Cher Ulysse

Cher Ulysse

Ulysse (ballet)

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Ulysse est une œuvre de danse contemporaine du chorégraphe français Jean-Claude Gallotta, créée en 1981 pour huit danseurs. Elle est considérée comme l'une des pièces les plus importantes de Gallotta et constitue une pierre angulaire de la nouvelle danse française qui se développe au début des années 1980[1],[2]. Fidèle à sa volonté de revisiter ses œuvres, Jean-Claude Gallotta a rechorégraphié Ulysse à de nombreuses reprises en en proposant à ce jour quatre versions différentes tant au niveau du choix des interprètes que de la scénographie ou de la musique : Ulysse (1981), Ulysse, re-création (1993), Les Variations d'Ulysse (1995) et Cher Ulysse (2007). La version Les Variations d'Ulysse, qui est une commande de l'Opéra de Paris, est entrée au répertoire du ballet de l'Opéra de Paris en 1995 sous l'impulsion de Brigitte Lefèvre.

Mosaïque romaine du IIe siècle avant J.-C. représentant Ulysse lors du chant des sirènes.

Sommaire

Historique

Buste d'Homère, IIe siècle avant J.-C.
James Joyce en 1915.
Ulysse de James Joyce publié en 1922.

Le ballet Ulysse est basé évidemment sur le personnage central de l' Odyssée d'Homère mais également sur Ulysse de Joyce[3]. L'écriture de la pièce remonte à 1980 après le retour de Gallotta des États-Unis où il a travaillé avec Merce Cunningham et l'obtention de ses prix lors du Concours chorégraphique international de Bagnolet (en 1976 et 1980). Il fonde alors le Groupe Émile-Dubois en 1979 et s'installe à la maison de la culture de Grenoble où il s'attèle à l'écriture de son ambitieux ballet[1]. Pour Jean-Claude Gallotta ce ballet constitue toutefois déjà d'une certaine manière une reprise de matériaux chorégraphiques issus de ses créations précédentes à la manière de ce que Cunningham qualifie d'« events »[4] c'est-à-dire une succession de morceaux choisis et maîtrisés qui sont assemblés pour l'occasion. La création de ces différents petits morceaux trouve son origine dans la période 1976-1977 où Gallotta étudie chez Cunningham et se découvre une chondromalacie qui l'handicape et le bloque dans ses ambitions de carrière de danseur[5],[6]. Relativement déprimé par cet état de fait, il décide de rebondir et d'inventer d'autres mouvements en travaillant chez lui dans la cuisine autour de la table. Ces recherches aboutiront à la création d'une esquisse intitulée Sept Airs de cuisines, composée de mouvements sur place et de boitillements, qui deviendra par la suite le socle chorégraphique d'Ulysse[5]. La pièce lie entre elles toutes ces petites unités chorégraphiques par des mouvements d'ensemble dont les techniques sont empruntées au chorégraphe new-yorkais[7]. Jean-Claude Gallotta considère que son ballet fondateur oscille entre deux tendances, l'une abstraite, l'autre théâtrale (notamment en raison des costumes et du décor de la version de 1981)[8]. Gallotta trouve le titre de son ballet à la fin de son écriture en faisant référence à la volonté de connaissance du monde qui mène Ulysse : « Comme le héros d'Homère j'y voyais là mon propre exil et l'impossibilité d'atteindre mes propres rivages chorégraphiques »[9]. Dès le début il conçoit que son ballet puisse être décliné dans différentes configurations de danseurs (par des enfants, des handicapés, des comédiens...)[8] ce qui justifie également les différentes versions qu'il en donnera au cours des années suivantes.

