- Charles de Melun
-
Pour les articles homonymes, voir Melun (homonymie).
Charles de Melun est né vers 1420. Il a été décapité sur le marché du Petit-Andelys le 22 août 1468.
Baron de Normanville, des Landes et de Nantouillet, Charles de Melun est élevé par le roi Louis XI aux plus hautes dignités, et placé même au-dessus des princes du sang. Non seulement il est Grand maître de France, ce qui lui donne le gouvernement militaire de la maison du roi, mais encore il remplit les fonctions de connétable de France, jusqu'au moment où Louis de Luxembourg-Saint-Pol est pourvu de cet office. Il est également Lieutenant général du Royaume[1] et gouverneur de Paris et de l’Île-de-France. Il est également chambellan de Louis XI et son favori.
Sommaire
Famille
Les Melun sont une ancienne famille qui a produit de grands guerriers, des prélats distingués et divers hauts officiers de la couronne. Cette maison tire son nom de Melun, importante ville de l’Île-de-France.
Charles de Melun est le fils de Philippe, seigneur de La Borde-le-Vicomte et Le Bignon, grand-maître des eaux et forêts de France, gouverneur de Champagne et de Brie, gouverneur de la Bastille, conseiller et chambellan du roi. Sa mère Jeanne de Nantouillet est dame de Lumigny. Sa belle-mère, Jeanne de Torsay, est la veuve d’Aimery II de Rochechouart-Mortemart.
Biographie
Charles de Melun est un homme très actif, très entendu et très dévoué au roi, un joyeux vivant, qui court les aventures nocturnes avec son ami le cardinal Jean Balue, qui trouve à tout propos le mot pour rire, et s'acquitte au mieux des devoirs de sa table, appelé pour cette cause le Sardanapale de son temps, grand engorgeur de vins et de brouets.
À l'avènement de Louis XI, il se montre des plus âpres contre Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, dont il est vassal pour sa terre de Nantouillet. Ayant obtenu à son profit la confiscation de tout ce que son seigneur possédait dans l’Île-de-France, il se jette sur cette proie avec une avidité qui fait frémir. Il emballe lui-même et fait transporter dans ses châteaux tous les effets du disgracié. Il chasse la comtesse de Dammartin, sans lui laisser emporter une chemise, et cette pauvre dame, qui a alors un enfant au sein, a failli être réduite à mendier ou à mourir de faim, sans la charité d'un paysan qui la recueillit dans sa chaumière.
Une si grande dureté est payée son prix par messire Charles de Melun. Il est le favori du roi qui va jusqu’à l'admettre dans son lit, car il lui fait confiance et va jusqu’à lui octroyer cet immense honneur[2]. Il est certes nommé Lieutenant général du Royaume[3] et Grand maître de France, il remplit les fonctions de connétable de France et est gouverneur de Paris et de l’Île-de-France, mais en cette période difficile, la disgrâce le guette sans cesse.
Certes le sire Charles de Melun se jette sur le Vexin normand et le pays de Caux au début des guerres contre la Ligue du Bien public, mais lors de la bataille de Montlhéry, le 16 juillet 1465 entre Louis XI et la Ligue du Bien public, le roi demande à Charles de Melun, son lieutenant général dans l'Ile-de-France, de faire partir de Paris deux cents lanciers sous le commandement du maréchal Rouhault, afin de prendre les Bourguignons à revers. Charles de Melun ne peut les réunir et est accusé d’avoir retenu ce maréchal de France.
Charles de Melun signe avec son frère Antoine le traité de paix de Conflans le 4 octobre 1465[4].
Après la guerre du Bien-Public, le roi se réconcilie avec Antoine de Chabannes, ancien membre de la ligue du Bien public. Celui-ci unit alors ses efforts à ceux du cardinal Jean Balue pour perdre leur ennemi commun. Ils réveillent d'anciens soupçons. Melun est accusé par eux d'avoir vendu des emplois publics et d'avoir soustrait diverses pièces à la justice. Alors Louis, se rappelant de fâcheux souvenirs, lui reproche d'avoir empêché le maréchal Rouhault de sortir de Paris pendant la bataille de Montlhéry, et de tomber sur les Bourguignons. Enfin La Balue, aussi vindicatif que son maître, accuse Melun d'avoir entretenu des intelligences avec le duc de Bretagne[5].
