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Abbaye de Munster
L'abbaye Saint Grégoire de Munster (Haut-Rhin) est une abbaye de l'Ordre bénédictin fondée vers les années 660 sous l'administration du duc franc Bonifacius.
Restée célèbre pour être à l'origine du fromage de Munster, l'abbaye fut surtout l'un des plus influents monastères d'Alsace.
Histoire de l'Abbaye
Selon la légende, des moines écossais romains, disciples de Saint Grégoire le Grand (+ 604) fondent probablement vers 633 le premier établissement monastique au lieu-dit Schweinsbach, près de l'actuelle commune de Stosswihr.
Aux alentours de l'an 660, les religieux transfèrent le monastère au confluent des deux bras de la Fecht. Le monastère portera dès lors le nom de monasterium ad confluente, dont la forme germanisée donnera à la ville le nom de Münster. La vallée prendra quant à elle le nom de Val Saint-Grégoire ou en allemand Gregoriental.
Le duc d'Alsace, Boniface donne à la fondation un statut juridique plus ferme et confirme ses possessions territoriales sur l'ordre du roi Childéric II (vers 662-666). Le monastère obtint au IXe siècle l'immunité, ainsi que le droit de choisir librement l'abbé. Mais il tomba ensuite dans la dépendance d'abord du comte Eberhard (fin IXe siècle), ensuite de l'évêque de Bâle. Le monastère resta une abbaye impériale, puis dépenda de l'évêque de Bâle (1156). L'évêque de Bâle exerça le droit de visite et ratifia le choix de l'abbé. Au XIVe siècle, l'observance monastique céda la place à un style de vie d'un chapitre noble et séculier. La paroisse passa au XVIe siècle à la réforme protestante. L'abbaye resta catholique. Elle subit de graves dommages durant la guerre de Trente Ans. La communauté s'affilia en 1659 à la congrégation lorraine de Saint Vanne et de Saint Hydulphe. L'abbaye connaîtra des périodes plus ou moins fastes mais pas moins de six religieux de Munster seront élévés sur le siège épiscopal de Strasbourg. Dom Augustin Calmet sera sous-prieur de l'abbaye à partir de 1704. Le renouveau monastique et littéraire qui en résulta fut arrêté par la Révolution de 1789.
Comme beaucoup d'autres, l'abbaye ferma ses portes en 1790. Ses bâtiments ont été utilisés pour installer une des premières usines textiles d'Alsace. L'église abbatiale sera quant à elle démolie en 1802.
Les privilèges impériaux
Au cours des siècles, l'abbaye fut non seulement richement dotée foncièrement mais surtout bénéficia de la protection des Empereurs.
En 826, l'Empereur Louis le Pieux accorde au couvent l'immunité, c'est-à-dire le droit d' élire librement l'abbé, sans immiction du pouvoir temporel.
Trente années plus tard, en 856, l'Empereur Lothaire II confère à l'abbé le pouvoir de justice sur les territoires et villages appartenant à l'abbaye.
En 1235, l'abbaye reçoit l'immédiateté impériale, lui permettant ainsi d'entrer dans le cercle très fermé des abbayes d'Empire (Reichsabteien), accordant également à l'abbé le droit de sièger à la Diète d'Empire.
Mais le privilège le plus insolite fut conféré à l'abbé de Munster au VIIe siècle par le Roi Dagobert II, qui légua à l'abbaye ses insignes royaux. Lors des processions solennelles, l'abbé portait ainsi en lieu et place de la mitre, la couronne d'argent de Dagobert, tandis que deux acolytes portaient le sceptre et l'épée du souverain. L'abbé Grandidier, archiviste de l'évêché de Strasbourg, indique qu'à son époque (quelques années avant la Révolution française), l'usage existait toujours. Les insignes royaux ont malheureusement disparus aujourd'hui.
Sources
- August Stoiber, Münster im Gregorienthal, Trübner Verlag, Strassburg, 1874
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