Cellule gliale

Cellule gliale
Des cellules gliales, ici des astrocytes, telles qu'on peut les voir au microscope par coloration de Golgi

Dans le système nerveux, les cellules gliales (aussi appelées neuroglie ou tout simplement glie, du grec γλία (glia), « la colle ») sont les cellules qui forment l'environnement des neurones. Elles assurent le maintien de l'homéostasie, produisent la myéline et jouent un rôle de soutien et de protection du tissu nerveux en apportant les nutriments et l'oxygène, en éliminant les cellules mortes et en combattant les pathogènes.

Les cellules gliales représentent environ 50% du volume cérébral[1]. On distingue en général deux principaux types de cellules gliales : la macroglie (astrocytes, oligodendrocytes, cellules de Schwann, etc.) et la microglie (constituée de macrophages). Contrairement à la grande majorité des neurones, les cellules gliales peuvent se diviser par mitose.

Pendant longtemps, l'implication des cellules gliales dans le traitement de l'information nerveuse a été ignorée par rapport au rôle proéminent des neurones mais il est aujourd'hui reconnu qu'elles exercent une action modulatrice sur la neurotransmission bien que le détail de ces mécanismes reste mal compris.

Sommaire

Historique

La première description des cellules gliales est donnée par Theodor Schwann dans son traité de 1839 qui fondera la théorie cellulaire. Il y décrit les neurolemmocytes du système nerveux périphérique qui produisent le manchon de myéline entourant les fibres nerveuses, depuis dénommées cellules de Schwann.

Le terme "glie" (du grec ancien, γλία (glia), signifiant « la colle, la glue ») est d'abord utilisé par Virchow en 1846 pour désigner la substance conjonctive du cerveau et de la moelle épinière. En 1893, Andriezen distingue la « glie fibreuse », trouvée dans la substance blanche, de la « glie protoplasmique » dans la substance grise dont les cellules de forme étoilée sont baptisées astrocyte par Michael von Lenhossék (1893). Ramon y Cajal reprendra ce terme dans la description très précise qu'il donne de la structure de ces cellules grâce à une coloration de son invention (1913) qui lui permet, contrairement à la méthode de Golgi de bien voir les astrocytes de la substance grise[2]. Del Rio Hortega distingue les "oligodendrocytes" et les cellules de la microglie en 1919-1928[3].

Le cerveau contiendrait de mille à cinq mille milliards de cellules gliales, soit de 10 à 50 fois plus que de neurones selon les différentes estimations[4]. Le fait fut découvert au début du XXe siècle, et donna par déformations journalistiques successives naissance au mythe que « nous n'utiliserions que 10 % de notre cerveau pour penser ». Il a cependant été établi que les cellules gliales jouent un rôle dans la communication synaptique via, par exemple, la recapture des neurotransmetteurs et donc dans le traitement de l'information par le système nerveux, c'est-à-dire dans la « pensée » dans le langage commun.

Classification

On distingue deux classes de cellules gliales, les cellules de la microglie et les cellules de la macroglie. On différencie aussi les cellules gliales par leur localisation, dans le système nerveux central (SNC) ou dans le système nerveux périphérique (SNP).

Les cellules microgliales

Article détaillé : Microglie.

Les cellules macrogliales

Ces cellules sont très nombreuses dans le système nerveux central. Mais il en existe aussi dans le système nerveux périphérique, où ces cellules ont des fonctions analogues à certaines cellules gliales du système nerveux central.

Les cellules gliales du système nerveux central

Ces cellules dérivent des glioblastes du tube neural embryonnaire.

