Collaboration en Belgique

Collaboration en Belgique

La collaboration en Belgique traite non seulement de la collaboration d'État menée par l'administration, mais aussi des autres formes de collaboration plus radicales ou plus confuses auxquelles ont pu se livrer des Belges en dehors de l'appareil d'État.

Sommaire

Contexte

Lorsque la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, la Belgique se proclame neutre. Néanmoins, les troupes allemandes pénètrent en Belgique le 10 mai 1940. Après 18 jours de combat et encerclement des troupes belges, suite à la rupture du front français à Sedan, le roi Léopold III opte pour la capitulation des armées belges. Le premier ministre Hubert Pierlot, en désaccord avec le roi, rejoint Londres où il dirigera de 1940 à 1944 le Gouvernement Belge en exil aux côtés d'autres ministres comme Paul-Henri Spaak, Camille Gutt et Albert de Vleeschauwer.

225 000 prisonniers sont envoyés en captivité en Allemagne. Dans le cadre de la Flamenpolitik, qui visait plus ou moins à une annexion de la Flandre considérée comme "aryenne, Hitler libère les miliciens, sous-officiers et officiers de réserve néerlandophones.

La collaboration d'État

La décision du roi de capituler avait soulevé la réprobation des gouvernements belge, français et anglais qui la considéraient comme une décision unilatérale faisant peu de cas de la cause alliée. Le roi considérait qu'il n'était lié qu'au devoir de défendre le territoire belge, à l'exemple de son père en 1914 dont, cependant, il s'inspira de manière trop rigide[1]. Le roi reste en Belgique comme prisonnier de guerre, refusant d'exercer des fonctions officielles même s'il rencontrera le chancelier Adolf Hitler. Il épouse officiellement Lilian Baels, ce qui ne correspondait pas avec le statut de prisonnier dans lequel il affirma se trouver.

L'administration belge

Alors que le gouvernement belge d'Hubert Pierlot était parti en exil à Londres, des consignes ont été données aux secrétaires généraux des administrations belges afin de limiter la collaboration. Une attitude dictée par l'expérience de la Première Guerre mondiale et qui a fait défaut à la France.

Cependant, début 2007, le rapport du CEGES (Centre d'études et de documentation guerre et sociétés contemporaines), établi après plus de deux ans de recherches, à la demande du gouvernement belge, contribue à faire tomber le mythe de l’impuissance des autorités belges face à la spoliation et la déportations des juifs en Belgique. Sous le titre éloquent de « La Belgique Docile: les autorités belges et la persécution des juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale »[2], cette étude de plus de mille pages démontre qu’une partie importante des autorités et administrations belges ont collaboré activement à l’identification et à la persécution des juifs belges et étrangers. Ces faits, longtemps méconnus n’ont encore fait l’objet d’aucune reconnaissance officielle, une proposition de résolution déposée au Sénat, vise à réparer cette lacune[3].

La question royale

Sans être collaborationniste, l'attitude de neutralité du roi est sujette à question ("La question royale"). Le roi reste en effet en contact avec la machine administrative en place et ne soutient pas le gouvernement d'Hubert Pierlot, en exil à Londres.

La résistance passive de la population a pu être comparée à celle du Roi. Mais dans la mesure où l'on doit considérer la monarchie constitutionnelle comme une haute magistrature d'influence, il convient de signaler que, via certains membres de son Cabinet qui le couvrent, particulièrement le Comte Capelle, le Roi est resté en contact avec les éléments belges qui administraient la Belgique occupée, parfois des collaborateurs comme le gouverneur du Limbourg, ainsi que les Allemands. Il a pu donner le sentiment à des collaborateurs intellectuels comme Robert Poulet qu'il l'encourageait. Il a donné des instructions aux ambassadeurs belges via l'ambassadeur en Suisse pour qu'ils adoptent une attitude correcte à l'égard des diplomates allemands qu'ils rencontraient lors de leurs inévitables contacts avec le corps diplomatique de pays dans le monde entier. Léopold III reconnaît qu'il a donné ses conseils diplomatiques dans son autobiographie posthume Pour l'Histoire publiée en 2001. Ils tendaient à faire penser que l'état de guerre avait cessé entre la Belgique et le Reich[4]. Durant toute la guerre, une partie de la Résistance continue à se réclamer du Roi.

