracé et semble avoir été oubliée et abandonnée aux sables de Saqqarah. L’aire qu’elle enferme est vaste et n’a pas encore fait l’objet de nouvelles campagnes de fouilles permettant de compléter les premières fouilles initiées, il y a plus d'un demi siècle.
La pyramide
La pyramide est conçue sur un plan carré de cent vingt mètres de côtés ce qui aurait porté sa hauteur à près de soixante-dix, une fois achevée. Elle aurait alors compris sept degrés soit un de plus que celle de Djéser. Il n’en reste aujourd’hui que les premières assises de gros blocs équarris dans un calcaire local. Disposées en lits déversés, elles formaient des tranches qui se succédaient, architecture déjà employée pour la première pyramide de Saqqarah. Au moment des fouilles au milieu du XXe siècle, les archéologues dégagèrent ainsi le premier degré qui depuis est de nouveau enfoui sous les sables. Cette découverte confirme que la pyramide avait bien été commencée sans permettre d’affirmer néanmoins jusqu’à quel stade. La pierre qui constituait la pyramide représenta un matériau de choix pour toutes les époques et ce depuis l’Antiquité.
Le caveau funéraire de Sékhemkhet se trouvait à une trentaine de mètres à l’aplomb et sous le centre de la pyramide. On y accédait par une galerie droite s’enfonçant sous la roche depuis l’excavation pratiquée au nord de la pyramide non loin du mur à redans de l’enceinte du complexe. À mi parcours, une galerie annexe s’ouvrait vers l’ouest et formant un coude qui repartait vers le nord donnait accès à deux grandes galeries disposées en « U » et distribuant cent trente-deux magasins creusés de part et d’autre de ces longs couloirs obscurs et disposés de manière à ce qu’aucun ne soit placé face à face. Cette impressionnante galerie de plus de trois cent vingt mètres de longueur avait été creusée à plus de dix mètres de profondeur. Un puits avait été ménagé jusqu’à la surface à son commencement afin probablement d’évacuer plus facilement les déblais lors de son aménagement, facilitant du même coup l’évacuation d’autres déblais provenant de la galerie principale d’accès au caveau placé une quarantaine de mètres plus loin encore plus profondément. Ce puits devait en outre permettre une ventilation efficace dans le chantier souterrain. C’est en le déblayant justement que les fouilleurs trouvèrent les restes d’un mobilier funéraire remontant à la IIIe dynastie. Vases en diorite et en albâtre, une série de bracelets en or ainsi qu’un admirable récipient en or travaillé en forme de coquillage bivalve avec couvercle amovible démontraient qu’une inhumation avait bien eu lieu dans cette pyramide. En revanche, la découverte simultanée au même endroit de plusieurs papyri en démotique annonçait que la sépulture avait été dérangée à l’époque tardive.
La chambre funéraire était au centre d’un dispositif de couloirs et annexes, le tout sur un plan en forme de trident pointé vers le Sud. Elle est restée inachevée, mais contenait encore au moment de sa découverte le sarcophage de Sékhemkhet intact, scellé. Sculptée dans un beau bloc d’albâtre, la cuve monolithique comprenait un système de fermeture inédit constitué d’une glissière verticale sur l’un de ses petits côtés. Sur le dessus de cet insolite sarcophage, qui est d’ailleurs le seul sarcophage royal de la IIIe dynastie retrouvé à sa place, on pouvait encore voir quelques offrandes de fleurs déposées il y a des millénaires[6].
Cette découverte ajoutée à celle de la série de bracelets en or retrouvée peu auparavant dans le puits, fit sensation à l’époque. De plus aucun sarcophage royal de l’Ancien Empire n’avait été découvert inviolé jusqu’alors. La date choisie pour son ouverture officielle, toute l’antique nécropole sembla revivre, le temps d’un jour. Une activité fébrile s’était développée autour de la pyramide de Sékhemkhet, déblayant les ultimes gravats afin de permettre au nouveau maître de l'Égypte, Gamal Abdel Nasser et à ses proches de venir témoigner les premiers de l’incroyable découverte.
On dressa une tente dans le désert afin d’y recevoir toute cette noble assemblée ainsi que les journalistes venus de toute part pour assister au spectacle de la résurrection d’un obscur souverain dont tout le monde ignorait l’existence avant même ce jour. Il s'agissait de la première tombe royale découverte scellée et dont le sarcophage semblait intact depuis la fameuse découverte de la tombe de Toutânkhamon en 1922. Mais lorsque l’égyptologue procéda à l’ouverture de la glissière, le sarcophage était vide... Le mystère de la tombe de Sékhemkhet retournait à l’égyptologie. La déception était sensible dans l'assistance mais la découverte de Goneim restituait ainsi à la IIIe dynastie un souverain dont l'existence n'était mentionnée que par des inscriptions découvertes dans le Sinaï au début du XXe siècle.
Notes
- ↑ avec toutefois un décalage de 11,5° vers l'est
- ↑ Jean-Philippe Lauer, L'histoire monumentale des pyramides d'Égypte, 1962
- ↑ voir aussi pyramide de Sésostris Ier, pyramide de Meïdoum et pyramide de Sinki
- ↑ Jean-Philippe Lauer, Découverte du tombeau sud de l'Horus Sekhemkhet dans son complexe funéraire à Saqqarah, RdE 20, 1968
- ↑ Mark Lehner, The complete pyramids, 1997
- ↑ Le dépôt d'offrandes est la version de Zakaria Goneim. Cependant une étude ultérieure semble démontrer qu'il s'agissait de branchages ayant très probablement servi à clore le couvercle du sarcophage. Procédé déjà utilisé dans les sarcophages découverts dans la pyramide de Djéser
Références bibliographiques
- Zakaria Goneim, La pyramide ensevelie, 1957 ;
- Jean-Philippe Lauer, L'histoire monumentale des pyramides d'Égypte, I, 1962 ;
- Mark Lehner, The complete pyramids, 1997 ;
- Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Les pyramides d'Égypte, 1992 ;
- Jean-Pierre Adam & Christiane Ziegler, Les pyramides d'Égypte, 1999 ;
- Michel Baud, Djéser et la IIIe dynastie, 2002
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