  • Les astrocytes ont une forme étoilée, avec de nombreux prolongements radiaires. Ce sont les plus grosses cellules du tissu nerveux. On distingue les astrocytes de type I, qui sont en contact avec les capillaires sanguins, et les astrocytes de type II, entourant le neurone et la fente synaptique empêchant ainsi la dispersion des neurotransmetteurs. De plus, les astrocytes synthétisent des neurotransmetteurs. Ils maintiennent également les neurones en bon état de fonctionnement en leur apportant de l'énergie. Ils contribuent à maintenir l'équilibre de la composition du liquide extracellulaire. Grâce à leurs "pieds", les astrocytes assurent un lien fonctionnel entre les vaisseaux et les neurones : ils prélèvent les substrats énergétiques (glucose, oxygène) au niveau des vaisseaux sanguins et les amènent aux neurones, ils débarrassent également les neurones des substances de dégradation qui doivent être évacuées par les vaisseaux sanguins.
  • Les oligodendrocytes sont plus petits que les astrocytes et portent moins de prolongements qu'eux. Ils sont à l'origine des gaines de myéline entourant les axones des fibres nerveuses. Il existe des petites portions d'axone non recouvertes de myéline appelées nœuds de Ranvier. Elles sont marquées par les galactocérébrosides.
  • Les épendymocytes dérivent des épendymoblastes. Ils forment une paroi qui délimite les différentes cavités du système nerveux central. Ces cellules sont aussi responsables de la synthèse du liquide céphalo-rachidien (LCR).

Les cellules gliales du système nerveux périphérique

Ces cellules dérivent des glioblastes des Crête_neurale de l'embryon.

  • Les cellules satellites ont une fonction analogue aux astrocytes. Elles entourent les neurones sensoriels et autonomes. La différence est qu'elles sont dans un milieu où est présent du tissu non neural.
  • Les cellules de Schwann, comme les oligodendrocytes, assurent la myélinisation des axones, c'est-à-dire leur isolation électrique. Il existe néanmoins de petites différences entre ces deux types de cellules. Les cellules de Schwann n'existent qu'au niveau du système nerveux périphérique. Une cellule de Schwann forme la gaine de myéline autour d'un seul axone, alors que les oligodendrocytes peuvent myéliniser plusieurs axones (de différents neurones) au sein du système nerveux central (en moyenne une dizaine).

Rôle

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Dans le système nerveux central, les cellules gliales assurent l'homéostasie du milieu neuronal (astrocytes). Elles isolent également physiquement les neurones, en formant la barrière hémato-encéphalique (épendymocytes et astrocytes de type I). Toute substance doit traverser cette barrière avant d'atteindre les neurones.

Les astrocytes de type I assurent aussi la fonction de charpente et la fonction métabolique. Les astrocytes de type II ont des échanges simultanément avec plusieurs neurones. Ils permettent de synchroniser l'activité synaptique, en faisant varier les concentrations ioniques autour des neurones ce qui modifie l'état électrique et donc la réactivité de ces neurones. Les astrocytes disposent aussi de récepteurs aux neurotransmetteurs, tout comme les neurones : ils sont donc influencés par l'activité synaptique. Les oligodendrocytes, tout comme les cellules de Schwann dans le système nerveux périphérique, enroulent leur membrane plasmique autour de certains axones pour former une gaine de myéline. C'est cette gaine qui permet d'accélérer la transmission de l'influx nerveux dans les axones.

Actuellement les recherches tendent à démontrer que les cellules gliales ne sont pas que des « ouvrières » aux services des neurones. Par exemple, cette action modifie la potentialisation du neurone mais aussi développe sa capacité à développer des synapses.

En effet, les données récentes montrent que les cellules gliales, notamment les astrocytes, seraient douées d'une forme d'excitabilité cellulaire basée sur des variations de concentrations intracellulaires de calcium : on parle d'ondes calciques intracellulaires, mais aussi d'ondes calciques intercellulaires, puisque ces ondes calciques seraient capables de se propager d'un astrocyte à l'autre. Le moyen par lequel ces ondes se propagent n'est pas encore clair, mais l'ATP semble fortement impliqué. Les jonctions communicantes entre astrocytes pourraient de même intervenir. L'augmentation de calcium astrocytaire serait entre autres responsable de la libération, par ces cellules, de substances actives, telles que le glutamate, qui pourraient directement influencer l'activité neuronale. Certains parlent même de Gliotransmetteurs.

