- Communication non verbale
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La communication non verbale désigne tout mode de communication n'ayant aucun recours au verbe, c'est-à-dire utilisé - consciemment ou non - sans le secours du langage, des mots.
La communication non-verbale est un des domaines d'intérêt de la psychologie et de nombreuses formes de soins et de médecine, mais aussi de l'éthologie. On l'associe souvent à la communication inconsciente et involontaire, sans s'y limiter toutefois.
La langue des signes utilisée par les sourds et malentendants utilise uniquement le mode de communication non verbal. C'est une langue à part entière avec des règles grammaticales propres. On parle une langue des signes différente dans chaque pays.
Sommaire
Types de communication non verbale
On peut distinguer ;
- Actes volontaires ou involontaires de communication, (conscients ou inconscients pour l'émetteur et/ou pour la cible), pouvant par exemple mobiliser des processus type phéromonal ou hormonal ;
- Actes de communication impliquant ou non le contact physique avec l'autre (des caresses aux coups) ;
- Messages discrets (éventuellement quasi-subliminaux) ou ostentatoires
- Communication instinctivement et instantanément intelligibles par les protagonistes, ou au contraire nécessitant la connaissance d'un code de signes commun, ou d'une culture partagée (inné ou acquis). Par exemple, un hochement de tête de gauche à droite n'a pas la même signification en France qu'en Grèce (où il signifie l'approbation).
Les panneaux de signalisation routiers, les tatouages, piercings, le maquillage, les vêtements, etc. peuvent également faire partie de la communication non verbale, pour autant qu'ils respectent le principe de base : l'abstraction totale de signes verbaux.
- Communication avec un autre qui est « immatériel » : Dans certains cas (via la transe par exemple), c’est une communication avec l’au-delà, les esprits, un dieu, les ancêtres.. qui est recherchée, mais qui a aussi valeur de communication pour le groupe quand l’acte n’est pas pratiqué seul et sans public.
Les moyens de communications non verbale
L'Homme et l'animal tel que les chiens disposent d'une large panoplie de moyens de communication non verbale :
- chez l'homme, à titre d'exemples : manifestations du corps (plus ou moins discrètes ou ostentatoires) : attitudes corporelles, regards, sourire, clin d'œil, hochement ou signe de tête ou de la main, haussement d'épaule, tremblement, contraction, rougeur, larmes, pleurs ou rires, hoquets, certains tics, etc.
- Chez l'homme spécifiquement ; la création artistique permet l'expression et/ou l'appropriation d'émotions et de concepts difficilement exprimables par le langage. La peinture, la musique (et le chant non verbal), la danse, les arts martiaux ou encore la sculpture sont des modes de communication non verbale (mais le plus souvent volontaires).
- Certains plans et notices de montage sont prévus pour pouvoir être utilisés par des gens de toutes origines ethniques et/ou illettrés. Certains panneaux de signalisation routiers de même (pour autant qu'ils respectent le principe de l'abstraction totale, c'est-à-dire d'absence de signes verbaux ou les traduisant par écrit).
- le tatouage, le piercing, et d'autres artifices de maquillage, coiffure, etc.