Les collaborationnistes en Belgique

Les collaborationnistes sont les mouvements politiques, syndicaux, associatifs, les journaux, journalistes et intellectuels, qui faisaient la promotion de la collaboration.

Le nationalisme flamand

Drapeau de la Algemeene-SS Vlaanderen.

Le nationalisme flamand, encouragé par Hitler, a contribué à la collaboration. Les nationalistes flamands réclament une Flandre indépendante, vassale privilégiée du Reich, voire la renaissance de l'État bourguignon du XVe siècle (allant des Pays-Bas à la Bourgogne). Certains, tels la Algemeene-SS Vlaanderen, réclament toutefois l'intégration complète de la Belgique au Reich.

  • Le leader du mouvement est Staf De Clercq, cofondateur et leader du Vlaamsch Nationaal Verbond (VNV).
  • Le VNV a absorbé le Verdinaso et le Rex flamand. Presse : "Volk en Staat". (Le Verdinaso ou Dinaso : Verbond van Dietsche Nationaal-Solidaristen, créé par Joris van Severen).
  • De Vlag (Duitsch-Vlaamsche Arbeidsgemeenschap) dirigé par Jef van de Wiele. Groupe du même style mais rival du VNV.
  • La 6. SS-Freiwilligen-Sturmbrigade Langemarck]
  • S.S. Westland Regiment
  • Milices : Vlaamsch Legioen, Vlaamsche Wacht, Dietsche Militie, Zwarte Brigade, etc.
  • Le Deutscher Sprachverein (DSV)
  • La Deutsch-Belgische Gesellschaft

Léon Degrelle et le rexisme

  • Léon Degrelle, fasciste avant la guerre, leader du Rexisme, SS wallon.
  • Légion Wallonie. Formation antibolchevique composée en majorité de Rexistes mise sur pied en juillet-août 1941 et engagée sur le front de l'Est aux côtés de la Heer(armée de terre) (08.08.1941-01.06.1943). Commandeurs : Major G. Jacobs, Capitaine B.E.M. P. Pauly, Capitaine G. Tchekhoff, Capitaine L. Lippert.
  • Brigade d'Assaut Wallonie. Nouvelle dénomination de la Légion Wallonie lorsque celle-ci pas à la Waffen-SS le 01.06.1943. Commandeurs : SS-Sturmbannführer Lucien Lippert (01.06.1943-13.02.1944, ensuite sans titulaire (Degrelle étant reconnu comme Chef politique et non pas comme Commandeur), SS-Oberführer K. Burk (01.06.1944-septembre 1944).
  • Division SS Wallonie. Issue de la Brigade d'Assaut (septembre 1944). Commandeur  : SS-Sturmbannführer (ensuite SS-Oberstrumbannführer) Léon Degrelle.
  • Gardes wallonnes. Unité paramilitaire mise sur pied par le Mouvement de Rex.
  • Formations de Combat. Milice du Mouvement de Rex.
  • Formation B. Milice armée du Mouvement de Rex affectée à la protection rapprochée des édiles rexistes. Chef. J. Pevenasse.
  • Département de Sécurité et d'Information-D.S.I.. Divisés en plusieurs Brigades (A,B,D, et Z), ses effectifs sont actifs dans la contre-terreur. Chef : C. Lambinon.

