- Abbaye Notre-Dame des Dunes
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Abbaye des Dunes
L’ancienne abbaye des Dunes (ou abbaye Notre-Dame des Dunes) était située près de Furnes, en Flandre-Occidentale (Belgique). Fondée en 1107, elle fut visitée par saint Bernard lui-même et eut un grand prestige au XIIIe siècle avant de décliner. Transférée à Bruges au XVIIe siècle, elle fut supprimée en 1796 par l’autorité révolutionnaire française : les moines furent expulsés.
Sommaire
Origine
En 1107 un ermite bénédictin, Ligier, et ses disciples installent leur ermitage au milieu de dunes sauvages dans une région peu habitée de la Flandre-Occidentale : quelques huttes et une petite chapelle. Vingt ans plus tard (1127) l’abbé Foulques, successeur de Ligier, construit une chapelle et des bâtiments plus solides. Le même Foulques demande l’affiliation à l’ordre de Cîteaux fondé une vingtaine d’années auparavant. En 1138 des pourparlers ont lieu à Ypres avec le frère de saint Bernard. Le 31 mai de la même année Foulques visite l’abbaye de Clairvaux, quatrième fille de Cîteaux, et soumet son monastère des Dunes à l’autorité de saint Bernard. Ainsi Foulques et ses compagnons sont devenus ‘moines cisterciens’.
Développement rapide
Foulques lui-même se démet de sa charge et un proche de saint Bernard (et moine à Clairvaux), (saint) Robert de Bruges est nommé premier abbé de l’abbaye des Dunes pour y établir au mieux les coutumes du nouvel ordre monastique. Comme le veut la Carta Caritatis des cisterciens, saint Bernard, comme abbé de Clairvaux (abbaye-mère), visite l’abbaye des Dunes (avril 1139) pour y installer le nouvel abbé. Lorsque, en 1153, Robert de Bruges est appelé à Clairvaux, comme successeur de saint Bernard, Albéron lui succède et peu après (1155) saint Idesbald. Sous l’abbatiat d’Idesbald l’abbaye se développe rapidement et acquiert un grand prestige, autant pour la piété de ses moines que pour leur érudition. Le ménologe de l’abbaye conserve le souvenir de la sainteté de ses abbés et moines de ces temps de pionniers.
XIIIe au XVIe siècle
La construction de l’église abbatiale prend un temps considérable. Elle n'est inaugurée qu’en 1262. Elle était alors - avec une nef et sanctuaire s'étirant sur 115 mètres de long - une des plus grandes églises de Flandres. Il est vrai que plus de 300 moines logent à l’abbaye des Dunes. Les chiffres montent encore au point d'arriver à la fin du XIIIe siècle, à 181 moines et 350 convers !
Mais c’est déjà la fin du siècle de grande ferveur. La Flandre est sporadiquement engagée dans la guerre de Cent Ans et l’abbaye n’est pas épargnée. Un déclin s’amorce; les vocations se font rares. L’instabilité s’installe. L’abbaye perd plusieurs de ses fermes (et sources de revenus). La situation est si mauvaise que, en 1453, les moines songent à quitter l’abbaye. La communauté est réduite et ne parvient plus à entreprendre les travaux nécessaires pour empêcher l’envahissement des bâtiments par le sable. Mais la municipalité de Furnes refuse de laisser partir ses moines... Vers 1550 seuls une vingtaine de moines vivent encore à l’abbaye.
Fin de la première abbaye (à Furnes)
Une première catastrophe survient en 1566 : les iconoclastes vandalisent l’abbaye. Le mobilier est mis en pièce la bibliothèque incendiée et les moines chassés de leur abbaye. Ils y sont à peine revenus que, en 1577, les calvinistes prennent le pouvoir dans plusieurs villes importantes des Pays-Bas méridionaux (1577). L’abbaye est incendiée par des troupes calvinistes. Les moines sont dispersés.
L’abbaye des Dunes à Bruges
En 1601 l’abbé Laurent van den Berghe installe ce qui reste de sa communauté dans une des fermes de l’abbaye, à Bogaerde, entre Furnes et La Panne ; il met même en chantier la construction d’un nouveau monastère. L'architecte du relèvement est cependant l’abbé Bernard Campmans (1632-1642) qui décide du transfert de l’abbaye des Dunes à Bruges. Elle y occupe le refuge que possédait l’abbaye de Ter Doest, une abbaye-fille des Dunes. Pour marquer la continuité, l’abbaye de Bruges garde le nom de Notre-Dame des Dunes. La bibliothèque est reconstituée avec des livres venant des deux abbayes de Ter Doest et des Dunes. Le traité de Münster (1648) avec la reconnaissance de l’indépendance des Pays-Bas septentrionaux porte un coup dur à l’abbaye qui perd un grand nombre de fermes et possessions en Zélande. Les dettes s’accumulent, et l’abbaye ne reprendra plus son essor.
Fin de la seconde abbaye
Le 15 novembre 1796 marque l’expulsion des moines de leur abbaye de Bruges. Bâtiments et biens sont confisqués et l'abbaye est supprimée. À cette date, avec l’abbé Maur de Mol, il n’y a plus que 18 moines et 5 frères convers. Les moines prêtres reçoivent des postes de curés ou d’aumônier. L’abbé meurt en Allemagne en 1799. Il semble que, en 1819, les 5 moines encore survivants firent ensemble une visite des ruines de ce qui fut leur ancienne et puissante abbaye. En 1833 s’éteint à Bruges le dernier de ces moines, don Nicolas de Roover.
XIXe et XXe siècles
À sa mort don Nicolas de Roover lègue au diocèse de Bruges ce qui était devenu sa propriété personnelle : les bâtiments de l’abbaye des Dunes à Bruges. Ce qui lui vaut d’y avoir son portrait en une place proéminente, avec l’inscription : « Don Nicolas de Roover, dernier religieux de l’abbaye des Dunes et bienfaiteur insigne du diocèse (de Bruges) ; décédé le 31 mars 1833 ».
Après avoir servi comme école centrale du département de la Lys (1798-1803), lycée impérial (1808-1814) et hôpital militaire, les bâtiments de l’abbaye des Dunes à Bruges sont occupés, à partir de 1833 par le séminaire du diocèse de Bruges. Le 1er octobre 1833 l’année académique s’ouvre avec 122 séminaristes. Cela fait donc 175 ans que le séminaire est installé dans les bâtiments de l’ancienne abbaye cistercienne.
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