- les costumes et plus généralement les vêtements, éventuellement détournés de leurs fonctions habituelles sont aussi des moyens de communication non verbale,
En sciences humaines
Pour le psychologue, le sociologue, l'éducateur ou le soignant.. la "communication non verbale" désigne le plus souvent le langage gestuel inconscient - parfois à peine perceptible - de l'espèce humaine. En effet, la communication par mouvements - et micromouvements - réactionnels le plus souvent incontrôlés est l'un des modes de communication des primates, dont les simiens et tout particulièrement de l'Homme, peut-être développé pour compenser une moindre compétence olfactive et grâce à l'évolution du cerveau. Ce mode de communication n'utilise aucun phonème ni ne cherche à les représenter ou symboliser. Il utilise les capacités d'interprétation immédiate du cerveau (inconsciente et parfois conscientes) capable de décoder la gestuelle et la micro-gestuelle humaine : il ne s'exprime pas par les signes linguistiques audibles du langage verbal, mais par les divers mouvements involontaires du corps. Toutefois, pour qu'une analyse synergologique soit fiable, les items tels que le regard ou les mouvements de sourcils, nez, bouche, oreilles, ou encore la position des membres supérieurs et inférieurs - différenciant clairement la droite de la gauche -, les rictus, les froncements de sourcils, les clignements des yeux ou encore les lapsus gestuels doivent impérativement tous être pris en compte, au même titre que l'origine socio-culturelle du sujet. Le cas échéant, l'analyse peut être caduque et les risques de mauvaises interprétations sont considérables. L'analyse des gestes et postures accompagnant une communication, en étant émetteur, ou récepteur ou simplement spectateur, liée à la morpho psychologie est assez performante. On peut facilement déceler une différence entre le message parlé et l'attitude, en accord ou en désaccord. Ces études ont été complétées et précisées par les critères liés à l'âge, les problèmes physiques, les postures de bien être..., personnalisés par individu, d'où un besoin d'étalonnage. L'étude des gestes naturels, par exemple la façon d'ouvrir une porte, de rentrer dans une pièce, de s'avancer vers le bureau, de serrer la main, de manipuler la chaise, de poser sa mallette, de s'asseoir et de prendre place plus ou moins sur le bureau. En y rajoutant la morphologie, le regard, les choix d'habillement (le prix que l'on met dans les chaussures..., des chaussures trop propres, trop sales ou normales ?), la personne quasiment silencieuse vous a donné un avis lié aux ressentis sur ses capacités. Notre fonctionnement est lié à l'utilisation involontaire de notre cerveau, notamment les hémisphères. L'étude complémentaire porte sur les micro-mouvements involontaires. Ceux ci sont produits par des muscles que l'on ne peut pas commander volontairement, comme les muscles orbiculaires autour des yeux, et certains autour de la bouche, et dépendant des émotions. En complément : les cinq sens conscients, la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l'odorat. Les trois premiers sont utilisé naturellement dans nos études, notamment le ton de la voix plus aigu en cas de mensonge. Le goût et l'odorat, non utilisés, laissent la place libre pour y développer les ressentis liés à la communication non verbale.
Définitions associées
- En sémiotique on étudie le langage par le signe, verbal ou non, humain ou non. On le retrouve avec Charles Sanders Peirce et la théorie générale des signes, annonciatrice d'un langage dans la communication animale, de l’abeille (de Karl von Frisch) au zèbre.
- En linguistique, on étudie les mots parlés et écrits de la langue dans la communication humaine. Il n'y a pas, à l'origine, d'ouverture au langage non verbal.
- En sociologie, et plus particulièrement dans l'interactionnisme symbolique (courant développé par l'École de Chicago) on emploie, pour qualifier les modes de communication non-verbale le terme de métalangage.
Une césure est parfois faite, notamment dans l'étude des logiques neurologiques, entre les images du langage qui sont des représentations directes que l'on peut dire « analogiques », et les mots de la langue qui sont des représentations dites « numérique ». (On situe (en moyenne sur une population) le langage par l'image majoritairement dans le cerveau droit, alors que l'utilisation des mots fait intervenir l'aire du langage situé dans 95 % des cas dans le cerveau gauche.)
Le mot comme média serait, selon la distinction originelle de Ferdinand de Saussure, une convention arbitraire pour les rendre intelligibles (le mot « table » ne représente pas une table : le code utilisé pour représenter la table est arbitraire, on peut penser aussi aux langues de programmation informatique).
L'origine arbitraire de ce support est largement remise en question, et si Freud relevait une représentation de mot en plus de la représentation de chose, Lacan ira encore plus loin dans les définitions de signifiant (le support) et de signifié (le message), en focalisant sur le sens que porte le signifiant lui-même. (Par rapport à l'exemple du mot table, Lacan était dans l'étude du sens induit pas les sonorités, les homonymes, etc.)
Article détaillé : signe linguistique.Généralités
Langue et langage
Le langage est donc une représentation analogique : la progression est continue entre la représentation et ce qui est représenté (comme les chiffres romains de I à III par exemple). Ensuite, il faut passer par un code ou convention pour exprimer la quantité, comme « V » pour cinq, « X » pour dix et ainsi de suite, qui n'ont pas de relation analogique entre le représenté et la représentation. Gregory Bateson disait qu'il n'y a rien de tabuliforme dans le mot table : cette phrase exprime bien l'arbitraire du code utilisé par la langue pour dire l'objet « table ».
