Charles de Lorraine (1524-1574)

Charles de Lorraine (1524-1574)
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Charles de Lorraine
Image illustrative de l'article Charles de Lorraine (1524-1574)
Charles, cardinal de Lorraine (vers 1555), atelier de François Clouet. Chantilly, musée Condé.
Biographie
Naissance 17 février 1524 à Joinville
Décès 26 décembre 1574 à Avignon
Évêque de l'Église catholique
Fonctions épiscopales évêque du diocèse de Reims et Metz
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
1547par le pape Paul III
Titre cardinalice cardinal-prêtre de Sant'Apollinare

Blason
(en) Notice sur catholic-hierarchy.org
Charles, cardinal de Lorraine par Le Greco (1571). Âgé de 47 ans, le cardinal est représenté en compagnie d'un perroquet, symbole d'éloquence. Toutefois, papagallo (« perroquet » en italien) peut être traduit littéralement par « pape français », interprétation soulignant le poids politique du cardinal à la tête de l'Église catholique de France. Le perroquet, symbole ambigu, est remplacé par un crucifix dans les copies attribuées à George Boba.

Charles de Lorraine (né le 17 février 1524 à Joinville et mort le 26 décembre 1574 à Avignon) fut duc de Chevreuse, archevêque de Reims de 1538 à 1574, évêque de Metz de 1550 à 1551. Elevé au cardinalat en 1547[1], il est d'abord connu comme cardinal de Guise puis cardinal de Lorraine. C'est un homme politique et un intellectuel religieux qui joua un rôle important durant les guerres de religion.

Dans un premier temps ouvert à la discussion et à la réforme de l'Église, il soutint la politique du chancelier Michel de l'Hospital tout en s'illustrant comme le champion de la cause catholique. Avec son frère le duc de Guise, il dirigea la France sous le règne de François II (1559-1560), il participa au colloque de Poissy (1561), puis au concile de Trente (1563). Chef de la maison de Guise, il s'opposa durant le reste de sa carrière à la politique de Catherine de Médicis.

Sommaire

Biographie

Charles de Guise est le second fils de Claude de Lorraine, premier duc de Guise et seigneur de Joinville (qui se distingua sous François Ier) et d'Antoinette de Bourbon-Vendôme. Suite à la démission de son oncle Jean en sa faveur, il est nommé archevêque de Reims en 1538 à l’âge de treize ans. À la mort de son oncle (1550), il reprend le titre de cardinal de Lorraine. Charles sait, avec son frère aîné, François, duc de Guise, gagner la faveur du roi Henri II. Lui et ses frères exercent une grande influence et jouent un grand rôle dans les affaires du pays. À Reims, le cardinal de Lorraine favorise la création de l'université en 1548 (fermée en 1793 et rouverte en 1961) et plus tard celle de Pont-à-Mousson avec son « cousin » Charles III, duc de Lorraine.

Sous le règne de Henri II, Charles professe des opinions gallicanes. Par ailleurs, contrairement au connétable de Montmorency, le cardinal et son frère François sont d'ardents partisans de la guerre contre les Habsbourg.

Défenseur intransigeant de l'Église catholique apostolique et romaine, le cardinal de Lorraine devient par la suite l'une des principales figures françaises de la Contre-Réforme en se faisant le défenseur des décrets du concile de Trente qu'il souhaite voir appliquer dans le royaume.

Selon Brantôme, « tout ecclésiastique qu’il était, il avait l’âme fort barbouillée ». Autant son frère François est d’une force d’âme extraordinaire, capable de générosité, autant Charles, au contraire, est égoïste et insolent dans le succès. Mais le cardinal est aussi un homme très habile. Il est adroit, éloquent, plein de ressources et de séduction. Son talent fait de lui un rival de Catherine de Médicis. Prônant la lutte contre le protestantisme, il n’a de cesse de combattre la politique de tolérance civile de la reine mère. Ayant de hautes capacités intellectuelles, le cardinal est employé de nombreuses fois à des fins diplomatiques.

Le cardinal de Lorraine et son frère François réussissent à obtenir le pouvoir à l'avènement du jeune François II (1559). Le cardinal tient alors entièrement l’administration des finances. Il fait rendre les sceaux au chancelier François Olivier puis, à la mort de celui-ci (mars 1560), désigne Michel de l'Hospital (dont il a favorisé la carrière de magistrat) comme successeur au poste.

Cependant, Charles de Guise doit céder sa place après la mort du jeune roi (5 décembre 1560). Il quitte la cour deux mois plus tard, accompagnant sa nièce Marie Stuart à Joinville. Le cardinal assiste alors impuissant à l'introduction du protestantisme à la cour. Il continue cependant de jouer un rôle important lors du colloque de Poissy où il s'oppose à Théodore de Bèze, chef du parti protestant. L'intransigeance de ce dernier fait échouer la réconciliation des deux religions au grand dépit de la reine mère. Charles de Guise était, lui, prêt à une certaine conciliation, qui échoua[2].

Suite à l'assassinat de son frère François (18 février 1563), Charles devient le chef de la famille des Guise et du parti catholique en France. Il prend sous sa tutelle les enfants de son frère décédé et cherche par tous les moyens à nuire aux Montmorency et plus particulièrement à l'amiral de Coligny qu'il considère comme responsable de la mort de son frère. Le 8 janvier 1565, alors que la cour se trouve dans le Midi, il manque de peu de se faire tuer dans une rue parisienne par les troupes de François de Montmorency, gouverneur de Paris et fils du connétable Anne. Soucieuse d'établir la paix dans le royaume, la reine mère oblige le cardinal à se réconcilier avec le clan des Montmorency à Moulins en 1566. Il y embrasse publiquement l'amiral de Coligny, mais les deuxième et troisième guerres de religion lui permettent de poursuivre l'amiral de sa vindicte.