Cette pièce est dès sa création reconnue comme d'une importance majeure pour la danse contemporaine française[1],[10],[11],[12]. Gallotta, tant sur le fond avec d'incessantes courses et grands mouvements latéraux d'ensemble de jardin à cour et de cour à jardin, menés par des séries de petits pas agiles, que sur la forme avec le choc des costumes et des décors d'un blanc immaculé ainsi que la musique entêtante d'Henri Torgue[11],[3], marquera le renouveau de la danse de groupe par son écriture chorégraphique fortement influencée par les mouvements ininterrompus de Trisha Brown[13] et les travaux de Lucinda Childs, élève de Cunningham[14]. Ulysse constitue ainsi un aboutissement de la période d'apprentissage du chorégraphe mais également l'émancipation et la maturation des fondements de son style propre[13],[15] basé sur l'utilisation de propositions abstraites se rapprochant souvent du geste créatif des arts plastiques[16] qui constituent la formation première du chorégraphe.

Ulysse sera une pièce pivot du chorégraphe qu'il revisitera, parfois en profondeur, à de nombreuses reprises au cours des vingt-cinq années suivantes avec la création de quatre versions de références, déclinant humeurs, musiques, danseurs (de 8 à 14 interprètes et une version pour 40 danseurs) et compagnies, mais restant fidèle à la base chorégraphique originale. La version de 1995, Les Variations d'Ulysse, est une commande du ballet de l'Opéra de Paris et de sa directrice Brigitte Lefèvre afin d'ouvrir la saison de l'institution et de faire son entrée à son répertoire[2],[12]. La version Cher Ulysse de 2007 présente la double particularité d'être interprétée sur une musique originale du groupe Strigall au style électronique, délaissant la célèbre composition de Torgue et Houppin, et par des danseurs de différents âges[17], reprenant en cela le principe de Trois générations. Récemment, cette pièce a été également adaptée, dans sa première version, pour les enfants (de 8 à 13 ans) du groupe Grenade dirigé Josette Baïz[18], chorégraphe-pédagogue à Aix-en-Provence qui travaille avec des enfants des quartiers Nord de Marseille[19]. Cette version, « vivante et fraîche »[20], renoue avec les fondamentaux de la création de 1981.

De manière intéressante et bien qu'il retravaille cette œuvre de façon récurrente depuis 25 ans, Jean-Claude Gallotta affirme que Ulysse n'est pas sa pièce préférée mais simplement celle « dont on [lui] parle tout le temps »[15]. Bien aidé en cela par le succès des quatre versions. Il déclare également que « Ulysse n'est pas la pièce qui le représente. Elle est celle que l'histoire de la danse revendique pour m'accepter. C'est ma carte de visite chorégraphique. »[4] et affirme se sentir plus proche de Grandeur nature, une pièce pourtant bien plus confidentielle et théâtrale[4].

L'accueil critique

Ulysse fut reçut très positivement par les critiques et le public en France lors de sa création et de ses différentes versions[12],[21],[22],[23],[14],[24] mais également à l'étranger où la version de 1993 à fait plus largement connaître son auteur[3],[25]. Considérée comme une pièce fondatrice de la nouvelle danse française, elle est perçue par les critiques de la danse comme l'une des pièces de Gallotta qui « joue avec humour sur les mythes en créant un monde mystérieux habité par des tribus aux rites particuliers »[6].

Quelques critiques négatives ont cependant été émises par certains journalistes lors de la dernière version de 2007, qui se sont notamment interrogés sur la nécessité d'une quatrième version dont la « blancheur s'est ternie » et qui ont noté un vieillissement et une moindre agilité de certains danseurs, tout en concédant que le « spectacle est tout à fait recevable »[11].

Les différentes versions et leurs fiches techniques

Première version Ulysse (1981)

Cette version est remontée en 1983 pour le Théâtre de la Ville à Paris dans une version plus épurée avec une absence de décor, remplacé par un rideau de tulle blanc et vaporeux, et la présence marquante d'une dinde laissée libre de se promener dans le fond de la scène[8]. En raison de son succès en France et de l'« esprit français » que la pièce véhicule, Ulysse est programmé par les organisateurs des festivités liées aux Jeux olympiques de Los Angeles de 1984 lors de l'Olympic Art Festival[26] puis à l'American Dance Festival[27].