Le langage est une représentation directe analogique, comme les icônes (au Moyen Âge européen des illettrés, les vitraux et la Passion jouée sur les parvis des cathédrales sont des formes de communication non verbale pour représenter des scènes religieuses et raconter les épisodes marquants de l'histoire chrétienne).
Dans la communication dite non verbale, Ray Birdwhistell a inventé le concept de kinésique des « mimiques ». Ce concept recouvre l'ensemble des gestes, postures et mouvements corporels qui expriment le contexte de la relation en cours. Edward T. Hall avança le concept de proxémique (distances spatio-temporelles entre les locuteurs) et réfléchit sur l'usage et les significations des silences dans une relation. Erwin Goffman travailla sur la présentation de soi à travers l'habillement, l'élocution, toutes informations non-verbales données par les interlocuteurs.
Le contexte rend signifiantes et significatives les interactions entre les actants. Elle exprime le type de relation qu'ils entretiennent. C'est dans ce sens que se trouve le slogan tout comportement est communication de Grégory Bateson et ses associés, ou encore On ne peut pas ne pas communiquer : un individu replié sur lui-même et muet, inaccessible aux sollicitations communique par sa posture son refus de communiquer. Ceci est du ressort de la communication interpersonnelle[1].
Il y a la langue de la « signification » riche en informations et pauvre en contenus humains et le langage du « sens » riche en contenus humains et pauvre en significations. [Le langage manque la négation syntaxique « ne…pas », comme sur les signalisations routières « no parking » ou « défense de stationner » formées par l’image d’une voiture stationnée avec une barre oblique pour signifier la négation « ne…pas ».
Dans la communication humaine, c'est le contexte du langage qui donne un sens au texte de la langue, pour une relation en cours. La bande dessinée en est un bon exemple du langage exprimé par le dessin et de la langue des mots dans les phylactères ou bulles.
L'analyse de la communication non verbale peut éclairer des énigmes, telles certaines dissonances cognitives ; quand les yeux disent « oui » et que la bouche dit « non » ou quand le geste dément la parole et que le ton disqualifie le texte, ce qui paraît paradoxal dans les paradoxes et double contrainte qui sont des thèmes d'une approche écosystémique. La chorégraphie d’un ballet est de la « kinésique » avant la lettre, comme le bourgeois gentilhomme de Molière qui fait de la prose, sans le savoir. Les arts de la scène sont des formes de communication non verbale « pure » ou assortie de communication verbale, en proportion variable. Le mime Marceau était de la première catégorie.
- Pourquoi les gens font des grimaces et s’agitent-ils en parlant ? Souvent pour accentuer ce qu’ils disent, mais parfois pour démentir. Le paradoxe naît de cette deuxième situation où on ne sait plus quoi prendre et comment prendre. Cette divergence et ce contraste sont sources d’humour, de créativité, mais aussi d’angoisse dans le dilemme où on ne sait plus que croire ou répondre. Un ballet chorégraphié est aussi une communication verbale d’une histoire, avec son vocabulaire et sa grammaire, tout comme un concerto qui orchestre la lutte d’un instrument contre tous les autres instruments, ainsi qu’une symphonie où tous les instruments jouent de la même voix. Tous les arts picturaux sont de l’ordre d’une communication non verbale avec sa sémantique (relation signifiant-signifié), sa syntaxique (relation signe-signe) et sa pragmatique (relation signe-effet). La sémantique, la syntaxique et la pragmatique sont les trois branches des théories et pratiques de la communication.
Voici une expérimentation concluante qui a été faite sur les deux niveaux de la communication non verbale des expressions corporelles du langage et de la communication verbale des paroles de la langue.
Le Maire de New York City, Fiorello Henry LaGuardia (1882-1947) parlait plusieurs langues les plus utilisées dans sa ville, dont l’allemand, l’espagnol, le français, l’italien et le yiddish. On a passé le film de ses harangues et discours politiques dans ces langues, en coupant le son, devant un auditoire composé des représentants de toutes ces communautés culturelles et linguistiques qui ont reconnu à 100 % la langue utilisée à chaque fois, rien que par la vision des mouvements du langage de la communication non verbale, en l’absence du son des paroles de la langue des mots de la communication verbale.
