Commercialisation des produits agricoles

Commercialisation des produits agricoles

La commercialisation des produits agricoles est l'activité d'échange des biens et des services relatifs à l'agriculture.

Sommaire

Enjeux de la commercialisation des produits agricoles

La commercialisation des produits agricoles permet de réaliser le transfert dun produit, du lieu de production au lieu de consommation. Cest donc une série dactivités interconnectées impliquant : la planification de la production, la culture et la récolte, le tri, le conditionnement, le transport, le stockage, les procédés agroalimentaires, la distribution et la vente. De telles activités ne peuvent se faire sans échange dinformation et dépendent souvent très fortement de la disponibilité dun financement adéquat. Les systèmes de commercialisation sont dynamiques. Ils sont compétitifs et impliquent un changement et des améliorations continus. Les activités qui prospèrent sont celles qui engendrent des coûts moins élevés, qui sont plus efficaces et qui peuvent fournir des produits de qualité. Celles qui engendrent des coûts élevés, ne sadaptent pas aux changements de la demande du marché et qui fournissent une qualité moins élevée sont souvent menées à la faillite. La commercialisation doit être orientée vers les consommateurs et générer un profit pour le cultivateur, le transporteur, le commerçant, le transformateur, etc. Cela implique que les acteurs impliqués dans les filières de commercialisation comprennent les exigences de lacheteur, à la fois en termes de produit mais aussi dactivité économique.

La division "commercialisation des produits agricoles" de la FAO et diverses organisations donatrices offrent un soutien aux pays en développement dans ce domaine dactivités. Ceci inclut le développement des informations sur le marché, lextension des activités de commercialisation, des formations en commercialisation et en développement des infrastructures. Les tendances récentes concernent la montée des supermarchés et un intérêt croissant pour lagriculture contractuelle.

Caractéristiques du commerce des produits agricoles

Infrastructures de commercialisation

Des infrastructures efficaces de commercialisation, comme les marchés de gros, de détail, les marchés associatifs, et les installations de stockage sont les conditions essentielles dune commercialisation rentable, dune minimisation des pertes post-récolte et dune réduction des risques sanitaires. Les marchés jouent un rôle important pour le développement rural, la génération de revenus, la sécurité alimentaire, le développement de liens entre les zones rurales et les marchés, et les questions de parité entre les sexes. Les planificateurs doivent être conscients de la nécessité de concevoir des marchés qui répondent aux besoins économiques et sociaux dune communauté et doivent choisir un emplacement adapté. Dans de nombreux cas, lemplacement des sites nest pas approprié, ce qui résulte en une sous-utilisation ou même une non utilisation des infrastructures mises en place. Par ailleurs, construire simplement un marché nest pas suffisant: il est également essentiels de prêter une attention particulière au mode de gestion de ce marché, à son fonctionnement et à sa maintenance[1]. Dans la plupart des cas, lorsquelles ne visent quà moderniser les infrastructures et quelles ne garantissent aucune maintenance ni aucune gestion, la plupart des améliorations mises en œuvre échouent au bout de quelques années.

Les marchés associatifs sont localisés dans les zones de production et servent principalement de lieu de rencontre, les agriculteurs peuvent vendre leurs produits à des commerçants. Ces marchés peuvent être occasionnels (par exemple hebdomadaires), comme les haat bazars en Inde ou au Népal, ou permanents. Les marchés de gros terminaux sont situés dans les zones urbaines majeures, le produit est acheminé jusquau consommateur grâce à des échanges entre grossistes et détaillants, traiteurs, etc. Les caractéristiques des marchés de gros ont considérablement changé, en raison des changements subis par la distribution dus à la croissance urbaine, au rôle grandissant des supermarchés et à laugmentation du pouvoir dachat. Ces changements nécessitent des réponses quant au mode dorganisation des marchés de gros traditionnels et à leur gestion. Dans les pays occidentaux, les systèmes de vente au détail ont largement évolué, en passant des marchés de rue traditionnels aux hypermarchés modernes ou centres commerciaux situés en dehors de la ville[2]. En dépit de la croissance des supermarchés, il reste toujours des opportunités considérables pour améliorer la commercialisation des produits agricoles dans les pays en développement, grâce à la construction de nouveaux marchés de vente au détail. Cependant, il y a peu de sens à entreprendre ces améliorations, sils elles nont pas deffet socio-économique positif. Une règlementation des marchés efficace est essentielle. À lintérieur du marché, il est nécessaire de renforcer à la fois les règles dhygiène et les activités de collecte des revenus. Le maintien de lordre en dehors du marché revêt aussi une grande importance. Les commerçants ayant des accords avec un marché ne désireront pas coopérer pour lamélioration des standards sils font face à une compétition de la part dacteurs extérieurs, qui eux ne payent aucun coût pour la fourniture des services appropriés.