En octobre 2007, Josette Baïz remonte cette version pour la faire danser par des enfants de 8 à 13 ans. La chorégraphe-pédagogue fut une danseuse de la création de 1981 et, après sa collaboration avec Gallotta pour Trois générations, elle décide, avec son accord, d'adapter aux capacités techniques de jeunes enfants la chorégraphie initiale en restant au plus près de l'esprit de la pièce d'origine pour en faire une reprise et non une re-création[7]. Pour cela elle décrypte et transcrit à partir de la vidéo d'époque et de ses propres souvenirs de danseuse les différentes composantes d'Ulysse en en supprimant toutefois les aspects d'érotisme et de contacts entre les interprètes, les portés, et certaines sections jugées trop difficiles techniquement pour de jeunes enfants[7]. Josette Baïz s'attache en revanche à retrouver pour son adaptation l'« émotion » de la pièce d'origine en jouant sur l'interprétation des enfants. La création a eu lieu à la MC2 de Grenoble puis a tourné dans toute la France jusqu'en 2010.

Deuxième version Ulysse, re-création (1993)

Troisième version Les Variations d'Ulysse (1995)

Pour cette version, Brigitte Lefèvre impose deux conditions au chorégraphe afin de faire rentrer au répertoire l'œuvre contemporaine[28]. La première implique l'extension de la pièce de 8 à 40 danseurs afin de satisfaire les modes de fonctionnement de l'Opéra de Paris. La seconde concerne la musique dont la composition initiale ne correspond pas au goût de l'institution et qui donc doit être réécrite. Alors que Gallotta envisageait de demander une composition originale pour cette version à Peter Gabriel[28], Brigitte Lefèvre lui demande de rencontrer le compositeur Jean-Pierre Drouet ce qui rapidement permet de poser les bases des contraintes chorégraphiques du ballet en termes de rythme et de mouvement. Ulysse présente donc la particularité d'être la première œuvre chorégraphique notoire au monde à coexister avec deux partitions différentes[26]. Gallotta réécrit dès le début la pièce en pensant aux interprètes principaux que seront Patrick Dupond, Marie-Claude Pietragalla, et Carole Arbo[26]. Il la redécoupe également en 24 tableaux distincts soit autant que les chants de l'Odyssée.

Jean-Claude Gallotta travaille avec Mathilde Altaraz, sa compagne et danseuse, à la réécriture d'Ulysse afin d'adapter la pièce aux nouvelles dispositions scéniques et du corps de ballet. Le travail d'apprentissage avec le corps de ballet de l'Opéra de Paris se déroule sur un période de seulement quatre semaines, durée normale pour l'institution, mais inhabituel pour Gallotta. Ce dernier se charge d'enseigner la base et l'esprit de son œuvre à ce nouveau type d'interprète quand Mathilde Altaraz se voit confier la charge des répétitions[28]. En raison des contraintes de calendrier de l'opéra Bastille cette version ne sera donnée que lors de 6 représentations.

En 1996, Les Variations d'Ulysse reçoivent une Victoire de la musique classique dans la catégorie production chorégraphique[29].

Quatrième version Cher Ulysse (2007)

Cette version diffère profondément des précédentes dans son approche scénique. D'une part, une nouvelle musique est composée par Strigall, un ensemble musical qui travaille avec Gallotta à la MC2 depuis le début des années 2000, ajoutant ainsi une troisième partition différente pour une même chorégraphie. Celle-ci, basée sur des musiques électroniques, est nettement plus violente et mécanique, créant, avec l'espace illuminé de néons et lumières crues suspendues juste au-dessus des danseurs, une ambiance très particulière volontairement plus dure et moins vaporeuse que les versions précédentes[30]. D'autre part, la chorégraphie, proche de l'originale, est dansée par interprètes d'âges variés allant de 30 à 65 ans. Jean-Claude Gallotta reprend en cela son travail de Trois générations basé sur la juxtaposition de l'interprétation et des mouvements singuliers de chaque danseur en fonction de l'âge de son corps[24]. Si les premières versions d'Ulysse faisaient plus référence au texte d'Homère, l'influence du roman de James Joyce se ressent plus fortement dans la dernière version de la pièce où Gallotta lui-même déclare sur scène qu'Ulysse est « devenu Bloom, le Juif errant de Joyce » plus que le héros d'Homère[11].