On sait aujourd'hui que les cellules gliales peuvent se métamorphoser et qu'elles sont capables de générer des neurones opérationnels, avec un potentiel réparateur sur des neurones altérés[5],[6].

Les travaux sur les implications des cellules gliales dans nombreux mécanismes interprétés préalablement d'un point de vue exclusivement neuronal sont en pleine expansion, et sont encore source de débat, notamment sur le traitement de l'information et sa mémorisation. La mémorisation peut être expliquée du point de vue neurobiologique (autant sur le plan cellulaire que de réseau) par l'activité neuronale, mais le rôle des astrocytes est encore discuté.

Particularités

  • On a remarqué au début du XXIe siècle que le cerveau d'Einstein, conservé malgré ses dispositions testamentaires par le docteur Thomas Harvey possédait un nombre plus élevé que la moyenne de cellules gliales dans ses lobes pariétaux, mais on ne sait pas si cela explique son génie ou pas. Cependant, on s'est plus tard rendu compte que cette constatation n'était en aucun cas significative et s'explique tout à fait logiquement : lors de l'autopsie on a relevé un pourcentage de cellules gliales beaucoup plus élevé que la moyenne. On en a déduit directement que Einstein possédait bien plus de cellules gliales que la moyenne des personnes. Conclusion beaucoup trop hâtive ! Ce qui a en réalité été mesuré c'est le taux neurones/cellules gliales du cerveau d'Einstein. Cependant Einstein étant mort très vieux, un certain nombre de ses neurones ont disparu (certains types de neurones ne se régénèrent pas[réf. nécessaire]). Ceci peut remettre en doute ce rapport et peut-être que Einstein avait le même nombre de cellules gliales que la moyenne des personnes.
  • La pratique intensive du jeu chez les petits mammifères (par opposition à un environnement dépourvu de stimulation) se traduit par une augmentation du nombre de cellules gliales. L'expérience n'a pas, pour des raisons évidentes, été tentée sur l'homme, mais Einstein prenait grand plaisir à effectuer de constantes petites expériences de pensée.
  • L'importance du jeu pour la formation des cellules gliales n'est pas sans éclairer d'une lumière intéressante les expériences éducatives de Jean Piaget, Maria Montessori, voire un ouvrage ancien de Jean-Marie Conty et Jean Borotra Sport et formation de l'esprit (1968).
  • L'entrainement au jonglage aurait pour effet de grandement augmenter le nombre de cellules gliales (révélé dans une étude de l'université d'Oxford).

Références

  1. Sommeil : des cellules étoilées en sont la clé par Marie-Catherine Mérat, Science et Vie n°1100, mai 2009, page 105.
  2. Cajal's contributions to glia research.Virginia Garcia-Marin, Pablo Garcia-Lopez, Miguel Freire. Trends in Neurosciences, Volume 30, Issue 9, September 2007, Pages 479-487
  3. D. Tritsch (dir.), Physiologie du neurone, 1998, p.35
  4. Ce rapport serait toutefois mal établi selon une communication du Dr Voisin, de l'Inserm U862, lors d'une conférence de la SFEDT à Bordeaux.
  5. Benedikt Berninger, Marcos R. Costa, Ursula Koch, Timm Schroeder, Bernd Sutor, Benedikt Grothe, and Magdalena Götz, Functional Properties of Neurons Derived from In Vitro Reprogrammed Postnatal Astroglia - Journal of Neuroscience - Numéro 27 - p.8654-8664 - 8 Août 2007
  6. Professeur Magdalena Götz - Institut de Physiologie, Université Ludwig Maximilian de Munich (LMU) - tél : +49 892 1807 5255 - email : magdalena.goetz@lrz.uni-muenchen.de


Voir aussi

Pour en savoir plus


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