Il apparaît, alors, qu'à chaque « langue » des mots soit associé un « langage » corporel des gestes, mimiques, silences et distances, l'un soulignant l'autre et l'autre surlignant l'un en contexte et texte, en contenant et contenu, c'est-à-dire en relation et contenu de cette relation, dans la communication humaine interpersonnelle.
Le ASL (American Sign Language) est une langue digitale, codée de gestes et mouvements corporels, avec son vocabulaire et sa grammaire, alors que le geste « pur » évoque directement ce qu'il représente, sans passer par une convention arbitraire. La communication, par mots ou par gestes, passe par ces trois niveaux.
Au premier niveau physique nécessaire et insuffisant, la communication est la transmission des signaux de son et lumière.
Au deuxième niveau imaginaire, la communication est la mise en commun du sens, significations et valeurs.
Au troisième niveau symbolique, la communication est la communion autour des croyances et règles de vie qui orientent et délimitent les significations et les valeurs possibles.Contenu et relation
Tout message comporte deux aspects ; le contenu et la relation. L'approche écosystémique se rapporte aux deux, le métamessage
Métacommunication et communication
La communication non verbale est directement issue de l’écosystémique complexe qui vient de la deuxième révolution scientifique de l’information, du signe avec un sens, dans le triple sens d’orientation (comme dans « sens unique »« »), de pertinence (comme dans « bon sens ») et de signification. Gregory Bateson, avec ses collègues et disciples, ont lancé cette deuxième révolution scientifique de l’information en introduisant la typologie logique de Bertrand Russell et Alfred North Whitehead. La cybernétique de première génération est celle du « signal » physique, en contraste au « signe » psychique se rapportant aux communications verbale et non verbale des langues et langages.
Processus primaire et secondaire chez Freud
Dans le schéma freudien, le processus primaire est celui du langage des « représentants de choses », de la communication non verbale interne, de la pensée de l’inconscient freudien ; le processus secondaire est celui de la langue des « représentants de mots » dans la parole du conscient. Le subconscient n'est ni image, ni parole ; il est fait de sensations brutes non formulées. Ainsi et commentant les écrits de Freud, Jacques Lacan a pu dire de cette façon : « l’inconscient est structuré comme un langage ».
René Roussillon, psychologue clinicien de Lyon, travaillant entre psychanalyse freudienne et approche écosystémique, a pu établir une distinction entre « traumatisme primaire » et « traumatisme secondaire ».
Le traumatisme primaire est une blessure psychique survenue chez le sujet avant la maîtrise des mots de la parole.
Le traumatisme secondaire est une blessure survenue à l’époque de la maîtrise de la parole avec des mots pour le dire.
Dans le silence de l’incommunicabilité, une maladie psychosomatique est celle des maux pour le dire.
Alors, dans l’exercice clinique et pour atteindre et explorer le traumatisme primaire, il faut et il suffit de l’aborder avec l’agir des gestes, des saynètes, des jeux théâtraux, de la communication dite non-verbale, des images, des gestes et des sons.
La cure parolière psychanalytique freudienne ne peut se rapporter qu’au traumatisme secondaire chez des adultes.
Voir aussi
Notes et références
Bibliographie
- Yves Winkin, 1981. La nouvelle communication. Paris: Seuil. (ISBN 978-2020427845)
- Jacques Cosnier, Alain Brossard 1984. La communication non verbale. Delachaux et Niestlé.
- [Guy Barrier], 2010. La communication non verbale. Comprendre les gestes et leur signification. ESF éditeur. (ISBN 978-2-7101-1767-4)
- Jacques Corraze, 2001. Les communications non-verbales (6ème ed.). Paris: PUF. (ISBN 2130445632)
Liens internes
Liens externes
- Jacques Cosnier
- (en)Paul Ekman
- (fr)Site sur la communication non verbale de Never Be Lied !
- (fr)Blog sur la communication non verbale de Guy Barrier
- (fr)Blog sur la communication non verbale de Hugues Delmas
- (fr)Blog sur la communication non verbale de Gabriel Duthil
- (en)Blog sur la communication non verbale de David Matsumoto
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