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : source utilisée pour la rédaction de cet article

Notes et références

  1. a , b  et c Rosita Boisseau, Panorama de la danse contemporaine. 90 chorégraphes, Éditions Textuel, Paris, 2006, p.227
  2. a  et b Jean-Claude Gallotta (1998), p.7-8
  3. a , b  et c (it)Esiste uno stile Gallotta ? par Marinella Guatterini en 1994 sur le site de Romaeuropa
  4. a , b , c  et d Jean-Claude Gallotta (1998), p.39-40
  5. a  et b Jean-Claude Gallotta, groupe Émile Dubois (1988), p.76
  6. a  et b (en) Fifty contemporary choreographers, Martha Bremser, éditions Routledge, Abingdon, 1999, (ISBN 0-415-10363-0), pp-115-118
  7. a , b  et c Josette Baïz et les enfants d'« Ulysse » sur le webmagazine Danzine en 2008
  8. a , b  et c Jean-Claude Gallotta (1998), p.43-44
  9. Éclats d'Ulysse sur le site de la compagnie Samuel Mathieu
  10. Marion Thébaud, « Un nouveau voyage », dans Le Figaro, 22 octobre 2007 [texte intégral] .
  11. a , b , c  et d Marie-Christine Vernay, « Le trop long voyage d'Ulysse », dans Libération, 16 octobre 2007 [texte intégral] .
  12. a , b  et c Dominique Frétard, « Le vagabondage heureux de Gallotta à l'Opéra de Paris », dans Le Monde, 25 octobre 1995 [texte intégral] .
  13. a  et b Dominique Frétard, « Ulysse de Jean-Claude Gallotta, la danse à l'épreuve du temps, le chorégraphe reprend une de ses plus fameuses créations », dans Le Monde, 21 juillet 1993 [texte intégral] .
  14. a  et b « Malheureux qui comme Ulysse... », dans L'Humanité, 16 octobre 2007 [texte intégral] .
  15. a  et b Dominique Frétard, « La danse d'un bonheur plein de nerfs », dans Le Monde, 11 mai 1997 [texte intégral] .
  16. Jean-Claude Gallotta, groupe Émile Dubois (1988), p.46
  17. Extrait de Cher Ulysse sur le site du CCN de Grenoble.
  18. Jean-Claude Gallotta, Groupe Grenade - direction Josette Baïz - Ulysse sur le site du Centre national de la danse
  19. Philippe Noisette, « Premiers petits pas », dans Les Échos, 25 janvier 2008 [texte intégral] .
  20. Rosita Boisseau, « La fraîcheur impulsive des enfants d'« Ulysse » au CND de Pantin », dans Le Monde, 29 mai 2008 [texte intégral] .
  21. Rosita Boisseau, « Gallotta relit son Ulysse, ballet optimiste tout en mouvement », dans Le Monde, 16 octobre 2007 [texte intégral] .
  22. « Le lutin de la danse », dans Le Figaro magazine, 20 octobre 2007 .
  23. Philippe Noisette, « Ulysse, le retour », dans Les Échos, 15 octobre 2007, p. 12 .
  24. a  et b Un ballet nommé Ulysse dans Le Dauphiné libéré du 22 octobre 2008.
  25. (it) Francesca Bernabini, « Gallotta incontra Ulisse fra i maiali », dans Corriere della Sera, 15 juillet 1994 [texte intégral] .
  26. a , b  et c Jean-Claude Gallotta (1998), p.13-14
  27. (en) Emile Dubois, French Groups Debuts dans The New York Times du 23 janvier 1985
  28. a , b  et c Jean-Claude Gallotta (1998), p.19-22
  29. Les Variations d'Ulysse sur le site officiel des Victoires de la musique classique
  30. Extrait de Cher Ulysse sur Youtube

Liens externes

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