Le favori de la veille est non seulement dépouillé de ses offices, mais encore accusé de haute trahison, et livré au prévôt des maréchaux. Son juge est le bourreau du roi, le farouche Tristan L'Hermite, qui plait au monarque par sa grossière familiarité et par ses plaisanteries brutales contre les malheureux qu'il conduit au supplice. Tristan L'Hermite, à la tête d'une commission servile, fait brièvement le procès de l'accusé. Il est d'abord mis à la question. Charles de Melun est enfermé d'abord au Château-Gaillard, puis on lui fait couper la tête sur le marché des Petit-Andelys, le 22 août 1468.
Le premier coup ne fait qu'entamer sa tête ; l'infortuné a la force de se relever, proteste de son innocence et est achevé.
Si le roi veut traiter ainsi ses prisonniers, dit l'amiral de Bourbon, fils légitimé de Charles Ier de Bourbon, il n'a qu'à les garder lui-même : il en fera, s'il veut, de la chair à pâté[6]. Ses biens confisqués sont attribués à Antoine de Chabannes.
Les chefs d’accusation qui motivent sa condamnation sont loin d'être légalement établis ; et à ce propos Lestoille dit plaisamment qu'on luy fit accroire qu'il estoit criminel de lèze majesté ; mais il est démontré aussi que, lors des poursuites dirigées contre le comte de Dammartin en 1465, il a détourné la déposition d'un témoin favorable au prévenu. Ce seul grief suffit à la haine d'un ennemi qui veut prendre sa revanche[7]. Il parait certain que c’est la violence de la torture qui lui arrache des aveux d'après lesquels il est condamné par des commissaires payés d'avance avec les biens de l'accusé. Il faut donc qu’il soit jugé coupable pour qu’ils s’enrichissent[8].
« C'est au moment où l'on vient de rendre le gouvernement de l'Ile de France et de Paris à Antoine de Chabannes, son ennemi personnel, non sans légitimes motifs, du seigneur de Nantouillet, et enrichi de ses dépouilles... que le roi dans le but de lui faire rendre gorge, signale en son conseil la fausseté de l'accusation intentée par ledit Chabannes, et rapporte que déjà Louis XI, son très cher seigneur et père que Dieu pardonne, a reconnu en 1471, que a tort et sans cause le dit feu Charles de Melun avait été exécuté[9]. »
Héritage
- Le livre d'heures qui porte son nom est conservé à la British Library de Londres.
Descendance
Charles de Melun se marie avec Anne Philippe de La Rochefoucauld le 21 janvier 1453. Elle est la fille de Guillaume de La Rochefoucauld et de Marguerite de Torsay. De cette union sont issus:
- Louis, baron des Landes, marié à Yonne Sanguin, puis à Michelle de La Place, dame de Congy. Né à Normanville au printemps 1466, il avait à peine deux ans à la mort de son père. Placé sous la garde du roi, il obtint ses lettres de mainlevée le 19 décembre 1487. (Bertrand Pâris, Dépouillements des manuscrits de dom Lenoir).
- Arethuse, mariée à Arnaud de Vandières, puis à Olivier de La Chapelle-Rainsouin.
- Prégente, religieuse à Poissy.
- Ambroise, mariée à Hardouin de Maille.
- Marie, mariée à Philippe de Chauvigny.
- Louise.
Veuf, Charles de Melun se remarie avec Philippe de Montmorency, dame de Vitry-en-Brie, le 23 mars 1465. Elle est la fille de Jean II de Montmorency, Grand chambellan de France et de Marguerite d'Orgemont[10].
La famille de Charles de Melun rentre en grâce en 1471, et retrouve tous les biens qui lui avaient été confisqués. Des lettres patentes du roi Charles VIII, en date du 10 mars 1487, réhabilitent la mémoire du défenseur de Paris, et prouvent que trois ans après son exécution Louis XI avait reconnu l'innocence de son ancien favori.
Notes et références de l'article
- Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos…, p.863.
- Assez courant à cette époque et cela ne correspond en rien à une attitude homosexuelle.
- Histoire de France, de Gabriel Danie, p.689.
- Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos… p.863.
- Histoire de France, de Louis-Philippe Ségur, James William Colvile, p.182.
- Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, de Henri…, p.15.
- Antoine Le Roux de Lincy, Recueil de chants historiques français depuis le XIIe jusqu'au XVIIIe siècle, Paris, 1841, p. 358.
- Bibliothèque de Paris, manuscrit français 8458
- Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, p. 115.
- Charles de Melun
Articles connexes
Liens et documents externes
Précédé par Charles de Melun Suivi par Antoine Ier de Croÿ Grand maître de France Antoine de Chabannes Catégories :- Naissance en 1420
- Décès en 1468
- Personne exécutée par décapitation en France
- Grand maître de France
- Baron français du XVe siècle
- Maison de Melun
Wikimedia Foundation. 2010.