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Canon de Pachelbel
Le Canon en ré majeur sur une basse obstinée de Johann Pachelbel fait partie d'une pièce de musique de chambre baroque, écrite en 1677 pour trois violons et une basse continue.
Œuvre au caractère solennel et majestueux, à quatre temps lents et imposants (généralement autour de 60 à la noire), d'une durée d'un peu moins de quatre minutes, le canon était à l'origine suivi d'une courte gigue à 12/8, rarement jouée[1].
Très populaire, ce morceau a été vulgarisé et arrangé pour les instruments les plus divers et dans les styles les plus variés, oubliant souvent sa forme de canon et son écriture polyphonique. Il est généralement présent dans des recueils musicaux de l'ère baroque avec l'Aria de Bach[2] ou l'Adagio d'Albinoni[3].
Sommaire
Structure
Deux éléments s'opposent dans cette œuvre :
- une basse continue immuable, formée le plus souvent d'un violoncelle et d'un clavecin, jouant 28 fois ostinato les deux mêmes mesures d'accompagnement[4],
- un thème de quatre mesures, en deux parties [(a) et (b)] superposables, et ses 12 couplets[5], joués successivement par les trois violons en décalage de deux mesures, c'est-à-dire en canon à trois voix.
L'œuvre entière est concentrée dans ces deux mesures jouées 28 fois: Le continuo
À la basse, huit noires formant deux mesures sont jouées d'abord seules, puis répétées 27 fois sous le canon, une dernière mesure étant ajoutée pour la cadence parfaite finale. Les trois quartes descendantes en cadences (ré - la, si - fa#, sol - ré), suivies de la seconde ascendante (sol - la), forment une cellule dont la consécution avec le cinquième degré en fin (la, dominante) suivi du premier degré au début (ré, tonique), entraîne une cadence parfaite, fondu-enchaîné perpétuel donnant l'impression d'un immobilisme inexorable, d'une temporisation très … obstinée. Cette ligne de basse est à la fois :
- basse continue, elle utilise pour se réaliser plusieurs instruments graves (violoncelle, viole de gambe… ), pouvant être doublés à l'octave inférieure (contrebasse, basse de viole … ) et plusieurs instruments harmoniques (clavecin, orgue, théorbe, luth, guitare baroque … ) qui complètent l'harmonie,
- basse obstinée, répétition de la même formule mélodique et harmonique de manière obstinément répétée,
- basse chiffrée, le chiffrage indiquant la manière de réaliser les accords est ici sous-entendu, (précisément il n'y aurait que des accords de quinte fondamental chiffrés 5, mais le plus souvent non-écrits),
- basse fondamentale, toutes ses notes sont les basses des accords fondamentaux,
- parfois basse d'Alberti, la réalisation de l'accompagnement étant souvent un motif répété de notes arpégées de même valeur.
Harmoniquement, c'est une suite d'accords de trois sons regroupés par deux, la fondamentale étant toujours à la basse :
- tonalité principale : ré majeur (accord de tonique), la majeur (accord de dominante),
- emprunt à la relative mineure : si mineur (accord du VIe degré), fa# mineur (accord du IIIe degré),
- emprunt à la sous-dominante : sol majeur (accord du IVe degré), ré majeur (accord du Ie degré),
- retour à la tonalité principale : sol majeur (accord de sous-dominante), la majeur (accord de dominante).
Souvent les clavecinistes réalisent leur basse en arpégeant cette suite d'accord (voir basse d'Alberti) et, par imitation, dans les arrangements pour cordes sans instrument polyphonique, ce sont les l'altos, absents de la partition originale, qui égrainent ces harmonies en pizzicatos.
Le thème et les douze variations en canon
Le thème se divise en un antécédent (a) et un conséquent à la tierce inférieure (b) qui sont parallèles (sauf la dernière note) et harmoniquement superposables. Ces deux lignes mélodiques très pures commencent par six noires conjointes descendantes suivies de deux ascendantes pour la première, et d'une seconde ascendante et d'une tierce descendante pour la deuxième : difficile de faire plus sobre d'où cette impression de plénitude.