Charles, cardinal de Lorraine par George Boba. Musée de Reims.

Plus tard, il négocie le mariage de Charles IX et d'Élisabeth d'Autriche (1569). Puis, il part à Rome pour participer au conclave qui doit élire un nouveau pape. Malgré son opposition au mariage entre la princesse Marguerite de Valois et Henri de Navarre, qui doit sceller l'union des catholiques et des protestants, il tente de convaincre le pape de donner son accord au mariage.

C'est avec une joie et une surprise extrême qu'il apprend la nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy, parvenue à Rome le 5 septembre 1572. Il s'empresse alors de regagner Paris, où il pense pouvoir reprendre sa place au conseil du roi. Mais Catherine de Médicis, qui craint son retour aux affaires, lui fait savoir qu’il n'est pas le bienvenu.

Néanmoins, la Couronne se sert régulièrement du cardinal de Lorraine pour ses négociations financières avec le clergé. Charles meurt des suites d'une infection pulmonaire à Avignon le 26 décembre 1574. Il est inhumé dans la cathédrale de Reims.

Sources imprimées

  • Lettres du cardinal Charles de Lorraine (1524-1574), s.d. Daniel Cuisiat, Genève : Droz, coll. « Travaux Humanisme Renaissance », 1998.

Notes et références

  1. Le cardinal Charles de Lorraine, prélat humaniste de la Renaissance, par Daniel Cuisiat
  2. Thierry Wanegffalen, Ni Rome ni Genève, des fidèles entre deux chaires, Éditions Champion, 1997

Bibliographie

  • (fr) Jean-Jacques Guillemin, Le Cardinal de Lorraine, son influence politique et religieuse au XVIe siècle, Paris, Chez Joubert, 1847 [lire en ligne] .
  • (en) Henry Outram Evennett, « The Cardinal of Lorraine and the Colloquy of Poissy » in Cambridge Historical Journal, vol.2, no 2, 1927, p. 133-150.
  • (en) Henry Outram Evennett, The Cardinal of Lorraine and the Council of Trent. A study in the counter-reformation, Cambridge, Cambridge University Press, 1930 .
  • (en) Donald G. Nugent, « The Cardinal of Lorraine and the Colloquy of Poissy » in The Historical Journal, vol.12, no 4, 1969, p. 596-605.
  • (en) Nicola Mary Sutherland, « The Cardinal of Lorraine and the colloque of Poissy, 1561 : a reassessment » in Princes, Politics and Religion, 1547-1589, Londres, The Hambledon Press, 1984, p. 113-137.
  • (fr) Michel Pernot, « Le rôle du cardinal Charles de Lorraine dans la vie politique et religieuse de la France au troisième quart du XVIe siècle » in Les Cahiers haut-marnais, n° 188-190, 1992, p. 19-41.
  • (fr) Mario Turchetti, « Une question mal posée : La Confession d'Augsbourg, le cardinal de Lorraine et les Moyenneurs au Colloque de Poissy en 1561 » in Zwingliana, vol. 20, 1993, p. 53-101.
  • (fr) Le mécénat et l’influence des Guises. Actes du Colloque organisé par le Centre de Recherche sur la Littérature de la Renaissance de l’Université de Reims et tenu à Joinville du 31 mai au 4 juin 1994 (et à Reims pour la journée du 2 juin), Honoré Champion Éditeur, coll. « Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance », 1997, 758 p. . Divers articles :
    • Jacqueline Boucher, « Le cardinal de Lorraine, premier ministre de fait ou d’ambition (1559-1574) », p. 295-310.
    • Marc Venard, « Le cardinal de Lorraine dans l’Église de France », p. 311-329.
    • Alain Tallon, « Le cardinal de Lorraine au concile de Trente », p. 331-343.
    • Franco Giacone, « Les Lorraine et le Psautier de David », p. 345-363.
    • Colette Demaizière, « Le cardinal de Lorraine protecteur de Ramus », p. 365-380.
    • Jean-Claude Ternaux, « Les excès de la maison de Lorraine dans l’épitre et la satire du Tigre (1560-1561) », p. 381-403.
    • Hermann Lindner, « Rhétorique, poésie, mécénat : « Le Procès » de Ronsard contre le cardinal de Lorraine », p. 405-423.
    • François Roudaut, « Le cardinal de Lorraine, François de Guise et Joachim du Bellay », p. 425-442.
    • Isabelle Balsamo, « Le cardinal de Lorraine et ses commandes artistiques à Reims », p. 443-467.
    • Philippe Desan et Kate Van Orden, « De la chanson à l’ode : musique et poésie sous le mécénat du cardinal de Lorraine », p. 469-494.
  • (en) Stuart Carroll, « The Compromise of Charles Cardinal de Lorraine : New Evidence » in The Journal of Ecclesiastical History, 2003, vol.54, no 3, p. 469-483.
  • (en) Philip Benedict, « From Polemics to Wars : The Curious Case of the House of Guise and the Outbreak of the French Wars of Religion » in Historein, 2006, n° 6, p. 97-105.
  • (fr) Benoist Pierre, « Le cardinal-conseiller Charles de Lorraine, le roi et sa cour au temps des premières guerres de Religion » in Parlement[s], Revue d'histoire politique, 2010/3, no  HS 6, p. 14-28.

Liens externes



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