Informations sur le marché

Des informations efficaces sur le marché ont déjà montré des effets bénéfiques pour les agriculteurs et les commerçants. Les informations actualisées sur les prix et dautres facteurs de marchés permettent aux agriculteurs de négocier avec les commerçants et facilitent également la distribution spatiale des produits, des zones rurales jusquaux villes et entre différents marchés. Dans les pays en développement, la plupart des gouvernements ont tenté de fournir aux agriculteurs des services dinformation sur les marchés, mais ils ont faire face à des problèmes de durabilité. De plus, même lorsquil fonctionne, le service fourni est souvent insuffisant pour permettre de prendre des décisions commerciales, en raison du temps qui sécoule entre la collection des données et leur dissémination[3]. Les technologies de communication modernes ont permis daméliorer la distribution de linformation, en particulier grâce aux SMS par téléphone portable et à la croissance rapide de stations de radio FM dans de nombreux pays en développement, qui permettent de mettre en place des services dinformation plus localisés. À plus long terme, Internet pourrait devenir un moyen efficace pour délivrer linformation aux agriculteurs. Cependant, des problèmes associés aux coûts et à la précision des donnés collectées doivent toujours être réglés. Même lorsquils ont accès aux informations sur le marché, les agriculteurs ont souvent besoin dassistance pour interpréter ces données. Par exemple, les cours des prix du marché annoncés à la radio peuvent se référer à des prix de vente sur le marché de gros, et les agriculteurs peuvent rencontrer des difficultés pour les traduire en prix réalistes sur leur marché associatif local. Des efforts variés ont été entrepris dans les pays en développement pour introduire des services commerciaux dinformation sur les marchés, mais ils ont largement visé les commerçants, les producteurs commerciaux et les exportateurs. Il nest pas facile dévaluer si des agriculteurs de petite taille et relativement pauvres peuvent générer un revenu suffisant pour un service commercial rentable, bien quen Inde, un nouveau service introduit par Thomson Reuters aurait été utilisé par plus de 100,000 agriculteurs dès sa première année de mise en place. En Afrique de lOuest, Esoko[4] tente de financer le coût de tels services auprès des agriculteurs en facturant laccès à un ensemble doutils plus modernes fondés sur la téléphonie mobile.

La formation en commercialisation

Les agriculteurs considèrent souvent la commercialisation comme leur problème majeur. Cependant, alors quils sont capables didentifier des problèmes comme des prix trop bas, un manque de moyens de transport et des pertes post-récolte trop élevées, ils manquent souvent de compétences pour identifier des solutions potentielles à ces problèmes. Une commercialisation efficace implique lapprentissage de nouvelles compétences, de nouvelles techniques et de nouveaux modes dobtention de linformation. Les agents de développement qui travaillent avec les ministères de lagriculture ou les ONG sont souvent bien formés pour les techniques de production horticole, mais manquent souvent de connaissance en commercialisation ou en opérations de post-récolte. Il est nécessaire dexplorer différents moyens pour les aider à développer leurs connaissances dans ces domaines, afin de leur permettre de mieux conseiller les agriculteurs. Il existe une gamme de guides génériques et dautres ouvrages de formations mis à dispositions par la FAO et dautres organismes, mais ceux-ci devraient, dans lidéal, être adaptés aux circonstances nationales, ce qui permettrait de maximiser leur effet.