Canon à trois voix polyphoniques, les violons ont donc exactement la même partition décalée de deux mesures, excepté dans la coda finale. Douze couplets (ou doubles ou variations) de quatre mesures suivent le thème, s'enchaînant et s'enchevêtrant en suivant les règles complexes et raffinées de l'harmonie, de l'imitation, des augmentations et diminutions, du contrepoint et de l'ornementation de l'époque baroque.
Les douze couplets peuvent se regrouper rythmiquement :
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- en noires et croches (3e, 9e & 11e),
- en croches (1er, 5e & 12e),
- en doubles-croches (2e, 6e, 7e & 10e),
- en doubles et triples-croches (4e & 8e).
Les variations sur l'antécédent (a) En observant verticalement temps par temps,
remarquer les procédés d'écriture des différentes variations,
tout particulièrement les jeux d'octaves.Les variations sur le conséquent (b) Pour la variation finale, plutôt que d'arrêter les voix une à une, Pachelbel a choisi de finir avec tous les instruments, la deuxième voix étant complète, ajoutant une coda à la première voix et tronquant de moitié la dernière phrase de la troisième.
Adaptations musicales
La progression harmonique (I - V, VI - III, IV - I, IV - V) très structurale, la ligne thématique très pure en deux parties superposables, les effets dynamiques des variations mélodiques et rythmiques ont été réutilisés ou ont influencé l'écriture de nombreuses autres compositions. Parfois, des adaptations lui ressemblant ne serait-ce que vaguement, par leur tempo ou leur caractère, sont assimilées à cette œuvre.
Le Canon de Pachelbel dans la musique classique
Mozart a utilisé cette écriture dans un passage de La Flûte enchantée (1791), au moment où les trois jeunes garçons apparaissent pour la première fois. Il pourrait s'être inspiré de la séquence que Haydn utilisa dans le menuet de son quatuor à cordes op. 50 nº 2, composé en 1785. Cependant les passages de Haydn et de Mozart ne concordent pas exactement avec celui de Pachelbel : ils divergent en effet tous deux sur les deux dernières mesures.
Le Canon de Pachelbel dans la culture populaire
Article détaillé : Liste d'utilisations d'œuvres de musique classique dans d'autres domaines.Au début des années 1970, le Canon de Pachelbel passa du statut d'œuvre assez méconnue de la musique baroque à celui d'objet culturel universel, familier à tous, joué en d'innombrables versions, tant en utilisant les partitions et instruments originaux qu'en l'arrangeant pour d'autres instruments ou genres musicaux.
Sa popularité a certainement débuté avec la parution en 1970 d'un album de l'œuvre enregistrée par l'Orchestre de chambre Jean-François Paillard. Il a également été gravé la même année, arrangé et dirigé par Karl Münchinger avec l'Orchestre de chambre de Stuttgart.
Le Canon Rock de JerryC est une interprétation récente, popularisée par YouTube.
Notes et références
- ↑ PDF de la partition du Canon et de la Gigue (WIMA, Werner Icking Music Archive)
- ↑ Un arrangement du 2e mouvement de l'Ouverture n° 3 en ré majeur, BWV1068 réécrite au XIXe siècle
- ↑ … qui n'est pas d'Albinoni mais d'un de ses biographes, Remo Giazotto.
- ↑ procédé d'écriture utilisé dans la passacaille, le ground ...
- ↑ structure qui rappelle la chaconne
Voir aussi
Articles connexes
- Johann Pachelbel,
- Canon, Thème, Variation,
- Harmonie tonale, Accord (musique), Accord de trois notes, État de l'accord,
- Basse, Basse continue, Basse chiffrée, Basse obstinée, Basse fondamentale
- Tonique, Dominante
Liens externes
- Canon and Gigue in D (Pachelbel, Johann) : partitions libres dans International Music Score Library Project.
- Portail de la musique classique
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