La collaboration de gauche

  • Henri de Man, leader du Parti ouvrier belge (POB), le principal parti socialiste du royaume. De Man créée en novembre 1940 un syndicat unique, l'UTMI (Union des travailleurs manuels et intellectuels).
  • L'UTMI (Union des travailleurs manuels et intellectuels). Le comité central est composé de socialistes, de démocrates-chrétiens, de syndicalistes libéraux. Edgard Delvo, socialiste et pacifiste, prend en 1942 sa direction. Donc Henri De Man se réfugie en Haute-Savoie et les socialistes, les libéraux et les jocistes quittent l'UTMI. Edgar Delvo poursuit l'UTMI avec des effectifs nationalistes flamands et wallons réduit mais résolus.
  • Les Amis du Grand Reich Allemand (AGRA), est fondé par J. Spilette, Alfons De Boungne et dirigé par Georges Scaillet. L'AGRA recrute essentiellement des gens de gauche opposés au rexisme. Mais les deux formations finiront par s'entendre.
  • Deutsch-wallonische Arbeitsgemeinschaft (Dewag), organisation créé en 1943 par les SS pour dépasser l'AGRA et dirigée par Camille-André Ernaelsteen. Dewag tente de noyauter les Cercles Wallons de Roger De Moor (AGRA), foyers de détente des ouvriers wallons en Allemagne, et les Maisons Wallonnes, dirigées par Paul Garain (président de l'UTMI wallonne).
  • "Le Journal de Charleroi", journal socialiste et pro-collaborationniste dirigé par J. Spilette. En 1941, il fait la promotion du Mouvement national-socialiste wallon(autre dénomination de l'AGRA), partisan d'un "État raciste" wallon.
  • "La Légia" (à Liège) est dirigée par Pierre Hubermont, écrivain prolétarien qui défend une ligne socialiste, collaborationniste modérée. Hubermont mène aussi plusieurs journaux édités par la "Communauté Culturelle Wallonne - CCW" , dont "La Wallonie" (revue culturelle de bon niveau).

Autres mouvements collaborationnistes wallons

  • Comité national wallon créé par Raymond Colleye
  • Communauté Culturelle Wallonne (CCW). Présidents : Georges Wasterlain, ensuite Pierre Hubermont.
  • Ligue antimaçonnique belge - Epuration - Défense du Peuple-Ligue pour la Sauvegarde de la Race et du Sol. Le Nationaal-socialistische beweging in Vlaanderen (NSBiV) dirigé par J. B. Bellefroid. La Défense du Peuple est la consœur francophone du Volksverweering en Flandre créé par René Lambrichts.
  • Mouvement National Populaire Wallon (MNPW) créé par Antoine Leclercq. Fusionnera avec la Défense du Peuple.
  • Parti national-socialiste Wallon, fondé en 1941 par Julien Velut
  • Jeunesse Rexiste
  • Jeunesse Légionnaire
  • Amitié Culturelle Estudiantine Germano-Wallonne-A.G.W.
  • Association des Etudiants Wallons-A.D.E.W.
  • Jeunesse Estudiantines Wallonnes-J.E.W.
  • Jeunesse Wallonne - JW
  • Jeunesse Romane
  • Bien-Etre du Peuple-B.E.P.

Divers collaborationnistes à classer

  • Intellectuels et journalistes : Robert Poulet, Paul Colin, Pierre Daye, Raymond de Becker, Pierre Hubermont, Franz Daels.
  • Presse : Le Nouveau Journal, Cassandre, La Légia, Le Journal de Charleroi, La Gazette de Charleroi, Le Journal du Borinage, Le Journal de Tournai, Die Brüsseler Zeitung, Le Combattant Européen (publication de la Division Wallonie), La Wallonie, Jeune Légion, Le Pionnier, Le Travail, La Toison d'Or.
  • Deutscher Sprachverein-DSV : Mouvement qui, sous la couverture de manifestations culturelles, poursuit l'annexion au Reich des régions patoisantes allemandes de la province de Luxembourg.
  • Robert Jan Verbelen, leader de la De Vlag Veiligheidscorps (« corps de sécurité » SS), qui atteint le grade d'Hauptsturmführer. Le Veiligheidscorps effectua des attentats à la grenade contre des cafés, etc., et c'est Verbelen qui fit assassiner Alexandre Galopin, le directeur de la Société générale de Belgique.

Sources de l'article

  • «  Eddy De Bruyne&Marc Rikmenspoel :For Rex and Belgium|For Rex and Belgium. Léon Degrelle and Walloon Political & Military Collaboration 1940-1945  » (2004, ISBN 1-874622-32-9)

Notes et références

  1. * Henri Bernard, Panorama d'une défaite, Duculot, Gembloux, 1984.
  2. Publication, éditions Luc Pire - septembre 2007
  3. Proposition de résolution visant à reconnaître la responsabilité des autorités belges dans la persécution des Juifs en Belgique
  4. Jean Stengers, Léopold III et le Gouvernement, Duculot, Gembloux, 1980, Velaers et Van Goethem, op. cit.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes


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