La création denvironnements propices

La commercialisation de produits agricoles doit être conduite au sein dun environnement apportant un réel soutien sur le plan politique, règlementaire, institutionnel, macro-économique, bureaucratique et sur le plan des infrastructures. Les traders et autres acteurs ne peuvent investir dans un environnement de changements arbitraires des politiques du gouvernement, comme par exemple la restriction des importations et des exportations ou des mouvements internes de production. Les acteurs commerciaux ne peuvent assurer leurs fonctions si leurs activités sont entravées par une bureaucratie et des formalités excessives. Une loi inappropriée peut créer une distorsion et réduire lefficacité du marché, augmenter les coûts des activités économiques et retarder le développement dun secteur privé compétitif. Des institutions garantissant un faible soutien, tels que les services de développement agricole, des municipalités qui font fonctionner les marchés de manière inefficace et des organes de promotion de lexportation peuvent partiellement porter préjudice. Enfin, léternel problème de la corruption peut sérieusement influencer lefficacité de la commercialisation des produits agricoles dans de nombreux pays.

La commercialisation des produits agricoles dans les pays en développement

Plusieurs organisations fournissent un soutien aux pays en développement afin de les aider à développer leurs systèmes de commercialisation de produits agricoles, y compris lunité de commercialisation agricole de la FAO[5] et diverses organisations donatrices. Les ONG ont récemment montré un intérêt considérable pour les activités visant à mettre les agriculteurs en relation avec les marchés. Lamélioration des systèmes de commercialisation nécessite un secteur privé très solide, soutenu par une structure politique et règlementaire appropriée et des services de soutien publics efficaces. De tels services peuvent inclure la fourniture dinfrastructures de commercialisation, dinformations de marché et de services de développement capables de conseiller les agriculteurs pour la commercialisation de leurs produits. La formation est nécessaire à tous les niveaux.

Développements récents

De nouvelles relations de commercialisation entre les entreprises agroalimentaires, les grands détaillants et les exploitants agricoles se développent peu à peu avec lagriculture contractuelle[6], la formation de groupes de commercialisation, et dautres formes daction collective. Des donateurs et des ONG portent une attention croissante à la promotion des liens directs entre agriculteurs et acheteurs. La croissance des supermarchés, en particulier en Amérique Latine et en Asie de lEst et du Sud-est, a un effet significatif sur les circuits de commercialisation pour les produits horticoles, laitiers et carnés. De même, un développement durable des agro-industries qui demeure inclusif des petits exploitants agricoles est devenue une priorité pour les pays en développement. Enfin, la constitution d'une interprofession peut aider les acteurs des filières agricoles à négocier entre eux et avec leur gouvernement afin de mettre en place des mesures de soutien les mieux appropriées aux problèmes spécifiques des acteurs socioprofessionnels. Néanmoins, les marchés «spot» continueront à être important pendant de nombreuses années, ce qui nécessite une attention particulière envers lamélioration des infrastructures ainsi que des marchés de gros et de détail.

Notes et références

  1. John Tracey-White [1] Marchés de gros, FAO, Rome 1994
  2. John Tracey-White [2] Manuel de planification des marchés de vente au détail, FAO, Rome, 1997
  3. Andrew W. Shepherd [3] Les service dinformation sur les marchés, FAO, Rome 1998
  4. http://www.esoko.com
  5. [4] La division de commercialisation des produits agricoles de la FAO
  6. Charles Eaton et Andrew W. Shepherd [5] LAgriculture Contractuelle : Des partenariats pour le croissance, FAO, Rome, 2002

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Vernin, X. 1998. La distribution des fruits et légumes frais. Circuits et opérateurs de la filière française. Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, Paris, (ISBN 2-87911-117-X et 9782879111179), 255 pages.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Commercialisation des produits agricoles de Wikipédia en français (auteurs)

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