- Caligula (théâtre)
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Caligula (Camus)
Pour les articles homonymes, voir Caligula (homonymie).Caligula est une pièce de théâtre écrite par Albert Camus, entamée en 1938 (le premier manuscrit date de 1939), et publiée pour la première fois en mai 1944 aux éditions Gallimard. La pièce fera par la suite l'objet de nombreuses retouches. Elle fait partie, avec l'Étranger (roman, 1942) et le Mythe de Sisyphe (essai, 1942) de ce que l'auteur a appelé le « cycle de l'absurde ». Certains critiques perçurent la pièce comme existentialiste, courant philosophique auquel Camus se défendit cependant toujours d'appartenir.
Elle met en scène Caligula, empereur romain déchiré par la mort de Drusilla, sa sœur et amante.
Sommaire
Le Caligula historique
Fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, Caligula est l'arrière-petit-fils de l'empereur Auguste et le petit-neveu de l'empereur Tibère à qui il succède. Camus s'est inspiré de l'œuvre de l'historien latin Suétone, Vie des douze Césars, qui décrit un Caligula devenu soudain tyrannique et lunatique après seulement six mois de règne juste, mais cette version de l'« empereur fou » semble être infirmée par plusieurs auteurs modernes[1] qui évoquent un empoisonement possible, peut-être par Locuste_(empoisonneuse) car de nombreux poisons avaient pour premier effet des troubles similaires à une maladie mentale.
Le thème
Voici le thème de la pièce présenté par l'auteur lui-même (dans l'édition américaine du Théâtre en 1957) :
- « Caligula, prince relativement aimable jusque là, s'aperçoit à la mort de Drusilla, sa sœur et sa maîtresse, que "les hommes meurent et ils ne sont pas heureux". Dès lors, obsédé par la quête de l'absolu, empoisonné de mépris et d'horreur, il tente d'exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu'elle n'est pas la bonne. Il récuse l'amitié et l'amour, la simple solidarité humaine, le bien et le mal. Il prend au mot ceux qui l'entourent, il les force à la logique, il nivelle tout autour de lui par la force de son refus et par la rage de destruction où l'entraîne sa passion de vivre.
- Mais, si sa vérité est de se révolter contre le destin, son erreur est de nier les hommes. On ne peut tout détruire sans se détruire soi-même. C'est pourquoi Caligula dépeuple le monde autour de lui et, fidèle à sa logique, fait ce qu'il faut pour armer contre lui ceux qui finiront par le tuer. Caligula est l'histoire d'un suicide supérieur. C'est l'histoire de la plus humaine et de la plus tragique des erreurs. Infidèle à l'homme, par fidélité à lui-même, Caligula consent à mourir pour avoir compris qu'aucun être ne peut se sauver tout seul et qu'on ne peut être libre contre les autres hommes. »
Les deux versions du Caligula de Camus
La version définitive est la version en quatre actes de 1944, d'abord publiée conjointement avec Le Malentendu puis éditée seule la même année.
Il existe une version de 1941 en trois actes, publiée en 1984, dans les Cahiers Albert Camus.
Entre les deux versions, la guerre et l'occupation ; et la démonstration par l'horreur qu'un nihilisme absolu n'est pas défendable force Camus à reforger sa pièce, plus politique peut-être, en particulier en faisant prendre plus de poids au personnage de Cherea, qui comprend Caligula et sa logique implacable de l'absurde mais refuse d'y adhérer, car il ne peut nier l'homme, il ne peut nier la vie au nom de son intelligence.
Argument
Acte I. Caligula, empereur de Rome, a disparu peu de temps après le décès de sa demi-sœur et amante Drusilla. Il est recherché dans tout Rome. Les patriciens commencent à s'inquiéter de cette absence. De retour au palais, il explique à l'un de ses proches - Hélicon - que ce qui préoccupe n'est pas la perte de Drusilla mais un désir indomptable d'impossible ("Je me suis senti tout d'un coup un besoin d'impossible"). Le monde tel qu'il est ne lui paraît plus supportable, aussi veut-il la lune, le bonheur, l'immortalité ou n'importe quoi d'autre qui ne soit pas de ce monde.
Acte II
Acte III
Les représentations importantes
Souvent joué en France et à l'étranger, Caligula sera le succès le plus durable de Camus au théâtre.
La création de Caligula en 1945 révéla Gérard Philipe. Le 26 mars 1955, Camus en fait lui-même une lecture, au théâtre des Noctambules, soirée impressionnante, car il joue plutôt qu'il ne lit. La pièce est reprise en 1958 au Petit Théâtre de Paris.
La version de 1941 a elle aussi été jouée, en particulier mise en scène par l'auteur au Festival d'Angers en juin 1984.
À Paris-Au début 2006, Charles Berling a mis en scène et interpreté un Caligula au Théâtre de l'Atelier à Paris.
À Londres-Une nouvelle traduction de David Greig, mise en scène de Michael Grandage, a été réalisée à grand succès à la Donmar Warehouse de Londres, avec Michael Sheen, et a remporté plusieurs Olivier Awards.
À Dublin, en Irlande-La même traduction a été effectuée au plus tard le projet Cube Théâtre à Dublin, en Irlande, réalisé par Conor Hanratty, où il était également en nomination pour plusieurs prix. Cette dernière production a été relancée en octobre 2008, comme partie de Dublin Festival international de théâtre.
En Inde-Caligula traduit dans hindi Dr.Sharad par Chandra et réalisé par Arvind Gaur (1993, 21 spectacles) pour Asmita théâtre avec Jaimini kr.Srivastava et Deepak Ochani.Arun Kukreja il s'est également produit avec l'acteur bien connu VM Badola.
En Hongrie- Le jeu a récemment été effectuée par le Radnóti Színház à Budapest, Hongrie.
À Tokyo, au Japon-Réalisé par Yukio Ninagawa, mettant en vedette Shun Oguri, à la Bunkamura Cocoon Theater à Tokyo, au Japon.
Epilogue
Citons Camus dans ses Carnets révélant un projet d'épilogue pour Caligula qui nous éclaire sur la portée de cette œuvre pour son auteur[2] :
- « Non, Caligula n'est pas mort. Il est là, et là. Il est en chacun de vous. Si le pouvoir vous était donné, si vous aviez du cœur, si vous aimiez la vie, vous le verriez se déchaîner, ce monstre ou cet ange que vous portez en vous. Notre époque meurt d'avoir cru aux valeurs et que les choses pouvaient être belles et cesser d'être absurdes. Adieu, je rentre dans l'histoire où me tiennent enfermé depuis si longtemps ceux qui craignent de trop aimer. »
Citations
Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. (Acte I, scène IV) "Besoin d' avoir raison, marque d'esprit vulgaire "
Notes et références
- ↑ Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome antique, Hachette littérature, 2008.
- ↑ La pièce se termine sur la réplique de Caligula, poignardé à mort, « Je suis encore vivant ! »
Voir aussi
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